Sur la cor-nid-che

La dernière fois que le bourreau avait visité la plage de sa ville natale avait été au début du printemps. Cette même saison arrivait à son crépuscule à présent, occasionnant autant de nostalgie que de hâte de voir se lever le Soleil de l'été. Cette année, la période des amours avait été ponctuée de mésaventures pour presque tous les habitants d'Hastérion, à cause de ces fichus voleurs d'outre-mer. Jamais Renart ne se serait imaginé que de stupides omelettes causent autant de trouble dans toute la région. Mais à quoi se poser ces questions... bientôt, tous les Pokémon sauvages cesseraient de produire des œufs et les jeunes sortiraient des leurs. L'ambiance en ces terres devrait enfin s'apaiser.

Son maître était plongé dans sa contemplation et ses pensées, mais Justice, elle, semblait bien moins apprécier cette marche à l'aurore. Les longs panards de l'humain accrochaient parfaitement au sable mouillé, l'empêchant de couler. En revanche, ses courtes pattes et les moignons qui lui servaient d'orteils la faisaient trébucher tous les quelques pas. De temps en temps, le cri d'un oiseau marin éveillait sa curiosité et la sortait de sa bougonnerie.
Ainsi, lorsqu'un concert s'éleva depuis les gosiers de ces derniers, elle galopa vers l'origine de ce son, espérant trouver son petit déjeuner grâce à des animaux peu prudents. Même son compagnon avait remarqué que quelque chose n'allait pas. Une volée composée d'une bonne trentaine de Goélise piaillait déjà au sol, et de nouveaux amis venaient les rejoindre à une vitesse surprenante. Bien sûr, plus les Pokémon Vol affluaient, plus leurs hurlements devenaient insupportables. Il suivit sans hésiter la dragonne.

Malgré quelques faux pas qui causèrent la mâchoire du Solochi à manger le sable, elle ne perdit pas d'ardeur. Éventuellement, elle dégringola une dune puis en franchit une seconde pour arriver au niveau des piafs. Voyant cette horrible carnivore arriver, ils s'envolèrent tous à l'unisson. Elle ne fut tout de même pas déçue, puisqu'elle trouva bien autre chose où planter ses crocs. Son ami débarqua peu après, essoufflé, et découvrit avec dégoût la carcasse sur laquelle s'acharnait la type Ténèbres.
Elle était difficilement identifiable... peut-être un Ramoloss, au vu des quelques touffes de poils roses ? Il devait être là depuis quelques heures, mais les mouettes n'en avaient pas laissé beaucoup à la chapardeuse. Comment cette pauvre bête s'était-elle retrouvée ici et ainsi ? Pas un prédateur, car les goélands n'auraient pas eu la puissance de tuer la créature, même aussi nombreux. Ils n'auraient pas non plus pu intimider un monstre capable de défaire ce qui serait plus tard le festin de Justice. La réponse parut évidente lorsque Tuvache remarqua des empreintes uniques au sol. Sans aucun doute, il s'agissait de traces de chaussures, donc d'humains. Quel genre de personne aurait tué une créature sans emporter sa viande ? Pour se défendre peut-être ? Quelque part, le brun en doutait. Il espérait juste ne pas rencontrer ces gens, ne souhaitant pas voir sa seule amie finir comme le cadavre qu'elle dégustait comme un repas d'hôtel.

Chasse aux oeufs

Trouver deux oeufs loin de leur nid est bien inhabituel. Pas de parents à l'horizon et le sol est recouvert de traces de Pokémon qui ne sont clairement pas d'Hastérion. Des traces de pas, également..

Chasse aux oeufs

Miyami la voleuse veut se battre !
Miyami envoie Ume, sa Pijako !


Une Pijako Shiney ♀

Suivre les traces de pas a directement mené Renart à l'assassine du Ramoloss, il semblerait. Sac de toile sur l'épaule, Pijako sur l'autre, Miyami semble désagréablement surprise par sa présence. L'unique oeil qu'elle fixe sur lui ne contient aucune gentillesse. Brandissant son poignard, elle ordonne à Ume de la débarrasser des fouineurs.

