L'art, quelle aventure. L'aventure, quel art. ~

Poursuivons par un exercice loin d'être aisé, vous peindre mon portrait, et pas celui du miroir, mais celui de l'âme. Je saurais dans ce travail rester humble, après tout, c'est l'une de mes principales qualités, l'humilité. Je pense aussi être un homme ouvert d'esprit, curieux, aimant bouger !

Le danger ne m'effraie guère, je suis intrépide, mais aussi courageux, et, bien qu'incompétent pour la survie, j'improvise admirablement bien. Enfin, ça, c'est un autre point que nous aborderons plus tard. Je suis un homme d'art, non, point un artiste, car je ne suis pas encore reconnu, mais j'aimerais l'être. Cultivé et non savant, instruit mais pas au fait des conventions sociales, que je ne comprends pas, ou que je ne veux pas comprendre. Je suis d'un naturel têtu, très têtu, couplé à un trait d'indépendance très prononcé, ce qui peut faire des étincelles en certaines compagnies.

Enfin... Je suis assez conscient de moi-même pour me rendre compte que je souffre, comme je l'exprimai plus tôt, d'un gros problème avec les politesses. La population me pense irrationnel, mais je réfléchis simplement différemment, elle me pense candide, mais je suis simplement curieux, elle me pense sauvage et rustre, mais je suis simplement honnête et impulsif. Et sous mes airs sombres,sarcastiques, antisociaux et taciturnes se cache une personne au fond assez simple, réfléchie, fière et gentille, d'après mes introspections.

Et ne doutez point de mon sérieux et de ma bravoure en certaines circonstances ! Je prends très à cœur l'art, les traits d'esprit ainsi que les exploits de Valdemare, mon modèle d'aventure. Si on ose lever la main sur une de mes sœurs, je peux devenir féroce, très dangereux. Je les respecte et les aime du plus profond de mon être. Nonobstant, les personnes m'accusant d'être un "vulgaire débauché sans valeurs", je porte un grand intérêt à l'honneur, à la bravoure et l'injustice me touche profondément. Finalement, s'il est bien une chose vraie dans les dires d'autrui, me concernant, c'est lorsqu'on parle de ma naïveté, et de ma faculté à être trop naïf, je l'admets, j'ai failli y laisser la peau plusieurs fois. Il semblerait cependant que je sois très chanceux, à tel point que j'ose affirmer que la chance fait partie intégrante de mon caractère.

Bien, le plus difficile est passé, avant de nous lancer dans ce que j'appellerai, sans abus, mon histoire, il me paraît indispensable de vous résumer un peu de ma vie, afin de ne pas avoir à le faire plus tard et surtout, afin que vous et moi apprenions à nous connaître, doux lecteurs. Permettez-moi de guider, pendant quelques secondes, votre imagination, à l'aide d'une unique consigne. Nul tour de fieffé gredin en perspective, je vous rassure, une simple mise en ambiance. Allez, imaginez maintenant quelques notes de luth, quelques oiseaux chantant et le bruit des fontaines, s'asséchant dans leur bac dans un doux vacarme.

Vous voilà dans l'ambiance que j'ai longtemps connue. Au domaine Whiterun, propriété de ma famille. Il est une légende concernant cette famille, qui porte fièrement pour emblème un Vortente, quelle légende, voulez-vous savoir ? Et bien, la famille, malgré de hauts faits héroïques, aurait été maudite, empêchant la naissance de jouvenceaux. La source de ce mal serait un Feunard n'ayant guère apprécié d'être pris pour proie lors d'une partie de chasse. Ne vous demandez pas pourquoi je vous raconte cela, laissez moi y venir. Manquant de mâles pour la succession, le dirigeant de la famille Whiterun, le chevalier Alder, décida, après de multiples tragédies natales, de m'adopter. Enfin, il m'avait plutôt acheté à une famille de Kii. Mais ce n'était pas bien grave.

Revenons à notre ambiance de luth et d'oiseaux. Malgré cette adoption, je ne me sentis jamais mal, ou en trop, au sein de cette famille, au contraire. Père semblait me porter une attention particulière, il me donnait la majorité de mes cours, et aimait que nous passions du temps ensemble. Ce n'est qu'en vieillissant que je me rendis compte que mes sœurs, notamment la plus jeune du trio, en avaient souffert. Ces femmes, toutes trois nées avant moi, avaient reçu une éducation proche de la mienne, à la différence prés que notre paternel ne les avaient pas autant choyées que moi. Fort heureusement, nonobstant ces différences, nous nous entendions bien. J'étais surtout proche d'Iris, une femme d'une beauté sans pareille, si vous la voyiez, vous ne pourriez vous empêcher de sortir de votre lecture afin d'admirer chacun de ses mouvements. Gracieuse, lunaire, et d'un charme sans égal, elle était hypnotisante, et si douce avec moi. C'est elle qui, notamment, me forma aux arts et éveilla mon ouverture d'esprit.

