Prison Bregg

Je n'ai cesse de te dire de te méfier davantage des femmes !

Sur ce point, Justice n'avait pas forcément tort. Seul un soupir échappa des lèvres de Renart comme réponse à cette vérité. Lorsqu'il avait vu cette pauvre demoiselle en détresse, esseulée, pleurer dans la rue, il avait tenu à la secourir. Elle prétendait avoir eu affaire à un voleur qu'elle n'avait pas osé poursuivre à cause de sa faible constitution. Le fait que personne parmi la foule ne se presse pour l'aider malgré son joli minois aurait déjà dû alerter le prétendu gentilhomme.
Voyant son escorte proposer sa protection, le plus honnête des sourires avait illuminé son visage couvert de véritables larmes. Elle avait mené sans hésitation et avec entrain le barbu vers un bâtiment à peine louche dans une ruelle mal illuminée, sûrement par panne d'huile dans les lampes, rien de suspect. Ce fut donc avec la plus grande incompréhension qu'il réalisa, mais un peu tard, qu'il avait été bien naïf. A peine un pas fait à travers la porte, il s'était retrouvé enfermé à double tour. Il put alors faire la rencontre de quelqu'un de moins charmant que sa belle amie : deux fois plus grand, baraqué et techniquement de sexe masculin, armé d'une masse qui vola pour caresser le front dégarni  de l'Arosien. Sans surprise, il s'évanouit sur le coup. En voulant protéger son maître, la dragonne subit le même sort après avoir troué le bras du gros costaud.

Après avoir réveillé de la lumière au bout du tunnel, ce fut avec frustration que l'homme au chapeau reprit conscience dans le monde du vivant. Cette émotion négative était aussi mêlée de honte, d'où l'attaque qu'il s'était infligée via la voix de Justice. Il avait de plus fini par comprendre d'où venait cette légèreté nouvelle au niveau de la ceinture, puisque son argent avait disparu. Il n'avait jamais craint de laisser en évidence sa bourse, puisqu'aucun pickpocket censé n'aurait voulu dépouiller le porteur de la mort. Cette recrudescence de criminels venus d'outremer commençaient à lui mener la vie dure...

Justice, veux-tu bien m'aider à ouvrir cette porte ?

Le Pokémon sembla d'abord ne pas comprendre, jusqu'à avoir observé son humain tenter de pousser la porte de ses faibles épaules. Elle prit alors de l'élan pour percuter le bout de bois avec sa force bien supérieure. Il ne s'ouvrit pas, mais il bougea bien plus significativement que quand Renart avait essayé. Entêtée, le dinosaure réessaya. Elle finirait bien par avoir raison de cette planche d'acajou, pendant que son dresseur observait les alentours, espérant désespérément que sa monnaie était juste tombée de sa poche par une malheureuse coïncidence.

Chasse aux oeufs

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Un Carmache Normal ♂ & Un Chimpenfeu Normal ♂ & Une Hippopotas Normale ♀

Ces Pokémon font partie des voleurs et semblent patrouiller les alentours. Hors de question de laisser qui que ce soit approcher des oeufs. Ce sont leurs instructions. Si par mégarde Renart attire l'attention de l'un d'entre eux, le monstre n'hésitera pas à attaquer.

Le rythme régulier de Justice percutant la grande planche d'écorce était devenu imperceptible aux oreilles du bourreau, trop absorbé par sa recherche. Pourtant, lorsque ce tempo fut brisé, il fut immédiatement alerté, se redressa, releva la tête vers l'endroit où se situait sa bestiole la dernière fois qu'il l'avait vue. Il vit alors une porte grande ouverte, dans laquelle venait de s'engouffrer cette dernière avant d'avoir pu l'enfoncer. Quelqu'un avait tourné la poignée avant que le choc final ne fasse céder les gonds. Avec son élan, la dragonne percuta violemment celui qui se trouvait face à lui. Un cri inhumain permit de déterminer qu'il s'agissait d'un Pokémon.
En effet, après que celle-ci recula, intimidée, trois monstres apparurent devant elle, marchant de façon menaçante. Si elle ne voyait pas leurs muscles gonflées, leurs phéromones d'agressivité n'échappaient pas aux narines de l'aveugle. Ils arrivèrent à la queue leu-leu : un dragon bipède, un macaque (très similaire à celui qu'avait déjà affronté Solochi, même si la dernière fois, il avait été bien plus petit), puis un hippopotame brun. Ils semblaient tous appartenir à un écosystème totalement différent, mais travaillaient sûrement pour la même personne, puisque tous leurs regards étaient concentrée sur le reptile.

