L'arme au sol | Akitora

Elle s'était éloignée du Village. Les regards méfiants voir hostiles des habitants ne l'avaient pas dérangé outre mesure et si elle avait eu une once d'humour, sans doute aurait-elle pu arguer que les Kii-ois étaient bien plus accueillants que les Scémédois. Malgré une réputation de sauvages, les autochtones n'avaient pas levé une arme contre elle, contrairement à ses pairs. Peut être était-ce parce qu'elle était arrivé aux côtés de Byakuren. Elle n'avait pas tout saisi, mais elle avait compris que la position de la jeune femme était importante dans ce village. Hécate ignorait s'il s'agissait d'une aubaine ou pas. Sa guide de fortune avait-elle l'autorité nécessaire pour influencer sur les décisions du Général ? … Sûrement pas, elle avait l'air si jeune.
Pourtant, aussi 'accueillants' furent les Kii-ois, elle s'était éloigné d'eux. Le confort de la civilisation lui avait en quelques sortes manqué, mais se retrouver ainsi encerclée, acculée... Non. Ses sens étaient encore plus en alerte lorsqu'elle était entourée d'humains que lorsqu'elle était seule dans les terres sauvages. Elle était alors partie sans rien dire, sans faire de vague. Elle n'avait pas encore parlé au Général et ne comptait donc pas quitter les frontières de son territoire, elle était donc restée aux abords du village afin de ne pas en perdre la trace. Le trouver avait déjà été bien difficile.

Ainsi donc s'était-elle enfoncée dans les territoires sauvages de Kii, tentant d'appréhender ce nouvel environnement. Ici, aucune plaine ou aucun bosquet, la nature était aussi austère que les visages de ses habitants. Se déplacer était tâche ardue à cause des soudaines pentes escarpées qu'il fallait escalader. A force de vivre comme une sauvage, Hécate s'était crue endurante et apte à survivre dans n'importe quel milieu tant que le climat lui était favorable... Kii lui apprenait qu'il lui restait encore beaucoup à surmonter. Bien sûre, elle était capable de s'adapter, mais les efforts demandés étaient différents et elle se fatiguait plus vite ou se retrouvait bien plus souvent à découvert. Pour autant, depuis son départ de Scémède, elle ne s'était jamais sentie aussi vivante. Etait-ce à cause de l'air frais des montagnes ? Parce qu'elle sentait qu'elle atteignait une étape importante de son voyage ? Ou était-ce parce que Thymos s'était montré plus satisfait de ses progrès ? Elle l'ignorait.

Ainsi, ce fut au cours de ses pérégrinations qu'elle avait aperçu en contrebas quelque chose qui avait irrémédiablement attiré son attention. Elle avait perdu sa lance lors du combat contre le Tropius et, si elle en avait tout de même conservé la lame – apparemment plus par nostalgie que par réelle utilité – elle avait cherché à la remplacer. Elle n'avait pourtant pas l'argent pour commercer avec les villageois et manquait cruellement de verve pour marchander un quelconque service en retour. De toute manière, elle savait les habitants suffisamment bons chasseurs pour ne pas avoir besoin de ses services et plus loin elle se tenait de ses congénères, au mieux elle se sentait. Ainsi, quand ses yeux fauves s'étaient posé sur une silhouette allongée en contrebas, un manche de bois fiché au sol, il lui sembla avoir trouvé une sainte relique.
La raison aurait du lui souffler de se maintenir sur un terrain stable et ne pas chercher à atteindre ce cadavre, que s'il était mort, c'était probablement en tombant et qu'elle risquait fortement le même sort... Mais la raison avait déserté cet esprit depuis longtemps et ce fut plus souple et agile qu'il n'y paraissait qu'elle descendit après avoir trouvé un endroit sûr pour débuter son chemin.
Elle manqua de chuter à plusieurs reprises, arrachant quelques frissons à Charlotte qui avait fidèlement suivi ses pas. Elle aurait cru qu'après avoir autant grandi et grossi suite à son évolution, le félin peinerait à retrouver ses marques mais la Chaffreuse était tout aussi habile que par le passé. Ainsi donc, elles atteignirent le sol sans plus de casse que quelques égratignures et des mains rougies par l'effort.
Prudemment, méfiante, elle s'était alors ramassée sur elle même, mimant les attitudes d'une bête sauvage pour s'approcher du corps. Il était mort, à n'en point douter, et pourtant, elle se tenait tout de même sur ses gardes. Lorsqu'elle saisit le manche de la présumée lance, elle le fit en maintenant une distance raisonnable avec le cadavre et finit par se servir de la pointe le retourner et vérifier ses dires. … Il était mort, bel et bien.
Alors elle s'était éloigné pour étudier cette nouvelle arme. Le manche était en bon état, pas la lame mais un sourire étira ses lèvres pourpres. Le hasard faisait bien les choses. Ainsi, alors qu'elle retira les restes de sa propre arme de sa ceinture pour réparer la lance trouvée, un premier bruit attira son attention. Si elle avait sursauté prête à bondir, il ne s'agissait que de Grimm qui voletait vers elle avec curiosité. La bête s'était posée non loin d'elle pour observer son œuvre, de même que Charlotte qui lançait de paresseux regards ci et là – sans doute aurait-elle préféré continuer à profiter du confort de la civilisation –. Puis, lorsque le deuxième bruit retentit – un craquement caractéristique –, son corps manqua un battement, ses cheveux se hérissèrent sur sa nuque et elle se ramassa sur elle même, prête à sauter à la gorge de n'importe qui osant s'approcher d'elle, humain, ou monstre.
Lotty dans son dos, Grimm au dessus, ils avaient formé un genre de cercle de surveillance afin de pouvoir observer le plus de zone.

-Qui va là ?!

Ce n'était pas dans ses habitudes de héler une probable menace, mais s'il s'agissait d'un humain, autant lui faire comprendre directement qu'elle le savait présent.

Pluies, vents et brouillards martelaient depuis quelques jours les sommets de Kii. Des intempéries qui, bien que fraîches et agréables, handicapaient grandement l'élu Solaire pour chasser. Ces miséricordes météorologiques bénéficiaient d'une telle puissance que même la présence du soleil vert ne suffisait point à les dissiper. Mais trêve de mysticisme et autres croyances, les faits s'avéraient toujours plus importants et réels.

Afin de pallier à ces intempéries, car même un sauvage n'aimait guère être trempé toute la journée puis asmaté par de violentes bourrasques, Akitora trouva refuge temporaire dans une petite cavité rocheuse. Trop petite pour être appelée grotte et trop grande pour être nommée tanière, le trou convenait parfaitement à une paire d'êtres vivants et un feu. Suite à une traque pénible et longue, pluie et vent faussant odeurs et perceptions, le Géant Vert et son Canin Solaire prirent leur en-cas dans leur hutte de pierre. De la volaille, clouée pour une raison obscure. Le rot d'après-repas sorti, l'Etranger commençait à réfléchir à la suite de ses péripéties. Les plateaux faisaient d'excellents terrains de chasse pour qui y était habitué, mais l'endroit commençait à le lasser. Pourquoi ne pas se laisser tenter par ces eaux fumantes en haut des montagnes, il avait trouvé une affichette à ce sujet, dont il comprenait le dessin, mais pas les mots. Ou encore par ces endroits qu'on voyait très loin, lorsqu'on grimpait assez haut le pic.

