A travers champs... |solo|

Ce n'était pas vraiment de gaité de cœur que Marigold avait quitté la fraîcheur des murs du palais et des côtes de Scémède pour rejoindre les champs carbonisés des plaines sauvages. Peu d'arbres, aucun ruisseau à perte de vue, et le Soleil de fin d'été, aussi chaud que les premiers mois, tapait fort sur son crâne, ainsi que celui de Georgette. Le cheval de feu sur lequel la noble avait voyagé semblait épargné de par son type. Au contraire, il avait l'air d'apprécier la canicule puisqu'il tendait fièrement son visage vers le ciel, à chaque fois réprimandé du claquement des rênes sur son encolure.
Ce fut à l'orée d'un petit village très pittoresque, voire pathétique, que la jeune femme décida de s'arrêter. Elle descendit de selle et attacha le Galopa à un tronc, et le destrier commença immédiatement à brouter l'herbe séchée qui lui rappelait le foin servi dans les écuries. Une fois pied à terre, elle lança un regard glacial à la chienne qui avait trottiné derrière l'étalon tout ce temps.



Georgette savait très bien ce que nous étions parties faire en ces terres reculées et cramoisies : la performance douteuse qu'elle avait offert lors de son dernier combat, contre le vil Psystigri de la princesse, avait laissé un goût amer dans ma mémoire. Il n'était plus question de se faire humilier de la sorte par une créature de quelques pouces de haut. J'avais négligé l'entraînement du caniche, à cause de ses beaux yeux. Si je pouvais compter sur les compétences de la meute pour garder le château et attaquer des intrus, pour ma protection personnelle, les crocs du canidé noir seraient un ajout non négligeable à la portée de mon fouet.

Ici, derrière chaque brin de végétation, sous chaque pierre, derrière chaque arbre qui commençait à roussir, un Pokémon sauvage était susceptible de se cacher. Principalement de la vermine, venue dévorer les récoltes des serfs, qui nous étaient dues, ou des nuisibles cherchant à se rapprocher des villes pour vider les poubelles. C'était l'endroit idéal pour trouver un sac de frappe pour entraîner le Pokémon chromatique. Même si l'envie lui pressait certainement de courir dans les plaines, Georgette restait à mes pieds, assise et silencieuse, obéissante surtout. Je n'attendais qu'une chose pour la laisser avancer.

Quelques herbes se mirent à trembler à l'autre bout de l'étendue d'herbe, et je voyais se trajectoire dans le mouvement des épis de blés. Elle se rapprochait plus ou moins consciemment de nous, sans grande discrétion. Je ne pouvais pas vraiment dire quelle taille ou forme elle avait. Elle était très bruyante, mais mon expérience m'avait appris que même u Rattata pouvait causer une boucan rien qu'en marchant sur un parquet. En tout cas, c'était le moment que j'attendais.


Cherche !


Le chien partit au quart de tour à la rencontre de la mystérieuse créature. Je la vis bondit au dessus des fourrés avant qu'elle n'y disparaisse, pour en tirer je-ne-sais-quelle bestiole?

Attention !

Une Toudoudou Normale ♀

Méprisable vermine dévorant les récoltes en masse, cette.. euh.. ce n'est qu'une Toudoudou ? Mise d'humeur joyeuse par le beau temps, cette jeune Toudoudou parcoure les fourrés en sautillant. Elle se fige nerveusement à l'approche de Georgette: sa fourrure a l'air douce, mais veut-elle jouer ou la manger ?

