HIBIKI MORI ▬ And I wanna fight, but I can't contend

Lorsque vous croiserez Hibiki pour la première fois, vous pourrez développer quelques a priori sur sa personnalité. Toutefois, chose étonnante, vous vous rendrez rapidement compte que vos impressions initiales se révéleront tout à fait justes.

Farouche, Hibiki fera rarement le premier pas lorsqu’il est question d’interaction, le rendant relativement difficile d’approche. Il préférera rester à l’écart et observer silencieusement, une tactique de protection qui lui permet d’assurer quelque peu ses arrières. Cependant, n’allez pas pour autant croire qu’il possède une quelconque extraordinaire capacité d’analyse. À vrai dire, Hibiki dispose d’un mal fou à lire ses congénères humains, les rendant complètement imprévisibles à ses yeux. C’est là l’origine de sa grande méfiance. Toutefois, une des conséquences de cette dernière est la difficulté de Hibiki à nouer des relations, ce qu’il regrette amèrement. Ayant, depuis peu, décidé de prendre sa vie en main, il tente néanmoins de palier la solitude accablante ainsi créée en se laissant malgré tout disposé à interagir avec les autres. Bien que restant profondément introverti, Hibiki ne fuira ainsi pas le contact.

Cependant, s’il y a bien une sensation que le criminel est capable de reconnaître, peu importe l’espèce, c’est la souffrance. Y étant très sensible et ne souhaitant à personne les horreurs qu’il a vécues, Hibiki est quelqu’un de très compatissant ; il n’est pas rare qu’il tente son possible pour alléger les tourments qui rongent un autre, tout en restant dans la mesure de ses capacités. En effet, si une mission confiée suppose qu’il laisse un être vivant souffrir, il le fera, non sans répugnance.

Parce qu’en effet, Hibiki est complètement à la solde de l’Organisation. Il a beau s’évertuer à gagner son indépendance, les difficultés aussi bien physiques que psychologiques qu’il rencontre se dressent comme un mur infranchissable à ses yeux. Lorsque toute notre vie, on ne nous a jamais laissé le choix de réfléchir par nous-mêmes, commencer à le faire, s’affirmer, se révèle bien plus compliqué que ce dont on pourrait s’attendre. Sans compter que le jeune homme garde malgré tout une certaine loyauté envers l’Organisation, car elle représente le seul support sur lequel il peut compter, sa véritable famille. C’est elle qui l’a récupéré quand son père biologique voulut se débarrasser de lui, et pour cela, Hibiki se sent redevable et peine à sauter le pas, à déserter, à quitter tout ce qui lui est familier.
Le sentiment d’impuissance qui en résulte se traduit chez le jeune homme par la présence, dans chacune de ses actions, d’une forme d’acharnement presque désespérée. De fait, si cette ardeur tenace dont il fait preuve pour accomplir chacune de ses missions peut être vue comme une sorte de diligence, elle fait surtout de lui un sbire particulièrement efficace, quoiqu’à la vision un peu restreinte. En effet, Hibiki aura tendance à laisser les objectifs de ses missions prendre le dessus dans son esprit, empiétant parfois sur son bon sens. Comprenez-le : quand une mission consiste à tuer de pauvres innocents, il vaut parfois mieux débrancher son cerveau et fonctionner en automatique. Sans compter que le fond de la pensée de Hibiki est toujours obnubilé par la crainte d’une punition, s’il revient avec un échec à son compteur.

Cette nécessité de se détacher émotionnellement de son travail, couplé à un rude passé, aura également poussé Hibiki à développer une vision réaliste du monde, quoiqu’un peu pessimiste, qu’il utilise souvent comme excuse pour justifier son inaction face à son statu quo.

Toutefois, s’il lui arrive de se mentir à lui-même, avec les autres, il peut se montrer brutalement franc, non seulement de par sa répugnance à l’hypocrisie, dont ses clients abusaient d’un ton mielleux, mais aussi de par l’environnement dans lequel il a grandi, où grossièreté et rusticité étaient de mise.

En outre, ce passé houleux aura également donné plus d’une fois l’occasion à Hibiki de faire de l’introspection, l’ayant conduit à devenir une personne consciente de soi et de ses limites, en temps normal. Cependant, cela lui aura également permis de reconnaître sa trans-identité et sa dysphorie de genre, bien qu’il soit incapable de mettre des noms dessus. Ainsi, le jeune homme garde une sorte d’hyper-sensibilités par rapport à son corps, dont il est toujours très conscient, le conduisant à craindre quelque peu le regard des autres. Si son torse concave, concavité qu’il cherche à palier par des bandages, le rassure, les formes de son corps ne font que contribuer à une certaine anxiété. Il tente donc de les cacher par des vêtements amples, avec plus ou moins de succès.

