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Confessions Nocturne [Pv : Nanart]

Virgile Marcial
Virgile Marcial
Or : 475
Origine : Hastérion
Métier : Scribe
Equipe : Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Muciol11 ; Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Lombre10
Lun 6 Mai - 21:26
Virgile Marcial
L'air frais porté par les vagues le fit frissonner alors qu'il s'installa mollement contre une empilade de caisses de cargaison qui attendaient d'être montées à bord. L'aube pointait le bout de son nez et teintait ciel et mer d'une chaude couleur sanguine. Le scribe perdit son regard à l'horizon et se laissa aller à une mélancolie naturelle chez lui. Peut être était-il du genre à trop se laisser aller, mais il lui sembla que les derniers mois ne lui avaient que trop pesés.
D'un soupir, il abandonna sa contemplation pour laisser son crâne reposer contre la surface de bois de la caisse qui lui servait d'appui et il posa les yeux sur la voûte céleste. La nuit avait décliné et le sombre de la nuit se délavait pour laisser l'azur de la journée reprendre ses droits. Tout arosien qu'il était, il ne pouvait pas nier que la journée et le soleil apportaient avec eux un certain charme. Il préférait bien évidemment vivre de manière nocturne, il n'avait jamais connu que cela, mais parfois, sentir les rayons du soleil sur sa peau l'apaisait et le rassurait.
Peut être accordait-il trop d'importance à ce genre de détails, sûrement même. Pourtant, il était là. Respectable scribe, assis en tailleur à même le sol, dans le port de la Ville Blanche et prêt à ouvrir une bouteille qu'il avait acquise récemment. Virgile n'avait jamais été du genre à se laisser aux plaisirs de l'alcool, ni même aux plaisirs tout court si vous le lui demandiez. Pourtant, le goût ne le répugnait pas tant que ça. Il pensait simplement que boire en de trop nombreuses occasions alternerait définitivement son jugement et ses capacités. Il n'avait pas tort.
Et pourtant, en cette aurore étincelante – qui ne tarderait sûrement pas de se couvrir des fameux nuages d'Aros –, il était là, ouvrant une bouteille de vinasse aigre. La solitude l'avait peut être trop étreint. Son angoisse naturelle l'avait peut être trop pris à la gorge, mais pour une fois, une seule, il voulait oublier, il voulait être aussi relâché que ceux qu'il voyait dans les tavernes. Ceux là même qui chantait à gorge déployée chants paillards et obscénités comme si le lendemain n'arriverait jamais.

Alors Virgile, le gentil et le très réservé Virgile renifla le goulot de la bouteille en grimaçant avant d'en prendre une bonne gorgée. Une gorgée d'homme d'aucun dirait. La boisson lui arracha une légère toux. L'acidité et l'amertume du breuvage lui firent pincer le nez, ça ne l'empêcha pas de réitérer l'exploit une deuxième fois. Alors il sentit la chaleur que l'alcool est censé procurer et il soupira d'aise. S'il n'y avait pas eut ce manteau d'excellente qualité, sûrement serait-il passé pour un ivrogne perdu. Pourtant, il était encore maître de ses pensées.
Oh certes, il réfléchissait plus lentement, et la tête lui tournait un peu, mais il n'avait pas encore assez bu pour se mettre minable. Alors il détendit les jambes et laissa un sourire étirer ses lèvres. Au moins, l'opération avait eu l'effet escompté et déjà il peinait à se remémorer ce qui l'avait poussé en premier lieu à acheter la vinasse.

Et puis, soudainement, il entendit... Qu'est ce que ? Un éternuement ? Une toux ? Ou simplement le fruit de son imagination ? Cela venait de l'autre côté des caisses et si en temps normal il aurait hésité avant d'élever la voix, cette fois-ci, il laissa échapper un

-A vos souhaits !

