Baignade à l'abri des regards indiscrets ~

La gitane savait qu'Aros était une ville où l'argent lui tombait presque facilement dans les mains. Mais malheureusement, le climat n'était pas clément avec elle.

Dolorès avait entendu parlé de cette fameuse falaise, où la baignade y était rare, sauf pour quelques jeunes dont la soif d'adrénaline n'était pas assouvie. La chaleur faisait presque perler son front d'une manière des plus agréables. Les rayons du soleil réchauffaient sa peau caramel, et lui rendait le sourire facile. Scémède était une contrée très agréable pour cela.

C'est ainsi qu'elle se promena avec son camarade Gringo, le long de la falaise. Elle savait qu'ici, les artistes étaient nombreux, et que se faire une place dans le commerce lui était difficile. Mais elle n'avait pas le cœur de quitter le soleil aussi rapidement. Alors, elle chercha un moyen de descendre, sans faire un saut de dix mètres. La gitane marcha quelques heures, avant de trouver un endroit calme, et assez isolé.

C'était un endroit sans plage, sans sable. Les rochers étaient partout, et la mer était étrangement calme aujourd'hui. Escaladant les rochers en s'accroupissant parfois pour éviter de glisser, Dolorès n'avait qu'une envie: plonger son corps dans cette eau claire.

Elle avait choisi ce sentier un peu moins escarpé, pour que son compagnon Gringo puisse la suivre. Celui ci sautait de rocher en rocher, manquant à plusieurs reprises de dégringoler jusqu'à l'eau. Et comme ils avaient encore quelques bonnes minutes de marche, cela n'allait pas être vraiment agréable...
Et après avoir descendu périlleusement les nombreuses roches noires qui entouraient la baie, Dolorès arriva enfin au niveau de l'eau. Elle défait son corset, retira le voile qui retenait sa poitrine et fit glisser sa jupe sur ses longues jambes.

Entièrement nue, la gitane fit un saut, tête en avant, et plongea dans l'eau. Lorsqu'elle remonta à la surface, elle sourit, entièrement conquise par la fraîcheur de l'élément. Elle encouragea son compagnon à la suivre dans l'eau, mais visiblement, celui-ci n'était pas encore prêt à connaître les joies de la nage...  

Attention !

Un Poissirène Normal ♂
 

Une Poissirène Normale ♀


Une Poissirène Normale ♀


Un Poissirène Shiney ♂


Une Phogleur Normale ♀

Tandis que Dolorès barbotte, un banc de Poissirènes traverse les eaux claires. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la présence d'une humaine les surprend, mais se monteront-ils agressifs ? Non loin, sur un rocher à l'abri du soleil, une Phogleur observe également le duo avec attention.. ou peut-être sont-ce les Poissirènes qui attirent son regard.

La gitane affichait une mine comblée sur son petit minois. Elle était une femme de caractère, une femme de feu et de terre, et pourtant, elle adorait l'eau et le soleil. Elle ferma les yeux l'espace d'un instant, et inspira profondément. Elle se laissa couler dans l'eau, laissant ainsi son épaisse chevelure brune virevolter au gré des courants marins. L'air était pur, et l'eau de la mer était très claire. La jeune femme pouvait voir ses pieds, et le sable blanc sur lequel elle marchait. Remontant à la surface, la gitane fit balancer ses cheveux en arrière, telle une sirène comme le racontent les contes. Elle s'aperçut alors que son camarade était à quelques mètres d'elle, très proche de l'eau. Peut être avait-il eut peur que sa maîtresse se noie ? Cette idée fit sourire la gitane, qui décida de plonger une nouvelle fois, malicieuse.

Cette fois ci, elle nagea vers les rochers, et son compagnon ne la quittait pas des yeux. Elle remonta brusquement à la surface, éclaboussant Gringo au passage.

- Bouh ! Cria-t-elle.

Le canasson, effrayé de vexé d'avoir été mouillé et trahi, fit volte face et s'assied sur un rocher qui lui semblait stable. La gitane, quant à elle, explosa de rire. Ce n'était pas tous les jours qu'elle voyait son ami aussi mouillé.