Enfin, si vous parvenez à surprendre Hibiki alors que la fatigue le rattrape, vous pourrez observer à l’action certains tics, tel celui où il touche son torse, comme pour s’assurer que ce dernier est toujours aussi plat qu’auparavant.

L'histoire de Hibiki aborde des sujets tels que le trafic humain, de Pokémon, de prostitution infantile, de pensées suicidaires et de chirurgie. J'ai essayé d'incorporer ces éléments avec un certain tact, sans trop entrer dans les détails, mais mieux vaut prévenir que guérir.

Il y a vingt ans de cela, une rumeur s’était encrée dans les esprits du village de Kii : la femme de Mori-sensei, homme connu pour avoir développé une technique de sculpture exploitant les sources pétrifiantes de la montagne, serait tombée enceinte d’un rival. Bien sûr, personne n’en parlait, car il n’était pas dans le style des habitants de se mêler à la vie privée des autres, mais aussi parce que l’on craignait l’ire de l’artiste, tout aussi connu pour son tempérament colérique. Toutefois, cette rumeur, tout le monde y pensait et l’avait acceptée comme vérité, car il n’était un secret pour personne que le couple se trouvait en froid. En effet, ces derniers mois, Mori-sensei, somme toute assez vieux-jeu, n’avait pas caché son désir d’obtenir un fils héritier. Il refusait d’apprendre ses techniques à ses trois filles, sous prétexte qu’en se mariant, elles perdraient le nom de famille associé à sa fabrique ; ce à quoi Mori-san rétorquait qu’il suffisait de changer le nom.

Ce fut ainsi que neuf mois plus tard, la fameuse rumeur ne reçut ni confirmation, ni réjection, car elle laissa place à l’annonce bien plus funeste de la fausse-couche de Mori-san. Dès lors, le sujet devint tabou au village.

Ce que le village ignorait de la situation, c’était le fait que cette nouvelle avait été fabriquée de toute pièce par Mori-sensei lui-même, afin de justement faire taire les rumeurs, qui se révélaient véridiques. Il força ainsi sa femme à garder l’existence de l’enfant secrète, car il comptait bien s’en débarrasser. Mais comment ? Il pensa à l’éliminer, mais il n’avait pas le cœur assez froid pour cela, et malgré tout, il ne souhaitait pas détruire à jamais la relation qui liait leur couple.

Une solution s’offrit naturellement à lui un beau jour, alors qu’il se fit voler sur le chemin d’Aros. Parvenant à rattraper le voleur grâce à son Férosinge, Mori-sensei apprit alors que ce mécréant connaissait des personnes potentiellement intéressées par l’enfant. En échange d’informations sur la façon d’entrer en contact avec eux, le Kiiois laissa le fripon filer.

Plus tard cette même semaine, Mori-sensei parvint à rencontrer quelques-uns de ces mystérieux individus. Ils avaient, en soi, l’air très respectable ; des habits fonctionnels, mais bien propres, le visage bien rasé et les cheveux arrangés, c’était bien plus que ce que l’on pouvait croiser habituellement. Le sculpteur savait néanmoins qu’il valait mieux se méfier. Il n’était pas stupide. Personne à Kii ne l’était. S’en suivit une discussion quelque peu saccharine sur les modalités de l’échange qui aurait lieu. On lui proposa de l’argent, une grosse somme, assez pour leur offrir une vie confortable pour quelques années, sans toutefois que sa famille pût se permettre d’arrêter de travailler. C’était une offre maligne, car personne ne pourrait soupçonner quoi que soit ainsi. Mori-sensei demanda ce dont il adviendrait de l’enfant. On lui répondit que ce n’était pas à lui de poser des questions. L’offre fut acceptée. Un rendez-vous fut établi pour le lendemain. Ainsi, l’enfant fut vendu dans le grand secret. Personne à Kii ne fut au courant de son existence, à l’exception de sa famille, qui jura de garder le silence jusqu’à la tombe.


Les bandits, car ces mystérieux individus n’étaient rien d’autre que cela, nommèrent leur achat Hibiki, signifiant« écho ». Écho d’une vie qui aurait pu être bien différente. Écho, car l’enfant ne deviendrait que l’écho d’un enfant, ils le savaient.