peut être un peu trop enjoué
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Renart Tuvache
Renart Tuvache
Or : 240
Origine : Aros
Métier : Bourreau
Sexualité : ???
Equipe : Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Diamat10Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Lapore11
Mar 14 Mai - 15:18
Renart Tuvache
Lorsque le jour se levait à Aros, il se couchait dans l'esprit des habitants. L'aube était comme le début de soirée, et si les commerces fermaient boutique, le peuple commençait à affluer dans les tavernes. Si Renart y passait ses nuits, il avait tendance à les fuir le jour venu. Car sous la Lune, seuls les voyageurs au mode de vie diurne fréquentaient les bars, mais lorsque la ville se dévergondait, tous les arosiens affluaient dans son petit sanctuaire. Autrement dit, tous ceux capables de le reconnaître. Même s'il avait voulu rester, il était presque certain que le patron l'aurait jeté à coup de balai pour ne pas dissuader les clients nocturnes de lui donner du chiffre d'affaire. Et c'est de cette façon que l'homme se retrouvait généralement à la porte, de bon matin, tenant plus ou moins debout selon le contrôle qu'il avait eu sur son addiction cette tournée-là.
Parfois, comme ce jour-ci, ses pas confus le menaient au port. Il était agréable d'observer la mer se teindre de rose alors que les bateaux partaient et disparaissaient derrière l'horizon. Un spectacle qui n'était pas donné à tout Hastérion, mais ô combien commun pour les citoyens de la cité au phare. Quelque part, c'était une chance qu'avait l'exécuteur de pouvoir s'émerveiller encore de cette vue après plus de trente ans de vie et une dizaine de printemps de dépression.

Il s'était assis contre une caisse pour reposer son vieux dos. Bien que le support n'ait pas été du plus grand confort, il était déjà préférable au fait de rester debout pendant des heures.
À côté de son maître, la fidèle Solochi avait aussi posé son derrière sur les pavés froids. Doucement, elle se laissa tomber sur les genoux de l'humain, espérant l'amadouer pour obtenir quelques caresses. Ignorant la vingtaine kilos qui venait de se jeter sur ses jambes, ce dernier accepta sa requête, quelque peu attendri par sa seule véritable amie. Justice avait passé de bonnes années dans la région déjà, même si on se doutait à la rareté de son espèce qu'elle n'en était pas originaire. Contrairement à son dresseur, natif d'Aros, elle ne s'était toujours pas accoutumée à l'air glacial. Sa tête et son cou avaient beau être protégés d'une épaisse couche de fourrure, il lui arrivait parfois d'être prise au nez. L'éternuement inhumain qu'elle laissa justement échapper amusa son compagnon, qui la gratifia d'un :

À tes souhaits !

Renart ne se répondit pas, pour une fois. Il avait été très surpris qu'une seconde voix l'accompagne dans sa politesse. Il tourna la tête pour en chercher l'origine, ne souhaitant pas être confronté au dégoût d'un concitoyen, auquel cas il aurait vite dégagé. Mais personne autour, à part des débardeurs qui l'ignoraient à une bonne quinzaine de mètres de là, plus absorbés par leur labeur que par les civils qui se promenaient au port. Non, la personne semblait se situer derrière lui, sûrement de l'autre côté de la pile de marchandises. Il semblait étrangement joyeux, peut-être aussi aviné que le drôle de personnage qu'était le bourreau. Tant qu'il n'y avait pas de contact visuel, sûrement, la conversation pourrait se faire.

Merci mon sieur ! déclara "Justice"

Qui était l'homme dos à lui ? Un noble, un gueux, un Métamorph ? Peu lui importait. Après tout, à visage couvert, lui aussi pouvait mentir autant qu'il le souhaitait sur son identité. Il aurait été mal venu de questionner celle de l'étranger.

Dites-moi, qu'est-ce qui vous amène dans un tel lieu de si bon matin ?

Cela ne l'empêchait pas d'être curieux. Quelque part, si la motivation de l'homme mystérieux était proche de la sienne, peut-être se sentirait-il moins seul.
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Virgile Marcial
Virgile Marcial
Or : 475
Origine : Hastérion
Métier : Scribe
Equipe : Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Muciol11 ; Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Lombre10
Mer 15 Mai - 1:47
Virgile Marcial
Les joues rosies autant par la brise matinale que par l'alcool qu'il venait d'ingurgiter, Virgile ne s'attendait pas vraiment à une réponse, aussi, celle-ci le fit sursauter. Ce fut d'abord une voix aiguë, probablement celle d'une femme qui le remercia et à laquelle il ne sut répondre tant il s'était convaincu qu'il avait rêvé.
Alors, d'abord penaud, il lorgna suspicieux sur la bouteille avant de hausser les épaules. En attendant, il ne pouvait s'expliquer la présence d'une dame à une si tardive heure, dehors en pleine journée. Devait-il la questionner ? Mais une autre voix ne manqua pas de lui arracher un nouveau sursaut, et pour un peu, s'il ne se sentait pas aussi engourdi par le froid et aussi goguenard par l'alcool, il se serait relevé pour épier derrière la caisse sur laquelle il était appuyé pour dénouer cette histoire. Ce fut un homme qui le questionna sur sa raison de sa présence ici.
Le scribe resta tout d'abord silencieux, cherchant dans un esprit trop rarement imbibé pour avoir le réflexe de réfléchir rapidement alors qu'il était mis au contact du vin. Qu'était-il venu faire ici.