J'entendais toujours Georgette grogner dans les fourrés sans en sortir. Elle avait arrêté de grogner et je n'entendais plus aucun son. Pas d'aboiements, pas de bruit de lutte... Que faisait-elle ? Hésitait-elle ? Je me devais d'aller vérifier la source de cette non-agitation. A contrecœur, je m'aventurai dans les hautes herbes, les chevilles lacérées par ces dernières. Le pas agacé, j'arrivai assez vite au niveau de la chienne et du Pokémon trouvé. Je compris alors ce qui tracassait mon caniche. Alors que nous nous attendions à mater un rongeur ou un oiseau sauvage, nous venions de rencontrer une petite boule de poils. Littéralement. Ses grands yeux rouges ne me semblaient en aucun cas belliqueux, et il n'était sûrement pas puissant. Je ne voyais pas quel mal il allait pouvoir nous faire avec ses petites pattes rachitiques. Ce fut après nous être fixés pendant quelques instant que je pris la décision de ne pas l’affronter. Je le saisis dans mes mains et le jetai un peu plus loin, pas trop fort, de sorte à ce qu’il puisse atterrir en douceur…
Visiblement, il en avait décidé autrement.


Vous connaissez les propriétés d'élasticité de Toudoudou ? Beaucoup n'hésitent pas à la comparer pour ces raisons à un ballon. Il a tendance à bondir et rebondir dans tous les sens plus ou moins contre sa volonté. Il n'y eut alors rien d'étonnant à ce que le projectile lancé par Marigold lui revienne en pleine face, la faisant au passage tomber à la renverse sur le sol plein de plantes sèches qui grattent et de petites bêtes qui piquent. Elle se pressa de se relever et de s'épousseter, avant de fixer avec colère le monstre qui avait eu l'audace de la frapper.


C'en était assez. J'avais essayé d'être magnanime avec le Pokémon rose sous prétexte qu'il semblait faible et innocent, mais il avait été totalement ingrat en osant m'attaquer. C'était pour moi une assez bonne raison pour perdre le peu d'empathie que je ressentais à l'égard de la créature.

Georgette, choppe-le !

Le canidé me regarda pendant une seconde, interrogée. Elle ne semblait pas comprendre pourquoi j'avais changé d'avis, mais savait qu'elle n'avait pas intérêt à tarder à m'obéir. Elle tourna enfin la tête et commença à galoper vers moi. La voyant foncer sur lui, Toudoudou laissa échapper un petit cri mélodieux mais suraigu. Il tenta de s'enfuir mais fut attrapé lorsque Georgette effectua un bond majestueux et le plaqua au sol. Elle planta ses crocs sur le côté de la bestiole avant de se prendre une petite claque sur la joue de la part de sa proie, lui faisant lâcher prise, plus par surprise que par douleur.. Après une très courte inspection, le monstre couleur guimauve ne sembla même pas blessé, à peine égratigné par les dents pointues. J'étais persuadée que la Couafarel se retenait de peur de faire du mal à une petite créature sans défense.

Regarde-moi Georgette.

Là-dessus, la chienne ébouriffée dut faire face à mes yeux de fer et mes sourcils plus froncés que jamais

Cinq minutes. Ce combat sera fini dans cinq minutes. Sinon...

Je ne finis pas ma phrase, de toute façon, Georgette avait compris qu'il valait mieux m'écouter. Elle pouvait imaginer ce qu'elle voulait, privée de repas, ou gâtée d'une dizaine de coups de fouet, ou encore une nuit au chenil, au froid. Toujours était-il qu'elle repartit à l'assaut, en assénant un violent coup de boule à Toudoudou. Ce dernier partir valser à plusieurs pieds, avant de valser dans l'autre sens, frôlant de peu la chienne. J'aurais aimé avoir eu sa chance...
Une fois arrêté dans sa course, il ne fut même pas capable de se relever et de courir, tout tremblant, choqué par la violence soudaine dont il avait été victime. Parfait, cela laissa l'occasion pour notre chère Georgette de faire demi-tour. Cette fois-ci, pour éviter de faire à nouveau valdinguer la bouboule, et de bêtement perdre du temps, elle ne percuta pas tête la première sa cible, et sauta dessus pour le plaquer au sol. Alors qu'elle s'apprêtait à mordre, je vis son corps se soulever de là où j'étais, avant de surplomber les hautes herbes, couchée sur un une grande sphère volante. J'aurais du me méfier, c'était une capacité connue de la famille de Rondoudou : se gonfler d'air pour s'élever dans le ciel. Sur le moment, la caniche ne faisait pas vraiment la fière, tout cramponnée sur la tête de Toudoudou, regardant le sol, paniquée. Ah... si j'avais plutôt emmené Luci... au moins, lui, n'aurait pas eu le vertige... mais au moins, Georgette n'était pas un chat, ce qui est un avantage non négligeable. J'allais donc devoir faire avec le mal des airs du canidé, et lui donner des indications.

