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Les Chiens ne Pleurent Pas [solo]

Rex M. de Gardefier
Rex M. de Gardefier
Or : 360
Origine : Scémède
Métier : Chien de Garde
Equipe : Les Chiens ne Pleurent Pas [solo] Demolo10
Sam 16 Jan - 21:04
Rex M. de Gardefier
L'aurore est bien morne en ces premières heures de la journée. La nuit a été longue, tourmentée et sanglante. Aucune mort n'est à déplorée – pour l'instant –, les médecins sont arrivés à temps – il l'espère –.
Faisant les cent pas devant la chambre de son épouse, Rex gronde. Par nervosité, parce qu'on l'a mis dehors. Vanya est bien pâle – comment ne pas l'être –, entre la vie et la mort. Elle expire mais de Gardefier garde un espoir bien naïf. Les docteurs sont compétents, ils la sauveront... N'est ce pas ?
Même un chien ne parviendrait pas à s'en convaincre et Rex ne fait pas exception. Il tourne et il vire, tentant de se garder occupé, menaçant à chaque instant de débouler dans cette chambre et exiger qu'on prodigue de meilleurs soins à sa femme. Ironique, quand il est celui qui l'a si bien poignardée.
Il se rassure alors comme il peut. Son coup n'a peut être pas été aussi précis que d'habitude. Pas aussi profond non plus. Après tout, sa chère et tendre n'avait pas manqué de tenter de lui clouer le bras.

Rex s'arrête alors soudainement, lève fébrilement ses mains devant lui. Tâchée de sang, du sien, de celui de Vanya. Elles tremblent, légèrement, et il contemple l'horreur de la situation. Un sentiment cruel de réalisation qui lui glace le sang. Il n'a pas loupé son coup, il se connaît trop bien pour se leurrer là dessus. Trop bien dressé à défendre, à tuer. Et Vanya est si frêle, si fragile.
Est-ce du remord qui étreint son cœur ? De la peur peut être.

Lorsque la porte s'ouvre derrière lui, il fait alors volte-face, pose un regard acéré sur l'homme grassouillet qui émerge. Le pauvre en sursaute presque, le voilà avec un chien qui se rue sur lui, ne s'arrête qu'à quelques centimètres et empoigne ses épaules violemment.
Le docteur tente de le calmer – en vain –. Il est difficile pour Rex de se concentrer sur les mots, encore plus lorsqu'il se rend compte que les autres tentent de fermer les portes pour qu'il ne pénètre pas dans cette chambre. C'est plus sage, effectivement, mais il ne s'en rend pas compte. Un grondement courroucé roule le long de sa gorge et il retrousse les babines à l'image d'un molosse enragé. Enragé ? Il l'est, et il peine à se garder sous contrôle.

« Seigneur, elle a besoin de repos-.. » lui souffle-t-on, tout bas. Comme si l'on tentait de parler à un enfant, comme si l'on tentait de le calmer.
Bien sûr qu'elle a besoin de repos, Rex le sait. Il n'est pas stupide au point de s'imaginer Vanya se redresser quelques heures seulement après leur affrontement. Mais lui a besoin de voir qu'elle respire encore.

« Seigneur... J'insiste, pourquoi ne pas prendre le temps de vous calmer et de vous changer-... ? » Si la supposition semble alors faire effet sur le sire aux chiens, il n'en est rien. Rex bouillonne, sa prise se raffermit et l'homme grassouillet couine. Il remue alors par réflexe pour se dégager, et par miracle, de Gardefier le laisse reculer. Pourtant, en cet instant, sa réputation de chien fou lui va comme un gant. Incapable d'esquisser le moindre mot, il gronde, grogne et se remet à faire les cent pas. Comme une bête à l’affût, ses yeux d'argent ne quittent pas un instant le petit homme qui déglutit nerveusement.
Au moins n'a-t-il pas fait irruption dans la chambre de la patiente. Un effort surhumain de sa part.