Les cordes aquatiques semblaient apaisées et tombaient plus lentement. Le moment idéal pour bouger. Saisissant sa fidèle lame, l'Elu Solaire sorti avec prudence et précaution de son trou, suivi de prés par sa fidèle Equinoxe. Comme le hasard faisait si bien les choses (je ne m'appelle pas Hasard), notre tête verte vit une silhouette au loin. Parfait, il avait besoin de quelqu'un pour lire son affiche. L'idée en tête, Akitora s'avança sans gêne et sans trop de discrétion vers cette forme sombre. Désormais assez proche pour distinguer une femme aux cheveux d’ébène et à la peau couleur bouleau, le colosse enfonça une main dans une poche. La femme ne semblait guère sereine, mais ça, Akitora s'en fichait bien. Après tout, il demandait juste une lectrice, pas une camarade. Les pokémons autour de la clair-obscure semblaient en formation. Par ailleurs, l'arme entre les mains de la femme laissait présager qu'elle pouvait être dangereuse. Akitora, loin d'être dupe, restait sur ses gardes. Il décida même de répondre à la lancière qui, si elle mourrait, ne pourrait plus lire. Son affichette dans une main, son arme dans l'autre, l'Elu posa ses yeux dans ceux de la bonne femme avant de parler, tout en tendant un bras, dévoilant une main où pendait le prospectus concernant les sources chaudes :

-Je suis l'Elu Solaire, femme. Si tu sais lire, lis ce qui est écrit sur ce...

Il marqua une pause. Le mot qu'il cherchait, c'était "tract", mais il ne s'en souvenait plus. Ainsi, après à peine trois secondes à hésiter, l'auto-nommé Elu conclut sa demande, qui, je l'admets, ressemblait plus à un ordre qu'à une demande, mais il s'agissait d'une demande, dans sa tête.

-papier.

Equinoxe apparut d'ailleurs au moment exact où Akitora dit "Elu Solaire". Elle vint s'asseoir devant son camarade. Elle scrutait et sondait le groupe d'en face. Une troisième invitée tenait à s'inviter à la lecture. Des gouttes commençaient à glisser le long de la main d'Akitora et sa feuille à lire volait dans tous les sens, secouée par le vent qui se levait.

Un émergea dans son champs de vision. La première chose qu'elle remarqua fut sa taille, la deuxième, qu'il portait une arme. Elle se tendit d'autant plus mais garda ses positions, le regard fauve oscillant entre la lame qui reposait nonchalamment sur l'épaule du géant et le papier que ce dernier lui tendait.
Il se présenta alors comme 'l'Elu Solaire' – titre qui ne lui arracha une moue relativement perplexe – alors qu'un Médhyéna aux teintes dorées se positionnait devant lui. Elle aurait pu lui adresser un regard empli de jugement mais...

Qui te dit qu'il n'est pas lui même l'élu un petit démon qui le guide et le conseille... Comme pour toi~

Thymos avait presque chantonné ses mots alors qu'il semblait désigner sur l'épaule de l'étranger quelque chose. Elle fronça les sourcils, incapable d'y voir quoique ce soit et elle devina une moue déçue sur le visage du démon alors qu'il s'évanouissait dans la nature. Ca ne l'empêcha pas de laisser traîner derrière lui un long ricanement qui la fit grimacer alors que son regard se posa finalement sur la feuille que lui tendant l'homme.
Il lui était impossible de comprendre ce qu'il y était écrit de là où elle se tenait. Le vent qui soufflait que la scène remuait de trop le tract, rendant sa lecture impossible. Un instant, elle garda le silence. Ses yeux d'ambre se posaient tour à tour sur ceux de l'étranger, sur son arme puis sur le papier. Si elle approchait, en profiterait-il pour lui fracasser le crâne ? Un léger feulement lui remonta le long de la gorge. Charlotte avait hérissé le poil en apercevant l'autre créature mais n'avait tenté aucun geste agressif. Grimm en revanche semblait plus détendu... Cela ne l'apaisa pas.

Pour autant, la proximité avec la civilisation lui avait rappelé que pas tous ses semblables n'étaient disposés à souhaiter sa mort. Alors, si ce fut toujours méfiante qu'elle se rapprocha, elle le fit tout de même sans le lâcher des yeux. Vive, elle avait peut être abaissé son arme mais c'était pour récupérer d'un geste sec le tract entre ses mains et reculer à la même vitesse à une distance qui lui semblait autrement plus raisonnable.
Pendant que ses yeux d'or parcouraient la feuille, Charlotte se posta devant elle, le regard hautain caractéristique de son espèce. Rapidement, le sourcil de la vagabonde s'arqua. Une certaine curiosité l'avait poussé à vouloir lire le tract qu'on lui tendait, mais lorsqu'elle comprit ce qu'il y avait écrit dessus, une certaine déception lui fit pincer les lèvres.

« Ce n'est qu'un avertissement. » siffla t-elle comme s'il ne s'agissait de pas grand chose. « Pour aller aux sources chaudes.. » rajouta t-elle, consciente que s'il lui avait demandé de lire, c'est qu'il n'en savait pas plus. « Il peut y avoir des monstres sauvages et des éboulements. » conclut-elle en plantant son regard fauve dans celui du géant.

Peu loquace, elle ne jugea pas particulièrement utile de raconter ce qu'elle même y avait trouvé à sa dernière visite. Et toujours méfiante, elle ne se rapprocha pas pour lui rendre son papier. De toute manière, il ne savait pas lire. Elle attendait simplement qu'il s'en aille désormais, n'avait-il pas eu ce qu'il voulait après tout ?

Le vent continuait à s'abattre, Akitora le sentait dans son dos. Mais peu lui importait. Le regard fixé sur la bonne femme à la lance, le colosse attendait sa réponse. Sans plus de mots, elle vint arracher le tract, la feuille s'évada hors de la prise du géant vert. Elle comptait donc lire pour lui, bien. Les yeux toujours posés sur sa conteuse, sourcils froncés, le géant patientait, pressé de connaître ce qui était inscrit sur ce papier.

Il comptait, cette fois-ci, écouter ce qu'on allait lui dire. Les esgourdes ouvertes, les mots s'y incrustèrent et vinrent se graver dans sa mémoire. Rien de bien intéressant, voilà que notre brave Akitora était déçu. Il soupira, avant de déclarer, plus pour Equinoxe que pour celle qui venait de lire :

-Ah. Bah, c'est pas quelques rochers et quelques bestioles qui vont nous empêcher d'aller faire trempette.


Il se tourna, désormais prêt à gravir monts et pics pour atteindre son but puis il se souvint. On venait de l'aider et quand quelqu'un aidait, il fallait le remercier. Pensif, le géant vert fit le tour de ses souvenirs, mais rien de ce qu'il trouva dans sa mémoire ne faisait bonne monnaie d'échange pour la lecture. Voilà qui s'avérait délicat.

-J'ai rien sur moi à échanger contre ton service. Tu veux v'nir aux sources avec nous ? Si on tombe sur une bête, j'peux la tuer et la dépecer pour toi, ou t'filer quelques plantes qu'on trouvera l'chemin. J't'aurais bien proposé de t'escorter, mais t'es pas une faible, t'en as pas besoin.

Il soupira à nouveau avant de reprendre :

-A moins qu't'aies besoin d'un service ? Si ce n'est pas pour un truc chiant, j'peux être utile. En tant qu'élu, j'ai de nombreuses qualités.