Ne regarde pas en bas, continue de l'attaquer, il va bien finir par redescendre...

D'abord hésitante, Georgette sa plia tout du moins à mes ordres. Si elle était complètement effrayée, elle me faisait quand même une confiance aveugle. C'était là l'une des plus grandes qualités des chiens. S'accrochant plus que jamais avec ses pattes, elle osa planter ses crocs dans la boule rose qui la faisait flotter. Comme par magie cela la fit éclater, et alors qu'elle dégonflait, elle se mit à à voler tel un oiseau fou alors qu'elle retombait. Bien qu'agrippée plus fort que jamais, la chienne ne put tenir assez longtemps. Elle fut expulsée et atterrit non pas sur ses pattes, mais sur le derrière. Elle glapit, mais se releva assez vite pour que je n'aie pas à m'inquiéter pour elle. Elle me regarda pour savoir quoi faire. Comme toujours, je n'avais pas l'air ravie, avec mes bras croisés et mon pied tapant nerveusement.

Je perds patience, Georgette...

Elle gémit, baissa les yeux et rentra la queue entre ses pattes. Mais l'heure était au combat, pas au cirque. Le Toudoudou à moitié dégonflé flottait encore paresseusement. Il était temps de mettre à contribution nos jeux. Si la Couafarel était capable de rattraper un bâton en plein vol avec une précision quasi-parfaite, pourquoi pas un petit Pokémon ?
Sitôt dit, sitôt fait : en un seul saut, elle captura dans ses mâchoires la patte du monstre volant in-extremis. Maintenant, finies les bêtises, les choses sérieuses allaient commencer. Tout comme je l'avais été; Georgette était à présent très agacée pour la boule rose, qu'elle maintint au sol alors qu'elle l'assénait de nombreux coups de croc. Une fois une bonne prise en gueule, elle agita le cou de haut en bas pour fracasser son adversaire de nombreuses fois sur le sol. De façon très bien rythmique, chaque coup arrachait au bébé Rondoudou un cri strident, de plus en plus fort, et puis, à partir d'un moment, de plus en plus faible. Les grondements du canidé, eux, ne perdaient pas en volume, au contraire, et alors que sa proie s'était tue, il continuait de s'acharner dessus.
Bien. Je décidai alors que le monstre avait retenu la leçon. Je ne cherchais pas non plus à le tuer, juste à le calmer un petit peu après l'affront qu'il m'avait fait. Et puis, Georgette avait pu avoir son petit instant entraînement.

Ca suffit, au pied, Georgette.

Le Pokémon noir sortit de sa transe, et avec la petite boule rose à présent masse amorphe, pleine de bleus et de coupures, dans la gueule, elle me rejoint. Cependant, coup de théâtre, alors que j'avais cru le Toudoudou complètement sonné, il rouvrit doucement les yeux mais, au lieu de se débattre, entama une petite chanson. D'où j'étais je n'entendis quasiment rien, mais quant au caniche, ses paupières se firent de plus en plus lourdes et il tomba à la renverse, lâchant sa prise. A ce stade, celle-ci n'avait pas vraiment l'énergie de fuir. Si je l'avais laissée tranquille, elle aurait sûrement pu repartir au pas, tranquillement, dans son terrier, mais je vis les choses d'un autre œil. Elle m'avait d'abord percuté en plein facies, puis avait fait chuter mon chien depuis les airs avant de l'assumer avec je-ne-sais-quelle chant démoniaque. Il n'était pas question qu'il s'en sorte sous prétexte que je n'avais plus de Pokémon sous la main (les Galopa des écuries n'étant pas vraiment dressés pour le combat, mais surtout, ils sont têtus comme des Tiboudet...). Je me saisis de la sphère rose et la plaçai bien droite devant moi, avant de prendre un peu d'élan et de lui asséner un violent coup de botte dont il se souviendrait encore. Elle s'envola vers d'autres cieux, et ne rebondit pas cette fois en s'écrasant une dizaine de coudées plus loin, bien trop affaiblie. Elle se remettrait sûrement dans quelques heures. Quelques heures pendant lesquelles, peut-être, un prédateur aurait pu prendre avantage, mais cela ne me regardait en rien. Qu'il ose revenir celui-là...