C'est au prix de volonté et de discipline – qu'on ne lui accorderait pas de prime abord – que Rex s'immobilise à nouveau et inspire longuement. Aucun mot ne lui échappe, il ne serait pas capable de les formuler de toute manière, et s'efforce de se montrer plus civil. Une invitation pour le docteur à prendre la parole. L'homme n'hésite pas longtemps avant de lui détailler la situation.
Rien de bien surprenant, mais c'est suffisant pour transformer l'expression de Rex. Il desserre les dents, arbore plus d'inquiétude qu'on pourrait penser qu'il ait. Vanya est une femme frêle. Il le sait. Il sait aussi qu'elle ne s'est jamais nourrit correctement. Elle le lui a avoué, pour pouvoir porter ses robes et ses corsets qu'elle affectionne tant.
Rex déglutit, le docteur tente de lui donner une lueur d'espoir. La plaie est nette, elle ne s'infectera probablement pas. S'il en avait le goût, Rex trouverai tout ceci bien ironique. A la place, il se concentre sur autre chose, un doute insidieux.

« Et son spectre ? » Un moment de battement, l'homme est confus. « Son spectre, insiste-t-il, cette chose qui- ! Toujours avec elle- ! ». Il fulmine, s'empêtre dans ses explications et fulmine d'autant plus qu'on ne le comprend pas.
C'en est trop. Peu importe les recommandations et les supplications, il ouvre la porte de volée, fait sursauter dame de compagnie et médecins. Son regard papillonne un instant sur la silhouette pâle de Vanya – elle semble endormie –, avant de balayer la chambre, inquisiteur. Il cherche-... Des bougies ! Sur une commode, quelques bougies trônent. Seules trois sont encore allumées, les autres ont totalement fondues. Il cherchait Arcane, mais elle n'était pas le seul monstre à accompagner son épouse. Encore moins le seul spectre.

Rex s'approche alors de la commode, inspecte les bougies et se concentre d'avantage sur la plus replète des trois. Pas de doute, cette chose respire. Cette chose vit. Et pire encore, cette chose tente de lui faire croire qu'elle n'est qu'un inoffensif objet. Mais il n'est pas dupe. Naïf au point de croire sa femme lorsqu'elle lui affirme que le monstre ne lui veut aucun mal, mais pas dupe. Et l'illusion s'est estompée. Il sait que cette chose est responsable de la déchéance de Vanya.
Il sait que cette créature impie est celle qui a fait croire à la jeune femme qu'elle avait accès à des pouvoirs maudits. Que c'est elle qui l'a poussé à l'attaquer cette nuit même parce qu'il menaçait son existence.

Alors Rex n'hésite pas un instant. Convaincu de la justesse de ses actes, il empoigne le monstre – se brûle la main – et la jette dans le couloir. Lorsque le monstre s'éveille – projeté dans les airs – des cris horrifiés accueillent son hurlement. Même l'héritier de Gardefier s'immobilise en l'entendant. Un cri d'outre-tombe, un écho de plusieurs voix. Quelque chose ne va pas, cette chose est trop petite pour émettre un tel son.
Sa flamme s'épaissit alors qu'elle retombe au sol. Un tel choc aurait du la sonner, l’assommer même, mais la bougie s'illumine complètement. Sa forme s'allonge, grandit, commence à flotter. « Arceus tout puissant... », une voix tremblotante derrière lui résonne et esquisse une prière. Rex, lui, siffle.

Il est ici sur son domaine, son territoire, et sa meute est présente. Quelle erreur d'avoir permis à cette abomination de persister entre ses murs ! S'il pouvait se concentrer sur plusieurs choses à la fois, s'en doute le regretterait-il. A la place, il émerge de la chambre, poursuit le monstre qui esquisse une retraite.
Les aboiements ne se font pas attendre. Pluton apparaît d'un côté du couloir, Léanne de l'autre. Le monstre a à peine le temps d'achever son évolution que les deux chiens lui sautent dessus. L'Arcanin le cloue au sol, le Démolosse brise la vitre s'étant créée pour protéger sa flamme. Un autre ululement s'élève, s'apparentant désormais plus à une complainte qu'à une menace infernale. Le cri résonne longtemps entre les couloirs du domaine de Gardefier.
Rex n'hésite pas longtemps avant de donner un coup de bottes à la base de la flamme du monstre. Déjà affaibli, le Mélancolux gémit, de lui semblent s'échapper les voix de plusieurs défunts et un instant, il semble à Rex entendre une voix plus familière que les autres. C'est presque désespéré qu''il multiplie les coups de bottes pour l'achever, pour la réduire au silence, pour ne plus avoir à l'entendre.
Frénétique, enragé, il ne s'arrête que bien après avoir achevé la vie de la créature maudite, et même alors qu'il devrait se sentir soulagé, il peine à retrouver sa respiration.