Ils repartirent ainsi sur les routes, avec pour unique objectif de retourner aussi promptement que possible au repère souterrain qui se trouvait au fin fond de Scémède, près de la frontière avec Nimus. Le Kiiois avait osé leur délivrer un enfant non sevré, et cela n’avait pas figuré sur le contrat. Ils improvisèrent donc une solution en confiant le môme à une des quelques reproductrices mammifères avec lesquelles ils voyaient alors. Ces dernières, généralement des espèces rares et exotiques, avaient été importées d’autres régions, et leurs progénitures se trouvaient extrêmement populaires auprès des collectionneurs et des poképhiles, les deux groupes étant prêts à dépenser des fortunes.

Tout au long du voyage, ils veillèrent attentivement sur cette marchandise de haute valeur qu’ils avaient achetée. Un enfant de Kii ? Ce n’était pas tous les jours qu’ils mettaient la main dessus, et bien des clients seraient prêts à dépenser de grosses sommes (bien assez pour rembourser l’argent qu’ils venaient de dépenser) pour ne serait-ce que toucher la peau pâle et laiteuse qui caractérisait ce peuple réputé inapprochable.

Lorsqu’ils arrivèrent à bon port, et que l’on découvrit ce qu’ils avaient rapporté de leur voyage, ils furent félicités par de nombreux camarades. « Vous recevrez certainement une augmentation avec un tel butin ! », « Bonne pêche que voilà ! », « J’espère que vous ne l’avez pas abîmé… » furent quelques commentaires qu’ils reçurent parmi tant d’autres, tandis qu’ils trouvèrent un de leurs administrateurs et enregistrèrent Hibiki dans leur répertoire. On confia l’enfant à plusieurs sbires et l’affaire fut bouclée. Hibiki faisait alors officiellement partie de la surnommée Organisation.


Dès lors, la vie de Hibiki prit une toute nouvelle voie. Passant tour à tour sous la tutelle de nombreux sbires, dont des mères porteuses humaines lors de sa période de sevrage, l’enfant fut trimbalé de tous les côtés sans grand contrôle sur sa destinée. Dès le plus jeune âge, on lui apprit à compter, à user de son corps pour augmenter son agilité, maintenir sa souplesse d’enfant, mais aussi quelques rudiments dans l’art du combat. Rien de bien spectaculaire comparé aux arts de Kii, mais les clients pourraient avoir des attentes des plus étranges auxquelles il valait mieux se préparer. Outre cela, on l’initia par-dessus tout à l’objectif premier de l’achat : celui d’assouvir les pulsions sexuelles de leurs consommateurs.

On veilla à sociabiliser Hibiki avec les autres jeunes du groupe, tous réservés à la même destinée, afin qu’ils se constituèrent un support moral pour les rudes années à venir. Ce fut notamment à suite à ces séances, où ils se trouvaient tous placés dans une même salle souterraine, que Hibiki put constater que la compagnie des Pokémons lui apportait bien plus de réconfort. Ils l’effrayaient moins, même les plus redoutables ; ils n’avaient pas cet air hanté et triste collé au visage, comme les adultes ou les adolescents.

Ce fut également lors de ces années formatives que Hibiki put intégrer dans son esprit le fonctionnement de la base, et comprendre la chance qui lui avait été offerte. En effet, il existait différents groupes de sbires. Ceux qui représentaient des marchandises à haute valeur, comme Hibiki et son sang kiiois, étaient bien traités : les ainés leur fournissaient un semblant d’éducation et une hygiène de vie étonnamment bonne. Néanmoins, ceux qui ne tombaient pas de la catégorie des « hautes valeurs » ne disposaient pas des mêmes traitements. Ce rift entre ses conditions de vie et celles de ses camarades ne contribuèrent cependant qu’à isoler Hibiki davantage, dont la culpabilité enserrait le cœur.



Vint alors l’âge où Hibiki devint officiellement une marchandise exploitable par l’Organisation, et que la véritable horreur de sa condition, de celle des autres enfants, lui fut révélée de la pire façon qui soit. Ce fut également lors de ces années de travail que Hibiki développa une aversion pour les nobles, les riches, ceux qui osaient payer leur service. Sans demande, ils ne se seraient pas retrouvés dans cette situation, Hibiki le savait. Toutefois, avoir conscience de cela ne lui apportait qu’accablement, car c’était là son travail, la raison pour laquelle son existence avait été tolérée ; on le lui avait fait bien comprendre.

