[Mission] Reconstruction

Sa chasse aux Sorcières avaient finit par lui faire entendre de bien sombres rumeurs jusqu'à ce que l'une d'elle lui fasse relever l'oreille. L'un des humbles villages scémédois avait été, il y a peu, la cible d'une attaque de sorcière. La maudite avait mis le feu aux réserves des habitants, les condamnant à un hiver bien rude.
L'histoire n'eut pas le mérite d'attendrir le cœur de Rex – bien que son esprit eut été assez éclairé pour se rendre compte que les paysans étaient dans une bien précaire situation – mais elle l'intéressa. Pour l'instant, il n'avait affronté que des saletés de spectres – qu'il avait évidemment brûlé pour éviter une quelconque réincarnation ou malédiction – mais il était convaincu qu'il y avait plus derrière cette invasion de fantômes qu'une simple et soudaine envie de dévorer des enfants. Et cette fois-ci, on lui disait qu'une véritable sorcière avait été vue.

Il avait alors quitté l'enceinte d'Artario après l'avoir débarrassé de plusieurs spectres et nuisibles, plus ou moins satisfait de sa mission. Rex de Gardefier avait alors traversé une partie des plaines de Scémède pour enfin trouver le fameux village qui avait subit l'incendie.
Une fois arrivé, il détonna, monté sur un Galopa, accompagné d'un imposant Démolosse et habillé comme il l'était. Certes, sa tenue était celle des voyages et avait déjà bien souffert de la route accomplie mais elle restait tout de même de bien meilleure qualité que celle des haillons qui couvraient les gueux. De plus, elle arborait fièrement les armoiries de sa maison. Il mit donc pied à terre, confia sa monture et une pièce à un jeune qui allait l'attacher près d'un abreuvoir et trouva le lieu du crime. Là, il s'approcha pour tenter de parler et ce qui lui semblait être la figure d'autorité la plus importante, celui qui lui donnerait les informations qu'il cherchait mais un accident plus loin le fit se stopper dans sa marche.
Surpris, il intima le calme à Pluton d'un geste de la main en observant la poutre qui avait chuté au sol et les lamentations des travailleurs. Il grimaça. Que les gueux pouvaient être inutiles... Il les ignora donc, préférant se concentrer sur son objectif de base et alla donc parler à un garde assez agé pour lui demander plus d'informations. L'homme avait apparemment affronté la sorcière et lui parla du combat intense qui s'était déroulé et du fait qu'elle avait avec elle toute une troupe de monstres incendiaires.
Pendant ce temps, un groupe d'enfants, curieux, avaient osé approché un Pluton qui, bien qu'imposant, avait gardé un cœur joueur. Il fallut bien le temps de la conversation pour que la marmaille et le chien se retrouvent bel et bien à se rouler au sol, et lorsque Rex se retrouva, il fut partagé entre l'attendrissement et l'agacement.
Il s'apprêta à siffler lorsqu'une clameur l'arrêta et le fit se retourner. Cette fois-ci, il s'agissait d'un homme qui avait été attrapé sous les décombres du grenier. Les paysans avaient apparemment considéré cette partie rescapée comme suffisamment solide pour tenter d'en faire une base sûre pour la suite de la reconstruction mais ils avaient eu tort. L'un des travailleurs s'étaient retrouvé la jambe piégée sous une poutre et il hurlait à la mort. L'héritier de Gardefier laissa donc son chien permettre aux enfants d'escalader son flanc et rejoignit le lieu de la reconstruction, la mine contrariée.

« Vous vous y prenez mal ! » Grinça-t-il, mauvais alors que des regards oscillant entre une certaine animosité face à la critique et la crainte en reconnaissant les armoiries d'un noble, se tournèrent vers lui. Rex n'était pas charpentier, assurément, pour autant, ça ne l'empêcha pas de donner son avis. Ces vilains étaient probablement désespérés de reconstruire au plus vite ce qui avait été perdu lors de l'incendie pour tenter d'avancer sur de telles bases... Ou peut être comptaient-ils bel et bien démonter les poutres brûlées et avaient simplement été victimes d'un malheureux accident... Le fait étant que Rex donna des conseils probablement non nécessaires jusqu'à ce que l'un des hommes présents, la mine rougie par l'effort et le front dégoulinant de sueur s'adresse à lui.

« Ca v'dire que mon bon seigneur va nous prêter main forte ? »

La question le prit de court mais de nombreux regards se posèrent sur lui. Ils étaient épuisés, une paire de main en plus – des mains encore vigoureuses de plus – leur allégerait assurément la tâche. Rex n'hésita qu'un court instant avant de pincer les lèvres d'un air boudeur.

« Soit, puisqu'il le faut. »

Grand Seigneur, magnanime, il consentit donc à se mettre à l'oeuvre. La sorcière avait apparemment détalé depuis longtemps, même Pluton ne retrouverait pas sa trace et... Quelque part, aider un village de ce genre, n'était-ce pas indirectement aider son Seigneur ?

Ou peut être était-ce parce qu'il avait réellement eu pitié de ces vilains, épuisés et désespérés et qu'il aimait bien trop se faire traiter en sauveur.

