Etranges étrangères Ft DoloScémède n'était qu'une vaste plaisanterie, aussi amère que crasseuse. Du moins était-ce ce que martelait Vanya d'un pas inquisiteur à mesure qu'elle s'enfonçait dans les plaines sauvages, le regard sombre et l'allure rendue fauve par quelques infernales semaines. Si c'était les dames de la cours qui avaient annoncés des débuts urticant, piaulant et roucoulant comme le ferait de disgracieux oiseaux de ferme, l'attitude de son promis avait tôt fait d'arracher à son oeil habituellement dédaigneux un jugement plus sévère encore. Pas que son antipathie et ses maladresses avaient arraché au coeur de la rousse un relent gastrique, elle pouvait fermer les yeux sur les mots qui blessait et son manque total d'attention, mais s'il avait fallut qu'elle défende son étrange réputation avec une pugnacité qui forçait le respect, décidée à étrangler chaque propos sifflée par des vipères en jupons criard avant qu'ils ne l'effleure elle ou son mari, ce fut les manières de Sieurs Gardefier qui eurent raison de la patience de sa compagne. Nop. Passe les rumeurs douteuses, son effrayante propension à marcher sur les robes de sa compagne, le fait qu'il dorme sur ses chiens ou le fait que son grincheux molosse la haïsse autant qu'elle haïssait la boue, passe même la chaleur étouffante qui la rendait Dame Blancherive plus hargneuse que d'ordinaire, mais il n'était pas question que cet idiot se roule dans la poussière comme le ferait un gueux élevé par des cabots ! Avez-vous seulement vu son état à chaque retour de chasse ? Elle était marié au noble héritier des Gardefier, pas à une bête rugissante, traînant un magma de boue infecte derrière lui ! Ainsi avait-elle quitté le domaine Gardefier ce matin là, un jeté de cheveux pour unique signature lorsqu'un garde s'était avancé dans le but de l'accompagner. "Vous ne connaissez pas la région" lui avait-il doucement soufflé, comme pour justifier une présence qu'elle avait pourtant chassé du bout de ses regards-guillotine.
Peut être aurait-elle dû accepter ne serait-ce qu'un semblant de compagnie car, si la course du soleil avait atteint son zénith et commençait doucement à décliner, Vanya ignorait quant à elle tout de sa position. Perdue ? Le mot était peut être trop fort, ou la rousse en plein déni car, d'un geste lent, elle s'était attardée à la cueillette de plante qu'elle rangeait soigneusement dans la besace qui pendait à sa ceinture. Et avouons le, une cascade de feu ondulant à quelques centimètre à peine des herbes qui obstruait la vue de la précieuse enfant de Frimapic, prenait des airs tout à fait singulier dans le paysage qui la bordait. Sa robe nacrée, trop blanche, trop délicate pour cette expédition sauvage, jouait de pérégrination aérienne au contact du vent. Comme un voile échappé que le zéphir conduisait au loin. Sa peau diaphane, constellé ci et là de nébuleuses azur, violacé et jaunit trahissait des affres d'autrefois, disgracieux mais aujourd'hui vieillit. Pour autant, quelques rousseurs aux allures de poussière d'or semblaient jouer de poésie sur la porcelaine de son teint. Quelques perles à sa chevelure, de l'or à son cou, elle s'était incarné comme un appel au pire malandrin, là, errant entre éther et sauvage, plus perdue qu'elle n'aimait se l'avouer. Nouveau soupire. Ce fut sans grande surprise qu'elle finit par s'asseoir à même le sol lorsque ses jambes lui témoignèrent de leur épuisement et, à défaut d'avoir quelques connaissance de survie en pleine nature, une quelconque notion de l'endroit où elle avait pu se perdre ou le flair des arcanins Gardefier, la rousse vint doucement ramasser brindilles et fleurs sauvages pour confectionner un semblant de poupée de bois, lié par l'herbe et l'expérience. Et des poupées comme celle-ci, elle en avait fait bien une dizaine avant que son feuforêve laissé au domaine ne la retrouve, véritablement anxieuse.
« ▬ Arcane ! » L'appel avait trahit un soudain enthousiasme, comme lorsque l'on apercevait les secours se dessiner au loin, pourtant cela n’apaisa en rien la course du feuforêve qui, brusque, semblait vouloir presser le pas de la rousse. L'ectoplasme fuyait quelque chose, cela ne faisait aucun doute.