Résumé:

Bravo !

Je me frottai les mains de satisfaction alors que je tournai le dos à la direction qu'avait pris le projectile rose, pour me diriger vers le caniche profondément endormi. Celui-ci bavait et ronflait dans son sommeil, couché sur le dos. Je tentai d'abord de le réveiller en douceur, mais en vain. Il était parti bien trop loin pour entendre ma voix. Je décidai alors d'arrêter les petites attentions et saisis l'oreille de de la chienne pour la tirer vers moi. Effet instantané : un aboiement aigu se fit entendre, elle Georgette se leva d'un bond.
En me voyant, elle sursauta, puis baissa les yeux. D'une petite tape sur sa tête, je lui fis comprendre qu'elle ne serait pas punie, mais que je ne la couvrirais pas non plus d'éloges. Je me dirigeai vers la monture, prête à partir. J'avais prévu en partant après le déjeuner de m'entraîner pendant bien plus longtemps, mais entre la chaleur éprouvante et les évènements du jour qui m'avaient comme qui dirait agacée, je préférais grandement retourner dans mes quartiers au palais. Je détachai de l'arbre les rênes du Galopa, qui cessa de brouter et tourna sa tête vers moi, intrigué. Je me plaçai sur son côté gauche pour me mettre en selle, remarquant une fois en hauteur que le Couafarel m'avait bien suivi. Parfait, je n'avais pas envie de l'attendre bien longtemps. Je pressai mes talons, faisant partir le cheval au pas.


Cela faisait une bonne dizaine de minutes que Marigold s'était éloignée du champ de combat, pour retourner à la cour. Tantôt faisant marcher son destrier, et tantôt trottinant quelques instants pour pouvoir raccourcir le trajet sans perdre de vue Georgette, qui suivait tranquillement. Ainsi, lorsque le canasson prit le galop, la jeune femme fut surprise. Après une cabrade, il s'emballa, partant à toute allure dans les champs, ignorant les sentiers qu'il était pourtant habitué à suivre. Sa cavalière, bien que surprise et effrayée, parvint à garder son calme, assez tout du moins pour arrêter sa monture avant qu'elle ne traverse toute la campagne, et avant surtout de chuter, car son assiette avait commencé à céder.
Une fois son souffle repris, sa colère prit le dessus de sa peur, puisqu'elle était bien décidée à aller voir ce qui avait osé effrayer la licorne de feu.


Je fis tourner le Galopa dans la direction opposée, avant de le faire courir là où avait eu lieu l'incident. Je voyais au loin que Georgette n'avait pas bougé. Elle était visiblement aux prises avec un Pokémon, sûrement celui qui avait rendu fou mon cheval. Brave chienne, elle n'attendait plus que moi pour lui donner des instructions pour en découdre avec mon agresseur.

Attention !

Un Goupix Normal ♂

Furetant dans les champs, ce Goupix allait traverser le chemin lorsque le Galopa de Marigold est passé. Aussi surpris que l'équidé, il serait déjà reparti si Georgette ne lui avait pas bloqué le passage. Pelage hérissé et oreilles plaquées contre son crâne, il surveille maintenant le chien avec prudence.