A ce spectacle, Renart comprit vite qu'il n'aurait presque aucune chance de s'en sortir grâce aux talents de combattante de son amie. La porte était ouverte, c'était tout ce qui importait... certes, il n'avait pas retrouvé son argent, mais au moins il ne finirait pas déchiqueté par le trio maléfique qui arrivait tout juste. Le plan : courir le plus vite possible en emportant la bleue sous le bras. Il était probable que les méchants voulaient juste protéger leur planque... s'il s'enfuyait, ils ne le poursuivraient pas forcément.
Il était temps d'agir à présent. Il s'engouffra tel un courant d'air paniqué jusque dans la rue, n'était même pas arrêté par les créatures. Il espéra alors voir arriver derrière lui une Justice tête basse, effrayée par la supériorité numérique. Lorsqu'il la vit, toujours à l'intérieur, grogner comme jamais et prête à se battre, son cœur se pinça. Il avait peur. Mais il ne pouvait laisser sa seule compagnie se débrouiller et rentrer sans elle. Que ressentirait-il en la voyant tarder à le rejoindre, possiblement grièvement blessée ? Ou pire : ne jamais arriver ? Il n'était pas enclin à vivre ce genre de tragédie. Il observa alors se dérouler les évènements, tout de même prêt à filer à l'instant où la femelle changerait d'avis.

Réalisant que ses grondements n'affectèrent pas la motivation de ses opposants, décida de passer au niveau supérieur d'intimidation. Elle sortit du plus profond de ses entrailles, de ses poumons et de son gosier un horrible grincement à en réveiller les morts, qui fit même trembler les murs et tomber quelques bouts de plâtre du plafond. La mansarde, inoccupée, était pauvrement entretenue, elle menaçait de s'écrouler à n'importe quel moment.
Si ce rugissement fit reculer l'hippopotame ainsi que le requin, qui dut se couvrir le visage de son aileron, le singe ignora totalement la puissance du Hurlement, puisque d'une impulsion de ses jambes, il atteint directement le faciès de la dragonne, auquel il asséna un faible mais dangereusement précis coup de poing. Très agile, il enchaîna avec un pied sauté enflammé, qui rata de peu le nez, pour aller se loger dans la crête au sommet de sa tête. Celle-ci n'était constituée que de peu de chair et d'os, donc aucune douleur ne fut ressentie. En revanche, la texture de ses crins étant bien plus inflammable que celle de ses écailles, cette attaque provoqua quelques étincelles qui se changèrent en flammes une fois bien parties.
L'implacable Chimpanfeu n'arrêta pas là son offensive, puisqu'il se servit cette fois de ses ongles aiguisés par tenter de griffer à plusieurs reprises, avec peu de précision mais une grande vitesse. Seul deux égratignures purent atteindre le museau du type Ténèbres. Celle-ci était rendue folle par les braises sur son crâne. Elle brassait violemment l'air autour d'elle de son long cou, espérant éteindre l'incendie et, éventuellement, toucher quelqu'un. Ce fut donc un parfait coup de chance que l'un de ces balancements d'encolure arrive sur la clavicule du primate. Peu blessé, mais choqué, il dut reculer pour reprendre son souffle.

