EggsKii. les oeufs de qui ? Ceux de Kii.

L'imposant Étranger, installé sur un banc, dégustait son met. Il consommait rarement au village, préférant chasser et cuisiner ses propres rations. Il lui arrivait cependant de faire exception. Et quelle exception, que celle qu'il saisissait afin de déguster, sans retenue, ces succulents mochis aux baies. Equinoxe, assise aux côtés de son camarade, savourait, elle aussi, la spécialité locale.

Repas terminé. Peu habitué au système de monnaie, mais sans pour autant être dépourvu d'argent, Akitora échangeait les mochis aux baies contre des griffes, et des crocs de pokémon sauvages. Un marché qui convenait parfaitement aux deux hommes. Une fois la transaction effectuée, l'élu se leva, et écarta de l'avant-bras les lampions, et autres bandes tombantes, qui ornaient l'étal. Cette ville s'avérait peu ergonomique, pour quelqu'un de son gabarit. Mais il s'y habituait, et ça ne le dérangeait pas.

Suivi par sa boule de fourrure solaire hyperactive, Akitora allait dans les allées du hameau, il repartirait bientôt à la faune et la flore, afin de continuer à vaquer à ses occupations, à savoir: traquer, chasser, tuer, puis revenir à la civilisation afin de troquer. Il explorait ainsi la région, et s'imbibait au passage des coutumes, et autres informations concernant les locaux, ou la contrée. Ses pas le menèrent au tableau d'affichage.

Bien qu'illettré, le brave observa le tableau. L'affiche du signe solaire, qu'il apposa plus tôt trônait toujours sur la plaque de bois. Ca, il n'y comprenait rien, ça non plus et... Oh ! Ca, il reconnaissait. Un œuf. Un objet qui pouvait servir d'aliment, ou de future naissance, pour les troupeaux. Curieux de savoir ce qui pouvait être inscrit sur l'affiche, le Solaire attrapa un malheureux qui passait par là au col, les yeux toujours rivés vers le tableau. Il attira sa proie à lui, et lui lâcha, d'un ton froid, et d'une voix grave et puissante :

-C'est écrit quoi ?

Premièrement surpris, puis apeuré, le saisi mit du temps à trouver ses premiers mots. Un début d'injure s'échappa, mais le bougre se ravisa bien vite, après avoir eut le temps d'observer à qui il s'adressait, et avoir compris la raison de cette interpellation plutôt inhabituelle.

-Je n'sais po lire, Étranger, je ne peux t'aider.

Akitora grogna légèrement, et il laissa repartir le petit moustachu, sans plus de cinéma. La plupart des gens de ce village commençaient à le connaître. Beaucoup critiquaient ses manières et sa façon d'être, ce n'était qu'un étranger, après tout, mais la majorité savait aussi que l’homme possédait un bon fond, et qu'il ne représentait, pour l'heure, aucune menace. Les autochtones restaient méfiants à son égard, bien entendu, mais ils lui accordaient aussi ces manques de politesses, ou de tout autre notion sociale.

Bien embêté, mais toujours déterminé à savoir ce qu'on inscrivit sur cette affiche, le nomade observa les alentours. Des gosses... Inutiles. Des pokémons ? Comme si ces trucs pouvaient lire. Un groupe de femmes... Aucune ne ferait une Lune acceptable. Cependant, elles parlaient en général énormément et donnaient une abondance d'informations. Peut-être savaient-elles quelque chose ? Akitora se décala jusqu'à elles, affiche en main.

Akitora passa les premières secondes la conversation à fixer le groupe, puis Equinoxe, dépité. Passés les commentaires qui le concernaient et auxquels il ne prêta guère attention, ainsi que les gloussements de ces femelles, le chasseur reposa enfin les yeux sur elles. Elles arrivaient enfin, ces informations qu'il recherchait.