L'incertitude et la confusion frappèrent la femme aux cheveux d'argent lorsque son destrier arriva à destination. Face à son chien, une petite créature rousse crachait, tentant désespérément d'impressionner malgré sa petite taille. Elle aurait pu reconnaître partout cette fourrure brun-orangé et ce panache de six queues. C'était un Goupix, un Pokémon assez commun dans les forêts d'Hastérion, et dont plusieurs individus habitaient des terriers au domaine des Whiterun.
S'il était assez populaire de chasser ces créatures pour de nombreux nobles afin de s'en faire de ravissantes écharpes, le cas de la famille de Marigold était... spécial. On racontait qu'un aïeul aurait maudit la famille sur neuf générations, pour une simple blessure infligée par ce dernier à un Feunard. On ne prêtait pas les mêmes propriétés magiques au petit de ce renard de feu, mais toujours était-il que ces deux bêtes étaient sacrées pour la famille, non pas par admiration, mais par crainte. Si la dresseuse avait le malheur de poser le petit doigt sur le renardeau, qui sait, sa mère aurait pu surgir derrière lui pour le défendre.

Georgette, laisse !

Légende ou pas, le risque était bien trop élevé. Le simple fait d'avoir menacé le jeune monstre aurait pu être un prétexte pour subir à divers sortilèges. Mieux valait repartir comme si rien ne s'était passé.


Ce goupil avait bien de la chance que mon héritage m'ait empêché de lui apprendre le respect. N'importe quel autre animal aurait tâté de mon fouet et des crocs du caniche. Je m'apprêtais à repartir, la Couafarel se désintéressant malgré elle du canidé roux. Malheureusement, visiblement, les cieux avaient décidé qu'en ce jour, je ne pourrais avoir la paix. Un glapissement nous fit sursauter tous les trois : Georgette, Galopa et moi. Le coupable, Goupix, vint se cacher derrière l'équidé, celui dont il avait pourtant eu peur. Qu'est-ce qui avait bien pu l'effrayer au point de chercher ma protection, alors que la seule preuve de ma bonne foi avait été de ne pas le tuer ? Ces lieux étaient bien peuplés pour des plaines désertiques...

Attention !

Un Machoc Normal ♂

Quelle journée mouvementée pour ce Goupix ! Voilà que le monstre qu'il fuyait avant d'essayer de traverser le chemin le rattrape. Tandis qu'il court derrière le Galopa, un Machoc d'humeur exécrable bondit des hautes herbes. Ses yeux cherchent le renard mais ne tardent pas à comprendre ce qui se dresse sur son chemin: Georgette.

Lorsque le Machoc sortit des fourrés, le Galopa fit un écart, désarçonnant presque sa cavalière. Le Pokémon, qui faisait tout de même la taille d'un jeune enfant, avait un air renfrogné qui aurait effrayé n'importe qui. N'importe qui, mais pas Marigold, qui était à ce stade-ci bien trop agacée pour ressentir la moindre autre émotion. Elle ne serait pas satisfait avant d'avoir bouté le monstre humanoïde hors de sa vue. Elle descendit de sa monture, qui en profita pour s'éloigner, et rester à une distance de sécurité, à une vingtaine de mètres de la jeune femme. Son instinct grégaire lui dictait de rester à proximité de l'humaine et son chien, mais il avait un mauvais pré-sentiment à l'égard du petit combattant.


Superbe. Mon destrier ayant fui, je devais déjà m'apprêter à aller le rattraper dans la nature, et pour peu qu'il ait décidé de pourrir ma journée, cela prendrait entre quelques instants ou jusqu'à la tombée de la nuit. Cette fois-ci c'était décidé, il n'y aurait aucun répit pour ce Machoc.
Dépourvu de la protection de la licorne, le goupil courut se cacher derrière mes jambes. Devant moi, Georgette avait déjà pris l'initiative de s'interposer entre le Pokémon sauvage et sa maîtresse. Depuis le combat contre Toudoudou, mon estime d'elle commençait à s'améliorer. Peut-être mériterait-elle une récompense une fois rentrée au château ? C'était encore à voir. Aboyer ne suffirait pas dans cette situation, car la créature bleue avait bien décidé de faire une descente de lit du Goupix, mais aussi de ceux qui lui barraient la route. J'étais bien consciente que la caniche avait un désavantage de type, mais heureusement, sa toison la protègerait des coups de poing. Je savais que je faisais bien de ne pas la tondre, même si parfois, je m'imaginais les belles coupes qu'elle aurait pu arborer.