Après toutes les interactions qu'il fit en Hasterion, c'était la première fois qu'Akitora manquait de monnaie d'échange pour un service. Il se fichait bien des coutumes et de la politesse, mais à moins que cette brave ne lui dise clairement qu'elle lui offrait la lecture, notre Elu Solaire comptait bien rembourser sa dette, c'était inscrit dans son code moral et c'est ainsi qu'avaient toujours fait les siens. Enfin, dans sa tribu, chacun aidait l'autre car le fonctionnement du groupe nécessitait cette entraide. Mais ils possédaient ici ces étranges ronds en métal jaune qu'ils appelaient "Or" ou "Monnaie", ainsi, chaque échange avait tendance à se faire par ce biais et non pas contre une autre ressource, bien que le troc n'eut pas été rare puisqu'Akitora trouva à rembourser ses dettes sans débourser la moindre pièce.

Il s'était détourné après une réplique, lui offrant son dos vulnérable. Ce simple geste avait suffit à plus ou moins détendre la vagabonde. Non seulement il signifiait qu'il ne comptait pas l'affronter, mais également qu'il s'en allait. Elle froissa donc le papier entre ses mains nerveuses avant de le jeter nonchalamment sur le cadavre qu'elle venait de dépouiller.
Elle aurait pu à son tour se détourner de l'étranger et reprendre son chemin. Elle aurait pu partir s'entraîner, chasser ou peut être retrouver Byakuren... En réalité, la proximité avec la civilisation la perturbait. Sans être très hospitaliers, les habitants du village caché n'étaient pas des monstres et si des regards méfiants se posaient sur elle, elle ne s'était jamais autant senti en sécurité. Ironique alors qu'elle s'attendait tout de même qu'on en vienne à la chasser un jour...
Pourtant, le géant s'était arrêté, figeant par la même occasion les mouvements d'Hécate. Thymos ricana derrière elle, sifflant que peut être, sûrement même, il voulait autre chose d'elle. Nerveuse, farouche, elle avait à nouveau enserré son arme de ses mains, prête à se défendre s'il le fallait. Mais il ne le fallait pas et l'étranger c'était adressé à elle avec un flegme à en faire pâlir un Monaflemit. Cette apparente tranquillité n'apaisa pourtant en rien Hécate qui accrochait son regard aux gestes du titan plutôt qu'à ses yeux – comme devrait le faire une personne civilisée –.
Alors il lui proposa de la rembourser et ce fut une expression sincèrement surprise qui accueillit la déclaration. Etait-il sérieux ? Elle reprit rapidement le sien et tenta de comprendre s'il se jouait d'elle ou pas. Mais il continua, arguant qu'il pouvait chasser pour elle, l'accompagner jusqu'aux sources chaudes ou même cueillir des plantes. Elle retroussa le nez, perplexe mais clairement non intéressée par les services qu'il pouvait offrir.
En réalité, elle ne se serait jamais attendu qu'on se propose de lui repayer un service rendu. Pour être honnête, elle ne se serait pas non plus attendu à ce qu'on lui demande un service en premier lieu. Alors la proposition la pris évidemment de court. Et parce qu'elle n'avait plus l'habitude de parler aux gens, elle laissa un instant de silence flotter entre eux avant de froncer les sourcils, plus fauve que jamais.

« Il n'y a qu'une chose qui m'intéresse : purifier Scémède de la gangrène qui la ronge ! Elu ou pas, si tu n'es pas capable de m'aider dans ce but, tu ne m'intéresses pas ! »

Thymos avait accueillit la tirade d'un applaudissement aussi ironique d'admiratif. Hécate était en ces lieux pour réclamer l'aide du Général de Kii afin d'évincer la pourriture qui souillait sa terre natale, elle avançait enfin dans la mission qu'elle s'était donné.

C'était émouvant quelque part.

Elle se tut et réfléchit longuement. Ca n'augurait rien de bien positif, cela signifiait sans doutes qu'elle avait une myriade de services à quémander à Akitora. Bien que loyal à son code, si la demande excédait ce qu'il venait d'offrir, il refuserait, il n'était point un sot qu'on pouvait rouler si facilement après tout.

Finalement, sa réponse vint contredire ce que venait de penser le Tigre. Une seule ambition, c'était ça ? La purification... Un mot bien vague qui semblait employer pour diverses choses. Dans tous les cas, le ton de cette femme laissait plutôt pensé à une purification plutôt féroce. Féroce, pour ne pas dire violent car Akitora, bien qu'étranger, n'était pas dupe quant à l'emploi de mot si fort que ça. S'il fallait se battre, peu importait l'équivalence du service, ça lui permettrait de rencontrer des adversaires et de parfaire sa technique.

-Bien sûr que je suis l'Elu. Mais tu as raison, peu importe mon statut, je te parle en tant qu'homme qui te doit un service et celui que tu me demandes me semble acceptable.

Il marqua une pause avant de reprendre, incapable de cacher ses véritables intentions:

-Enfin, tu es clairement gagnante mais ne va pas croire que tu m'as roulé. C'est juste que j'adore combattre et si en plus la cause est juste, je ne peux qu'accepter. Explique moi les détails, Femme.

Cause juste, c'est ce qu'il pensait, sincèrement. Pour lui la purification consistait à éliminer le mal au nom du Juste. Sans entrer dans des débats concernant Bien, Mal ou encore Justice, le Tigre se disait qu'une femme avec tant de détermination dans le verbe devait sûrement combattre au nom d'un idéal qu'elle considérait comme juste. Il ne comptait, de toutes façons, pas aller contre ses propres valeurs au profit de celles de la femme sombre. Le regard plein de conviction et le cœur plein de volonté, Akitora fixa sa collègue de purification. Nous reprendrons Scémède.

-Au fait, c'est quoi la gangrène ?

Un rugissement s’éleva puis un nouveau personnage s'invita au tableau. Un petit quadrupède aux teintes acajou. Zenith, le second camarade d'Akitora venait de revenir de sa ronde d'explorations. Il se roula devant son maître avant de venir lui mordiller les chevilles. Equinoxe bondit sur l'acajou et vint le mordiller, à son tour, au niveau du cou. Les deux camarades du Tigre Solaire roulèrent ainsi et se battaient gentiment, ne prêtant plus guère attention aux affaires d'Akitora et de l'Etrangère.

Si elle avait du être totalement honnête, Hécate aurait assuré que l'homme en face d'elle comprendrait sa réponse comme une conclusion à ce court échange. Et pourtant l'élu – comme il aimait se désigner – accepta une requête qu'elle n'avait pas formulé. Arquant un sourcil critique, toujours méfiante mais soudainement plus curieuse, elle darda sur lui un regard qui semblait le jauger. Etait-il sérieux dans ce qu'il racontait ?
Il arguait qu'il la savait gagnante dans cet échange mais qu'elle ne l'avait en aucun cas escroqué et la remarque la fit plisser des yeux. Etait-il stupide ? Elle ne lui avait rien demandé, convaincue qu'il ne lui serait d'aucune utilité. Pour autant... Il lui fallait bien admettre que la quête qu'elle s'était fixée était ardue, trop pour une seule femme. Alors au regard empli de convictions et d'optimisme que lui adressa le géant, elle répondit par un air toujours méfiant mais probablement plus enclin au dialogue. Sa position semblait s'être détendue et si elle se tenait prête à agir ou réagir, elle n'était clairement plus sur le point de lui sauter à la gorge... Du moins jusqu'à ce qu'il lui pose une nouvelle question et qu'un rugissement le précède.
Elle avait sursauté, soudainement en alerte comme si la Garde scémédoise était à ses trousses. L'arme relevée, Charlotte avait accueilli le nouveau venu d'un feulement surpris alors que Grimm observait bien trop tranquillement la scène. Il n'y avait pas de réelle menace et si Hécate avait brandi son arme prête à l'abattre sur quiconque oserait s'approcher, elle avait du à nouveau la redescendre en le constatant. Pour autant, son cœur battait désormais à vive allure car cela faisait bien trop longtemps que l'on n'avait pas réussi à la surprendre de la sorte. Le ricanement accusateur de Thymos lui parvint et aiguisa un regard critique et sévère que l'étranger.
Que disait-il déjà ? Ah oui !