- Je rigolais Gringo !

Avec sa main, elle envoya de l'eau contre les rochers, et ce fut avec un regard aussi noir que les ténèbres que Gringo lui répondit. Dolorès soupira, consciente que son petit jeu ne lui plaisait vraiment pas.

- Tu n'es pas rigolo, tu sais.

Mais soit. Si le tiboudet avait envie de bouder, c'était son problème. Dolorès, elle, continuait son exploration de la côte à la nage.

Etre nue dans l'eau, bon dieu ce que cela pouvait faire du bien. La gitane se riait de ces femmes qui ne voulaient pas se baigner en tenue d’Ève. Celles qui étaient pudiques, et qui plongeaient dans l'eau avec des voiles sur leur corps. Ces mêmes voiles, qui leur collaient à la peau, et qui grattait douloureusement lorsqu'ils étaient secs. Dolorès, elle, n'avait pas ce problème. Quand elle nageait, elle ne risquait pas de perdre un voile dans une brasse, ou encore être ralentie par un quelconque vêtement. Voilà pourquoi elle se baignait nue, la plupart du temps.

Parfois, la gitane plongeait pour aller récupérer des coquillages au fond de l'eau. Ils pouvaient lui servir pour faire des bijoux, comme des bracelets ou des colliers, par exemple. La jeune femme faisait ainsi des petits temps en apnée, et lorsque ses mains ne pouvaient plus contenir tous les coquillages et autres jolis cailloux qu'elle avait trouvé, elle se rendit là où elle avait laissé ses affaires, sur les rochers, et y déposa ses jolies trouvailles. C'était là l'un de ses plus grand défaut: le matérialisme. Si Dolorès ne s'attachait pas autant à ces babioles sans importances, elle voyagerait beaucoup plus légère, c'était certain. 

Accoudée à un rocher, elle tendit un caillou brillant à son camarade, un grand sourire sur la figure.

- Gringo ! Regarde ce que j'ai trouvé ! Il te plait ?

Mais c'était à peine si l'âne daignait poser son regard sur la pierre. Il était vexé, et égal à lui même, une grande tête de mule. La gitane eut un long soupire. La journée allait être très pénible s'il ne retrouvait pas un semblant de vie, de joie.

- Ce n'est qu'un peu d'eau Gringo, arrête de faire la tête pour ça.

Mais ce que la gitane ne savait pas, c'était que les tiboudets n'aimaient pas du tout l'eau. En faite, au delà de leur peur phobique, ils craignaient beaucoup cet élément. Gringo pouvait braver le feu sans problème, affronter les foudres du ciel ou encore, survivre à un poison très puissant. Mais il ne pouvait pas se baigner dans un peu d'eau.
Quelle tragédie pour la gitane qui aurait adoré pouvoir passer un chouette moment avec son canasson.

Mais s'il était têtu, sa maîtresse l'était tout autant. Alors sans jamais s'excuser, elle continua de faire des allers retours entre la mer et la terre ferme, ramenant toujours plus de cailloux et de bricoles tombées au fond de l'eau. Et le tiboudet, lui, faisait toujours la tête dans son coin.

Mais alors que la jeune femme était entrain de récupérer une autre babiole, elle entendit un bruit derrière elle. Elle se redressa vivement, et rejoins un endroit où elle avait pied. Et devant ses yeux ébahis, se profilait un spectacle étonnant.

Il y avait une multitude de poissons rouges et blancs dans l'eau. Si certain étaient calmes, et barbotaient sans faire de vagues, deux d'entre eux sautaient en dehors de l'eau, en exécutant des pirouettes et des cascades magnifiques. Leurs nageoires semblaient être faits de nuages, tant ils étaient fluides. Leur queue virevoltait également de la même manière, et la gitane trouva ces poissons très jolis. Si elle possédait un bocal, ou encore un aquarium, elle aurait pu se permettre d'en prendre un pour elle, en guise de décoration. Mais elle n'avait ni l'un ni l'autre, et tenir un animal en captivité ainsi, était cruel. Pour cela, il aurait fallut un aquarium très grand, pour que les poissons ne ressentent pas l'enfermement. Comme un tauros dans un grand enclos. Mais une fois encore, pour avoir un aquarium aussi grand, encore fallait-il posséder de l'espace. Une maison aurait été idéal, mais sérieusement... Si le bonheur d'un poisson condamnait la gitane à être sédentaire, autant le laisser dans la nature. 