-Bonne question.

Finit-il par répondre d'une voix enrouée. Il se racla la gorge, plus par réflexe que par réel désir de détendre ses cordes vocales. Il réfléchit encore un instant. Devait-il inventer une histoire parce que son interlocuteur lui demandait implicitement de l'aider à faire passer le temps, ou était-ce une question sincèrement curieuse. Il finit par hausser une nouvelle fois les épaules.

-Je suis venu boire ici parce que je n'apprécie guère le bruyantisme des tavernes.

Un rire lui échappa lorsqu'il inventa le mot.

-Et je bois à l'aube parce que je sais que tout le monde dort et que personne ne me reconnaîtra.

Criant de vérité, ce fut cette fois-ci un soupire plus abattu qui lui traversa les lèvres. Pour rattraper le coup, il pris une nouvelle gorgée de la vinasse afin de noyer cette mélancolie qui lui collait à la peau. C'est ça, meurs, vilaine !

-Mais si je devais être franc avec vous, je dirais et me justifierai sur le fait que rien de ceci n'est une habitude ! J'ai une bonne raison de faire ça ! Plusieurs même...

Parlant plus fort qu'à l'accoutumé, il ne cherchait pas tant à convaincre l'autre personne qu'à faire la conversation. Il n'avait que rarement l'occasion de se sentir en droit de parler, ou même l'intérêt de le faire. Discret, la compagnie lui était pénible la plupart du temps car il se sentait insipide. Hop, une nouvelle gorgée pour éteindre cette pensée noire. Un sourire lui échappa et il leva les yeux au ciel comme pour fixer ceux qui se trouvaient dos aux caisses. C'était impossible et il trouver ça quelque part fascinant de se parler à visages voilés.

-Mais ! Mais mais mais... La politesse m'indique que je devrais vous retourner la question... Je peux savoir ce que vous faites là tous les deux ?

Le ton se faisait un peu pâteux, lui rappela que lui et l'alcool n'avaient jamais été très proche. Il était peut être temps de remédier à cela, la tête ne lui tournait pas suffisamment à son goût... Virgile, que t'est-il donc arrivé ?
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Renart Tuvache
Renart Tuvache
Or : 240
Origine : Aros
Métier : Bourreau
Sexualité : ???
Equipe : Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Diamat10Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Lapore11
Jeu 18 Juil - 2:26
Renart Tuvache
Le fait que la conversation se poursuivre réchauffa le cœur du bourreau. Si ces quelques échanges de politesse n'avaient en rien engagé l'étranger à tenir compagnie davantage au duo, il semblait qu'il allait rester papoter de son plein gré. Ce n'était pas qu'il se laissait de la présence de sa dragonne préférée mais... rien ne remplacerait la joie de communiquer librement avec un autre être humain.
Pourtant, l'interloqué sembla d'abord hésitant à répondre, peut-être même confus. Il avait de quoi, puis qu'un drôle de type venait d'engager un dialogue au milieu de nulle-part alors qu'il s'était probablement caché ici pour une bonne raison. Le son de l'alcool coulant par gorgées espacées dans son gosier n'annonçait rien de beau quant à ses motivations. Il était rare que l'on se réfugie pour picoler dans les quartiers sombres en apprenant une bonne nouvelle.
Même si la réponse de l'homme évita la partie épineuse du sujet, on devinait que ce n'était pas la joie qui lui avait fait fuir le fameux "bruyantisme", comme il le disait, malgré son ricanement après avoir prononcé ces mots. Cet argument était difficile à comprendre pour Renart, qui appréciait l'ambiance parfois envahissante des tavernes comblées, comme si les beuglements des autres noyaient ses propres pensées sombres. En revanche, la fin de la phrase attira toute sa compassion. S'il doutait que les raisons fussent les mêmes, l'anonymat était une chose précieuse que sous-estimaient les messieurs-tout-le-monde.