Après une intense bataille de regards, Georgette commença les hostilités. Le Machoc resta figé, fixant avec toujours autant d'intensité la chienne qui le chargeait. Cela eut pour effet de la déconcerter un instant, mais elle put tout du moins le frapper de toute la force de son crâne. La bête humanoïde sembla surprise d'avoir été renversée par le chien noir. Sûrement l'avait-il sous-estimé. Il n'eut néanmoins aucun signe de faiblesse. Il en faudrait plus pour le vaincre. Il ne se releva pas immédiatement, et profita d'être au sol pour frapper de ses jambes les pattes du Couafarel, qui couina avant de s'écraser sur le côté.
Ce combat, qui avait commencé de façon noble, allait-il se finir dans la boue comme deux clochards se disputant un bout de pain ? C'était à croire, car une fois le Pokémon Colosse relevé, ce fut le mien qui tira profit de sa position, en claquant férocement sa mâchoire autour de la cheville de son adversaire. Cette fois-ci, comparé à ses anciens combats, la morsure du caniche sembla beaucoup plus puissante. Ses crocs laissèrent des marques dans la peau pourtant épaisse du combattant, laissant celui-ci bouche-bée. Ce fut une bonne opportunité pour la chienne, qui put asséner un nouveau coup de tête dans le thorax du petit homme.

Le regard de ce dernier avait changé. A croire qu'il avait décidé que les choses sérieuses avaient commencé. Son regard était moins empli de colère, était plus posé. Après une longue respiration de sa part, il sembla complètement concentré uniquement sur le combat. Il attendit à présent la prochaine action de son opposante. C'était mauvais pour elle.

Méfie-toi Georgette, n'approche pas tout de suite.

Pour le moment, il valait mieux rester à distance. Si je la laissais encore foncer tête baissée, un coup bien placé de Machoc pourrait infliger de gros dégâts à mon Pokémon. Malheureusement, Couafarel restait un chien, et pouvait difficilement attaquer sans arriver au contact direct. Mais elle pouvait d'abord l'affaiblir.
Après un regard interrogatif, Georgette acquiesça, me faisant comprendre qu'elle savait où je voulais en venir. Elle avait déjà du affaiblir un adversaire qu'elle ne pouvait pas simplement frapper de plein fouet lorsque le Psystigri qui terrorisait la cour s'était protégé avec un bouclier psychique. Elle fit d'abord mine d'attaquer de façon ordinaire l'adversaire, en courant droit vers lui, mais effectua au dernier moment un dérapage, qui projeta de la poussière et des brins d'herbe séchée dans le visage du monstre à peau bleue. A la moue qu'il faisait, une partie avait du atterrir dans ses yeux, comme je l'avais espéré. Ainsi aveuglé, il lui serait bien moins aisé de toucher la chienne.

Attaque, maintenant !

Toujours aussi obéissante, Georgette reprit sa course, en direction du Machoc, elle put à nouveau le charger, le faisant trébucher. Le coup de poing qu'il voulut lui donner se terminant dans les airs. Elle garda l'avantage ainsi pendant un bon moment, pouvant allègrement le couvrir de traces de morsure, jusqu'à que, inévitablement, un des coups donnés à l'aveugle par la bête sauvage n'atterrisse par chance dans la gorge de mon compagnon.