Douce, intelligente, belle, un écrin de tendresse qui renfermait en vérité une furie sans limites. Iris et Lily, sa jumelle, étaient de magnifiques personnes, mais lorsque venait la question de "Qui est l’aînée ?" , il valait mieux se trouver à une bonne distance de ce furieux duo. Elles se battaient et s'affrontaient comme des diablesses, dans toutes les disciplines qu'elles avaient en commun. Leur rivalité était exaltée, ardente et puissante, telles deux tornades elles ravageaient tout lors de leurs disputes et de leurs bagarres. C'est ainsi, que la paire d’aînées se décida à nous choisir, Marigold, la plus jeune de la trinité des soeurs, et moi, comme champions. Et ainsi débuta une seconde rivalité entre les deux cadets cette fois-ci. Cravache contre épée, victoire de la cravache, voilà ce qui arrivait souvent, pour ne pas dire toujours.

Outre cela, les années passaient, et bien conscients qu'hommes et femmes pouvaient s'adonner aux mêmes activités, et avaient les mêmes droits, je me rendis bien compte que ma force physique se développaient plus rapidement que celle de ma très chère sœur et rivale, Marie. Plus robuste, plus grand, mais aussi plus fort, je commençais à maîtriser l'épée, grâce aux cours prodigués par Père, mais aussi, car je vadrouillais beaucoup dans la forêt, forgeant un petit peu mon corps. Marigold ne perdit jamais, je savais sa fierté bien trop grande pour accepter une défaite face à moi, et sacrifier ma propre fierté pour une de mes sœurs n'était point une chose qui me dérangeait. Oui, je la laissais parfois gagner, mais la bougresse était redoutable, et il était des fois où elle gagnait véritablement, faisant voler mon arme, ou lacérant mes mains au point que je ne puisse plus les serrer.

Un nombre d'années étaient encore passées, je devais approcher la douzaine d'âges. C'est à ce moment que je compris que je n'étais biologiquement pas un Whiterun. Comment ? La couleur des cheveux. En dépit de cela, tous m'avaient accepté. Cette découverte ne fit que renforcer mon idée qu'avoir ces personnes pour famille était une chance inouïe. Malgré les médisants du village, qui allaient bon train, je n'ai jamais regretté cette famille.

Les choses évoluèrent ensuite, à mes 13 ans, Iris et Lily dûrent partir, suite à leurs mariages. Le départ fut ardu pour moi, mais surtout pour Mari, elle n'avait pas la chance d'avoir l'attention de Père... J’essayais donc de passer du temps avec elle, me frapper semblait la détendre, puis... j'apprenais à encaisser la douleur, ce n'était pas si inutile. Je continuais à communiquer avec Iris, par lettres, mais ce n'était pas pareil. Progressant dans divers arts, en particulier la musique et le dessin, commençaient à germer dans mon esprit les possibilités d'élargir ma vision de l'art,  notamment en peinture. Ma vision se démarquait, dés lors, encore plus de celle des gens normaux.



Finalement, entendre parler du grand aventurier-mercenaire Valdemare, lors d'une soirée avec mes collègues bardes, me concerta dans l'idée qu'il me fallait voyager, et explorer un peu le monde, avant de pouvoir être une bonne personne et diriger correctement le domaine de mon Père.

Point question de défiler, j'avais bien compris que Père était une bonne personne. Cependant, lorsqu'il enseignait, je ressentais une tristesse en lui, comme si quelque chose l'avait profondément marqué, si durement qu'il ne parvenait plus à l'effacer. Ce ressentit resurgissait, derechef, lors de nos joutes d'escrime. L'homme était brave, fort, fier et sévère, mais il semblait parfois ailleurs. Il n'en restait pas moins, de mon avis, bien trop rodé à l'épée, était-il invincible ? Jamais je n'avais pu le toucher. Finalement, je décidais de partir moi aussi, à mes 16 ans.

Mais point comme un sale lâche, non, j'avais décidé d'honorer la personne qu'était Père, en lui énonçant ma décision. C'était ainsi qu'il m'avait appris à être, franc, honnête. Un homme devait dire ce qui lui passait par la tête, et se battre pour qu'on le prenne au sérieux.



D'abord surpris, et renfrogné, le maître Whiterun ne comprit pas, mais il dégaina bien vite. Un duel, c'était ma proposition, je partirai si je gagnais, sinon, je resterai. Vous souvenez vous, quand je disais qu'il était invincible ? Et bien, après quelques passes d'armes, je me rendis compte que j'avais eu tort. Tort d'employer l'interrogative, il était vraiment invincible. La tête encore engourdie, le dos au sol, et quelques peines pour me repérer, l'homme me surplombait de son imposante stature.



Rengainant son épée de bois, il me tendit finalement la main, avant de sourire. Il souriait très peu, mais cette fois-ci, son expression semblait sincère, puissante, presque pure, même sur une face aussi marquée par le temps et les cicatrices. Tendant sa main dégantée vers moi, il m'aida à me remettre debout, puis il lâcha finalement "Va, fils, ce monde t'apprendra probablement plus que ce que nous pouvons t'apprendre. Mais ne meurs pas." Je tombai à genoux, à ses pieds, exprimant ma gratitude et m'excusant de partir ainsi. "Je reviendrais Père. Je pars seulement devenir fort, mais je promets sur mon honneur d'assumer les responsabilités de la famille, quand ce sera à moi de le faire."



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