Oh vous savez, ce n'est pas chose à craindre dans les tavernes, bientôt dix ans que je fréquente la même et le propriétaire est la seule âme assez sobre pour me reconnaître ! commenta-t-il dans un rire un peu forcé. Pas sûr que sa boutade, pourtant réelle tranche de vie, remonte le moral de l'inconnu, qui soupirait toujours à en fendre l'âme entre deux descentes de pinard...
Entendre la justification de ce pauvre bougre lui causa presque un pincement au cœur. Il était d'une part heureux pour lui d'apprendre qu'il n'était pas toujours aussi mal en point, mais il savait mieux que quiconque que c'était la phrase fétiche de n'importe quel addict. Encore pis, celle des futurs addicts. Il était passé par là, et s'il lui arrivait encore de sortir des mensonges tels que "J'arrête dès que je veux", il avait cessé d'y croire il y a des années tant il était peu convaincant auprès de sa propre conscience. Devait-il blâmer Justice ? C'était elle qui lui avait conseillé de sortir s'amuser au lieu de se morfondre à la maison, après tout.

Tuvache sursauta presque lorsqu'on lui renvoya sa précédente question. Il aurait dû s'y attendre pourtant. Comme l'avait dit son nouvel ami, c'était une question de politesse ! Et lui qui se disait courtois... C'est que la vérité n'était pas très romantique. La situation de deux ivrognes se parlant à dos tournés n'avait rien de romantique non plus, à vrai dire.

Disons que j'ai déjà donné mon temps à l'auberge ce soir, j'ai été... invité à  sortir.
Et le port et si beau à l'aube...
Tu as bien raison. Il faudrait que je pense à revenir ici sobre un jour.
ajout-t-il sur un ton plus calme.
Mais y avait-il ce genre de moment dans sa vie ? Rien ne l'empêchait de venir directement ici après une journée de travail ou lors d'un jour de congé, il était le seul à s'inventer ces stupides contraintes.

Cela dit, je veux bien vous croire, vous ne me semblez pas habitué à la boisson, vous devez être un brave gars, ce genre de poison n'est pas fait pour les honnêtes gens. Aucune raison n'est assez bonne pour persévérer dans le péché.

Ce brusque changement d'humeur avait pris totalement au dépourvu Renart. Penser à sa propre condition ne lui faisait jamais de faveur.
Il ressentait pour cet inconnu autant de pitié que de colère. Il devait se croire intéressant, à boire pour oublier, comme le dit l'expression, mais il n'y connaissait rien à la dure réalité. Qu'avait-il comme explication bancale ? Son Caninos était mort ? Il s'était fait jeter par sa petite amie ? Il s'était foulé la cheville ? Redescendre sur Terre ne lui aurait fait aucun mal.
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Virgile Marcial
Virgile Marcial
Or : 475
Origine : Hastérion
Métier : Scribe
Equipe : Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Muciol11 ; Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Lombre10
Jeu 18 Juil - 21:48
Virgile Marcial
Il pinça les lèvres quand le duo derrière lui mentionna la beauté de l'aube et le commentaire le força à tourner le regard vers l'horizon. Il ne pouvait qu'acquiescer. Voir les rayons d'un soleil naissant ou mourant avait toujours été un spectacle formidable à admirer et sa nature mélancolique appréciait par dessus cette impression de fin et de renouveau, l'alcool n'entacha en rien cette sensation.
Il loucha sur le goulot de sa bouteille, l'air confus peu après s'être à nouveau questionné sur les deux voix. Elles étaient si... Semblables... Lui faisait-on une blague ? Il fronça les sourcils et renonça à se concentrer sur la question, il n'était pas venu pour ça. Au lieu de cela, seule une faible approbation franchit ses lèvres. Non pas qu'il était en train de jouer de timidité après avoir déclaré qu'il venait se désaltérer de bien triste manière, mais parce que sa voix elle même s'était enrouée à nouveau. Il se racla la gorge, ennuyé du manque de coopération de ses cordes vocales et renonça à la gorgée qu'il comptait prendre.
Au lieu de ça, il renifla sa bouteille. Peut être aurait-il du le faire plus tôt, il aurait alors sentit l'odeur âcre et désagréable de la vinasse. Au lieu de cela, il haussa nonchalamment des épaules. C'était trop tard pour regretter après tout. Une brise marine vint alors le faire frissonner et rentrer la tête dans les épaules en même temps que son (ses?) interlocuteur reprit la parole.