C'est la fin. La fin de la déchéance de sa femme, de ses tourments. La fin des spectres et des malédictions. La vie peut reprendre son court.


Ou s'achever.

Vanya n'a pas survécu. Trop faible, trop de sang perdu.
Ce qu'il reste d'elle se tient dans une petite urne soigneusement ornementée tenue sur les genoux de Rex. Il n'a pas pleuré la mort de sa femme, ce n'était pas comme s'il la connaissait. Ce n'était pas comme s'il avait désiré se marier avec elle.
Pourtant, c'est avec le cœur serré qu'il contemple ce qui a un jour été une jeune femme plein de vie. Il n'a pas réfléchi lorsqu'elle a sauté sur lui. Il ne réfléchit généralement pas, ce n'est pas surprenant. Il n'aurait ceci dit jamais pensé que ce serait un regret pour lui.

Ses mains tremblent légèrement, son bras l'élance désormais là où il a été poignardé. Lui s'en remettra, ce n'est pas le soucis. Sa prise se raffermit alors légèrement autour de l'urne et il se mord la lèvre pour apaiser la tension dans son esprit.
Des pensées qu'il aimerait ignorer le tourmentent. Pourquoi ne l'a-t-elle pas écouté lorsqu'il l'a mise en garde contre les spectres ? Pourquoi n'a-t-il pas pris les devants plus tôt ? Il aurait du brûler ces infâmes fantômes dès qu'elle était ré-apparue avec.
A ses remords se mélangent un étrange sentiment d'injustice et de frustration. Il a failli à sa tâche. Est-il désolé pour lui ? Pour Vanya ? Il refuse d'y penser. Il ne veut plus y penser mais ne peut se résoudre à laisser aller l'urne.

Puis un bruit lui fait relever la tête. La porte du salon dans lequel il se trouve s'ouvre dans un léger grincement, et si Pluton pénètre en premier, le regard de Rex se pose sur sa sœur.
« Prudence ? ». Comme invitée, son aînée suit les pas du Démolosse, et si ce dernier se couche aux pieds de son maître, Prudence s'installe aux côtés de son frère. Une main rassurante sur son épaule, elle ne lui offre aucun sourire. « Nous avons fait ce qu'il fallait, Rex. »
Ce qu'il fallait ? Le sire aux chiens met un temps à comprendre entièrement là où elle veut en venir, et s'il devrait se sentir soulagé, il n'y trouve aucun réconfort. Les Blancherive ont été mis au courant du décès de l'une des leurs. Mais Vanya avait été envoyée loin des siens, et sa réputation l'avait suivi jusqu'en Hastérion. On leur avait proposé de leur renvoyer les cendres, et si la réponse tarderait à arriver – si elle arrivait, le contact n'avait jamais semblé maintenu –, elle serait probablement négative.

« Il vous faut lui trouver un endroit où reposer. »

Le ton de Prudence est froid, monotone et bien peu sympathique. Rex l'envie un peu dans sa manière de s'exprimer, de garder son calme et ses émotions pour elle même. A défaut de pouvoir l'imiter, ceci dit, il lui en est reconnaissant.
La conversation lui est toujours pénible, mais parler avec sa sœur n'a jamais été un réel soucis. L'aînée des de Gardefier n'est pas douce, ni dans ses propos ni dans sa voix, mais cette manière de s'adresser à lui lui avait toujours permis de prendre le temps de comprendre, de réfléchir et de répondre. Cette fois là ne fait pas exception.
Plus patiente que son air austère ne laisse à deviner, Prudence laisse le temps à son cadet de récolter ses idées et ses pensées mais lorsqu'elle comprend qu'il ne peut se résoudre à prendre une décision, un discret soupir lui échappe.