Justice refusa de partir avant d'avoir fini le travail des Goélise. Éventuellement, après quelques minutes à détourner le regard par dégoût, Renart fut rejoint par son Pokémon, tenant dans sa gueule un os parfaitement blanchi par toutes ces bouchées voraces. Après tout, ce petit souvenir était loin d'être aussi dégoûtant qu'un bout de chair dégoulinant, donc le maître ne vit pas d'inconvénient à ce qu'elle se fasse les dents dessus une fois rentrée. Il ne serait pas bien compliqué de le mettre aux ordures le lendemain sans qu'elle ne s'en rende compte. En voilà au moins une qui n'avait pas perdu sa journée. Elle avait totalement oublié qu'elle était censée tirer la tronche. L'humain, lui, n'avait pas souhaité découvrir une scène digne de son lieu de travail lors d'une tranquille balade. Il n'allait pas s'attarder ici et une fois sa marche sur la digue achevée, il retournerait au cœur d'Aros.
Sans vraiment y porter attention, il s'était retrouvé à suivre les empreintes du mystérieux assassin. Le sable tassé sous ces pas, rendant le chemin plus praticable, avait été emprunté par facilité par le bourreau. De plus, il ne se serait sûrement pas attendu à rencontrer le coupable, ayant sûrement fui depuis longtemps. Ainsi, lorsque son regard croisa l’œil unique d'une drôle de dame, il ne songea pas à l'assimiler à l'inconnu meurtrier, malgré son air de pirate patibulaire.
Ce fut elle qui se mit immédiatement sur la défensive, envoyant son compagnon avien attaquer le Renart et le reptile. A ce moment-là, comprenant les intentions de cette femme, les deux œufs rose qu'elle portait parurent évidents au barbu. C'était que les bras n'étaient pas la première chose qu'il voyait chez une fille, même un laideron.

Le Pijako de la criminelle semblait étonnamment agressif pour une si petite bête. Pugnace, il n'hésita pas à s'attaquer directement à l'exécuteur, pourtant bien plus grand que lui. De par sa nature, il était terriblement bruyant, cassant les oreilles et intimidant de l'homme. Il se débattit tant bien que mal des coups de bec et de griffe en agitant son chapeau pour repousser l'agresseur.
Ses piaillements furent un avantage pour Justice. Incapable de se taire, il donna sa position à l'aveugle. Ainsi, il fut frappé en plein vol par un fémur en pleine face.

Merci, Justice !

Une fois au sol et un peu sonné, il se retrouva bien plus facile à atteindre par la quadrupède, qui chargea, imbue d'une force draconique. Le perroquet ne put éviter d'encaisser et prit d'énormes dégâts. Malgré tout, grâce à la force de frappe, il fut propulsé dans le ciel, ce qui lui permit de reprendre le vol, avec tout de même quelques difficultés. L'attaque du Type Ténèbres avait suffi à attirer sa colère et à lui faire changer de cible. Cherchant à l'apeurer, ses cris se firent plus aigus et forts. Ce dernier hurlement était digne de celui d'une femme se faisant assassiner (et Renart en savait quelque chose), en plus puissant, puisque les dresseurs des deux combattants durent protéger leurs tympans de leurs mains. Ses quatre pattes au sol, la dinosaure ne put faire de même. Sa tête résonna après un tel son, mais elle ne se laissa pas abattre. Voyant cette attaque Mégaphone comme un défi, elle l'imita, rugissant comme un fauve. Cela ne fut pas aussi bruyant que les vocalisations du piaf, et s'il ne brisa les oreilles de personne, il permit de repousser l'opposant, qui dut redoubler d'efforts pour rester dans les airs avec cet ouragan.
Pas question de se laisser impressionner par une hurlement si faible par rapport au sien ! La perruche redoubla d'animosité. Il utilisa tout l'air disponible dans ses poumons pour remporter le duel. Duel qui devenait vite insupportable aux humains. Encore plus lorsque Solochi répondit de vive voix. Cette fois, la bourrasque eut raison des faibles ailes du petit oiseau. Il fut envoyé bien plus loin, et bien que toujours en vol, il lutta pour garder son équilibre et ne pas s'écraser, maintenant trop proche du sol, assez pour risquer un coup au corps à corps de son ennemi. La voyant courir vers lui, il dut trouver une ruse pour éviter le choc. Il ouvrit à nouveau le bec, mais pas pour chanter ni hurler.

Justice ! Justice !