Le Virgile en lui, craintif, timide et facilement impressionnable se sentit soudainement mal, aussi mal qu'un gamin qu'on réprimande sur une bêtise qu'il aurait commise par dépit. Il ramena ses genoux à lui et renifla piteusement. L'alcool exacerbait cette sensibilité qui faisait de lui un être fragile, trop pour le monde dans lequel il évoluait. Il se détesta à l'instant même où il se rendit compte de l'état dans lequel il pouvait se mettre à cause du commentaire d'un étranger.
D'aucun aurait put croire que la colère qu'il ressentit en cet instant pour sa personne aurait put être transférée à des fins plus utiles. Reprendre l'inconnu par exemple, sur son absence de droit à lui faire la moral par exemple. Mais Virgile n'était pas de ceux qui usaient de rage pour avancer. Ainsi, au lieu de fulminer, de répondre sèchement ou même de bougonner de manière puéril, il relâcha toute cette émotion dans un long soupir abattu.
La vérité, c'était que cette personne qui venait de lui parler avait raison, et il n'était certainement pas assez saoul pour prétendre le contraire. L'envie de finir sa bouteille lui passa et il se sentit bête, affreusement stupide. Pour un peu, il aurait voulu pleurer mais... Un grand gaillard comme lui, ce serait dommage.

-Vous avez raison...

Il avait la voix tremblante qui accompagnait la plupart de ses dialogues, sauf qu'en plus, elle était enrouée et semblait rendre plus difficile la communication. Il baissa les yeux, reposa sa bouteille sur les pavés humides et souffla entre ses mains pour les réchauffer.
Non, il n'avait jamais aimé le « bruyantisme » des tavernes – si le mot lui avait semblé judicieux un peu plus tôt, il lui apparaissait désormais dénué de sens et d'humour – et ce n'était pas un hasard s'il s'était retrouvé seul sur le port à une heure pareille. La solitude lui pesait, certes, mais au moins, lorsqu'il était vraiment seul au point de rejeter même la compagnie de Sire-Lumière, il savait faire abstraction de cette conscience qui lui soufflait qu'il ne devait pas faire la grosse majorité des tâches qu'il entreprenait. Ah... Quelle ironie qu'il suffise d'une autre voix humaine pour le rappeler à l'ordre. Il soupira.

-Ce n'était pas hasard que je ne veuille pas qu'on soit témoin de... Ca.

Marmonna t-il sans grand entrain. Le ton enjoué qui l'avait accompagné s'était fait la malle avec les relents d'alcool qui aurait dut le rendre stupidement heureux, ne serait-ce que l'espace d'un instant. Le plaisir coupable était-il gâché ? Oui, sûrement un peu de la faute à la Voix. A la place, il ne lui restait plus qu'une bouche pâteuse, un ton traînant et un esprit embrumé. Il avait du mal à ordonner ses idées. Sûrement aurait-il mieux fait de partir après ça, mais il se sentait déséquilibré.
Oh... L'ivresse était surcôtée. Il ne tarda pas à faire part de cette conclusion à son interlocuteur.

-Enfin... Bref.. Etant donné le résultat, et si vous voulez mon avis, strictement personnel...

Il s'arrêta un instant, conscient que sa tentative de meubler sa phrase ne lui permettait pas de retrouver ses mots plus vite.

-Ce n'était en bref pas l'effet escompté.

Etait-il déçu ? Sûrement un peu. On lui avait vendu l'alcool comme le meilleur moyen au monde de s'échapper un instant des contraintes de l'esprit. Fallait-il qu'il soit mal construit pour que ça ne marche pas sur lui ?
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Renart Tuvache
Renart Tuvache
Or : 240
Origine : Aros
Métier : Bourreau
Sexualité : ???
Equipe : Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Diamat10Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Lapore11
Jeu 31 Oct - 2:39
Renart Tuvache
La pique du bourreau ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. Lorsqu'il referma la bouche sur cette remarque pleine d'amertume, un silence assez long manqua de s'installer. Peut-être autant à court d'argument que rendu lent par la boisson, le mystérieux homme peina à s'exprimer. Quelques toux et reniflements vinrent rythmer l'attente, donnant l'image d'une personne en bien piteux état, image qui en disait long sur les véritables effets à long terme de ce genre de drogue, bien loin de celles des grands garçons cherchant à s'amuser ou séduire des demoiselles autant alcoolisées qu'eux. Si seulement ces premiers symptômes avaient fait comprendre au crâne de piaf qu'était le Tuvache du passé son erreur... Maintenant qu'il les trouvait si évidents, il avait trop peu de patience pour les jeunes gens à perpétrer cette faute grave en pensant ne pas faire le mal.
En toute honnêteté, il se voyait juste en noble lanceur d'alerte. Franchement ? La voix mélancolique de son interlocuteur lui donnait un mauvais pressentiment, et s'il avait été capable de se lever et de marcher à cet instant même, il aurait été de sa personne lui faire tomber la bouteille des mains pour la laissez se vider dans le caniveau, à défaut d'y retrouver son buveur, ivre-mort, le lendemain. Le concerné finit d'ailleurs par l'admettre.