Le tigre solaire mit rapidement fin à la conversation, une fois qu'il eut su de quoi retournait l'affiche. Des vols d’œufs ? Intéressant. Il tourna les talons, sans même remercier les commères, et il placarda l'affiche à sa place d'origine, dans un grand vacarme. Equinoxe et lui allaient pouvoir chasser, et rendre service aux locaux ? Pas mal comme compromis. Armes prêtes, esprit échauffé et motivation trouvée, le duo se dirigea donc en espace sauvage. Les sens alertes, Akitora se fiait au flair d'Equinoxe pour avancer. Elle ne pouvait pas sentir ces œufs, certes, mais les odeurs des autres pokémons, elles, arrivaient bien droit au museau de la petite Medhyena. Elle pouvait ainsi savoir où ils étaient passés. D'ailleurs, les grognements de la bête dorée signalaient qu'un reste d'effluve subsistait, pas très loin. C'est dans cette direction que se dirigea le duo.

Chasse aux oeufs

Trouver un oeuf hors d'un nid est bien inhabituel. Pas de parents à l'horizon et le sol est recouvert de traces de Pokémon qui ne sont clairement pas d'Hastérion. Des traces de pas, également.. Heureusement, aucun voleur à proximité. C'est votre chance de le secourir !

Un coup d'œil à gauche, un coup d'œil à droite (décidément, ce brave étranger aurait pu trouver avenir et fortune dans la conduite de charrettes) point signe de vie. L'imposant Akitora se rua sur l'œuf et s'en empara. D'une taille plus qu'acceptable, ce dernier ferait une denrée essentielle si la faim se montrait. Mais pour l'heure, ni lui, ni sa camarade de traque ne recevaient de signaux d'estomacs. C'est donc tranquille que le Solaire vint fourrer le fruit d'entrailles dans son sac.

Il ne semblait y avoir aucune trace de ces fameux voleurs. L'espace d'un instant, et bien que ce ne fut pas spécialement son fort, Akitora se posa une question simple, mais loin d'être stupide. L'interrogation s'avérait être : "Comment différencier les voleurs, des gens qui, comme moi, ramassent ces œufs pour les man... pour les sauver ?" Pas le temps d'y songer plus, car déjà Equinoxe grognait et pointait du museau une nouvelle direction. Son sac sous le bras afin de ne pas trop secouer le potentiel aliment, ou potentiel être vivant, Akitora entama une course rapide, aux traces de sa fidèle et loyale Equinoxe. Si tout commençait bien, rapidement les ennuis vinrent s'ajouter à la partie.

Un vent, puissant et inlassable, venait de s'éveiller. Il faussait le flair de la bête dorée et rendait donc la traque plus compliquée. Plus compliquée, oui, mais pas impraticable. Le duo continua donc à foncer dans la direction, certains de tomber sur quelque chose. Les naseaux ne leur étant plus d'une grande utilité, ce furent leurs esgourdes qui prirent le relais. Un bruit vif et sec claquait, sifflant par-dessus les plaintes des bourrasques. Intrigués et aux aguets, les deux camarades s’approchèrent. Les claquements augmentaient en nombre ainsi qu'en intensité. Bientôt, à leurs autres perceptions vint s'ajouter la vue, qui leur dévoila la source des bruits. Face à Akitora et Equinoxe se tenait une femelle qui jouait du fouet. (Effacez vos messages, il s'agissait des pensées d'Akitora, pas des miennes. J'aurais, sinon, évoqué cette chère Marigold, notre folle au fouet favorite. Enfin, terminons ce hors sujet et laissons les Whiterun à Scéméde.) Quelque chose, ou quelqu'un se tenait face à elle, apparemment ? Cependant, impossible pour Akitora et sa Medhyena de voir de qui, ou de quoi, il s'agissait.

Le bipède et la quadrupède firent profil bas et commencèrent à progresser à pas de loup, afin de mieux voir et pouvoir évaluer la situation. Dos à eux, la folle au fouet pestait. Akitora l'analysa de la tête aux pieds. Une chevelure brune flamboyante, à mi-chemin entre le magma et l'écorce, nouée de deux nattes, et parées de quelques trivialités brillantes surplombait un bustier mauve, qui entourait un corps plus qu'attirant et généreux. Le haut du dos découvert, la peau ne se voyait plus arrivé le bas des omoplates. Une longue jupe couleur ambre prenait le relais, couvrant la moitié du buste de la femme, jusqu'à ses pieds. Jamais notre protagoniste ne vit une telle tenue à Kii. Cette femme venait d'ailleurs. Son fouet perça l'air de nouveau. Quel bruit détestable. Akitora serra les dents, et dégaina sa longue lame. Il s'approchait, accroupi, avant de voir se dévoiler, face à lui, ce qui causait le tourment de la dame.