De l'eau sortait de leur bouche, créant ainsi une sorte de fontaine vivante. Dolorès fut complètement sous le charme. Mais ce qu'elle ne savait pas, c'était que ce spectacle était aussi beau que dangereux. En effet, c'était la période de reproduction chez les poissirènes, et les mâles se disputaient le meilleur territoire pour féconder le plus d’œuf possible. Ainsi, leur grâce et leur force étaient misent à l'épreuve, mais également, leur capacité à défendre leur territoire.

- Gringo ! Murmura-t-elle en agitant ses mains frénétiquement, viens voir !

Mais le tiboudet l'ignora une fois de plus, pensant qu'elle lui montrerait un autre caillou. Ne lâchant pas des yeux le spectacle, la gitane continua de regarder le combat des mâles, comme hypnotisée. L'un d'entre eux avait une couleur étrange: au lieu d'être rouge et blanc comme les autres poissons qui se trouvaient dans le lot, celui ci semblait plutôt... Doré. Et tout ce qui était fait d'or ou d'argent, était forcément un bon moyen de leurrer la gitane.
Lentement, elle décida de s'approcher en essayant de ne pas les effrayer. Les plus petits poissons nagèrent à une vitesse folle vers un abri, tendis que les plus gros, eux, se déplaçaient tranquillement là où la gitane ne pouvait pas les déranger. Le combat faisait rage entre les deux poissirènes. La gitane remarqua alors leur corne sur leur front, et redoubla de prudence. Mais elle s'apprêtait à déclencher un déluge.

- Gringo ! appela-t-elle une nouvelle fois.

L'âne ignora les appels de la gitane. Il fallait dire qu'être une mule lui réussissait bien: lors de situation ennuyeuses ou gênante, il pouvait se permettre le luxe de ne pas répondre aux ordres, voir même, de les contourner. Et même si cela ne concernait pas une urgence, Dolorès aurait apprécié que son âne puisse admirer les poissons avec elle. Alors une nouvelle fois, elle s'approcha des poissons, et éleva la voix.

- Gringo ! Cria-t-elle.

Mais ce cri fut celui de trop. Les poissirènes mâles se tournent vers Dolorès tendis que les femelles, elles, détalent en vitesse. La gitane n'était pas experte en pokémon, mais elle était plus ou moins certaine que lorsque deux monstres sauvages vous regardent avec un air agressif, cela ne signalait rien de bon.

- Euh... Gringo ?


La gitane fit quelques lents pas en arrière, ralentie par l'eau. Mais les poissons s'approchaient d'elle en même temps qu'elle reculait. Les femelles plus loin, ne voulaient pas se mêler au combat. On aurait dit qu'elles étaient... Spectatrice, comme si ce combat était la dernière épreuve avant de prendre le territoire tout entier. Ce fut le poisson doré, qui lança l'assaut en premier. Peu assuré devant la taille de la gitane, il s'approcha furtivement, et lui mordilla la cuisse, avant de partir aussi vite qu'il était arrivé. Le second poisson, quant à lui, préféra pousser son mollet avec ses écailles râpeuses. Dolorès poussa un petit cri, et donna un coup de pied dans l'eau, sans vraiment d'effets. Lorsque le poisson doré devint à la charge, Dolorès préféra l'option de facilité: la fuite.

- GRINGO ! hurla-t-elle.

Cette fois ci, et contre toute attente, le poney se tourna vers la gitane. Mais lorsqu'il vit l'attaque des deux poissons, celui-ci se dressa sur ses pattes, désireux d'aller l'aider. Mais voilà. Lorsque le poney s'approcha de l'eau, son poil s'hérissa, et une voix à l'intérieur de son esprit lui disait de ne pas plonger, même s'il avait pied.