Paroles tremblotantes et perte d'assurance, on était assez loin de cette personne qui parlait précédemment avec un léger sarcasme. Il fut même forcé d'admettre la vraie raison de son isolement, faite de honte et non pas d'agacement. La chute dut être douloureuse pour le pauvre bougre. C'était que Renart se sentait presque coupable de lui avoir coupé les ailes ! Les durs et froids pavés d'Aros devaient être un cruel contraste avec la légèreté de ses ciels parfumés de la brise marine. Était-ce un hasard si les Goélise semblaient toujours plus heureux que les humains ? Leur vie semblait si simple. Cependant, lorsque le barbu se prit à rêver de prendre sa liberté en volant, l'image des restes sanguinolents de mouettes qu'il lui arrivait de retrouver sous son lit revint le ramener à l'ordre. La vie n'était simple pour personne. Chacun ses problèmes. Peut-être devait-il s'excuser auprès de l'homme qu'il s'était permis de juger ?

Avant qu'il ne puisse s'exprimer, une fois retourné vers la caisse qui lui servait de dossier, oubliant que son interlocuteur n'était pas en vue, ce dernier l'interrompit dans son silence. Ses mots étaient à la syntaxe ce que les titubements étaient à la randonnée. Il y avait certes une vague ressemblance, assez pour que l'on comprenne l'intention mais pas suffisamment pour aller aussi loin qu'on l'espérant. Cela faisait partie des joies d'avoir les neurones noyés... toute cette réflexion pour quoi ? Accepter les rudes remarques sur lesquelles l'Arosien tentait de revenir. Qu'était-il censé rétorquer à présent ? Il n'avait plus l'aplomb de le narguer, de s'enorgueillir d'avoir ri le dernier. Confus, il baissa les yeux vers la dragonne, priant pour un conseil.

Que veux-tu que je te dise ? Rassure un peu cette épave. murmura la petite voix qui n'atteint guère plus loin que l'oreille du Solochi.
Mais j'ai raison, je sais que j'ai raison, même lui sait que j'ai raison, je ne devrais rien avoir à ajouter ! répondit l'exécuteur, cette fois-ci moins discret.
Et maintenant il est tout malheureux ! Je ne te dis pas d'aller l'embrasser, mais pense à ce que tu aimerais entendre ! finit la voix, retournant à l'état de chuchotement.

Ce que Renart aurait aimé entendre ? Exactement ce qu'il venait de dire ! Voire lus violent, car il savait qu'il aurait mérité plus d'une claque. Enfin, une partie de lui le voulait. Une partie de lui voulait se faire insulter et remonter les bretelles, se faire punir pour tout ce qu'il avait fait de mal, car c'était toujours plus souhaitable que d'être jugé en silence et ignoré. Une vraie gueulante, une fois pour toute, plutôt que des années de mépris.
Quant à l'autre moitié, elle rêvait tout l'inverse. Des mots doux, une main dans son dos pour le conforter, se faire répéter jusqu'à plus faim que rien n'était de sa faute et que tout irait mieux le lendemain.
Nul besoin d'être un érudit pour comprendre que Justice espérait ce comportement de la part de son humain. Il avait déjà essayé de mettre les pieds dans le plat et n'avait pas réellement contribué au bien-être de l'autre ivrogne, malgré sa désillusion. Si au réveil il broyait encore du noir à cause de la langue fourchue du goupil, celui-ci n'aurait pas été fier une fois son esprit clair. Pas qu'il ait été sûr de se souvenir de la moindre chose au jour levé, en revanche...