« C'est la pourriture qui souille Scémède ! » cracha-t-elle avec une soudaine véhémence. La colère qui transpirait de sa voix ne portait pas à confusion. « Tu veux savoir, soit ! Ecoute bien... »
Et ainsi débuta-t-elle son récit sous le rythme d'une langue acérée. Elle fut brève et concise, évoquant sans le savoir des éléments que l'inconnu ne pouvait pas connaître s'il n'était pas originaire de ces terres. Ainsi donc expliqua-t-elle la présence du Dragon élu d'Arceus désormais disparu et de l'abus de pouvoir de la noblesse scémédoise. Et surtout, son fiel se déversa sur la présence de la famille des Caneglis qu'elle qualifia sans retenue d'assassins et de traîtres à leurs terres natales. Elle ne tarit pas de détails sur leurs vices et sur l'égoïsme qui teintait chacune de leurs décisions. Eux et leur monstrueuse Cour devait périr, telle fut sa conclusion.
Bien sûre, elle n'évoqua en revanche aucune partie de sa propre histoire. Son passé ne regardait qu'elle et lorsqu'elle s'était convaincue qu'elle répondait à une mission presque divine, elle ne pouvait pas admettre que si elle était restée fille aisée, elle ne l'aurait pas fait.

« Voilà, Etranger, tu sais tout. Libre à toi de te battre pour cette cause-ci. »

Ses mots résonnèrent sèchement, elle n'avait décidément plus l'habitude de parler et d'enrober ses paroles de jolies tournures.

Se battre en l'honneur d'un dragon, ou quelque chose comme ça, sonnait comme une idée plaisante aux oreilles d'Akitora. Enfin, le simple fait de se battre l'était, pour lui, mais il connaissait les mythes sur les dragons. Ceux de chez lui, du moins, car il ne doutait pas qu'ici ils fussent différents. Outre cela, le discours de la femme fit comprendre à Akitora que cette dame agissait avec une trinité de guides: la Colère, la Haine ainsi que la Rancune. Restait-il une once de rationalité dans cette âme ? Il n'en avait aucune idée mais peu importait, il était grand et il saurait se débrouiller si tout cela tournait mal.

L'ennemi en tête de liste était donc la famille Canegli, que notre géant se décida à appeler "Canegouli". Il avait bien entendu le nom et savait parfaitement le répéter mais il refusait de le dire correctement. Si ces nobles s'avéraient tous être comme ceux qu'il croisa par le passé, aucun doute qu'écorcher leur si précieux nom suffirait à les mettre en colère.

-Je vois. Les traîtres sont le fléau de ce monde. J'accepte de me battre à tes côtés pour défaire ces Canégoulis au nom du Dragon Disparu.

Akitora était d'accord pour rendre un service en retour et surtout pour se battre, seulement, de quoi était capable cette femme ? Elle semblait apte à manier la lance, ou du moins, c'est ce qu'avait laissé penser sa posture et ses gestes de plus tôt mais quel était son niveau ? Serait-ce suffisant pour éliminer la pourriture qui souille Scémède" ?

-Qu'as-tu déjà fait pour éliminer la pourriture ? As-tu un plan précis ? Et de quoi es-tu capable ?

Il la défiait, en quelques sortes, grâce à ces mots. Il voulait voir dans quel état d'esprit se trouvait cette femme, jusqu'à où allaient sa colère et sa détermination et si elle était apte à agir au niveau de ses mots. De plus, il valait mieux s'informer, partir en guerre à deux ne relevait pas de la meilleure idée, même Akitora le concevait, alors s'il était seul ou qu'ils partaient sans aucun plan, ils n'auraient que peu de chance de remporter une victoire.

Concentré sur la femme, attendant sa réponse, Akitora la scruta de haut en bas, puis de bas en haut. Son regard termina son trajet en venant se caler dans celui de cette sombre femme et Akitora termina:

-Au fait, tant que j'y pense, tu veux être ma Lune ?

Il avait accepté. Dire qu'elle s'y attendait eut été mensonge et son expression témoigna de la surprise qui l'avait étreinte l'espace d'une seconde. Bien que ses expressions – outre celles de rage – restaient généralement sobre, ses yeux s'étaient bel et bien écarquillés en entendant le nom des Caneglis ainsi écorché. Et puis, elle avait sourit. Un sourire discret, mais bel et bien amusé d'une telle offense. Elle ignorait s'il l'avait fait exprès ou s'il était simplement incapable de prononcer correctement le nom mais peu lui importait.
Pour autant, l'adoucissement de ses traits ne dura pas longtemps et elle reprit son sérieux rapidement lorsqu'elle l'entendit la questionner. Si l'étranger ne semblait pas avoir totalement compris les tenants et aboutissants de sa mission, et qu'il avait probablement accepté trop vite de l'aider, il n'était finalement pas aussi stupide que ça. Les questions qu'il lui posa étaient légitimes et elle prit donc un temps pour organiser sa réponse.

« Seule, je n'ai aucune chance... Je compte rallier les deux autres Seigneurs d'Hastérion. » articula-t-elle sobrement. « C'est la raison de ma présence ici : le Général de Kii est un grand guerrier et également un élu de Dragon. »
Elle savait son plan assez périlleux mais elle se devait d'essayer. Et puis, Hastérion tout entier était sous la garde d'Arceus et du Faiseur de Paix. Si la gangrène touchait une région, elle finirait par contaminer les autres, c'était le devoir des deux autres Seigneurs d'agir et de l'arrêter ! De ça, elle était convaincue.
Puis elle planta son regard de braise dans celui de l'étranger.

« Quant à moi... Je ne sais ce que 'devenir ta Lune' signifie mais... » elle resserra sa prise sur sa lance, l'air féroce et déterminé « Si je dois me battre pour prouver ma valeur, je n'hésiterai pas ! »
Les dents serrées, l'expression fermée, elle s'était instinctivement mis en position défensive. Ce n'étais pas dans ses habitudes de charger bêtement un adversaire dont elle ne savait rien mais elle était assurément prête pour un duel.

"Femelle à la lance veut se battre". Ce furent les primaires pensées d'Akitora qui, sans même y réfléchir, bascula une majeure partie de son poids sur sa jambe arrière, la droite, prêt à bondir ou à encaisser un assaut. Il attrapa sa lame et fixa la sombre assaillante. Sans décrocher son regard de son adversaire, le géant vert libéra une de ses mains pour venir faire une succession de signe de doigts, destinés à Medhyena. Il s'agissait de leur code. Akitora venait d'intimer à sa partenaire dorée de ne pas intervenir, sauf si un pokémon adversaire s'inrustait dans le duel. Il lui demande aussi de surveiller les alentours et de le prévenir si quelqu'un, humain ou pokémon, approchait.

-Tu marques des points en tant que Lune. Mais je ne puis refuser ton offre, battons nous ! Je t'expliquerais ce que c'est après. Si t'es encore vivante.

Sans plus de broderie, le titan vert fonça d'une puissante et vive impulsion qui fit s'envoler quelques brins d'herbe derrière lui. L'arme en main droite prête à s'abattre, Akitora se figea à quelques centimètres de la furie à lance avant d'inverser sa position et de passer son arme en main gauche. Il fléchit les jambes, adoptant une posture presque animale, avant d'envoyer une attaque montante destinée au foie de la lancière. Si l'épée de l'Elu avait possédé un pommeau, il aurait s'agit d'un coup de pommeau, or cette lame bâtarde n'en possédait aucun.