Le soleil rayonnait. Il était rare à Scémède, que le temps soit peu clément. Le paysage était verdoyant, les espaces grands, et les paysans souvent chaleureux. Un endroit dont pourrait rêver une jeune femme en exil.
Les choses s'étaient mal passées à Aros. Hannibal ne pouvait contrôler ses instincts de tueur, et s'était fait remarqué. En même temps, ce n'était pas étonnant dans une ville où les ragots vont plus vite que la lumière de son phare. Si la gitane avait su caché le félin pendant plusieurs mois, le garder prisonnier était au delà de ses forces. Ayant entendu des cris, il était sorti au grand jour, et avait de nouveau terrifié les habitants d'Aros qui avaient compris maintenant que le félin et la gitane étaient liés. Menacée de sorcellerie, la belle hispanique n'avait que d'autres choix que de fuir la ville blanche.
La carriole était arrêtée sur une prairie à l'herbe verte, et Dolorès avait détaché Gringo afin qu'il puisse goûter à ce met rare en ville. Heureux, il fouettait l'air de sa queue, en dégustant goulûment ce qui était à proximité de ses naseaux. Ici, Hannibal pouvait sortir en toute sécurité. Chassant avec curiosité les petits insectes qui lui semblait inconnu, la panthère restait à proximité de la carriole. La gitane, quant à elle, s'étira longuement. Profitant du calme de l'endroit, elle s'était permise de retirer son corset, laissant sa longue robe blanche voler au gré du vent. Elle avait tenté d'attacher ses cheveux à l'aide d'une broche, pour éviter que ses longues mèches noires ne lui tombent devant les yeux. Elle s'approcha un instant de Gringo, et posa une caresse sur sa croupe, heureuse de le voir si épanoui. Mais lorsqu'elle tourna le regard pour trouver Hannibal, elle ne vit qu'une prairie vide.
- Hannibal ?
Au plus le temps passait, au plus la gitane sentait la panique monter en elle. Les soldats d'Aros auraient pu le traquer, ou même les gardes de la seigneurie de Scémède. Peut-être aurait-il été attaqué par des paysans du coin, en l'embrochant sur leurs fourches ? Un bruit stoppa la belle dans ses questionnements. Un rugissement.
Hannibal avait une piste: un autre monstre n'était pas loin. En se fiant à son flair, ses yeux et son ouïe, la panthère avait repéré quelque chose: un petit spectre, portant un collier de perles rouges. Son instinct dicta sa conduite: il s’aplatit contre le sol, et se mit à ramper vers la créature. Lorsqu'il fut assez près, il bondit vers sa proie. Manqué ! Il était désormais à découvert, et le spectre l'avait remarqué. Rugissant de toutes ses forces, la panthère espérait intimider la créature pour pouvoir la croquer. Cette course entre les herbes de Scémède le mena à une femme, assise sur l’herbe. Si Hannibal ne s'en était jamais prit à un être humain, ce n'était pas parce qu'il ne le voulait pas: c'était simplement parce qu'il n'en avait jamais eu l'occasion. Alors, lâchant le spectre des yeux, le félin retroussa les babines et se mit à grogner. Ses instincts primaires allaient au delà de sa raison. Il fallait qu'il chasse.
- Paras ! Hurla une voix derrière lui.
Le galop lourd du percheron se fit entendre. Sur son dos, la gitane était en amazone, prête à se jeter au sol. Lorsqu'elle retrouva enfin sa panthère, et guidée par son rugissement, elle eut peur d'arriver trop tard. Bondissant du bourrinos, elle s'interposa entre l'inconnue et son léopardus, le regard noir.
- Si haces eso, nunca te perdonaré, pesta-t-elle.
La panthère coucha les oreilles, mécontente de se faire gronder, et vint se coucher mollement sur le dos du cheval. Gringo quant à lui, était bien trop occupé à observer le spectre pour s'en soucier: il se demandait ce que pouvait bien être cette chose. Soupirant, la gitane se tourna vers la dame assise au sol.
- Ça va ? Il ne vous a rien fait ?
En voyant l'accoutrement de la jeune femme, Dolorès se raidit. Elle n'était pas une paysanne, c'était certain. Hannibal avait-il fait l'erreur d'attaquer une noble ? Certainement. Mais elle espérait que ça ne soit pas le cas. Car après tout... Où sont les gardes qui devraient la protéger ?