C'est un regard à mi chemin entre le penaud et la confusion qui accueille le silence de Prudence. Rex n'est pas prêt à parler, pas prêt à accepter et assumer la réalité. Il la fatigue et même lui s'en rend compte. Pourtant, un certain sentiment de culpabilité lui étreint les entrailles. Disposer des cendres de feu Vanya est un choix qui lui revient mais qu'il ne se sent pas le droit d'assumer. Et c'est ce qui le tourmente. Alors sa sœur raffermit sa prise sur son épaule pour attirer son attention et prend une longue inspiration.

« Rex, Vanya était une sorcière-... » elle le voit se redresser à moitié, tenter de trouver ses mots pour expliquer la situation le plus clairement possiblement mais lui intime le silence d'une main avant de reprendre. « Feu votre épouse était une dompteuse de spectres, Rex, vous même en avez témoigné. Cela ne faisait peut être pas d'elle une sorcière, mais elle a attiré le malheur sur son foyer et ce, à deux reprises. »

Prudence énonce les faits comme s'il s'agissait de trivialités, rien ne semble réellement l'émouvoir et Rex ne sait pas s'il l'admire ou s'il la craint pour ce talent. « Son premier époux est mort dans de mystérieuses conditions et sa famille l'a exilée loin de ses terres natales, puis, quelques mois à peine après votre union, elle a tenté de vous assassiner. Je n'y vois pas là les marques d'une coïncidences. Rangez vos remords, mon frère et séparez vous de ces cendres afin de mettre un terme à cette histoire. »

Rex n'en est pas certain, mais il lui semble discerner une certaine amertume dans le regard de sa sœur. Il ne saurait l'expliquer mais il en est convaincu, sous ses airs calme, quelque chose la contrarie. Il ne cherche pas à lui poser la question, s'il n'est pas versé pour la conversation, il connaît au moins assez bien sa sœur pour savoir qu'elle ne lui répondrait pas. Alors il finit par simplement hocher la tête.

« Vous-... Avez raison. » L'admettre lui demande plus d'effort qu'il ne pensait. D'autant que si Prudence a la grâce de ne pas le mentionner, lui ne peut nier que leur relation ne s'est jamais développé au delà de la simple cordialité. Pourtant... Pourtant, quelques gestes, quelques attentions laissaient sous-entendre que-... Peut être avec un peu plus de temps, auraient-ils-...
Mais il est trop tard. Rex n'est plus un enfant pour indulgencier de telles pensées. Alors il secoue la tête, fronce les sourcils et se redresse pour de bon. L'urne n'a pas quitté ses mains, mais il sait qu'il doit écouter sa sœur. Alors il inspire longuement.

« Je conserverai ses cendres jusqu'à recevoir une réponse des Blancherive. S'ils ne répondent pas dans les mois à venir, ceci dit, je-... » il sent un trémolo affecter ses mots et s'interrompt brusquement pour jeter un regard à sa sœur. L'a-t-elle remarqué ? « … J'éparpillerai ses cendres à la mer. Elle semblait beaucoup affectionner cet endroit. »

S'il a l'air décidé, cela ne l'empêche pas de chercher l'approbation de son aînée du regard. Prudence semble satisfaite de sa décision et hoche la tête avant de se relever. Ses mains s'attardent un instant à lisser les pans de sa robe avant que son regard ne se pose à nouveau sur Rex, l'intimant à se lever à son tour. « Père m'a demandé de vous prévenir : il souhaite s'entretenir avec vous. » et la moue désespérée que son frère lui adresse lui arrache son premier vrai sourire de la journée. Bienveillante malgré une sévérité caractéristique, elle lui pose une main sur le crâne et lui adresse quelques caresses compatissantes « Soyez fort, petit frère, ce n'est qu'un moment à passer. »

Et le rire de sa sœur est bien trop enjoué pour que Rex lui emboîte le pas sans bouder, vexé par son comportement.
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