Akitora aurait aimé d'avantage de détails concernant ces "seigneurs" ou encore ces "Elus de dragon" ou ces dragons tout court, mais il n'avait pas su résister à la demande en duel et s'était emporté. Trop tard pour le raisonner, maintenant qu'il était pris dans son combat.

Quelque chose avait changé, elle le remarqua dès qu’elle eut finit sa phrase : ils s’étaient tous deux tendus, crispés, prêts à bondir au moindre assaut. Les regards s’étaient durcis et l’élu solaire – comme il se désignait lui-même – acceptait sa proposition de duel. Pour être tout à fait honnête, elle s’en serait passée. Elle n’était pas totalement remise de ses précédents voyages et combats mais… Elle ne pouvait se permettre de se montrer faible  ou d’émettre des réserves sur sa motivation, jamais. Alors lorsqu’il fonça sur elle, elle se crispa, fléchissant les jambes et ne réagissant pas directement pour ne pas donner d’indication sur sa prochaine action.

Bien lui en pris. Le titan menaçait d’abattre sa lame sur elle mais au dernier instant, il changea d’angle d’attaque. Il était rapide, bien plus que sa masse ne le laissait deviner, mais elle l’était tout autant. Non, plus. Elle ne pouvait se laisser dépasser ou elle en mourrait. Ainsi, alors qu’il menaçait de lui briser les côtes d’un coup de manche, elle plongea sur le côté, vive comme l’éclair. Reculer serait s’acculer, son avantage résidait dans sa capacité à se mouvoir et sa lance n’était qu’inutile dans un combat à courte distance.

Alors elle roula sur le côté, soulevant dans son geste poussière et brin d’herbes. Elle n’attendit pas pour se relever et effectuer quelques bonds en arrière. Ce fut que lorsqu’un feulement furieux résonna qu’elle se laissa distraire un bref instant. « N’interviens pas ! » Rugit-elle à l’égard de Charlotte qui avait gonflé son poil, prête à envoyer une décharge électrique. Cependant, l’ordre avait désamorcé son attaque, et si bien elle était confuse, elle recula à contre-cœur alors qu’Hécate armait sa lance.
Raffermissant sa prise, elle n’eut aucune pudeur à lancer sa propre offensive. Rester passive ou sur la défensive ne lui avait jamais apporté rien de bon, il valait toujours mieux mener la danse et instaurer son propre rythme. Elle attaquait dans cette optique, avançant prudemment, laissant la lame de sa lance pointer vers le sol sans donner plus d’indications sur sa prochaine attaque, se tenant également prête à parer et dévier un probable coup. Et lorsqu’elle se sentit assez proche, elle se fendit dans un coup d’estoc vers l’épaule du géant. Elle devait le désarmer, l’arme qu’il maniait était bien trop grande et bien trop dangereuse pour qu’elle ne tente pas de réduire son champ d’action.

Vive, elle parvint à se défaire du premier assaut du tigre sans trop de soucis. Elle savait se défendre, parfait. C'était prévisible, les gens du coin savaient otus, plus ou moins, combattre et les yeux de cette sombre lune n'avaient affiché aucune hésitation ni aucune crainte face à Akitora. De plus, c'est elle qui l'avait défié.

Ses yeux perçants suivaient sa proie par instinct. Prêt à initier une nouvelle attaque contre la lancière, le colosse enfonça son pied dans le sol herbeux qui se déformait sous son poids, les muscles tendus, il se préparait à bondir mais son adversaire se déconcentra quelques instants afin d'ordonner à son pokémon de ne pas intervenir. Akitora retint sa charge et éjecta quelques brins d'herbes qui traînaient sous ses pieds. Le géant vert ne s'attendait pas spécialement à un combat loyal mais il se trouva forcé d'admettre que les réactions de la sombrette lui plaisaient, elle remplissait de plus en plus ses critères. Akitora pensa à signifier à Equinoxe de garder un oeil sur le sale matou de la lancière mais il n'eut pas le temps d'effectuer ses fameux signes composant le code qu'il avait créée avec sa boule dorée.

La lance fila droit vers lui, cette arme allait s'avérer pénible s'il ne faisait rien et qu'il laissait l'adversaire prendre ses distances, il opta donc pour une stratégie pour le moins incongrue. Akitora fit passer sa lame de l'autre côté et il vint obstruer la trajectoire de la lance de son avant bras. Un filet de sang s'échappa et le picotement qu'il ressenti fut le signal pour son mouvement. Agilement, le colosse se décala sur le côté ouvert, celui opposé au côté d'appui, de la lancière, il tira sur le morceau de bois terminé par une lame de son côté saignant afin d'attirer l'adversaire à lui et il envoya sa jambe droit vers les côtes de l'adversaire.

Akitora reprit ensuite sa posture. Dans un moment de répit, il vint poser son imposante lame sur son épaule puis fit plusieurs signes à l'égard d'Equinoxe de sa main libre. "Surveillez le gros matou" indiquait-il à la dorée et au lionceau. Il profita de cet instant puis prendre la parole:

-Il faut admettre que tu as de la valeur, Femme. Refuser l'aide de ton chaton pour honorer la tradition du duel, tout le monde ne l'aurait pas fait.

Akitora posa ses orbes oculaires dans ceux de la lancière, concentré et prêt à réagir au moindre de ses mouvements.

Dire qu'elle fut surprise eut été un euphémisme. Lors de ses combats, elle avait pris l'habitude d'adversaires tentant de l'éviter, ou de parer ses attaques. Le colosse n'avait rien fait de cela et s'était volontairement jeter sur la lame de son arme. Désarçonnée – elle n'était pas assez sotte pour penser qu'il avait été stupide au point de sacrifier son avant bras sans un autre plan derrière – elle ne comprit que trop tard la manœuvre qu'il avait entrepris. Il avait saisit le manche de sa lance et alors qu'il la tirait abruptement vers lui, son sang se glaça.
Devait-elle lâcher, se priver d'une arme assez longue pour se maintenir à distance ? Résister pour contre-attaquer par la suite ? Elle n'eut pas le temps d'y réfléchir d'avantage et s'était simplement cramponné au bois qu'elle tenait en main par pur instinct.  Peut être son réflexe fut stupide, assurément lorsqu'un violent coup lui coupa le souffle.

Elle était frêle, Hécate, comparé au géant qui lui faisait face. Et l'élu solaire ne plaisantait pas. Alors qu'elle roula au sol à quelques mètres de lui après un tel impact, tout chez elle hurla au danger. Si les prémices de l'échange auraient pu donner l'impression d'un duel amical, d'un simple combat pour se jauger, il n'en était rien. Pourtant, elle était là, au sol, usant de toute sa volonté pour se redresser alors que son souffle ne revenait pas.
Elle toussait et crachait, maudissant le rire moqueur de Thymos qui résonnait tout autour d'elle, maudissant ce foutu élu qui la faisait trois fois et maudissant son corps trop petit, pas assez prompt à se rétablir.
Pour autant, elle s'était redressée, le feu dans les prunelles alors qu'elle foudroyait du regard. Si elle en avait eu le loisir, elle aurait feulé, mais la douleur qui lui vrillait l'abdomen ne le lui permettait pas. Il disait reconnaître sa valeur, elle s'en moquait et cracha au sol. Ce n'était pas pour l'impressionner qu'elle avait retenu Charlotte, mais par pur orgueil. Il fallait croire que ses racines nobles n'avaient pas totalement disparues finalement. Cette fierté lui hurlait de se défaire de cet adversaire seule, que si elle y parvenait, alors le Général de Kii ne serait qu'un combat aisé.
Elle ne regretta pas sa décision, seule une fureur sourde résonnait en elle. Cette même colère qui l'avait gardé en vie, cette même rage qui soutenait chacun de ses pas.