Heureusement pour lui, il était venu accompagné. Alors qu'il dut rester en retrait, ce fut son compagnon draconien qui prit le relai. Il invoqua un petit amas de sable, qui s'accumula sous forme de tourbillon autour de sa taille, avant d'être projeté, accompagné d'un cri de guerre, sur Justice. Cette attaque non-offensive n'avait eu aucun effet sur sa vue. En revanche, il la fit éternuer bien fort, si bien que la rue entière sursauta. Bonne nouvelle pour elle : la terre envoyée par Carmache permit d'essouffler le feu qui grignotait sa fourrure. Ainsi, plus brûlée, mais couverte de salissure et blessée dans son ego, elle put répliquer à pleine puissance. Elle s'entoura d'énergie antique sous forme de flammes bleues pour se gonfler de puissance et chargea le Pokémon des grottes. Voyant la situation dégénérer pour lui, il réagit in-extremis, en se jetant dans les airs, puis en perçant le sol et son faible parquet défoncé de son corps qui avait pris la forme et la vitesse d'une drille. Il s'y enfonça sans effort, laissant derrière lui son collègue des déserts. S'il avait échappé de peu à la capacité qui aurait été super efficace sur lui, il ne put empêcher son ami d'encaisser à sa place. Malgré son poids plutôt conséquent, la force du sauropode le fit basculer en arrière au point de rouler quelques mètres plus loin, près de l'exécuteur qui attendait dans l'allée. Il se releva avec peine, mais aussi empli de frustration, tant envers son ennemie qu'envers son allié qui l'avait abandonné. Il usa de sa plus terrible capacité : sautant sur lace et frappant le sol avec ses gros sabots, il parvint à créer un secousse puissante. Quelques pavés sautèrent loin de leurs compagnons, les lattes qui n'étaient pas encore brisées se gondolèrent, et de plus gros bouts de ciment chutèrent sur la scène de combat.
L'un d'eux, particulièrement conséquents, manqua de peu d'atterrir sur la crâne du singe. Il eut énormément de chance de s'être remis avant le choc, car il put esquiver au dernier moment. Alors qu'il venait de sauver sa peau, quelques confettis poussiéreux l'aveuglèrent. Voulant profiter de la panique générale, Solochi cria, alors qu'elle chargea le macaque. L'entendant arriver mais ne pouvant la détecter, il s'aida du mieux qu'il pouvait de ses grandes ouïes pour savoir quand attaquer. Il sut qu'il était temps d'agir lorsque les pas lourds de son adversaire se reprochèrent de lui à trois mètres près. Il inspira fortement, condensant de l'air chaud dans son système respiratoire. En maintenant son souffle, la chaleur augmenta à une vitesse déconcertante. Pensant le moment opportun venu, il expulsa une longue trainée de flammes ayant la force de la chaleur de l'été, droit devant lui. Sa capacité aurait dû directement toucher Justice. Seulement...
Carmache choisit cet instant précis pour faire sa sortie du sol. Le Séisme de l'hippopotame ne l'avait pas épargné, lui qui l'avait vécu depuis le dessous de la croute terrestre. Il avait eu bien du mal à retrouver son chemin, avait vu la terre se déchirer autour de lui, des planches et des bouts de revêtement lui tomber dessus, et pourtant, il était parvenu à revenir pour finir ce combat. Ayant enfin deviné où se trouvait sa comparse dragonne, il avait fait surface directement face à elle, prêt à attaquer. En effet, son unique griffe au bout de son bras droit brillait d'une lueur violette comparable à celle qui donnait parfois sa puissance aux capacités de son ennemie. Lorsque le coup tomberait, il ferait terriblement mal.
Malheureusement, le sort en décida autrement. Mauvais endroit, mauvais moment : le feu de Chimpanfeu lui arriva dans le dos, brûla son aileron dorsal et sa queue, car bien trop près de la source des flammes. Il hurla de douleur, de surprise, et d'incompréhension. Avant qu'il ne puisse en vouloir à son copain pour l'erreur qu'il venait de commettre, la Draco-Charge destinée à ce dernier le toucha dans l'estomac. Comme quoi, il avait fini par recevoir la même attaque qu'il avait esquivée au détriment du type Sol. Toutes ces épreuves le rendirent inconscient, presque au moment exact de l'impact.
Mais les festivités ne s'arrêtèrent pas là, car, ans son élan le corps immobile du requin toujours devant elle, le simien fut également pris dans cette cavalcade, qui prit fin lorsque le joyeux trio percuta à nouveau la baraque. A ce rythme, celle-ci ne ferait vraiment pas long feu... Seule rescapée de la secousse, la dinosaure put reprendre les hostilités, d'un méchant coup de dents à la gorge. Il fallut quelques instants à la victime pour réagir, d'abord sonnée. En revanche, sa vengeance fut terrible : comme au début de la bataille, un enchaînement poing-pied repoussa bien loin la femelle. Tandis qu'elle peinait à se relever, il repartit à la charge, rejoint par sa commère Hippopotas, que le tremblement de terre avait d'abord immobilisée de fatigue. Le premier préparait déjà sa jambe de feu, et l'autre fonçait tête baissée. Le Pokémon de Renart fut malheureusement incapable d'éviter l'un ou l'autre, la laissant sans défense et pas loin de perdre connaissance. Ce fut alors que, par désespoir, par rage, ou peut-être un peu des deux, elle laissa échapper ce qui pouvait s'apparenter à la fois à une plainte et un rugissement d'une puissance inouïe, capable de faire trembler les poutres apparentes. Celui-ci rappela au maître de la bête l'une des capacités utilisées par le Pijako de la femme pirate, quelques jours plus tout, mais en plus fort encore, grâce à la cage thoracique bien plus développée de la dragonne que de l'oiseau. Un son pareil ne laissa pas indifférents les ennemis : avec ses grandes oreilles, le chimpanzé fut particulièrement affecté. Il recula, en essayant de boucher ses tympans, alors que toute sa tête sonnait comme la cloche d'une cathédrale. Plus chanceux, son complice avait pu s'enfouir dans le sol pour ne plus jamais être revu.
Apparemment imbue de cette nouvelle puissance, le bébé Trioxhydre décida de ne pas en rester là. Alors que son opposant, seul restant du trio était encore en train de tenir son crâne endolori, elle réutilisa son attaque Mégaphone en doublant de volume. A présent, toute la bâtisse grinça. C'en était trop pour la bourreau qui avait déjà laissé sa compagne prendre trop de risque pour un dresseur responsable. Il n'avait pas osé s'interposer dans ce va-et-viens de capacités Pokémon, mais il n'avait plus d'excuses maintenant que l'un avait fui, que le second était hors d'état de nuire, et le dernier affaibli. Il se précipita à l'intérieur, se saisit du type Ténèbres comme on tient un bébé, et fila aussi vite qu'il n'était entré. Le poids de sa créature était bien lourd pour lui, ce fut un miracle que de parvenir à la porter jusqu'à la ruelle. Il ne regretta cependant absolument pas ce geste difficile lorsque, derrière lui, le bruit horrible de la pierre qui s'écroule retentit. L'une des briques ne manqua pas de venir lui "chatouiller" le pied, ce à quoi il répondit par un juron typiquement médiéval. Face à cette petite douleur, il ne sembla pas réaliser sa chance, contrairement aux deux monstres qui était restés à l'intérieur au moment de la catastrophe.

