« Et ne te perds pas. » son ton sec te revient en mémoire tandis que tu te demandes où tu es
Voilà quelques jours que tu as quitté Aros, troquant les bottes usées qui ont couru les toits à tes pieds pour des chaussures plus adaptées au voyage qu'à la voltige. Cadeau de Nicholas qui a jugé bon de te les offrir avant que tu ne partes faire un tour du côté de Bourg-Flora et d'Artario pour des livraisons mais aussi l'achat de quelques plantes rares. Presque tout passe par Aros, bien entendu, mais il a des accords avec certains commerçants de Scémède. Ce serait bête que tu traînes sur le chemin à cause de mauvaises chaussures, parait-il.
(tu l'as taquiné en demandant s'il craignait que tu ne reviennes pas) (son regard noir te donne encore des frissons d'horreur)
Mais sous les rayons ardents de Scémède, de telles inquiétudes te semblent à une distance vertigineuse. Dans cette contrée, le printemps ressemble à l'été, et tu n'as pas regretté d'avoir pris une cape plus légère que ton manteau noir habituel. Elle te faisait un peu froid à la sortie d'Aros, mais maintenant tu ne peux qu'approuver ce choix. La capuche d'un beige délavé couvre tes cheveux blancs et jette une ombre sur ton visage qui a pâli depuis qu'il voit si peu le soleil. Cependant, tu doutes de revenir sans prendre de couleurs.
Aujourd'hui encore, vous êtes partis un peu avant l'aube pour ne pas avoir à ne marcher qu'au plus fort de la chaleur, pourtant Cyclamen fatigue déjà. Ses petites ailes sont meilleures pour la vitesse que les longues distances, et s'il y a un courant d'air, il suffit à te rafraichir un peu mais pas à la porter. Elle s'est perchée sur ton épaule depuis un peu plus d'une heure.
oh, et pour en revenir au problème tu ignores où vous êtes
Tous ces champs se ressemblent, pour quelqu'un ayant vécu la majeure partie de sa vie en vile. Si tu as quitté Illumis plusieurs fois du temps où tu vivais à Kalos, tu n'as pas vraiment eu à te repérer, étant toujours ne compagnie de quelqu'un qui savait où aller. Profitant de l'un des rares arbres proche du chemin de terre, tu vas te placer à l'ombre pour étudier la carte fournie par Nicholas. En théorie tu es dans la bonne direction.. mais tu as dû sous-estimer la distance.
Possible, après tout se repérer au milieu du labyrinthe qu'est Aros n'a rien à voir avec ces grandes étendues sans réel point de repère. De l'herbe, de la terre, des fermes de temps à autres. Quelques Pokémon sauvages vous ont curieusement approchés lors de la traversée d'une zone particulièrement peu habitée, mais Cyclamen s'est empressée de les chasser. Ils n'étaient pas agressifs, mais ta Passerouge semble nerveuse.
elle non plus n'est pas dans son élément vous êtes de Kalos, un peu d'Aros, mais le reste d'Hastérion est un mystère
Le bâtiment que tu vois un peu plus loin semblant prometteur, tu quittes l'ombre protectrice du feuillage pour te remettre en route. Ta Passerouge reprend les airs, et tu ignores te plantes de pieds douloureuses autant que la façon dont le sac de voyage tire sur tes épaules. De simples détails quand il te reste encore ta destination à atteindre.
tu arrives à proximité d'une ferme l'occasion de demander ton chemin
(en espérant qu'on ne t'envoie pas bouler) (tout le monde n'est pas aimable avec les étrangers)
« Excusez-moi, ma demoiselle, bonjour ? » tu gommes ton accent autant que possible par réflexe
La jeune femme a une chevelure d'un bleu qui te rappelle les cieux de cette région. Sans doute la complimenterais tu à ce sujet si tu n'étais pas aussi fatigué par la marche que la chaleur. En théorie, tu devrais faire une pause dans un futur proche, mais tu préférerais te savoir dans la bonne direction avant de t'y autoriser. Cyclamen ne tarde pas à quitter le ciel pour se placer sur ton épaule une fois de plus, étudiant ton interlocutrice.
tu ne te présentes pas, attendant d'avoir son attention attendant de savoir si tu devras passer ton chemin
pas qu'elle semble désagréable mais tu as appris à te méfier
(Aros t'a beaucoup appris) (et pas toujours pour les bonnes raisons)
elle tourne ses yeux vers toi puis retourne à sa tâche
Son travail l'intéresse plus que de t'aider à trouver ta route, il semblerait. Ca te semble juste. Tu tâches de ne pas rire tout de suite à l'idée que même les paysans te snobent. Nicholas ne t'a pas menti: cette région est décidément très dure pour les étrangers. Après tout, il doit savoir de quoi il parle, étant lui même originaire d'ailleurs. Tu préfères ne pas te demander à quel point il a dû être pénible pour lui de réussir à se créer un commerce et une clientèle à Aros.
N'importunant pas la demoiselle plus avant, tu continues de marcher sur le chemin de terre jusqu'à trouver un arbre au pied duquel t'arrêter. La chaleur t'étouffe et tu as l'impression de déjà distinguer une ligne de bronzage sur ta peau claire. Cyclamen quitte à nouveau ton épaule tandis que tu t'assois sur l'herbe sèche pour tenter une fois de plus de savoir où tu es. Carte et boussole en main, tu jettes un oeil aux alentours à la recherche d'un repère.
(mais tous les champs se ressemblent, à Scémède) (sans mentir, tu pourrais être n'importe-où)
Tu t'apprêtes à retourner vers la ferme pour au moins demander où est la ville la plus proche lorsque Cyclamen revient vers toi à toute vitesse. Elle manque de te percuter mais se redresse à temps pour voleter à la hauteur de ton torse et attraper ta manche dans son bec.
« Je peux pas souffler 5 minutes ? » protestes-tu en lui jetant un regard courroucé
Il est bien rare que l'oiseau te vienne sur les nerfs, mais entre la chaleur, la fatigue et l'impression de n'arriver à rien, des nuages se sont formés dans ton ciel bleu. Nullement impressionnée, la Passerouge ne démord pas. Elle te lâche, piaille avec insistance puis attrape de nouveau ta manche pour essayer de t'entraver à sa suite.
puisqu'elle y tient qui es tu pour résister ?
C'est dans un soupir de mauvaise volonté que tu remets son sac sur tes épaules. Toi qui te croyais prêt à voyager, Céleste, tu ne savais pas dans quoi tu mettais les pieds. Tes jambes donnent l'impression d'être en plomb, mais tu la suis. Elle a la décence de ne pas voler trop vite. Des protestations te viennent à l'esprit, mais tu économises ton souffle.
et tu fais bien: elle a trouvé une ville
Un village, pour être honnête. Une bourgade, même, tant l'endroit te parait minuscule comparé à Aros. Ca reste néanmoins plus civilisé que les champs de tout à l'heure. Tentant de nouveau ta chance auprès de la population locale, tu apprends te trouver à Bourg-Flora. Ta première destination. Tu as fini par y arriver, grâce à la bonne vue de ton monstre. Le jeune homme qui a eu l'amabilité de te répondre ne semble pas comprendre pourquoi cette réponse te fait autant sourire. Toi non plus, à vrai dire. Le soulagement de ne pas t'être entièrement perdu à ta première sortie d'Aros, certainement.
reste à effectuer les livraisons tu t'écroules presque à cette idée
mais la journée n'est pas finie tu as pris assez de retard