Or, là bas, sa maîtresse se faisait lentement picorer les jambes par des pokémons sauvages. Ils détérioraient la beauté de son humaine, et cela ne lui plaisait pas du tout. Malgré la voix dans sa tête une autre dans son cœur était plus forte, et plus convaincante. Aide là.

Le poney fit un saut malhabile, et plongea dans l'eau telle une grosse pierre. L'eau lui arrivait aux épaules, et le canasson se mouvait comme il le pouvait. Finalement, il parvint à rejoindre sa maîtresse, qui commençait à souffrir des attaques à multiples reprises.

- Gringo, attaque les ! Ordonna-t-elle.

Comme il le faisait très souvent, il utilisa ses puissantes pattes pour remuer le sol, et piétiner son adversaire. Mais dans l'eau, ses mouvements étaient ralentis, et malgré les ondes qu'envoyait le cheval, les poissirènes ne furent que légèrement atteint.

Tendis que le poney tentait de faire fuir les poissons, Dolorès, de son côté, soulevait des rochers, et les jetaient vers les pokémons sauvages. Evidemment, elle était trop lente comparé aux poissons qui étaient complètement dans leur élément.

Ils leur fallait trouver une technique, un moyen pour bouger plus vite. Mais alors que la jeune femme réfléchissait, elle entendit son poney hennir de manière étrange. Il souffrait.
L'un des deux poissons avait chargé le tiboudet en plantant sa corne dans son flanc. Tendis que Gringo se débattait pour tenter de déloger le poisson, Dolorès, elle, se rua vers le poissirène, et se saisit de sa queue tant que celui ci était immobilisé. Il lâcha finalement prise, et était littéralement enragé. Il se débattait de toute ses forces, mais la gitane le tenait fermement.

- Va y ! Cria-t-elle à son compagnon.

Le jeune poney, épris d'une rage subite écrasa le poisson à plusieurs reprises, en tâchant à ce qu'il ne vienne plus les embêter. Le poissirène s'enfonçait progressivement dans le sol, malgré l'étrange aura bleutée qui émanait de lui. Était-ce un moyen de protection ? Ou un signal pour dire aux autres qu'il y avait un danger ?

Il suffit d'un moment de doute pour que la gitane crie à son tour de douleur. Le poisson doré venait de foncer tête baissé dans la cuisse de la gitane, la corne en première. Celui-ci semblait plus violent, plus virulent. Certainement plus déterminé à vouloir régner sur ce récif.
La gitane coula dans l'eau, incapable de tenir debout avec ce poisson planté dans sa cuisse. Elle se débattait du mieux qu'elle le pouvait, et regretta un instant de ne pas avoir son poignard avec elle. Mais bientôt elle manqua d'air. Les bulles s'amplifiaient à la surface, et Gringo n'eut d'autres choix que de plonger, lui aussi.

Il était totalement immergé. Ses talents liés à son poids n'étaient plus efficaces ici. Alors, il se contenta de repérer la gitane, et de mordre le plus fort qu'il le pouvait le poisson doré. Celui ci lâcha prise, et s'éloigna l'espace d'un instant.

Monstre et humaine remontèrent à la surface, blessés et fatigués. Ils avaient réussit à éliminer un poisson, mais l'autre était encore vivant, et bien actif. La morsure du poney ne le fera fuir qu'un instant, avant qu'il ne revienne à la chasse. Ainsi, la gitane et son compagnon n'eurent qu'un choix: la fuite.  

Mais le petit poisson était tenace, et il nagea assez rapidement vers le duo pour pouvoir les bloquer, et ainsi les attaquer avec une puissance incroyable. Une onde de choc vint les propulser en arrière, déstabilisant l'espace d'un instant, leur ouïe. Il n'y avait qu'un ultrason très fin qui était audible. Certainement le bruit d'un cerveau en compote.

- Gringo ? Souffla la gitane en pataugeant dans l'eau.