Chasse aux oeufs

Trouver un oeuf hors d'un nid est bien inhabituel. Pas de parents à l'horizon et le sol est recouvert de traces de Pokémon qui ne sont clairement pas d'Hastérion. Des traces de pas, également.. Hormis la dame, personne à proximité. Reste à savoir ce qui fait claquer son fouet. Défend-t-elle l'oeuf de parents éplorés ou de vils voleurs ?

L'oeuf n'échappa pas au regard de noter duo. Et cette femme semblait... l'attaquer ? Le défendre ? Difficile à dire. Malgré l'absence de bruit de la part de notre paire étrangère, l'armée du fouet se tourna vivement et fit claquer sa tige de cuir. L'air fut coupé à plusieurs reprises et Akitora put se rendre compte de la portée démentielle de cette arme. Il soupira, sentant encore sa joue chauffer. Quelle plaie. Puis comment avait-elle pu les repérer alors qu'ils ne firent aucun bruit ? Akitora tendit son bras en biais vers le bas, paume de la main vers l'arrière. Il venait de donner un ordre à sa petite Equinoxe, un code que seuls eux-deux savait comprendre. D'un bruit spécifique, la fourrure dorée acquiesça et s’attela à sa tâche. Le vent mettait les odeurs sans dessus-dessous et s'enfonçait dans les oreilles, ce qui rendait pénible l'audition, le repérage venait donc d'ailleurs. Mais Akitora décida de ne pas se concentrer sur ce détail pour l'instant. Son but se trouvait être cette femme au corps généreux.

Un trait à l'arc ferait l'affaire, sans aucun doute, cependant Akitora ne voulait pas blesser mortellement cette femme. Son instinct lui dictait que malgré son agressivité, il ne résidait aucune envie meurtrière en elle. Puis peut-être qu'il pourrait faire d'elle sa Lune. Une fois vaincue et calmée, peut-être qu'elle accepterait. Le Tigre crispa sa mâchoire et fronça les sourcils avant de s'avancer à grands pas vers la femme, avants bras croisés devant le visage pour se protéger. Ca brûlait et ça impressionnait mais cette arme ne possédait aucun attribut létal. La sangle de cuir souple vint lécher plusieurs fois la peau d'Akitora, avant de commencer à la mordre. Des plaies superficielles, une douleur qu'il saurait encaisser. Il approchait, malgré la tornade de crocs qui lacéraient ses avants-bras. Assez vite, il fut à portée d'attaque. La respiration de son adversaire accélérait et l'intervalle entre ses coups augmentaient. D'ailleurs les assauts voraces du fouet se faisaient de plus en plus brouillon et de moins en moins rapides. Le colosse Étranger se projeta d'une vive impulsion au sol qui fit déguerpir poussière, terre et herbe derrière lui et il vint puissamment écraser son poings dans le doux visage de la femme face à lui.

Son arme s'écrasa au sol avant que la femme ne titube, reculant de plusieurs pas. Elle gardait conscience malgré son coup ? De sa haute stature, Akitora la scrutait, prêt à en remettre une couche si elle se rebellait à nouveau, mais elle n'en fit rien. Les mains sur la zone d'impact du coup, la demoiselle aux cheveux d’écorce et de magma enfonça ses iris dans ceux de l'Etranger, le regard plein de colère mais aussi de peur. Il n'était pas donné à tous de pouvoir encaisser ses coups, quelle puissance. Cependant, l'élu solaire ressentait une respiration et une attitude étrange chez la femme. Comme si elle revivait un événement traumatisant, ou quelque chose du genre.