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Dim 27 Oct - 22:12
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Etranges étrangères Ft DoloD'un geste gracile, Vanya s'était saisi de son feuforêve comme pour entraver la panique qui teintait sa course et, si elle devina une forme pataude qui tentait de suivre, une expression de navet frit collé sur le visage, elle ne vit pas le monstre qui se dessinait sous les herbes hautes. Plus loin encore. A dire vrai, elle se laissa tant et si bien surprendre par le rugissement que son coeur manqua plus d'un battement, du moins avant de redoubler d'ardeur au travail. Qu'est-ce qu... Qu'Arceus la protège. C'était ça, l'évolution du skitty qui la terrifiait tant ? Celui-là même qui, tapis sous son lit, bondissait sur ses petits petons lorsqu'elle daignait sortir des draps pour chiper un biscuit en cuisine ? Arrière, vil Mandragot, tu ne passerais pa..Aaah ! Pourtant téméraire, l'enfant de Frimapic s'était reculée -du moins sa poitrine à défaut d'être redressée-, surprise par l'allure d'un galopa bien disgracieux, l'arrivé tonitruante d'une beauté brune à l'accent exotique et l'approche d'un félin dont elle craignait les contours. Elle en serait, littéralement, tombé sur les fesses. A la place, elle accueillit maladroitement la course trop enjouée de son otaquin, peu désappointé par le spectacle qui s'offrait à lui. Au contraire, il s'était laissé lourdement retomber sur son humaine, ponctuant son halètement sonore d'un jappement copié sur celui de Pluton, le malosse de Rex. Otaquin, lv2 chien de garde, on aurait tout vu.
Arcane quant à elle, ne baissa en aucun cas sa garde, le regard sombre, alternant frénétiquement entre l'équidé, la brune enchanteresse et son croqueur de spectre désormais étendu au sol. Aussi, lorsque l'étrangère se tourna finalement en direction de son humaine, l'ectoplasme tourna tout autour de sa rousse chevelure dans un murmure incompréhensible, un cantilène ne faiblit que devant la réponse de Vanya. « ▬ Plus de peur que de mal, je suppose. » La voix était douce, jouant de caresse sur l'épiderme alors que les jambes, elles, ne parvenaient pas à se libérer de leur effroyable tétanie. Pas sûre qu'elle aurait survécus à une tentative de fuite tant son corps refusait de se mouvoir, même avec ce félidé monstrueux, plaqué au sol par l'autorité de cette femme un peu plus loin. Aussi, cerclé par ses amulettes d'herbe et bois, la gorge parée de perle et sélénite, la nymphe à la chevelure de feu demeurait immobile, le regard braqué sur la femme qui lui faisait face.
Chevelure de jais jouant d'arabesque sous les baisés du vent, teint chaud et l'allure aussi sulfureuse que conquérante, l'enchanteresse avait quelque chose d'intriguant, quand bien même les libertés prise par une robe dénué de corset la firent finalement détourner le regard. Peut-être aurait-elle pu reprocher ce manque de pudeur, quand bien même ce fauve à la libre chevelure n'était pas bien né. Pourtant, ce fut une singulière fascination qui glissa de nouveau sur le visage de ce feu follet véritable, du moins, avant d'échouer sur le félin qui reposait plus loin. Si elle n'était pas intervenue, il ne faisait nul doute que Vanya n'aurait pas pu échapper aux griffes de ce géant. Devait-elle, par conséquent, jouer de reconnaissance ou pointer au contraire du doigt la relation qu'entretenait la Belle et la Bête ?
« ▬ Il vous appartient ? » Du moins dans la mesure où l'on pouvait s'improviser maître de pareil animal. Le bleu regard de Vanya s'était acéré autour du félidé et, si ses caresses avaient renoué distraitement avec l'otaquin venu se presser contre elle, la rousse demeurait méfiante. « Je n'ai jamais aperçu pareille espèce... Est-elle originaire de cette région ? » A mi-chemin entre la curiosité et l'appréhention de voir pareille bête surgir à toute heure de la journée, Vanya s'était gracieusement dressée, esquissant un pas de ballerine en direction de l'animal avant de ce stoppé. Décidé à garder ses distances avec la Mort mais incapable d'ignorer cet élan téméraire venu mordre ses veines. Les chats étaient d'effroyables tyrans, injustes, ingrats et destructeurs, qu'importe ce que murmuraient les vieilles dames venu parer les leurs de précieux collier. Jamais ils n'étaient véritablement dressés, trop féral pour être privé de leurs libertés. C'est peut être ce qui effrayait tant la futur Dame Gardefier à dire vrai, elle qui avait des années durant été gavé à coup d'interdiction et discipline et ce, au point d'aujourd'hui se confondre avec ces chiens de garde que l'on rappelait d'un unique sifflement, peinait à concevoir que l'on puisse autant badiner avec les règles. On avait bridé jusqu'à l'étranglement chacune de ses pulsions les plus sauvages et, si ce constat s'appliquait chez bons nombres de pokemons, il était tout bonnement invraisemblable devant un félidé. Encore moins de cette trempe. Vanya en était convaincu.
