Ahlbi Ur'gaid | ft. Ishikawa

Certes, Marigold avait commis une erreur quelques mois de ça. Une erreur pas bien grave, mais stupide, qui lui avait valu de grincer des dents pour plusieurs jours. Encore réticente à admettre qu'elle avait surestimé sa capacité à s'orienter, elle préférait s'imaginer qu'elle s'était perdue à Nimus à cause d'une escorte de piètre qualité. L'inutile garde qui l'avait suivi n'avait même pas été capable de neutraliser le Concombaffe qui serait plus tard connu sous le nom de Bob.

Je n'allais pas me faire leurrer deux fois. Ce n'était pas digne d'une Whiterun. Ma bêtise avait été de faire confiance à un incapable. Pour cette excursion, il me fallait un vrai expert de Nimus. Ce n'était pas évident de s'en procurer un, les professionnels étaient souvent bien onéreux, et même si l'argent ne manquait pas, je ne ressentais pas l'envie de me vider les poches pour un prolétaire. En me renseignant, j'avais découvert que des citoyens ordinaires, généralement des fermiers, cherchaient à s'enrichir un peu plus en proposant des services de guide. J'étais prête à courir le risque d'avoir une escorte moins fiable pour épargner plus de dépenses.
Mon spécialiste de Nimus se nommait donc Torimori. C'était un garçon de constitution plutôt menue, à se demander comment il survivait aux chauds étés de Scémède. La vue de sa taille et sa maigreur m'inquiétèrent un peu quant à sa fiabilité en milieu hostile, mais j'avais déjà donné ma monnaie à cet individu, et refusais de gâcher cet investissement.
Il était venu accompagné d'une hideuse bête de somme, au poil hérissé et à l’œil mauvais, qui, je le sentais, pouvait tenter de m'électrifier à la moindre contrariété. Georgette ne semblait pas non plus apprécier la compagnie du Wattouat. Là aussi, j'avais retenu la leçon, et même si la chienne m'accompagnait, j'avais pris soin de la faire toiletter avant de m'aventurer dans la boue et les ronces. Peut-être jalousait-elle la laine du mouton, maintenant qu'elle était presque nue.

La jeune femme dut bien le reconnaître : son nouveau guide ne semblait pas l'avoir égarée. La forêt était dense par ici, et selon les témoignages, le Pokémon qu'elle recherchait avait pris refuge dans la jungle de Nimus. Lorsqu'elle était partie à la recherche de Feunnec, elle n'avait malheureusement pas réussi à atteindre le cœur du bois, se retrouvant au bord du Lac de la Grande Morte. Si au moins, ici, le sol était plus sec, la visibilité était moindre. Il allait falloir se méfier davantage d'attaques surprises des créatures sauvages.

Attention !

Une Rapion Normale ♀ + une Rapion Shiney ♀ + un Rapion Normal ♂


Deux Etourvols Normaux ♂

Marigold fait bien de se méfier des dangers de Nimus: au détour d'un fourré, une horde de monstres surpris par l'arrivée des humains fait irruption. Si les scorpions observent en retrait, leurs dards bien en évidence, les oiseaux sont bien moins calmes. Peut-être se sentent-ils agressés sur leur territoire, car ils gonflent leurs plumes d'un air menaçant.

D'un geste de la main, mon guide stoppa ma route. Avant d'avoir le temps de m'insurger, je remarquai sur une branche, à une douzaine de pieds de haut, non loin de nous, deux oiseaux gonflant leur plumage de façon menaçante. Je reconnus immédiatement ma cible, Etourvol, bien qu'un Etourmi juvénile m'eut tout autant satisfaite. Cette créature volante ferait un excellent allié de chasse, ainsi que messager quand nécessaire. Restait à trouver une stratégie pour ramener l'un d'eux avec moi.
J'avais espoir d'impressionner la sous-évolution plus facilement, il allait donc falloir improviser. Selon le jeune homme, attaquer pour l'affaiblir s'avèrerait une très mauvaise idée. Effectivement, tandis que nous restions, immobile, les étourneaux se calmèrent, sans pour autant nous quitter du regard. Exactement ce qu'il me fallait le temps d'échafauder un plan.

Comme un signe que le destin détestait Marigold et ceux qui l'entourent, une petite troupe d'insectes débarqua devant eux au moment où ils se croyaient tranquilles. D'abord un bleu, puis un rouge flamboyant, et encore un bleu. Ils marchaient tranquillement en direction du prochain buisson, mais ils ne purent échapper aux yeux aiguisés des rapaces. La carapace reluisante du deuxième assuraient au groupe d'être vu par à peu prêt tout Nimus, de toute façon.
A l'unisson, les piafs lancèrent un horrible piaillement à se faire éclater les tympans. Avant que leurs proies n'aient fini de sursauter, ils s'étaient déjà jetés dessus. L'un attrapa un des Rapion violacés dans ses serres et s'envola avec, tournoyant autour des protagonistes, fier de sa prise. Son ami s'était attaqué à la créature chromatique. Celle-ci, en revanche, avait réussi à se défendre assez longtemps pour ne pas être emportée en même temps que sa camarade.
Bien que peu efficace, puisque le prédateur retourna à la charge immédiatement, cette contre-attaque lui permit de résister le temps qu'on vienne à sa rescousse. En effet, dans un bêlement belliqueux, la brebis du fermier désobéit à son maître et galopa vers la scène de chasse. En pleine course, elle fit gronder le ciel et fit tomber la foudre sur les agresseurs. Sans surprise, cette attaque eut un effet désastreux sur les Pokémon Vol. Alors que celui qui s'était jeté sur le shiny fuit sans demander son reste, son partenaire, frappé en pleine figure aérienne, s'écrasa, l'arthropode encore dans ses pattes. Enfin libre, celui-ci s'enfuit vite rejoindre ses semblables. Pendant ce temps, l'Etourvol restait sur place, vivant, bien conscient, mais incapable de se mouvoir. On aurait cru entendre crépiter autour de lui l'électricité qui contractait ses muscles au delà de tout mouvement possible.