Résumé:

Bravo !

Chasse aux oeufs

Trouver deux oeufs loin de leur nid est bien inhabituel. Pas de parents à l'horizon et le sol est recouvert de traces de Pokémon qui ne sont clairement pas d'Hastérion. Des traces de pas, également.. Heureusement, aucun voleur à proximité. C'est votre chance de les secourir !

Remis de ses émotions et de l'écrasement de son petit orteil, Renart se permit de respirer un bon coup, tout en époussetant son vêtement, rendu pâle par les débris du bâtiment. Personne n'était venu s'enquérir de l'accident malgré le bruit et probablement les vibrations qu'avaient dû causer l'éboulement de la baraque, c'était dire si le lieu n'était pas fréquentable. Au moins, lui ne risquerait pas de se faire prendre et accuser de vandalisme. Autant dire qu'après tant de mauvais jugement et d'action, il n'était pas trop enclin à se faire traiter de criminel encore plus.

Avec toute cette agitation, il n'avait pas eu le luxe de repenser à son objectif. En se faisant ainsi importuner, la simple idée de se rendre d'un point A à un point B avait été chamboulée. Pourtant, le dimanche était et avait toujours été le jour des provisions. Le marché n'était pas loin lorsqu'il avait été distrait, mais il semblait maintenant si loin... C'était à peine s'il ne préférait pas se laisser mourir de faim plutôt que de faire cet effort.
Ce temps mort ne plut pas des masses à la Solochi, qui même éreintée, débordait de plus d'énergie que n'en avait eu son maître en dix ans. Le voyant ainsi pensif, elle lui donna un grand coup de tête presque affectueux -et pourtant si douloureux- dans les lombaires, espérant le faire marcher au lieu de réfléchir.

Active-toi, ne remets pas tes corvées à plus tard ou tu ne les feras jamais ! Tu tiens vraiment à manger de la terre pendant une semaine ? Ne laissant pas le temps à son compagnon de caser une remarque sarcastique, elle enchaîna bien vite : Moi pas, j'ai faim alors rends-toi utile, grand dadais !

Le bourreau sembla soudain reprendre un peu d'entrain. Malgré tout, il lui restait une bonne amie et il se devait de l'entretenir pour ne pas redevenir seul. Il emboîta un premier pas derrière la dragonne, guidée par les odeurs poissonneuses qui rimaient avec son futur repas. Il dut s'arrêter après cette unique foulée, remarquant une curiosité derrière son épaule. Là, à quelques pieds de ce qui fut il y avait si peu de temps une porte, se trouvait un vulgaire sac à patate. Avait-il toujours été là ? Non, il l'aurait juré... Mais aucun humain à l'horizon... peut-être avait-il été trainé ici par le primate roux ? C'était le seul des trois qui aurait été capable de se saisir d'un tel objet, en tout cas...
Pris d'un doute, d'un soupçon même, Tuvache souleva le bagage, réalisant qu'il était bien rempli, à son poids. En inspectant le contenu, son visage refléta un air d'agacement, mêlé au comique de répétition. Aucune surprise néanmoins. Combien de voleurs d'oeufs avait-il croisés "comme par hasard" ce mois-ci ? Beaucoup trop à son goût. Ces affaires commençaient à le laisser. Au moins, il ne serait pas revenu bredouille de cette mésaventure. Il pourrait facilement troquer ses réserves hebdomadaires contre ces deux belles coquilles. Car voler à un voleur ce n'est pas voler.