Pourtant, pour Hibiki, ce n’avait été là que le début supplice, car Dame Nature se mêla d’affaires qui ne la regardaient pas en apportant avec elle la puberté. Hibiki vécut ainsi les premiers changements de son corps avec horreur ; sa santé mentale dégringola. Peut-être était-ce un coup du destin en sa faveur, mais dans tous les cas, l’administrateur du sous-groupe lui réservait un sort tout particulier. Ayant pu constater une augmentation de la demande de jeunes garçons aux attributs génitaux féminins, mais aussi l’apparence généralement androgyne de Hibiki et sa difficulté à accepter l’apparition de nouvelles formes sur son corps, la recherche de candidats sur lesquels tenter une chirurgie ne fut guère longue.

Ainsi, lorsqu’on vint, un jour, tirer l’enfant pubère du tas de foin qui leur servait de lit pour l’emmener dans une pièce à l’écart, pièce dans laquelle personne n’avait jamais eu le droit d’aller, Hibiki ne résista guère, car la mort lui apparaissait alors comme une délivrance.

Une odeur particulière régnait dans la fameuse pièce enfumée de vapeur et, dans la pénombre, les yeux encore embrumés de sommeil de Hibiki ne purent que distinguer des bouts de tissus trempant dans du vin chaud, ainsi que des bols remplis de ce qui ressemblait à des plantes réduites en bouillie. L’unique médecin du groupe se trouvait là, en compagnie du barbier-chirurgien, occupé à chauffer une lame de rasoir à l’aide d’un Pokémon de type feu. Cela ne présageait rien de bon. Dans une vaine tentative de sauver sa peau, redécouvrant dès lors un instinct de survie cru éteint, Hibiki s’efforça de s’extirper des bras qui l’enserraient comme un étau. Ce fut un échec. À place, on lui attrapa le visage, lui força la bouche ouverte et on lui fit avaler du pavot. Un Tylton, qui avait été spécialement apporté dans la salle pour l’occasion, utilisa Berceuse. La lame brillait de plus en plus fort. Ou peut-être était-ce parce qu’elle se rapprochait de plus en plus ? Hibiki se débattit de plus belle, mais les doigts froids et implacables du sommeil restreignirent rapidement ses dernières forces, et sa conscience s’échappa hors d’atteinte.

Suite à cet évènement, Hibiki se réveilla plusieurs fois, avant de perdre conscience presque aussitôt sous la douleur atroce qui lui scindait le torse. Le Tylton veillait toujours dans un coin de la pièce, et n’hésitait pas à utiliser Berceuse par-dessus le marché. Toutefois, lors d’un rare moment de lucidité, il (« il », car Hibiki se référait au masculin.) parvint à rester suffisamment éveillé pour essayer de voir ce qu’on lui avait fait, mais chaque mouvement apportait douleur et vertige avec lui, rendant tout effort futile. Et ce, sans compter la pénombre de la pièce qui réduisait drastiquement son champ de vision. En désespoir de cause, il tâtonna sans grande motivation le sol autour de lui, seulement pour constater qu’on avait eu suffisamment pitié de lui pour le placer sur un tissu, le séparant ainsi de la poussière et de la terre. Un sanglot secoua Hibiki. Il avait peur. On ne lui avait jamais fait tant mal par le passé. Pourquoi ? Qu’avait-il fait de mal ? Il avait pourtant été un bon jouet pour ses clients ! Seul le silence lui répondit, le Tylton ne pipant mot.

On vint plus tard, accompagné d’un Roselia et d’un Lucario, chargés respectivement d’utiliser Aromathérapie et Vibra Soin pour aider au rétablissement de Hibiki. Comme toujours, lorsque l’on entrait dans la salle avec pour but de changer ses pansements ou de vérifier l’état de ses plaies, le Tylton utilisa Berceuse pour lui épargner toute souffrance. Si au début, Hibiki lui en voulut, car il préférait être autant que possible en contrôle de la situation, rapidement, il lui fut reconnaissant. De fait, on ne lui permettait de rester éveillé que lorsqu’il était question de le faire manger. Parfois, ils osaient parler en sa présence. Hibiki ne comprenait pas tout, ne serait-ce que parce que son esprit était constamment embrumé par les embaumements de l’Aromathérapie, mais il lui arrivait de retenir des brides d’informations. Opération. Chirurgie. Cautérisation. Cicatrisation. Ce n’était pas la première du genre, mais c’était la première qui présentait un bilan positif.