Evidemment que ce n'était pas l'effet escompté ! Ça ne l'est pour personne, soupira-t-il, Mais que voulez-vous, on ne nous prévient pas. On nous dit que pour quelques pièces d'or, on peut faire s'évanouir tous nos soucis, on se serait sentis sot de ne pas vouloir y croire.

L'homme chapeauté jeta un regard au Pokémon Ténèbres.Elle semblait apaisée. Persuadé que son amie l'encourageait à continuer, il reprit une inspiration qui lui gela la gorge.

Estimez-vous heureux qu'il soit encore temps de reculer. Je ne peux décemment pas vous dire que votre malheur n'est pas légitime, c'est à vous d'en juger. Mais cette solution n'en est jamais une.

Y en avait-il une au moins ? Les optimistes vous diront de vous entourer d'amis, de manger sain, de faire du sport... mais que restait-il quand on était haï de tous, rebuté par la moitié des aliments et qu'on avait le dos encore plus raide que la porte en ébène de sa maison ? Même s'il avait la loyale Justice à ses côtés, il lui arrivait de se remettre en question lorsqu'on se moquait de leur relation, qu'on clamait que ce n'était qu'une monstrueuse bête intéressée par son garde-manger et son toit, ce en dépit de son apparent flegme en affirmant le contraire. Si même la dragonne partait ? Que lui resterait-il ? Cette idée lui glaçait ce ventre qu'il sentait déjà si vide.

Allons donc ! Essayons d'avoir une pensée agréable ! Quelque chose doit bien vous plaire dans la vie ?

Du plus profond de son cœur, Renart espéra que la réponse ne soit pas négative. Lui qui n'arrivait pas à supporter le poids de son propre malheur ne pourrait décemment pas assumer celui d'une autre personne. Pas ce soir, pas maintenant.
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Virgile Marcial
Virgile Marcial
Or : 475
Origine : Hastérion
Métier : Scribe
Equipe : Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Muciol11 ; Confessions Nocturne [Pv : Nanart] Lombre10
Lun 4 Nov - 3:25
Virgile Marcial
L'alcool et le regret le rendaient pâteux et pour un peu, il aurait pu se laisser aller à quelques honteux sanglots. Après tout, il était seul sur les quais, à part pour la présence derrière lui et s'il s'y prenait bien, pleurer en silence ne serait pas remarqué. Pourtant, une certaine fierté que l'on aurait cru inexistante l'empêchait de totalement se laisser aller. Ses yeux penauds glissaient régulièrement sur la bouteille, cherchant une solution ou une excuse, n'importe laquelle, n'importe quoi qui pourrait l'apaiser... Rien.
Puis, les voix s'élevèrent à nouveau. Par réflexe, il voulut tendre l'oreille mais il n'entendait qu'une phrase sur deux et ce qui l'entendait lui faisait peu à peu courber l'échine un peu plus. Abattu à l'idée qu'un étranger pouvait déjà le détester sans même le connaître, Virgile renifla piteusement et laissa échapper un sourire. Etait-il décidé à se relever, abandonner ce poison qu'il avait acheté et rentrer au Phare ? Presque. Pour cela, il fallait se bouger et prendre le risque de croiser un regard empli de jugement qu'il ne pourrait supporter. Pour un peu, il aurait prié Arceus de donner envie à celui ou ceux qui se trouvaient derrière qu'il décide qu'il était temps de partir. Au lieu de cela, l'on s'adressa à nouveau à lui, lui arrachant un sursaut mal assuré.
Il est dit que ce sont ceux qui ont le plus à se reprocher qui sont le plus facilement surpris. Si c'était vrai, Virgile avait assurément commis le plus ignoble des crimes pour se faire surprendre de la sorte. Du moins en arriva t-il à cette conclusion quand son interlocuteur tenta une approche plus douce. Oh, elle l'était assurément et pourtant, chaque mot sembla enfoncer un nouveau pieu de culpabilité dans les membres d'un scribe déjà bien prompt à l'auto-flagellation. Il avait encore cette impression qu'on lui reprochait sa naïveté d'avoir voulu faire comme les autres, tenter de noyer ses peines et de les oublier un instant. « Virgile, les vrais hommes affrontent les problèmes en face. Ils ne s'abaissent pas à boire comme de vulgaires ivrognes. Tu as été bien sot de croire que cela arrangerait tes affaires ! » c'était ce qu'il entendait.