Ce acte violent envers son Pokémon arracha un petit cri presque inaudible de surprise de d'inquiétude à Marigold. Si l'animal au pelage noir avait eu la chance de pas avoir été frappé à la nuque, la trachée restait une partie du corps très sensible à la douleur, et surtout, le poing du Machoc aurait facilement pu couper la respiration de la pauvre bête.
Tracassée par le sort de sa chienne, la jeune femme s'approcha de celle-ci (vite suivie par le Goupix, qui tenait à resté caché), l'aidant à se lever.

Allez, dépêche-toi de te relever !

Pas de temps à perdre, Machoc, à force de se frotter les yeux, avait réussi à se débarrasser du plus gros des saletés, et même s'il les avait encore rouges, et si des larmes continuaient de couler pour évacuer les corps étrangers, il pouvait déjà garder ses paupières ouvertes, et donc voir où se trouvait son adversaire. Heureusement que j'étais intervenue pour la remettre sur pattes, car elle serait bêtement restée affalée, prête à prendre coup sur coup, sans moi. Elle avait intérêt à se dépêcher, avant que je ne lui mette mon pied au derrière.
En effet, le Pokémon humanoïde arrivait déjà en courant, la main en arrière, prêt à frapper de toute sa force. Georgette avait à peine eu le temps de se mettre debout que son adversaire était juste devant son nez. Incapable d'esquiver à temps, elle subit un enchaînement de poing et de pied, tombant à la renverse encore une fois. Très affaiblie, elle ne put pas répliquer lorsque le petit colosse la souleva comme un trophée. Il s'apprêtait probablement à la lancer sur moi, qui était toujours à proximité mais je le l'entendais pas de cette oreille. J'usai d'une technique que beaucoup d'homme appelaient de la triche, mais tellement efficace contre eux, en envoyant mon pied entre les jambes du monstre.
Effet instantané : il hurla de douleur, et lâcha la chienne, que je rattrapai avant qu'elle ne s'écrase, alors que lui roulait par terre en se retenant en vain de pleurer. Et, pendant que Georgette se remettait encore, je dégainai mon fouet. Alors que la créature bleue tentait de se relever, la longue corde fit entendre son claquement caractéristique, et je la fis s'entourer autour de son corps.

Georgette, je te le laisse.

La chienne, aussi blessée physiquement que dans son égo, était plus que ravie d'avoir son adversaire à sa portée aussi facilement. Elle gratta le sol avec sa patte avant comme l'aurait fait un Tauros prêt à charger, et fonça vers le Machoc saucissonné, lui infligeant le coup de boule de sa vie. La Couafarel était toujours à ses trousses quand il se remettait sur ses pieds, et il ne put éviter totalement sa morsure, puisque ses crocs se plantèrent dans son derrière. Même quand le Pokémon humanoïde se mit à courir, sa mâchoire ne céda pas avant plusieurs secondes, après lesquelles la vitesse du sale monstre doubla. En lançant un regard derrière lui, il put constater que son poursuivant était toujours derrière lui, aboyant de plus en plus fort. Je voyais les silhouettes des deux animaux rapetisser alors qu'ils disparaissaient au loin.

Georgette, reviens, au pied !

Le poursuivi continua sa course, mais le poursuivant s'arrêta un instant pour me regarder, et faire demi-tour, pour revenir à mes côtés. Lorsque je relevai la tête vers où avait fui Machoc, je ne discernai plus qu'un petit point noir au loin. Bien, il avait eu son reste. Aussi désolée que j'étais de l'admettre, la chienne n'aurait pas pu vaincre seule cet ennemi, il lui restait encore de l'expérience à acquérir avant de s'attaquer à des Pokémon d'un type avantagé.
Je me retournai quand je sentis une petite patte toucher ma jambe pour avoir de l'attention. Il s'agissait de Goupix. Je l'avais presque oubliée, prise dans le combat. La pauvre bête semblait reconnaissante envers moi de l'avoir sauvée. Tant mieux, c'était toujours mieux que de m'attirer ses foudres. Je m'accroupis le temps de tapoter sa tête, et fut étonnée qu'il ne fuie pas comme beaucoup de créatures sauvages l'auraient fait. Cela ne plut pas vraiment à Georgette, qui grommelait dans son coin.