La vérité était que cette brave, issue d'une famille aisée, fut mariée (par obligation, vous vous en doutez) à la pire des ordures. Un alcoolique violent, manipulateur et égocentrique. Refusant de se soumettre, la fougueuse Noëlle décida de partir, tout simplement. Passée le petit point contexte, retournons à nos affaires, dans le présent.

Il restait en elle de la combativité. Son regard en disait long sur sa volonté de se battre. D'une voix sèche et puissante Akitora lança:

-Ramasse ton arme, Femme.

Il dégaina ensuite. Elle méritait bien qu'il l'affronte armé, une telle femme. Sans hésiter, l'intrépide Noelle se rua sur son fouet. Ses mains ôtées de son visage dévoilèrent une vilaine marque qui commençait déjà à bleuir. Chacun marqua l'autre.

-Ce n'est pas "Femme". C'est Dame Noelle pour toi, vil rustre !

Un titre de noblesse qui ne disait rien à Akitora. Jamais il n'entendit ce mot. De toute façon, elle allait probablement mourir suite à cet assaut. Les traits d'Akitora se déformèrent lorsqu'il enfonça ses pieds dans le sol pour se projeter vers la noble au fouet. A portée, il abattit sa lame. Du sang coula. Mais pas celui de la cible initiale. Une masse verte venait de s'interposer entre Akitora et Noelle. Une sorte de dinosaure vert. Les avants-bras croisés, et deux lames en sortant, le pokémon parvint à encaisser le coup de l'Etranger.

-Massko !

La voix de Noelle s'eleva, le pokémon plongea ses yeux dans ceux de notre Etranger qui rengaina et recula. Ce brave petit était prêt à mourir pour protéger cette femme.

-Tu es rapide. Cependant si j'avais attaqué à deux mains tu aurais perdu un bras ou deux.

Il continuait de fixer le duo avant de siffler. Où était Equinoxe ? Sa mission fut de chercher un potentiel allié mais elle semblait avoir échoué. Il devait la retrouver. D'ailleurs, quelle était cette étrange sensation ? Instinctivement, l'élu solaire dégaina à nouveau. Quelque chose approchait, ou plutôt des choses approchaient. Sans se déconcentrer, Akitora envoya à l'égard de l'autre duo:

-Soyez prêts.

Attention !

2 Hoothoot Normaux ♂



2 Roucool Normaux ♂ & Une Roucool Normale ♀

Il semblerait que l'altercation aie attiré l'attention d'un vol d'oiseaux Kiiois. Pas une attention spécifiquement bienveillante. Effrayés et perturbés lors de leur repos, les volatiles ne sont pas au plus calme.

Un groupe d'êtres à plumes arrivait. L'assaut venait donc d'en haut. Ils commencèrent par descendre en piquée. Akitora en compta cinq. Cinq volants... Ce combat pouvait s'avérer épineux. Une chance qu'il n'eut s'agit que de petits pokémons. Arme en main, le colosse fixait les oiseaux qui tournoyaient autour de lui. Il serait donc la cible du lot. Pas étonnant. Vu sa carrure comparé aux deux autres, il faisait une meilleure cible.

Prêt à en découdre, l'Etranger n'en restait pas moins inquiet pour Equinoxe, où se trouvait-elle ? Sa lame tenue d'une main, il vint approcher deux doigts de ses lèvres afin de siffler. Les aviaires piquèrent de concert vers lui. Il esquiva les premiers assauts de becs, mais deux ou trois touchèrent. Ces repas ambulants étaient vifs. Sans se soucier de l'autre paire, l'Elu solaire se dirigea droit vers l'imposant arbre qui dominait la steppe. Ca n'agirait pas comme une égide ; certes, mais cela assurerait un semblant de protection grâce aux branches qui entraveraient la course effrénée de la volaille furieuse. Leurs piaillements cacophoniques s'introduisaient dans les tympans, alors qu'ils tentèrent une nouvelle attaque. Comme prévu, les membres de l'être sylvain vinrent perturber l'attaque. Ralentis voir même stoppés, les aviaires peinaient à traverser la barrière naturelle. Enfin... Quelques branches cédèrent.