Tout cela s'était déroulé si vite que nos yeux humains n'eurent guère le temps de digérer l'information. Lorsque je réalisai la situation, un des Pokémon que je désirai s'était envolé vers d'autres cieux, et l'autre gisait, incapable de se défendre. La brebis galeuse du bouseux qui m'avait amené ici, complètement folle, ne comptait pas s'arrêter là. Elle renâclait telle un Tauros, prête à achever son ennemi. Il n'était pas question que je la laisse faire après tout ce chemin à chercher l'oiseau.
Avec toute l'impulsion que j'avais, je me précipitai devant l'Etourvol, le fouet en main, prête à donner une bonne leçon à cette stupide agnelle.
Il avait fallu du temps, mais enfin, le blondin se décida à s'activer, pour empêcher sa bête de commettre plus de dommages. Je pus ranger mon arme, et me retourner vers la créature ailée. Il était toujours immobile, mais je voyais à son expression qu'il tentait tant bien que mal de se soustraire à sa paralysie. Je le pris dans mes bras, le trouvant surprenamment beaucoup plus léger que je ne l'aurais pensé.

La jeune femme aurait pu rentrer chez elle avec l'animal affaibli, le capturant ainsi avec aise. Cependant, quelque chose en elle refusait de prendre avantage de la fragilité du pauvre oiseau avec ses grands yeux noirs de poupée. Énergiquement, elle commença à frotter le plumage d'un étourneau confus. Il aurait d'abord préféré s'enfuir, mais réalisa assez vite qu'il retrouvait peu à peu ses moyens. Une Baie Ceriz aurait été bien plus efficace, après après quelques minutes, la victime était capable de se déplacer au sol. Il ne pouvait pas encore s'envoler, cependant.
La dresseuse craignit que l'animal parte à pieds, comme courent les Poussifeu, mais il n'en fut rien. Intéressé, il regardait l'humaine dans les yeux avec insistance. Cette dernière commençait à se poser des questions : allait-il l'attaquer ? Avait-il perdu conscience dans cette position ? Regardait-il le fermier et les Rapion derrière elle ? Elle ne s'était sûrement pas attendue à ce qu'il se jette contre ses jambes pour s'y frotter avec affection, comme le faisait -à son grand dam, Lucifer. Par égoïsme, elle s'était interposée devant le nouveau jouet qu'elle voulait tant, et, attendrie, elle l'avait aidé à se remettre de sa paralysie. Dans son esprit, cela ressemblait assez à un plan pour s'en venter.

Mon plan avait fonctionné. L'Etourvol semblait reconnaissant d'avoir été secouru. Il continuait de rester à mes côtés, au lieu de retourner avec son compagnon. Je lui présentai mon bras, l'invitant à y grimper pour mieux l'admirer. Il n'avait pas intérêt à partir juste en m'ayant remerciée.

Récapulatif du combat:

Bravo !

Le Etourvol Niv. 15 s'est lié.

Le technique de Marigold semble avoir porté ses fruits. L'étourvol ne montera pas sur le bras de la noble, cependant il semble décidé à rester auprès de l'humaine. Son manque de connaissance dans le domaine de la fauconnerie ne l'empêchera pas d'être loyal envers celle qui l'a sauvée.

Tu as utilisé l'objet : Aucun.

Tu peux rajouter ce Pokémon à ton Créa-Répertoire.

Bravo !

Bravo !

La Rapion Niv. 8 s'est liée.

L'intervention de Spiky a littéralement bluffé la rapion, prennant conscience qu'il lui avait peut être sauvé la vie. Si les autres insectes se sont enfuis en voyant Ishiawa s'approcher, les baies tendues par l'être humain ont fini de convaincre la jeune rapion de rester auprès de lui, et de la brebis.

Tu as utilisé l'objet : Aucun.

Tu peux rajouter ce Pokémon à ton Créa-Répertoire.

J'aurais dû m'en douter, quelque part. L'Etourvol était encore une créature sauvage, et mon invitation à grimper sur mon bras ne l'avait pas particulièrement touché. Il resta néanmoins à mes côtés, ne montrant aucune volonté de fuir. En reculant de quelques pas et en l'appelant, il me suivit immédiatement sans broncher. J'en déduisis que l'apprivoisement était un succès. Je n'avais plus rien à faire à Nimus.
Je me retournai vers mon guide. Lui aussi avait rencontré un nouveau compagnon. L'insecte écarlate n'avait pas fui comme ses congénères dès qu'il en avait eu l'occasion, restant auprès du blond et de sa brebis. C'était une très bonne nouvelle pour lui, mais pas assez pour m'émouvoir.

Bien, il semblerait que vous comme moi ayons trouvé ce que nous cherchions. Veuillez me raccompagner en Scémède, je vous prie.

Le gueux avait déjà reçu sa paie, il était inconcevable qu'il ne me fausse compagnie. Et si cette folle envie lui était venue, il aurait regretté sa conduite au moment-même où je me serais évadée de Nimus. Georgette partait déjà en tête. Son flair lui permettait sans difficulté de retourner sur ses pas grâce à sa propre odeur. Préférant ne pas la perdre de vue, son pelage noir se mêlant aux ombres de arbres, je lui emboitai le pas, suivie d'une créature volante, et d'un guide que je pressai d'avancer. Mes pauvres chausses avaient hâte de retrouver un sol sec.