Elle n'avait pas tardé avant de se remettre en garde, se questionnant si le colosse faisait preuve des valeurs dont il parlait en lui laissant le temps de reprendre son souffle, ou s'il avait simplement pitié. Elle se crispa. La pitié était une erreur, si c'était réellement le cas, cela jouerait à son avantage.
Pourtant, cette fois-ci, ce ne fut pas elle qui passa à l'attaque en première. Elle n'était pas particulièrement enjouée à l'idée de subir le même revers que précédemment et se contenta d'esquisser quelques pas autour de l'homme. Cherchait-elle une ouverture ? Probablement, mais sans grande conviction. L'élu semblait bien plus entraîné que les gardes auxquels elle avait échappé...

Attention !

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Une Ursaring Normale ♀ ------- Une Rapasdepic Normale ♀

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-  
Une Fouinette Normale ♀ Une Nirondelle Normale ♀

Un Ramboum Normal ♂

Attirés par les bruits de la bagarre naissante, ces monstres semblent visiblement remontés eux aussi. Est-ce à cause de l'agitation d'Hécate et d'Akitora ? Ou étaient-ils déjà dans cet état avant d'apparaître ? Dans tous les cas, l'excitation semble clairement briller dans leurs yeux et le conflit est inévitable.

D'autres approchaient des deux bélligérants. Son intuition validée, Akitora reconnut volontiers qu'il fut lucide de ne pas foncer sur son adversaire lorsqu'il eut l'occasion de l'achever. Se retrouver acculer face à un groupe de cinq ne l'aurait guère arrangé, même s'il aimait les défis.

Il leva vivement son arme et vint la poser sur son épaule. Se décalant légèrement, il fit un pas vers l'arrière afin d'élargir son champ de vision pour garder la lancière comme le quintet en vue. Le regard de la femme apparaissait mauvais, rien n'indiquait qu'elle ne tenterait rien contre lui, s'il se lançait à l'assaut. Avec prudence et habité d'une extrême concentration, le colosse solaire se déplaça. Pas à pas, avec vivacité et une certaine grâce féline malgré son gabarit, il parvint à se retrouver à l'opposé de la lancière, derrière le groupe de pokémons. Tous se jaugeaient.

Akitora retenait l'attention toute particulière de trois des nouveaux ennemis. La lancière désormais presque entièrement cachée par la troupe de pokémons devrait se débrouiller et leur duel s'écourter. Enfin, sauf si son égo la faisait directement attaquer l'élu solaire, faisant fi de toute logique et de tout espoir d'abattre ces ennemis.

La cible principale d'Akitora serait le plus imposant. Un Ursaring colérique. Un brin fanfaron, l'Etranger baissa son centre de gravité et vint tendre son bras gauche devant lui, comme s'il s'en servait afin de viser. Son autre bras fermement contracté afin de maintenir son imposante arme sur son épaule, le colosse inspira longuement. Il savait que son assaut serait le signal pour ses deux pokémons, restés à l'écart, qui bénéficieraient de l'effet de surprise.

Sa contraction se relâcha et son corps fusa droit vers l'ours. Il fit décoller la terre qui lui servit, un instant plus tôt, de support. Il tourna sur lui même et vint abattre son arme droit vers Ursaring. Les griffes du colosse encaissèrent le choc, plus ou moins. Certaines volérent en éclats et quelques gouttes sanguines s’écoulèrent des orifices désormais dénudés des pattes de l'ursidé. Il vociféra avec fureur. Il vint ensuite abattre ses rasoirs émoussés droit sur le colosse, de haut en bas. Akitora, dont l'élan l'avait grandement déséquilibré parvint à faire un bras vers l'arrière mais son épaule et son bras droit vinrent se faire marquer, eux aussi, de ce rouge caractéristique du sang humain. Toujours lucide malgré ce sourire malsain qui commençait à naître sur sa face, l'animal solaire fit un autre bond en arrière et vint arracher le côté droit de son haut, désormais lambeaux. Akitora fit passer sa lame à gauche puis il secoua son côté droit. Son bras ne finit pas au sol. Il semblait que tout était encore sensible et en place pour le moment. Les pattes de l'ours tremblaient. Fureur ou douleur ?

Equinoxe profita du vacarme engendré par son maître pour bondir, crocs dehors et à vive allure, droit sur l'aile du grand oiseau. La dorée commençait à être rodée aux combats face à des volants et elle savait qu'il fallait au plus vite s'occuper de ces ailes si pénibles. Même si les plumer et les cuire en faisait des délices, les affronter s'avérait relativement dangereux et peu agréable. Le Rapasdepic hurla de douleur et se débattit avec hargne et énérgie. Il savait que si son aile tombait, les cotes changeraient. L'oiseau y laissa quelques plumes et du sang mais il parvint à se défaire de l'étreinte canine. Son aile, cependant, ne semblait plus pleinement répondre à sa volonté. Revanchard et furieux, la bestiole vint planter son bec plusieurs fois sur Equinoxe. Sur le crâne d'abord puis au flanc. Submergée par cette becquée offensive, la dorée ne fut capable que de lancer ses pattes arrière vers l'arrière, décrochant au passage de la terre qui termina droit dans la face colérique de l'oiseau. Peu perturbé malgré ce nouvel handicap, l'adversaire battit avec virulence des ailes afin de provoquer des ondes venteuses ayant pour vocation de clouer Equinoxe sur place. Il profita ensuite du recul conféré par ces puissants mais Ô combien coûteux battements pour fondre sur la boule dorée, bec paré à percer. Dans un imposant effort, Equinoxe parvint à déjouer la trajectoire du bec mortel et à y survivre. Au lieu d'écoper d'une perforation du poumon, la bête parvint à gagner une belle qui lui traversait le museau. Elle sentait la peur qui commençait à la gagner. Son cœur accélérait et son instinct lui imposait de fuir. La peur de mourir, une crainte que n’avait jamais connu la bête avant.

S'enfuir était encore possible. Si elle choisissait cette méthode, l'oiseau pourrait ne pas la rattraper au vu de sa vue détériorée et de son aile amochée mais partir revenait à trahir Akitora et à perdre à tout jamais sa confiance et sa compagnie. La bête dorée baissa les oreilles à cette idée. Elle refusait cette idée. Il faudrait combattre encore, lutter contre son instinct pour rester proche de cet original solaire. Le corps crispé puis tétanisé, la bête ne parvenait plus à se mouvoir malgré toute sa bonne volonté. L'oiseau était en train de recouvrir des forces, suffisamment pour lancer un assaut fatal qui sonnerait comme le glas d'Equinoxe et comme le requiem de ce duel. Sa peur reprit le dessus mais ses membres ne purent pas pour autant plus bouger. Voyant son adversaire fondre sur elle, la bête ferma les yeux. Ses pensées se bousculèrent et ses globes visuels furent de nouveaux ouverts. Accepter la mort semblait plus digne que de la fuir. Ou peut-être qu'il s'agissait d'autre chose ?