Un bruit au sol attira l'attention du massif puis une silhouette brillante jaillit hors des hautes herbes, venant directement saisir l'un des retardataires volants coincé dans le bas branchage. Equinoxe arrivait enfin. Les crocs enfoncés dans le flanc de la volaille, elle secoua sa proie de droit à gauche avant de venir écraser une patte sur sa face. Une fois, deux fois, trois fois et ainsi de suite. La patte s'abattait avec frénésie sur l'oiseau qui ne tarda pas à rendre son dernier souffle. Bien, un de moins.

Le quatuor restant ne semblait visiblement toujours pas décidé à abandonner. Ils venaient même de comprendre comment atteindre Akitora sans être gênés par les branches. Bah, il fallait bien que ça arrive. Désormais plus bas, les oiseaux battaient des ailes, en face d'Akitora et d'Equinoxe, couverte de feuilles vertes.

La bête d’or se secoua vivement et quelques feuilles quittèrent son radieux pelage. Equinoxe gronda ensuite avant de balancer du sable en direction d’un aviaires aux yeux rouges qui becquetait, avec son homologue, les avants-bras d’Akitora, le visé ferma les yeux et Akitora vint abattre ses phalanges dans la boule plumée. Il n’osait pas regarder les yeux rouges des oiseaux sphériques, comme si son instinct le mettait en garde contre ces étrangetés. Sans se faire prier plus longtemps, le canidé doré chargea l’adversaire au sol. Le sang chauffé et les nerfs piqués par les nombreux assauts de bec, l’Enfant Solaire rugit à son tour avant de venir abattre avec lourdeur son pied sur l’oiseau sonné et enchaîné au sol par les pattes antérieures d’Equinoxe. Un craquement inquiétant s’engouffra dans les tympans de ceux présents.

Un long frisson parcouru le rachis de Noelle. Elle sentit ses jambes ramollir et fit un pas de retrait. Le bruit ignoble provoqué par l’exécution de l’oiseau la mettait à mal. Son garde végétal, aux aguets, posait ses yeux perçants vers la paire de Roucools qui se dirigeait vers eux. La blessure tiraillait toujours le Massko, mais pour sa maîtresse, perdre un bras s’avérait être un bien petit sacrifice. L’épéiste vert s’en voulait encore de n’avoir pu la protéger de ce maudit colosse. Solide sur ses appuis, le lézard herbeux fléchis ses jambes avant de bondir vivement sous l’un des deux oiseaux dont il vint taillader le poitrail. Une averse de sang vint colorer les hautes herbes et le corps de plumes vint s’enfoncer dans les fourrées, sans un bruit, la chute amortie par ces hautes tiges herbeuses. Il mourrait cependant, le sang s’écoulant bien trop pour qu’il puisse survivre à un tel assaut. Le second oiseau ne demanda pas son reste et continua son vol afin d’échapper à ces prédateurs.

Le dernier Hoothoot poursuivait son œuvre et continuait à piocher la chair des avants-bras d’Akitora à l’aide de son bec. L’Etranger ne sentait plus rien, la colère et l’adrénaline en soutien. Cette boule plumée se déplaçait vite, et regarder en bas la rendait impossible à attraper. L’Elu Solaire pensa à un tissu d’injure, mais il savait qu’il aurait une opportunité, ce qui importait, c’était de rester concentré. Il serra les dents et continua d’encaisser. Il ne trouva pas le moment opportun, ou plutôt, il n’eut pas à le trouver. Une forme brillante s’incrusta dans sa vision périphérique. La masse se rapprocha de lui avant de tomber au sol avec le mineur aviaire. Il s’agissait de sa camarade de chasse. La brave bête venait de jaillir du sol à l’oiseau, crocs sortis. Elle mordit plusieurs fois le Hoothoot qui, d’un habile battement d’ailes et d’une utilisation astucieuse de son regard hypnotique parvint à se défaire. Apeuré et blessé, le hibou psychique envoya plusieurs gerbes de sable vers Akitora et Equinoxe. Le premier parvint à s’isoler les yeux avec son avant-bras, la seconde reçut tout. Mais peu importait, la boule ailée partait dans la direction opposait, il fuyait. Il essayait, du moins. Bien trop fier pour laisser s’enfuir cet être fourbe, Akitora vint planter sa lame dans le sol et saisit son arc. Il fléchit légèrement les jambes, puis, flèche encochée, il vint tirer vivement et puissamment la corde avant de relâcher la pression. Le bruit se fit un chemin jusqu’aux oreilles de Noelle et de son Massko et le fondement du Hoothoot fut atteint. Touché en plein vol. La boule magique s’écrasa sans la moindre tentative de résistance.