Événement !

Le labeur était particulièrement pénible sous le soleil Scémédois. Malgré une fin d'année qui devait annoncer une température plus clémente, l'effort fourni faisait suer tous les travailleurs présents et Rex ne fit pas exception à la règle. Il avait au moins l'avantage d'être plus frais que les autres personnes présentes mais rapidement, il se retrouva à pester sur les petites gens incapables de protéger leurs greniers ou de les reconstruire seuls.
Pour autant, s'il faisait preuve de mauvaise foi, il restait volontaire et travailleur et si son regard – bien trop expressif – jetait parfois des éclairs sur les instructions qu'on pouvait lui donner, il s'y pliait parce qu'il devait bien avouer qu'à part une vague théorie, il n'avait jamais rien construit de sa vie. De ça aussi, il se plaignit. A qui voulait bien l'entendre, il lâchait qu'il était un excellent bretteur, un combattant de talent et qu'il avait déjà chassé moult sorcières en l'honneur de l'illustre famille des Caneglis. Personne ne voulut le contredire, personne n'y pensa même. Si parler ne l'empêchait pas de les aider, les villageois n'avaient aucun intérêt à le contrarier ou à remettre sa parole en doute. Tout au plus, ils ne s'y intéressaient pas. Alors ils le laissaient se plaindre et se jeter des fleurs, oscillant entre quelques hochements de tête ou une certaine indifférence que Rex remarquait à peine.
La dernière plainte qu'il émit fut lorsqu'après plusieurs heures de travail acharnés, il se rendit compte que la reconstruction n'avait pas vraiment avance – ces choses là prennent du temps après tout – et qu'il le fit remarquer l'air chafouin. L'un des ouvriers lui avait alors lancé un regard incrédule et avait lâché dans un patois insupportable que les travaux ne pouvaient se réaliser dans un claquement de doigt et si une réponse offusquée aurait pu fuser de la part de Rex, il se stoppa net lorsqu'il entendit un cri. En alerte, il ne remarqua pas que personne ne réagit à l'enfant en larmes qui accourait vers eux en quête de protection.
Alors abandonnant une tâche qui ne l'intéressait plus – une parti de lui se persuada qu'il ne l'abandonnait pas pour cette raison – il arrêta la course du gosse en lui attrapant une épaule et réprima une grimace en observant son visage tout crotté et rougi autant par ses pleurs que par sa course. Le petit, bien que gueux, semblait avoir vécu la pire des expériences et peinait à reprendre son souffle alors ce fut avec une douceur que l'on ne connaissait pas chez Rex – la même qu'il adressait à ses chiens en réalité, l'enfant n'était pas si différent – qu'il tenta de le calmer pour comprendre ce qu'il disait. Ainsi, à grand renfort de petites tapes maladroites sur le crâne et de « Cesse donc de pleurer... Qui t'a embêté ? », il parvint à tirer une information de la bouche du gosse. Et lorsque le mot tomba, Rex se raidit. Les yeux écarquillés mais la mine grave, il prit tout de même d'abord soin de lever les bras de l'enfant pour l'ausculter

« T'a-t-elle fait du mal ? » et lorsqu'il répondit lui même à cette question, il enchaîna sur la suivante « Où ça ?! ». Le ton pressant n'aida en rien le morveux à formuler une réponse intelligible mais il eut au moins la présence d'esprit de lui indiquer une direction. L'héritier de Gardefier se redressa alors d'un bond en plissant les yeux pour tenter d'y apercevoir une quelconque trace de menace... Hmpf, il était probablement trop loin. Alors il siffla Pluton et ordonna à l'enfant de rentrer chez sa mère avant de se précipiter lui même vers la zone désignée par le gamin.
Le Démolosse repoussa alors le plus gentiment possible les petits qui l'escaladaient encore et, après s'être ébroué, avait entamé une lourde course pour rejoindre son maître. Tout ça sous les regards apparemment indifférents de la plèbe. Ils avaient probablement mieux à faire.

Mais tout de même... Risquer l'apparition d'une nouvelle sorcière alors qu'on peine à se relever de la visite de la précédente... Que les vilains avaient de drôles de priorités.

Une... Sorcière ?

 

Rex et pluton ont déjà combattus les sorcières, et cette chose n'en est rien. Perdu entre les décombres, le monstre semble apeuré, et donc violent. Il a certainement du être attiré par les flammes, lors de l'incendie. Les villageois ne semblent pas l'avoir remarqué... Face au démolosse, le poussin enflamme sa queue et gonfle son plumage, prêt à se défendre. Rex sera-t-il bon seigneur ? Ou vengera-t-il l'enfant qu'il avait tenté de consoler ?