Son cœur cessa de battre quelques microsecondes puis une énergie nouvelle jaillit en Equinoxe. Sans avoir le temps de réfléchir, ni même de comprendre, elle se retrouva sur le côté de l'oiseau, les crocs plantés dans son maigre cou. Il y eu comme un coup de foudre qui passa en elle puis elle retrouva ses esprits et vint rouvrir et refermer de nouveaux ses crocs à de multiples reprises sur le cou du cadavre. Elle le lança ensuite avec force et aisance avant de constater qu'elle semblait plus grande et plus puissante. Son regard se posa sur ses pattes avant d'abord puis sur sa queue. Elle comprit qu'elle venait d'être sauvé par une évolution. Elle comprit qu'elle devrait d'avantage s'entraîner si elle comptait survivre et ne plus vivre ce genre de peur viscérale.

Le bruit de la lame qui cogne contre des griffes cessa bien vite de siffler dans l'air. Le sol se teintait de rouge à mesure que défilaient les secondes. Difficile de lutter contre un furieux à l'épée une fois sans griffe.

Zénith menait son propre combat, moins difficile que celui de ses deux camarades, il se devait tout de même d'être concentré et performant. Trop fier pour perdre face à "une proie", le petit lion avait chargé en crachant du feu. La fouine, trop lente pour esquiver, s'était mise en boule et protégée avec sa queue afin de limiter les dégâts. Le petit lion, bien que peu expérimenté, savait s'il avait l'ascendant ou non. Multipliant les assauts et les attaques regards perçants, il sut ébranler la confiance de la Fouinette qui, malgré une certaine adoration et une expérience sûre pour frapper à l'aide de sa queue semblait peiner à toucher et étourdir ce fougueux prédateur. A mesure que les coups de griffes et de crocs ripostaient face aux coups de queue, Zénith gagna d'avantage de terrain sur Fouinette. Il conclut le combat en assommant la fouine d'une violent charge au niveau du ventre. La gueule pleine de flammes, le lionceau les crache dans le vide, voyant qu'il était inutile de s'acharner sur un adversaire hors combat.

La lame d'Akitora sortit de la panse de l'ours. Amoché et de toute part, la bête semblait prêtre à rendre son dernier souffle. D'un regard animal, Akitora et la bête se comprirent et c'est sans aucun remord que l'élu solaire vint mettre fin aux souffrances de son adversaire. Il retourna ensuite auprès de ses deux pokémons et vint s'adosser à un arbre, les yeux rivés vers la lancière.

Résumé:

Cependant, quelque chose perturba l'affrontement entre les deux sauvages. Quelque chose de taille. Un groupe de monstres avaient pénétrés la clairière, annoncés par les feulement furieux de Charlotte le cri perçant de Grimm.
Les regards qu'ils lançaient, Hécate les connaissait. Courroucés, pleins de défi, ils cherchaient l'affrontement, que ce soit pour défendre leur territoire ou par simple goût du combat, ils ne repartiraient pas de manière pacifique.

Alors la vagabonde se vit contrainte de rediriger sa furie ailleurs que sur l'élu solaire. Ce dernier s'était éloigné d'elle, probablement dans l'optique de maintenir tous ses opposants dans son champ de vision. Il n'était pas à blâmer et son initiative avait permis à l'attention des nouveaux arrivants de se diviser.
Et ainsi, sans autre avertissement, le colosse s'était lancé à l'assaut. Il avait choisi l'Ursaring – par orgueil peut être – et du coin de l'oeil, Hécate perçut que deux autres monstres s'étaient joints à l'assaut. Elle n'eut cependant pas le luxe de s'y attarder d'avantage. L'adrénaline habitait toujours ses muscles et malgré le choc précédent qui l'avait envoyé au tapis, elle n'était pas prête à se rendre. D'autant que pour ce combat, Charlotte savait qu'elle n'avait pas à être maintenu à l'écart.

Ainsi, et à la différence du géant, ce ne fut pas l'humaine qui lança le premier assaut mais la Chaffreuse qui avait bondit sur l'ennemi le plus proche pour l'assommer d'un habile coup de Bluff avant de se retrouver dans son dos. Hécate se saisit alors de l'opportunité pour poignarder le Ramboum à l'aide de sa lance. Mais le monstre avait la peau dure et si elle le toucha effectivement, la plaie n'était pas assez profonde pour être mortelle mais suffisamment douloureuse pour le sortir de son état de choc.
La riposte fut sans appel. Il hurla. Il hurla si fort qu'il balaya la jeune femme, la faisant lâcher son arme au passage. Tous les sens de la vagabonde semblèrent alors se mélanger tandis qu'elle roulait au sol. Elle tenta de se remettre debout, mais à peine avait-elle pris appui sur ses mains que le monde oscilla autour d'elle. Tout tournait et elle n'entendait plus réellement les bruits des affrontements autour. Sa vision aussi était troublée et malgré les hurlements d'alerte de Thymos, son corps ne la supporta plus et elle s'effondra.
La sensation était perturbante, toute la douleur qu'elle avait pu ressentir jusqu'à présent semblait concentrée au niveau de son crâne et de ses oreilles qu'elle masqua de ses mains par réflexe. Seul son regard brûlant de haine n'avait pas été effacé et ce, même si elle n'était plus réellement capable de vraiment voir le monstre qui l'avait mise dans cet état.
Heureusement, elle n'était pas seule dans cet affrontement, et si elle ne pouvait plus percevoir que les créatures qui l'accompagnaient avait pris sa défense, elle fut tout de même sauvée.

Dans le dos du Ramboum, Charlotte n'avait alors pas hésité un instant à le foudroyer pour l'empêcher de poursuivre sa tonitruante attaque contre son humaine. Elle, y avait échappé de justesse en ne se dressant pas face à lui – son ouïe fine l'aurait encore moins apprécié que celle d'Hécate –.
Son poil s'était donc ébouriffé, autant de par le contact de l'électricité qu'elle produisait que dans un réflexe pour se rendre plus imposante. Et alors que la décharge était relâchée, elle l'accompagna d'un miaulement grave et guttural, empli de menace et de colère. Ce ne fut pas suffisant pour mettre hors d'état de nuire le Ramboum, mais assez pour détourner son attention du corps d'Hécate au sol.
Il gronda alors, furieux et courroucé de s'être fait interrompre et, plus rapide que son corps disgracieux le laissait percevoir, il s'élança à l'assaut.

Peu désireuse de subir un sort bien funeste, Charlotte n'avait pas attendu de comprendre ce qu'il comptait faire pour se dégager de sa trajectoire. Rester en face de lui était dangereux s'il se remettait à hurler !
Leste sur ses pattes, elle s'était écartée de la charge du bestiau, cherchant toujours soigneusement à se trouver sur ses côtés ou, au mieux, dans son dos. Il n'était cependant plus aisé de le prendre ainsi par surprise alors qu'elle était désormais seule pour lui faire face. Ceci dit, il semblait que le Ramboum n'avait plus comme objectif de l'assourdir. Comprenait-il qu'elle était trop preste pour qu'il lui fasse subir le même sort qu'à son humaine aussi facilement ? Peu importait.
A la place, il la poursuivait, claquant ses monstrueuses mâchoires à quelques centimètres d'elle, se rapprochant toujours plus dangereusement d'elle à chaque fois. S'il arrivait à l'attraper... Elle serait broyée par ses dents trop plates. Mais c'était le risque à prendre pour que sa propre attaque ne soit un succès.

Lorsque Charlotte le sentit suffisamment proche, et alors qu'il venait une nouvelle fois de refermer la gueule trop près de son pelage, elle avait volte-face, le prenant de court. Vive, elle avait sorti ses griffes pour bondir sur le Ramboum et sans aucune pitié, elle visa ses yeux.
A nouveau, le sang vint rougir le sol de la clairière dans laquelle se déroulait les combats. Désormais borgne, le Ramboum avait hurlé – de douleur cette fois-ci –. Mais il avait la voix forte, trop forte, et ses yeux étaient trop éloignés l'un de l'autre. Perturbée par l'éclat de voix, Charlotte ne put que lui érafler le nez dans sa quête d'aveuglement avant qu'un violent coup ne lui soit assénée.
Elle fut alors projetée au sol sans aucun espoir d'y échapper ou même de pouvoir se relever assez vite pour s'échapper : le monstre la maintenant fermement et – malgré la douleur qui teintait son expression – il arborait un air insupportablement satisfait.