Le regard sévère, Akitora soupira avant de cracher au sol. Il rangea son arc et sa lame puis il se pencha vers sa Medhyena qu’il attrapa par le cou avant de venir la poser sur son épaule.

-Repose toi Equinoxe. Tu as été superbe.

Bien qu’habituée à la vie dure, la brave bête avait encore besoin d’entraînement, surtout au combat. Enfin, elle venait tout de même d’abattre trois adversaires aux côtés de son compagnon, ce n’était pas si mal. Au loin, Akitora put voir la chevelure de la femme au fouet. Elle s’approchait de lui. Voulait-elle poursuivre leur duel ? Akitora relèverait le défi, si là était la volonté de cette femme.  Elle ne manquait pas de cran, cette Noelle, ça plaisait énormément à notre Tigre Solaire.

Récapitulatif:

Bravo !

Assis dos à l'imposant tronc de plus tôt, Akitora observait. Le souffle chaud, lent et régulier d'Equinoxe marquait la mesure contre le cou du colosse. La bête dormait. Pas étonnant après une telle bataille, il s'agissait encore d'une jeune pousse. Debout face à notre Elu se tenait Noëlle, accompagnée par son fidèle garde vert. Elle guettait Akitora depuis la fin de l'affrontement, elle l'avait vu ramasser et plumer certains des oiseaux morts et pas trop amochés. Que voulait-elle ?

-Si j'me souviens bien, t'en as tué un.

Il lança l'un des déplumés à la dame sans aucun avertissement. Elle afficha un rictus empli de dégoût et se décala habilement afin d'esquiver la carcasse. Akitora reprit :

-Qu'est-ce que tu m'veux, femme ? T'battre ?

Elle ne répondit pas et continuait à le fixer. Son regard ne contenait pas d'animosité ou de rancœur. Elle posait sur notre protagoniste des yeux emplis de sérieux et de rigueur, comme si elle l'analysait. Peu lui importait, il avait l'habitude, ceux de chez lui posaient tous leurs yeux sur lui de cette façon, comme si l'on regardait une étrangeté de la nature ou un spectacle. Silencieusement, le colosse vert se leva et reprit la volaille laissée par la noble, hors de question de gâcher la nourriture. Ses carcasses accrochées à une corde sur une épaule, Equinoxe sur l'autre, l'imposant Akitora reprit la route sans donner plus de mots à la femme qui le scrutait. Il comptait s'enfoncer dans les bois, vers une petite rivière où il avait déjà eu l'occasion de passer du temps. Un endroit sympathique où le poisson mordait souvent.

L'Enfant Solaire resta prudent toute la route, bien plus qu'à l'accoutumée. Premièrement, il était seul puisqu'Equinoxe se reposait. Deuxièmement, cette femme le suivait. Qu'est-ce qu'elle voulait à la fin ? Mourir ? Se venger ? De l'argent ? Des remerciements ? Légèrement agacé de ne pouvoir être seul, Akitora se mura d'avantage dans le silence et renfrogna la mine. Arrivé à son endroit, mais toujours suivi, il rassembla le nécessaire afin d'allumer un feu. Le climat clément permettrait un départ rapide. Cependant, avant toute chose, il devait faire bouillir de l'eau et quelques plantes afin de concocter une mixture à apposer sur ses plaies. Elles ne s'avéraient pas très douloureuses, mais Akitora se souvenait des enseignements de son maître. Même la plus infime des blessures pouvait faire perdre un bras, une jambe, voir les deux.