Ils n'eurent pas à cavaler bien loin pour retrouver la sorcière qui avait agressé l'enfant. Hors, lorsque Rex se rendit compte qu'il devait écarter les décombres pour la voir, il comprit immédiatement qu'il y avait un problème. Ce fut donc un regard aussi incrédule qu'attendri qui se posa sur le petit Poussifeu terrifié mais prêt à en découdre s'il le fallait. Une exclamation échappa alors à l'héritier de Gardefier lorsque le poussin ébouriffa son plumage pour se rendre plus menaçant. « Il est trop mignon... ». La pensée lui traversa l'esprit, teinta son expression d'habitude dure et austère, mais ne franchit pas la barrière de ses lèvres. Hors de question de s'abaisser à couiner comme une donzelle face à un Melo tout rond tout rose !
Et puis, rapidement, il passa de l'attendrissement à la tristesse de retrouver ce petit seul, puis de la tristesse à l'agacement lorsqu'il se rappela de l'enfant qui en avait fait tout un sac. Alors, tandis que Pluton avançait son museau sans crainte du volatile – les flammes ne lui feraient rien – Rex se redressa et fouilla les alentours du regard dans l'espoir d'apercevoir le morveux qui l'avait mis sur une fausse piste. Il avait détalé, il avait eu raison... La déculotté qu'il aurait reçu autrement aurait probablement changé l'hospitalité des villageois vis à vis de Rex et ce, qu'il soit un seigneur ou pas. Quelle idée de lui faire perdre son temps aussi !

Ainsi donc, contrarié de ne pas avoir pu chasser une véritable sorcière, il ne s'attarda pas plus longtemps sur la pauvre bête qui piaillait toujours furieusement contre lui - le Poussifeu bien qu'apeuré était inoffensif à ses yeux -. Il n'allait tout de même la donner à manger à Pluton, si ? C'était une idée, il n'y songea pourtant pas vraiment et retrouva les travailleurs, l'air bougon.

« Mon seigneur ! V'la donc une sorcière ? » Il haussa les épaules et secoua la tête pour leur signifier qu'il n'y avait rien à craindre. Si les gueux étaient soulagés, ils n'en montrèrent rien. Probablement qu'aucun d'eux n'y avait cru depuis le début mais ils se gardèrent tous de faire un commentaire à ce sujet alors que Rex reprenait son travail où il l'avait laissé. Et, puisque Pluton n'était plus assailli de vilaines marmailles, il put aider son maître dans les tâches qui réclamaient plus de force physique.
Ils travaillèrent ainsi encore de longues heures épuisantes jusqu'à ce que le soleil se couche enfin...

Mission accomplie !

Les paysans sont très reconnaissants d'avoir eu le soutient d'un noble pour les aider à reconstruire le village. Les travaux restent important bien sûr, mais de voir Rex leur a prouvé qu'au moins, la seigneurie s'inquiète un peu pour son peuple ! Par terre vous trouvez...

Charbon; Un reste de cette catastrophe qui ne manquera pas d'attirer d'autres monstres de type feu !

Lorsque la journée s'acheva enfin, décevante et fatigante, l'on proposa à Rex de loger chez l'un des habitants du village. La bourgade était trop petite pour abriter une auberge et les gens jouaient généralement d'hospitalité envers les étrangers. L'héritier de Gardefier accepta l'offre faute de mieux mais laissa remarquer qu'il méritait tout de même mieux de part son rang.
Ceci dit, il ne se plaignit pas plus de ce qu'on lui avait mis à disposition. Il avait beau être noble de par sa naissance, Rex avait pris cette habitude de dormir avec les bêtes ou dans des endroits incongrus lorsque, plus jeune, il se perdait pour échapper à une autorité qu'il avait du mal à accepter à cette époque. Ainsi, aussi miteux que fut le lit qu'on lui offrit – et il ne l'était pas – il serait toujours meilleur que les enclos dans lesquels il se glissait parfois. Il en alla de même pour le repas qui, s'il était humble, restait appétissant et remplissait son rôle de combler la faim.
Alors, au lieu de passer son temps à arguer que les gueux qu'ils étaient devaient lui offrir plus de par son rang – chose qu'ils n'étaient probablement pas capables de faire en l'état actuel des choses – il passa la soirée à leur parler de ses hauts faits, des chasses au gibier et plus récemment des sorcières qu'il avait brûlé à Artario. Il se présentait en héros et en sauveur, fier de ses combats et fier de l'évolution de son chien. Pluton avait d'ailleurs eut droit à un repas aussi – voir plus – copieux que celui de son maître.
Les braves gens qui les avaient accueillis et leurs enfants lui demandèrent alors plus de détails sur les sorcières, s'inquiétant d'en voir une revenir terroriser leur village. La mine grave et plus sérieux qu'on ne l'aurait cru, Rex déclara qu'il y avait de gros risques, que les spectres étaient présents partout et qu'avoir déjà été la cible des sorcières n'empêcherait pas qu'elles reviennent plus tard... Cependant, voyant les expressions soudainement blême de ses hôtes, il se rappela enfin qu'aucun d'eux n'avaient son courage et sa force. Alors il tâcha d'afficher son sourire le plus convaincant et leur déclara d'une voix forte que, tant qu'il serait là, il se débrouillerait pour chasser n'importe quelle menace qui planerait sur eux.

Et ce petit numéro sembla fonctionner.