Bon, Georgette, on rentre. Il commence à se faire tard.

Je sifflai pour faire venir le Galopa qui, à ma surprise, accourut assez vite. Il avait du voir le soleil descendre dans le ciel et n'avait pas envie de passer la nuit seul en terre inconnue.
En tournant le dos au goupil, j'avais simplement pensé qu'il était retourné auprès des siens aussi vite que possible, mais encore une fois, il toucha ma botte. Il ne voulait vraiment pas partir ? Je ne savais pas vraiment s'il cherchait ma protection ou s'il était vraiment admirateur.
C'est alors que j'eus l'idée. Si je protégeais et soignais ce Goupix, qui éventuellement deviendrait un Feunard, je pourrais peut-être attirer sa bénédiction ? Voire non seulement sur moi mais ma famille ? Si cela marchait, je serais une vraie fierté pour les Whiterun. Celle qui a levée la malédiction des héritiers mâles. Avec la disparition d'Amarante, la naissance d'un jouvenceau ne serait pas de trop... c'était décidé, il partirait avec moi.
Je me penchai vers lui, lui offrant mes bras, et affichant mon plus beau faux sourire.

Tu veux venir avec moi, Goupix ?

Résumé:

Bravo !

Bravo !

Le Goupix Niv. 14 s'est lié.

Impressionné par la force de l'humaine et de son Pokémon face à un adversaire qui le terrifiait, le Goupix semble avoir décidé d'accompagner Marigold. N'en déplaise à Georgette, la jeune femme est peut être en voie de lever la malédiction pesant sur sa famille..

Tu as utilisé l'objet : Aucun.

Tu peux rajouter ce Pokémon à ton Créa-Répertoire.

C'est sans grande surprise que le canidé roux me sourit en glapissant joyeusement, avant de bondir dans mes bras et de s'y loger. Toujours, Georgette grognait en me lançant des regards noirs. Je la fis taire d'un seul coup d’œil. Elle aurait pourtant du savoir qu'aucun nouveau Pokémon ne prendrait sa place, surtout pas un chat ou un goupil. Je ne tenais mon nouvel ami que dans ma main droite, pour m'approcher de ma monture. Monter avec un seul bras valide fut assez compliqué, mais pas plus qu'avec un arc, car la petite bête n'était pas bien lourde. Quant aux directions, il n'était pas difficile de monter avec les rênes du même côté avec la maîtrise que j'avais.
Toujours le Pokémon Feu contre moi, je fis marcher le Galopa au trot, pour repartir. C'était déjà la fin d'après-midi, avec ces jours de plus en plus court alors que l'Automne arrivait. La caniche suivit, tête basse, mais au moins silencieuse. Si le moindre obstacle osait encore s'interposer devant moi, il n'était pas question que je perde davantage de temps : le bougre n'aurait qu'à faire connaissance avec les sabots plus durs que du diamant de mon destrier.

Je me sentis enfin tranquille lorsque j'aperçus l'écurie dans laquelle j'allais laisser mon cheval. Pas besoin de le desseller, je me contentai de le confier à un palefrenier. Qu'il fasse mon travail : j'avais beau apprécier une bonne balade sur le dos d'un de ces canassons, mais leur présence me lassait vite une fois à terre.
Je fus bien contente de retrouver mes quartiers. A l'intérieur, Luci m'attendait visiblement avec impatience, car il accourut pour embrasser ma jambe. J'essayai de m'en débarrasser en la secouant mais ce furent les aboiements de Georgette qui me libérèrent de l'emprise du matou. Je déposai le goupil, qui découvrit avec curiosité sa nouvelle maison. Assez vite, il découvrit le chaton recroquevillé sous la coiffeuse. Empruntant une position d'appel au jeu, il motiva le Psystigri à jouer avec lui, le poursuivant en faisant mine d'être agressif. Et derrière cette course-poursuite, la Couafarel aboyait nerveusement.

Il commençait à y avoir un peu trop d'animation par ici.