Et il était d'accord.

Il acquiesça alors à chaque commentaire d'un humble signe de tête qui ne pouvait être vu. Il l'avait oublié l'espace d'un instant mais n'avait pas le cœur à signaler encore sa présence. Il voulait se faire oublier. Jamais Homme n'avait à ce point désiré devenir invisible et insignifiant.
Un doute insidieux lui étreint alors soudainement la poitrine : Peut être était-il en train de faire perdre du temps à cet homme derrière lui ? Peut être n'avait-il jamais désiré sa compagnie ? Non... La réponse à cette question était évidente : il n'avait effectivement jamais désiré d'un Virgile pleurnichard derrière lui.
Fort de cette constatation, le scribe laissa échapper un soupire à lui fendre l'âme mais qui sembla faire réagir différemment l'inconnu derrière lui. Il lui demanda s'il y avait quelque chose en ce monde qui lui plaisait. Non, c'était presque comme une affirmation et un instant, Virgile se retourna par réflexe pour lui adresser un regard confus.
Ah... Une caisse. Oui, évidemment. Il s'humecta les lèvres nerveusement comme pour chasser son embarras – allons bon, personne ne l'avait vu faire ça – et il se racla la gorge. Durant de longues minutes, il se demanda s'il devait répondre ou pas. Si la question avait été posée par simple politesse ou par un sincère intérêt. Il savait qu'il s'agissait du premier cas et, un retour de bonnes manières aurait exigé qu'il le remercie mais qu'il s'excuse de devoir partir aussi vite pourtant... Pourtant, il avait envie de parler, et de se confier ne serait-ce que pour quelques heures. L'homme derrière avait été assez fou pour lui parler et engager la conversation avec lui, il le serait sûrement assez pour s'éclipser si elle commençait à l'ennuyer. Alors il se racla la gorge à nouveau, peu sûr de lui mais relativement enhardi par l'alcool qui lui faisait gentiment tourner la tête.

« Hé bien Hm...... J'aime mon travail... » souffla-il presque timidement avant de se sentir obligé de se justifier. « Il est assez solitaire, le silence me plaît. » puis, conscient que cela pouvait être mal perçu, il s'empressa d'ajouter un peu trop vite « Pas que je n'apprécie pas notre conversation ! Il est toujours... Hm... Agréable de parler à un... Autre être humain ? » une certaine hésitation le fit buter en milieu de phrase et il se maudit pour être incapable d'aligner deux mots à l'oral sans les regretter. Pourtant, il en avait encore des choses à dire et après une légère hésitation, il débuta à nouveau, toujours avec cette voix qui sonnait comme s'il était désolé même d'avoir à parler.

« Et puis il y a... » il hésita et tâtonna avant de se raviser « Non... Vous me prendriez pour un fou. » et pourtant, il toussota nerveusement, tâchant d'éradiquer cet enrouement qui ne lui lâchait pas la gorge « Enfin... A vous je peux bien le dire, nous ne nous connaissons pas, je... Je n'ai pas à redouter que votre estime de moi change... Elle doit déjà être si basse... » ce n'était pas une question malgré le tremblement de ses mots, de ça, il était convaincu et il soupira de dépit.

Un instant, lui même crut qu'il ne continuerait jamais sa première phrase. Résigné comme il l'était à poursuivre sa quête d'indifférence, il n'avait aucun intérêt à raconter sa vie à un inconnu. Et pourtant...

« Voyez-vous, j'aime les histoires. » et pour la première fois, il sourit de manière presque audible. Un léger entrain avait teinté ses mots, entrain qu'il étouffa bien vite d'angoisse et de nervosité. « Ah ! Pardon, m'écouter divaguer ne doit pas être intéressant... » il bafouilla ainsi quelques excuses avant de pincer les lèvres. « P-peut être... Peut être, si le cœur vous en dit, auriez vous l'envie de... Hm... Peut être partager... Ce qui vous est agréable ? »

Sa voix monta dans les aiguës aux dernières syllabes pour teinter une question dont lui même n'était pas certain. Il eut la désagréable impression d'empiéter sur la vie privée de son interlocuteur et que l'interrogeait ainsi relevait presque de l'insulte. Ses joues se colorèrent alors d'un rouge embarrassé alors qu'il soufflait sur ses mains, à la fois pour les réchauffer comme pour se rassurer lui même.
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