L'eau commençait enfin à s'agiter. Akitora retroussa ses manches et vint fourrer dans la bouillante quelques plantes sèches contenues dans son sac. L'eau se colora légèrement et une douce odeur s’éleva. Bien, il fallait désormais attendre que la mixture refroidisse un peu afin de ne pas s'ébouillanter.

Un double contact frais vint se faire sur les avants-bras de l'Etranger. Il fit descendre son regard et remarqua la paire de mains pâles posées sur ses cubitus. La suiveuse s'était assise à côté de lui depuis leur arrivée et n'avait fait que le fixer. Elle fit quelques mouvements sur les muscles blessés d'Akitora puis, les yeux toujours fixés vers son objectif, elle retira une de ses mains afin d'aller fouiller dans ses affaires. Elle sortit une flasque qu'elle ouvrit et vint mélanger le contenu avec l'onguent qu'Akitora venait de se préparer. L'Elu Solaire ne sentit aucune hostilité de la part de la femme, il la laissa donc faire, tout de même intrigué par ce geste. Elle vint tremper le bout de ses mains dans le baume puis s'appliquer à masser les avants-bras du Tigre Solaire avec une tendresse qu'on ne lui avait jamais prodiguée. Il aurait pu le faire de lui-même.

-Je pouvais l'faire seul. Je te cuirais une volaille en échange.

Noëlle continua à s'appliquer à son exercice de soin. Elle releva la tête et plongea ses yeux dans ceux du Tigre avant de répondre:

-Mes termes sont tout autres. J'accepte de te soigner si tu te blesses, en échange, protège Massko le temps de sa convalescence.

Ses gestes se firent plus rudes lorsqu'elle évoqua son compagnon blessé. Allongé face à Akitora. Le bras bandé et probablement recouvert de cataplasme, le lezard vert roupillait. Voyager en groupe... Akitora en avait perdu l'habitude, mais l'exercice ne semblait pas si compliqué. Le responsable de la blessure, c'était lui et, maintenant qu'il venait d'être soigné, il se devait de rendre la pareille à cette étrange bonne femme.

-Bien. Mais ne me touche plus sans me demander la permission avant, Femme. Et suis le rythme. Je ne ralentirais pas pour vous attendre.

-Derechef, nomme moi "Dame Noëlle". Espèce de sauvageon. As-tu grandi élevé par les Grayhenas pour être si rustre et si peu civilisé ?! Tu...

Il ne l'écouta pas et répondit en la coupant :

-Tu veux être ma Lune ?

Elle marqua un long silence, pleine d’incompréhension et de questions.

-Qu'est ce... Qu'est-ce que tu racontes ? Comment oses-tu faire une proposition si indécente à une dame de mon rang ?

Akitora repoussa les mains de la noble en se relevant puis il se tourna et fit tomber son haut à côté de sa fourrure, pliée au sol. Exhibant son grand tatouage quelques instants, il revint se mettre assis avant d'expliquer :

-Je suis le Soleil et je cherche ma Lune.

Elle se plaignait encore.

-Ton visage me plaît et t'as du cran, tout ce qu'un Soleil demande à sa Lune.

Une nouvelle vague de plaintes.

-Ferme la. Tu as juste à répondre "Oui" ou "Non".

Elle se coupa, une moue d'agacement sur le visage :

-Comment une femme de ma valeur pourrait vouloir d'un rustre qui lui parle si mal et n'est même pas capable de la nommer convenablement ? Je refuse.

Il haussa les épaules :

-Voilà. C'était pas compliqué.

Il s'affaira ensuite à la cuisine. Un mélange de baies, d'autres plantes et de la volaille fraîchement tuée. Ils mangèrent leur festin sauvage. Noelle mangeait peu, Akitora mangeait beaucoup. Un pan de ce qui fut préparé resta pour les deux endormis et les deux humains eurent quelques échanges sociaux. Akitora expliqua plus en détails les choses sur sa tribu à la noble qui, malgré ses manières et ce côté insupportable de se prendre pour une "Dame" semblait réceptive, cultivée et vraiment intéressée par les dires du Tigre Solaire.