« ▬ Arcane. » Tranchant avec lyrisme et le cristal de sa voix, l'appel s'était plus inquisiteur que les fois précédente, trahissant un empressement venu figer l'approche du spectre en direction de la brune. Pour autant, l'appel n'arrêta pas Neptune qui roulait déjà en direction du large cheval.
Hannibal descendit rapidement du canasson. Ce dernier était agacé par son comportement primitif, et le lui faisait bien savoir. A la place, la panthère s'allongea lourdement sur le sol. Ses pattes arrières étaient étendues dans l'herbe, tandis que son buste et ses pattes avant étaient restés droits, fier. Malgré le sermon qu'il venait de recevoir, il n'en perdait pas moins ses airs de noble. Détendu, sa queue fouettait de temps à autre l'herbe haute, et ses yeux se fermaient progressivement. Il aurait pu rester dans cette position de détente pendant un moment, si l'Otaquin n'était pas là. Un mouvement fit dresser ses oreilles, et de nouveau, son regard devint vif, prédateur. Il aimait le gout du poisson. L'odeur seule de l'otarie arrivait à lui donner l'eau à la bouche. Si ce plat raffiné aurait pu lui remplir l’estomac, il savait que ce n'était pas du tout le moment de faire une bêtise. Il avait déjà rendu la gitane très en colère, et devait se faire discret. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de suivre l'otarie du regard, les oreilles bien droite.
Plus de peur que de mal. La gitane retint un soupir. Elle tenta au mieux de ne pas montrer ses émotions, mais son regard fuyant vers le léopard trahissait ses pensées. Comment faire pour le canaliser ? La belle croisa les bras sur sa lourde poitrine, en observant un instant la rouquine assise au sol. La situation lui plaisait assez, au fond d'elle. Le menton haut, elle toisait la noble sur le sol. Les rôles semblaient inversés. Dolorès se sentait puissante. Et elle aimait cette sensation, oh oui, elle aimait.
Alors qu'elle descella ses lèvres charnues pour poser une question, Vanya la coupa. Était-ce un piège ? Lui dire qu'Hannibal lui appartenait risquait de lui mettre la puce à l'oreille concernant les derniers rumeurs qui couraient à Aros. Alors la gitane se contenta de froncer les sourcils.
- Hannibal n'appartient à personne. Il est un être libre.
Elle tourna le regard vers le félin. Ce dernier avait arrêté de fixer l'otarie, et s'était concentré sur la rouquine. Impossible de savoir ce qu'il se passait dans sa tête. La noble lui demanda s'il venait d'une autre région. Dolorès apprit également, qu'elle n'avait jamais vu un autre monstre comme lui. Elle se mordilla la lèvre. Visiblement, elle n'était pas au courant qu'Hannibal avait effrayé certains habitants d'Aros.
- Il n'était qu'un pequeño quand je l'ai rencontré. C'était à Nimus.
Lorsque Vanya bougea, la bête dressa à nouveau les oreilles.
- Shhht, dit-elle sèchement en direction de la panthère, qui baissa la tête aussitôt.
Il était hors de question qu'il y ait un scandale à Scémède aussi. Soudain, la gitane vit passer devant ses yeux le spectre, et eut un élan de lucidité. Et si la rouquine portait un déguisement ? Et si elle essayait de se fondre dans la masse ? Avant de quitter Aros, Dolorès avait entendu des rumeurs par rapport aux sorcières, et aux spectres plus particulièrement. Et si Vanya en faisait partie ?
Tandis que Gringo avait pointé le bout de son museau en avant pour tenter de renifler le fantôme, la gitane reposa son regard vers la rouquine.
- Que faites vous seule ici ? Es peligroso.
Surtout sans armes, pensa-t-elle intérieurement. D'ailleurs, elle ne portait pas son poignard en ce moment. Cela pouvait lui coûter cher.
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