Elle tendis ses mains vers son poney, qui faiblissait à vue d’œil. Autour d'eux, une marre de sang s'était formée à cause de leurs blessures. La gitane prit dans ses bras l'encolure de son poney, afin que celui ci puisse respirer sans faire d'effort pour nager. Avec la force qu'il lui restait, la gitane tira son compagnon en arrière, espérant pouvoir rejoindre la baie où ses affaires étaient posée.

Et là un miracle apparut.

Dans l'eau, une énorme masse sombre se mouvait, et se plaça juste devant la gitane et le canasson. La masse fit face au poissirène, qui n'était plus vraiment sur de lui, tout à coup. La tension était palpable, et la jeune femme se demanda comment elle avait fait pour ne pas s'appercevoir qu'un animal de cette taille rodait dans l'eau.

En réalité, le phogleur était un habitué de cette baie isolée. Cette femelle passait son temps à se prélasser au soleil, et à regarder les écrapinces se disputer un bout d'algue. Et une fois tout les trois mois, se déroulait un événement qu'elle appréciait plus que tout au monde: un buffet à volonté. Une horde entière de poissirènes sautant de l'eau avec grâce, et exhibant leurs écailles colorées. Après avoir regardé leur parade, le phoque se jetait à l'eau pour les dévorer. Cette baie constituait une vie de rêve pour elle, et jamais elle ne la quitterait pour tout l'or du monde. Elle avait sa petite grotte sous l'eau, où elle entreposait des trésors, elle avait ses habitudes alimentaires, et ses rochers fétiches pour faire la sieste. Le paradis sur terre.

Mais aujourd'hui, ce fut un spectacle différent qui lui a été proposé. Une humaine. Charmée par ses courbes voluptueuses, le phoque regardait avec attention ses allers et venues, intriguée et amusée. Elle trouvait une similitude dans leur comportement à ramasser les cailloux qui brillent. Et lorsqu'elle se fit attaquer, le phoque fit la moue. Non seulement elle saignait et salissait l'eau si pure de la baie, mais en plus elle avait ruiné son spectacle. C'est ainsi que la bête décida d'intervenir.

Nageant au fond de l'eau le phogleur se fit discret, jusqu'au moment venu. Il passa à côté d'un poissirène à moitié enterré dans le sol, qui reprenait lentement des forces. Dommage pour lui, car un possirène assommé était un repas facile pour elle. Rapidement, la jeune femelle goba le poisson, et se dirigea vers la marre de sang.

Camouflée grâce à son pelage bleuté, le phogleur parvint jusqu'à la gitane et à son compagnon, et fit face au poissirène indésirable. Ce dernier avait peur pour sa vie: maintenant, les enjeux étaient différents. C'était de sa vie dont il était question, et non de son territoire. Faisant volte face, le poisson tenta de fuir aussi rapidement qu'il le pouvait. Mais la morsure de Gringo avait endommagé l'une de ses nageoires, qui le ralentissait fortement, au grand plaisir de la morfale.

Dolorès se hissa sur le rocher, épuisée. Elle aida Gringo à monter, et l'enlaça doucement. Aujourd'hui, elle avait eut peur pour sa vie. La gitane câlinait le poney avec douceur, tout en appliquant de la mousse sur sa blessure. Le tiboudet était sonné, encore plus que la gitane. L'attaque du poissirène avait du lui être fatal.  

Soudainement, une tête toute ronde sorti de l'eau. Le phogleur regardait la gitane de près, avec une certaine admiration dans les yeux. Cette fois ci, il ne ressemblait plus à un monstre des profondeurs des abysses, mais plutôt à un gentil clown.
La gitane sourit en le voyant apparaître. La grande majorité de son corps était immergé dans l'eau, et ses grandes moustaches blanches ondulaient au fur et à mesure qu'elle reniflait l'humaine.

- C'est toi qui nous as sauvé, hein ? Demanda-t-elle doucement.

Le tiboudet tourna fébrilement sa tête vers le monstre marin, les yeux encore dans le vide. Mais sa curiosité l'emportait sur sa fatigue. La gitane tenta de toucher le pokémon, en étendant sa main vers lui.