Charlotte feula de tout son être, furieuse d'être prise au piège de la sorte. Bien qu'affaiblie par le coup qu'elle avait reçu, et désormais incapable de se mouvoir à cause de la masse qui pesait sur elle,  elle ne se rendit tout de même pas. Son pelage fut à nouveau parcouru de légères étincelles, l'ébouriffant au passage, surprenant l'attention du Ramboum. Trop tard. Une nouvelle décharge électrique le foudroya, lui coupant le souffle, l'empêchant d'achever la Chaffreuse. Il émit une sorte d'étrange gargouillement, à la limite entre le gémissement et le cri de surprise mais n'eut cette fois-ci pas le temps de riposter : la lance d'Hécate avait cette fois-ci réussit à percer sa peau d'une meurtrière précision.

Elle avait vomit, elle avait lutté pour retrouver son équilibre. Tous les sens bouleversés mais en alerte, Hécate avait peiné à se redresser. Pourtant elle l'avait fait. On lui avait gagné du temps pour qu'elle puisse à peu près se remettre de l'attaque qui l'avait balayé comme un simple fétu de paille. C'en était rageant, mais sa vision avait finit par lui revenir clairement, et si un sifflement résonnait toujours entre ses oreilles, elle avait finalement réussi à se concentrer à nouveaux sur les combats.
Et lorsqu'elle fut en mesure de se mouvoir à nouveau correctement – plus mue par le désir de vengeance et la colère que par autre chose – elle avait à sa merci le dos parme du Ramboum qui l'avait mise dans cet état, qui menaçait désormais la vie de Charlotte.
Elle ne songea à aucune valeur, ni à aucun code de l'honneur lorsqu'elle le perça de son arme pour réduire sa menace à néant.

Quant à Grimm, il n'était pas en reste. S'il avait d'abord fait preuve d'un flegme légendaire à l'approche de l'élu solaire, son côté belliqueux avait directement refait surface en voyant une horde de monstres s'approcher. Et lorsqu'Hécate s'était retrouvée en position de faiblesse, il n'avait pas hésité un instant à la défendre d'un opposant qui avait attendu son heure pour attaquer.
Un Nirondelle avait foncé sur elle, et Grimm l'avait violemment percuté, profité de l'impact pour lui mordre l'aile jusqu'au sang. Les deux monstres volants s'étaient alors retrouvés face à face, à se jauger et se juger.

Blessé, le Nirondelle n'était pas directement reparti à l'assaut, préférant gonfler son plumage pour se rendre plus menaçant aux yeux de son opposant et se redonner de la force et du courage. Peut être la manœuvre fonctionna-t-elle car, aussi belliqueux fut-il, Grimm ne chargea pas directement non plus.
A l'inverse, il garda ses distances avant d'ouvrir la gueule et d'émettre un cri strident, un Ultrason qui désorienterait son ennemi. Il était pourtant difficile de crier avec précision et l'oiseau printanier ne sembla pas affecté par l'attaque car en un éclair, il avait foncé sur le monstre venu d'ailleurs. Heurté de plein fouet, Grimm sentit le bec du volatile s'enfoncer entre ses côtes, lui arrachant un couinement plaintif. Fort heureusement, les chaires ne furent pas déchirées mais ce fut à cet instant que la chauve-souris se rendit compte que son adversaire était bien plus rapide que lui.
Un instant, son petit cœur se mit à battre plus vite et la panique le fit battre des ailes frénétiquement, mais son instinct le fit réagir de la seule manière qu'il connaissait : la violence. Il aurait pu fuir, hurler, tenter de confondre à nouveau son ennemi – à  cette distance, il n'aurait pu le louper – mais au lieu de cela, sa panique se mua rapidement en rage. Rage de vaincre, de vivre ! Alors que le Nirondelle tentait de le clouer au sol pour ensuite probablement lui asséner une pluie de coups de bec, Grimm usa des petites griffes au bout de ses ailes pour s'agripper à l'oiseau et avec toute la colère que son frêle corps pouvait contenir, il mordit.
Il mordit de toute ses forces et de toutes ses tripes et lorsqu'ils percutèrent tous deux le sol, la douleur et le choc ne fit que raffermir la prise de sa mâchoire sur l'aile du monstre à plumes. Il ne se relâcha que lorsqu'il sentit la chair se détacher, conscient que s'il ne mordait pas à un meilleur endroit, l'oiseau lui échapperait – blessé, certes, mais tout de même capable de se défendre –. Dans cette position, l'oiseau tenta tout de même sa chance, lui assénant une claque de l'aile qui, avec plus d'élan, l'aurait probablement repoussé, mais en l'état des choses, ce ne fut pas suffisant, et Grimm put mordre à nouveau.
Profitant de la proximité, il enfonça ses petits crocs dans la gorge de l'autre monstre. Le Nirondelle, eut-il été plus gros et plus lourd, aurait pu s'évader facilement. Or, Grimm était peut être plus lent, mais il était surtout plus grand et plus lourd. Peu à peu, l'oiseau se fatigua à se débattre pour se sauver et la chauve-souris l'écrasait de plus en plus.

Jusqu'à ce qu'il finisse par ne plus bouger, du tout. Le combat était terminé.

Un étrange calme s'était alors soudainement abattu dans la clairière qui avait été le théâtre de trop de combat et de sang versé. Le silence qui suivit les affrontements était glacial.
Si le colosse s'était nonchalamment adossé à un arbre pour toiser Hécate, cette dernière ne s'était pas relâché. Les mains fermement crispées sur sa lance, son regard fauve jonglait entre l'élu solaire et les monstres qui l'accompagnaient.
Elle avait le visage et le bras égratigné à cause de sa chute. Ses cheveux étaient défaits par les combats et reposaient négligemment sur son front et ses épaules. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine et elle se sentait encore nauséeuse du contre-coup de l'attaque du Ramboum. Allaient-ils devoir reprendre leur affrontement là où ils l'avaient laissé ? L'idée la terrorisait malgré l'expression sauvage qu'elle pouvait arborer. Si elle ne comptait pas s'enfuir, elle n'était pas dupe quant à ses chances de victoire s'ils devaient reprendre un affrontement... Du moins, un affrontement à la loyal.

Alors elle inspira longuement en se redressant. Reprenant un minimum de contrôle, elle attarda son regard sur le cadavre de l'Ursaring, puis sur le sang qui s'écoulait du bras du géant. Qu'il ait abattu une bête de ce gabarit – seul qui plus est – était impressionnant, mais lui non plus n'en était pas ressorti indemne. Elle expira alors, avec la même lenteur que précédemment. Ses yeux se posèrent à nouveau sur ceux de l'étranger, tentant de le jauger.

« Alors ? » La voix enrouée, elle lui demandait autant s'il était satisfait de ces combats, s'il souhaitait reprendre, s'il comptait partir ou rester. Elle ne s'avança cependant pas, ni ne se détendit à l'instar de Charlotte qui gardait le poil gonflé de son précédent affrontement. Quant à Grimm... Il s'était à nouveau perché sur une branche, observant la scène avec un regard curieux et nettoyant à coup de langue le sang sur lui.

Résumé:

Bravo !

Bravo !