La dragonne stoppa net sa course, à quelques pieds seulement de sa cible. Que faisait son maître là où aurait dû être Pijako ? Elle tourna sur elle-même, cherchant où pouvait être passé ce dernier, en vain. Sa confusion était compréhensible : le propriétaire de la voix volée lui-même aurait été bluffé.

Je suis là, Justice, ne l'écoute pas ! encouragea l'homme basané, persuadé d'aider.
Ne l'écoute pas ! Ne l'écoute pas !

N'importe qui aurait compris immédiatement qui était le vrai Renart. N'importe quel homo sapiens en tout cas. L'intelligence du Solochi ne lui permettait pas de comprendre des mots si complexes. Pour elle, les deux origines de la parole lui semblaient aussi vraisemblable. Elle commençait à perdre complètement la raison, ce qui ne faisait qu'effiler sa fine patience. Qu'à cela ne tienne, elle attaquerait au hasard. La réflexion n'avait jamais été son fort. Son fort, c'était l'attaque ! Elle courut sans retenue vers l'un des bavards, perdant de vue le fait que l'un d'eux était son compagnon. C'était justement le cas. Elle avait eu une chance sur deux et elle avait perdu... pas de chance, monsieur Tuvache. Il tenta de s'enfuir, trébucha vainement dans le sol, comme son Pokémon avant lui. Il ne put empêcher le monstre ne refermer sa mâchoire sur sa jambe. Étrangement peu douloureux, finalement bien trop habitué à ce genre d'évènements. Il aurait sûrement dû laisser faire Justice, afin qu'elle le reconnaisse à la forme de son corps, le goût de sa peau et son odeur.
Réalisant son erreur, la pauvre bougre baissa la tête de honte.

Désolée, Renart, j'ai été sotte...
Oui, oui, bien sûr, moi aussi j'ai été sotte, mais retourne te battre au lieu de me grignoter la patte !

Il était un peu tard pour conseiller à la dragonne de faire attention à son adversaire. Elle n'avait même pas encore eu le temps de se retourner qu'une aile aussi dure que le métal la frappa à l'arrière du crâne. Il reprit de l'altitude et ricana comme un Goélise, fier de son coup. Malgré la douleur, la Solochi répliqua sur le champ. Se servant des moqueries de Pijako pour déterminer sa position, elle le mitrailla de rayons d'énergie au hasard. Éventuellement, après une dizaine de Dracochocs, l'un d'eux toucha l'oiseau. Il perdit de la hauteur, toucha presque le sable, lorsqu'un vigoureux battement d'ailes lui permit de se redresser. Il plongea alors vers le Pokémon Rude, face à face. Ce dernier pensa qu'il s'agissait d'une occasion parfaite pour faire feu, mais regretta vite de ne pas s'être méfié lorsqu'un flash de lumière - si puissant qu'elle le détecta à travers sa crinière, la percuta. Telle l'arroseur arrosé, Justice avait très mal supporté la capacité du type Dragon qu'avait imité la perruche. Se voyant persécutée comme elle venait de le faire par une série de flammes bleues, elle courut comme une dératée dans tous les sens, ne cherchant pas de réelle direction. Certaines de ces flammes lui chatouillaient les pattes arrières, mais aucune ne la touchait vraiment. Aux ricanements de l'ennemi, on se doutait bien qu'il la ratait volontairement pour l'effrayer. Par contre, il ne dut pas porter assez attention à l'endroit où il la menait: il ne réalisa que trop tard qu'elle fonçait en direction de la femme à l’œil caché, sa dresseuse !
Celle-ci, qui observait jusqu'ici le combat avec un grand sourire, se voyant déjà victorieuse, vit son expression se changer en véritable effroi, tandis que cette créature qui lui arrivait à la moitié de sa taille galopait en sa direction, ne se doutant pas de sa position et n'ayant aucune intention de freiner. Il était déjà trop tard pour que Coco ne corrige cette erreur. La voleuse se retrouva frappée en plein dos, poussée sur le sable sur l'abdomen et piétinée par quatre pattes griffues qui arrachèrent même quelques fibres de ses vêtements. Voyant son humaine aussi malmenée, le piaf cria d'inquiétude, et se précipita à son chevet.