Mais la femelle recula doucement, faisant signaler qu'elle ne voulait pas être touchée. En revanche, son regard fuyait souvent vers les pierres brillantes qui étaient rassemblées près de la gitane.

Dolorès suivit son regard, et eut un léger sourire. Elle prit une pierre dans sa main, et la rapprocha du museau de l'animal.

- C'est ça que tu veux ?

Avec une douceur sans fin, le phogleur ouvrit la bouche, saisit délicatement la pierre entre ses dents pointues, et disparut dans l'eau. La gitane eut un petit sourire, heureuse. Ce pokémon était un vrai mystère, mais surtout, il était un petit avare, tout comme la gitane. Cela lui pensait un peu le cœur, au vue de l'après midi médiocre qu'elle venait de passer.
Et au bout de plusieurs minutes, le phoque réapparut, toujours avec sa tête d’humoriste. Dolorès le trouva drôle. Le monstre ouvrit la bouche, comme si il réclamait une autre pierre. La gitane trouvait le phoque gonflé de lui piquer toutes ses trouvailles, mais après tout, il l'avait sauvé, elle et son canasson. Alors, la femelle pouvait lui piquer autant de pierre qu'elle le souhaitait.

La fin d'après midi se passa sous le soleil doux de Scémède. Les deux compagnons n'avaient pas quitter leur rocher, et Dolorès avait profité d'être sèche pour s'habiller. Le tiboudet semblait être un peu plus réactif aux mouvements, et aux sons. Sa blessure au flanc lui était toujours douloureuse bien sûr, mais contrairement aux échos dans sa tête, cela n'était rien. Dolorès, elle, avait passé l'après midi à donner des cailloux et des coquillages colorés au monstre aquatique, qui se montrait de plus en plus sympathique à chacune de ses apparitions. La femelle lui faisait parfois des feintes, en sortant sa tête de l'eau, puis en replongeant immédiatement. Dolorès la trouvait amusante, et Gringo tolérait sa présence. Il lui était redevable, alors, il n'allait pas la snober.

Et lorsque Dolorès n'eut plus de rocher ou de coquillages à offrir au monstre marin, elle lui proposa de venir avec eux, en dehors de la baie. Gringo avait l'air partant pour avoir un compagnon de son espèce  à ses côtés. Mais même si la phogleur appréciait la gitane et son poney, elle ne voulait pas quitter cette baie. Sa maison était ici, et sa vie était un véritable paradis. Pourquoi tout quitter ?

Le monstre marin plongea dans l'eau après avoir fait un "coucou" avec ses membres avant, mentionnant le fait qu'ils n'allaient plus se revoir. La belle gitane se redressa également, un peu triste. Après tout le phogleur aurait pu être un chouette atout dans son équipe. Mais elle ne pouvait pas la forcer à les rejoindre, c'était contre ses principes.
Lentement, les deux amis gravirent les roches de la côte, affaiblis par leur après midi tumultueux. Une chose était sure: ce soir, le duo dormira à poings fermés.

Déroulé du combat:

Bravo !

Suite à ces évènements, Dolorès passa beaucoup de temps à penser au phogleur qui les avaient aidés. Elle songea aussi au fait qu'elle était allée beaucoup trop loin en allant titiller les possirènes, et que cela avait bien failli coûté la vie à son compagnon.

Dolorès apprit plusieurs choses ce jour là. Tout d'abord, les pokémons eau étaient assez imprévisibles, et elle ne connaissait pas assez bien leur mode de vie pour se permettre de les observer d'aussi près. Elle se rendit compte que ce n'était pas forcément le plus gros pokémon qui était le plus dangereux, bien au contraire. Elle apprit également que son tiboudet avait beaucoup de mal à faire face à des pokémons aussi redoutables, mais aussi aux puissances des capacités de l'eau. Il fallait dire que son poney était douée pour arpenter la terre, mais pas aussi apte à dompter la mer, et ses nombreux caprices...

Ainsi, la gitane évita le plus possible de mettre son poney en contact de l'eau. Chose peu facile, car étant donné qu'elle adorait se baigner, c'était un grand sacrifice qu'elle faisait pour son ami...