Finalement, avec le temps, Hibiki avait pu se constituer une idée de ce qui lui avait été fait. On lui avait ouvert le torse. On avait coupé tout ce qui avait ressemblé à des glandes, ce qui devrait résulter en un torse plat, voire quelque peu concave. Le médecin assurait que c’était un succès, qu’il n’y aurait pas de complication, qu’il n’y avait pas d’infection en vue. Avant d’essayer sur des humains, ils avaient testé la chirurgie sur des Pokémons qui avaient présenté des excroissances mammaires, des tumeurs mammaires, et avaient ainsi su quoi chercher. Lorsqu’ils étaient passés aux humains, ils l’avaient testée sur des marchandises de moins grande importance, sur des orphelines récupérées dans des coins de rue, sur des prostituées usées qui n’attiraient plus assez de clients. C’était un succès lugubre pour Hibiki, car construit sur un trône de cadavres auxquels il ne préférait pas penser.

Un jour, on vint lui retirer ses bandages. La vision qui s’offrit à lui, à la lueur d’une flamme, fut amère. C’était laid. Sa peau, si blanche dans ses souvenirs, avait pris des teintes violacées et jaunâtres. Maculée de bleus, elle était étirée, couturée de cicatrices encore gonflées et rougeâtres. Son torse était creux, bien loin de ressembler à celui des autres garçons de son âge. Cependant, malgré tout cela, Hibiki ne souhaita pas une fois remonter le temps. Ce nouveau torse, c’était le sien, bien plus que ce qu’il y avait à cet endroit auparavant.

Grâce aux soins qui lui furent apportés, Hibiki put se rétablir dans les plus brefs délais.


Plus convaincu que jamais sur le fait qu’il était un homme né dans le corps d’une femme, Hibiki n’hésita plus à partager sa dysphorie de genre à ses aînés, à ses camarades. On lui ria au nez tant de fois qu’il cessa de compter. Il aurait aimé pouvoir dire qu’il avait également cessé d’y prêter attention, mais ce serait mentir. Chaque moquerie lui perça le cœur tout autant que les précédentes. Toutefois, ce qui lui accablait le moral plus encore, c’était la branche dans laquelle on le forçait à travailler depuis le plus jeune âge, la prostitution. Il trouva donc son administrateur, lui expliqua son désir de changer de section, d’aller partout, sauf dans le domaine actuel. On lui ria au nez.

Hibiki prit donc une décision drastique. Ils ne voulaient pas l’écouter ? Ils le considéraient comme un objet ? Soit. Il leur montrerait qu’il serait plus utile en tant qu’arme ; son prochain client, il le tuerait.

Et le tuer, il fit. Un couteau astucieusement caché, un jeu de rôle qui dégénéra, et voilà l’Organisation qui se retrouvait avec une source de revenus en moins. On prit donc Hibiki au sérieux, n’ayant guère d’autres choix, et il fut transféré dans une autre branche.

Son entraînement et son éducation, qui avaient été délaissés par manque de nécessité quant à son ancien travail, reprirent dès lors de plus belle, bien qu’on ne lui apprît toujours pas à lire. « Ta mémoire te sera plus utile pour les missions que des écrits. Ces derniers peuvent être retrouvés et utilisés contre toi. Ne l’oublie pas. ». On lui enseigna ainsi des techniques indispensables à connaître sur le terrain, comme l’asepsie, car des blessures, il ne manquerait pas d’y en avoir.


De nos jours, Hibiki a été promu et constitue un criminel lambda, voyageant à travers les territoires d’Hastérion pour accomplir les missions qui lui sont confiées. Cependant, il n’est pas heureux. Il n’a pas le souvenir de l’avoir véritablement été, mais il se plaît à croire que ce n’est pas là un mythe. Malheureusement, complètement à la solde de l’Organisation, il sait que sans eux, il n’est rien. Comment pourrait-il s’adapter à une vie banale ? Toute sa vie aura tourné autour d’eux, il n’aura jamais rien connu d’autre. Malgré cela, Hibiki espère un jour échapper à leur emprise, mais comment ? Pour l’instant, n’ayant pas de plan, il préfère se concentrer à fournir des résultats afin qu’on ne le révoque pas de la branche actuelle, par crainte qu’on le renvoie dans la prostitution qu’il haït tant depuis son enfance.