Mademoiselle ! Je suis sincèrement désolé de la conduite de mon Pokémon ! Allez-vous bien ? Pensant bien faire, Renart s'était aussi lancé à la poursuite de la folle, préoccupé par son état, malgré sa morale douteuse. Alors qu'il souhaitait réellement connaître l'étendue de ses blessures, il fut violemment repoussé par sa bestiole à plumes, par un feulement de félin et des coups de griffes. Puis, à la seconde suivante, coupé en pleine attaque, il fut percuté par l'épaule dure et puissante de Justice, bien ravie d'enfin se débarrasser de la nuisance qu'avait été cet ennemi. Il atterrit une demi-douzaine de mètres plus loin que sa compagne, aussi inconsciente qu'elle.

Tu penses qu'elle est... ?
Je ne sais pas vraiment... je n'oserais la toucher pour m'en assurer...
Ce n'était qu'une petite charge, elle s'en remettra après tout.
J'aime penser que tu as raison.

Le bourreau lança un dernier regard de pitié au duo gisant sur les dunes, avant de poursuivre son chemin. Il tomba bien vite sur la couvée dérobée au Ramoloss décédé. Qu'allait-il en faire ? Peut-être avaient-ils encore de la famille : après tout, seule une carcasse avait été retrouvée. C'était décidé. Espérant corriger son karma pour la bougresse blessée, il tenterait de trouver ce potentiel parent restant, sûrement désemparé.

Résumé:

Bravo !

L'affrontement avec le Pijako n'était peut être pas gagné d'avance. Avec la réaction impulsive de Justice, c'est Renart qui a failli y laisser des plumes ! Cependant, la pirate ne repartira pas victorieuse aujourd'hui. Ume et elle étaient peut-être de taille contre un Ramoloss, mais pas cette teigne de dragonne.

Tu as utilisé l'objet : un Os de Ramoloss, tu gagnes donc un "ew, sale "

Ta partie combat fait 5597 lettres et le Pokémon adverse est K.O.. Ainsi Justice gagne 3 niveaux +1 bonus.

Tu peux aller Ici pour signaler le gain de niveau. N'oublie pas de mettre à jour ton Répertoire !

Chasse aux oeufs

L'agressivité de Miyami était en réalité due à la proximité de sa cachette. Elle était venue déposer sa trouvaille avec les autres. Cet oeuf, clairement dérobé, est là pour en témoigner. Sans la voleuse pour le surveiller, il peut aisément être secouru.

Lorsque Renart s'empara du sac, contenant deux coquilles roses, il remarqua non loin, derrière la femme inerte, ce qui semblait être un campement. Seul le haut d'une toile de tente trahissait sa position. En s'en approchant, il découvrit un minuscule abri, un feu de camp éteint, des victuailles... et diverses armes : arc, cimeterre, poignard, etc. Charmant. Mais, mal caché sous une couverture en laine de Wattouat, comble de l'innocence, se trouvait un nouvel œuf. Celui-là n'avait pas la même coloration que ceux des Ramoloss. Quelque part, le bourreau doutait qu'il s'agisse là de l'enfant du Pijako qu'avait combattu Solochi. En effet, sa teinte bleu glacé n'avait rien à voir avec le plumage magenta de l'oiseau crieur. Il s'en saisit et le rangea avec les autres. Il trouverait peut-être ses parents en route... il n'était pas à un près.

Retournant sur ses pas, il ne tarda pas à retrouver le squelette maintenant dépourvu de charognards et parfaitement net du monstre benêt. Il n'était pas seul pour autant. A ses côtés se trouvait un Pokémon bien attristé, observant les restes de son ami, peut-être son compagnon. Son duvet aux couleurs aquatiques évoqua bien vite au barbu une partie de son butin. Il posa le baluchon près du phoque, qui détourna immédiatement le regard vers ce dernier. Lorsqu'il aperçut le contenu, ses yeux se remplirent d'étoiles. Il se jeta à l'intérieur et après quelques roulades de joie, attrapa le bout de toile par la corde qui le tenait fermé, aboya gaiement en direction de l'humain et la dragonne, avant de se laisser glisser vers la plage comme sur un bout de banquise. Il disparut si vite et si loin qu'il ne devint rapidement qu'une petite silhouette en bas de la corniche.

Je suppose que les oeufs roses étaient aussi les siens...
Je l'espère, je m'en voudrais qu'il s'en serve comme déjeuner après tout le mal que tu t'es donné.
Ne t'en fais pas, je suis sûre qu'il en prendra bien soin. Ces histoires d’œufs commencent  te rendre bien mou.