Peste de neige [Event-Festival]

Alors que la neige s'abat violemment et que les alentours se font plus hostiles qu'ils ne le devraient, Rex ne nourrit plus aucun doute : seuls les Scémédais savent organiser des festivals dignes de ce nom !
Le Festival des Lumières de Kii est – à ses yeux – un véritable fiasco. De la lumière ? C'est à peine si les torches et les lanternes peuvent illuminer les pas des chercheurs dans la montagne. Et puis les gens disparaissent. C'était bien pour ça qu'il était là, n'est ce pas ?
Emmitouflé dans une large fourrure, Minerve contre son torse et Pluton devant lui, Rex bougonne. Non, il n'était pas vraiment là pour jouer à faire la battue avec les autres, mais y avait-il vraiment autre chose à faire ? Rentrer à Scémède peut être, mais l'idée ne le réjouissait bizarrement pas comme elle aurait du le faire.
Ses nouvelles épousailles avaient d'avantage émues sa famille que les principaux concernés et depuis, ses parents n'avaient de cesse de le presser de leur faire un nouvel héritier. Craignaient-ils un nouveau décès ? L'idée le fait s'arrêter un instant. C'est le regard sombre qu'il soupire et ronchonne d'avantage. Non, rentrer à la maison ne l'enchante pas. Plutôt camper un mois dans une tempête de neige plutôt que d'avoir à faire face aux urgentes attentes de son paternel !
Puis il pense à Félix, et il lui en veut de s'être laissé piétiner par un stupide troupeau de Cerfrousses. S'il était resté en vie... S'il était...

Mais Rex s'arrête de penser presque aussitôt. Le goût amer qui remonte dans sa gorge ne lui plaît pas et la situation est déjà bien assez désagréable pour la rendre encore plus inconfortable. Il renifle, secoue la tête et presse le pas. Ses malédictions sont désormais dirigées vers les disparus. N'auraient-ils pas pas pu disparaître plus près de la place du festival ? Non, c'était probablement trop cher. Ces gueux !

Il peste, l'héritier de Gardefier, il boude presque, heureusement que la tempête l'éloigne des autres chercheurs, il aurait été d'une bien désagréable compagnie. Mais au moins est-il là, à rendre service. C'est probablement une bonne chose.

Probablement.

Recherches

Ce n'est pas un indice, mais un Pokémon, que vous trouvez ! Peut-être est-ce à cause de la tempête, mais celui-ci semble bien agité ! Il fixe sur vous un oeil méfiant, voire agressif. Si vous ne filez pas maintenant, il sera impossible d'éviter un combat !

Et alors que Rex ne cesse de pester sur le froid, le vent et la neige, Pluton cesse sa marche et grogne. Quelques braises brillent aux coins de ses babines et l'héritier de Gardefier se stop immédiatement, dans sa marche et ses jurons. Quelque chose vient, et quelque chose leur barre la route. Avec la neige tombante, il est difficile de comprendre directement que ce nuage n'est autre qu'un monstre – hostile qui plus est – leur barrant la route.

Quelle insolence !

Rex gronde autant que son chien alors que Minerve tend l'oreille et hésite à quitter la protection des fourrures de son maître. Non seulement doit-il partir à la rescousse de quelques gueux sans sens de l'orientation, mais le voilà désormais obligé de défendre sa vie. S'il n'étais pas soucieux de sa survie en terrain aussi défavorable, il aurait redoublé de bouderie, mais l'heure n'est pas à la distraction et il fronce les sourcils.
De toute évidence, ce Morphéo n'est pas une véritable menace pour un monstre comme Pluton, mais autant rester prudent. Rex est sûr de lui, mais il n'ignore pas que d'autres ont disparu dans ces montagnes et il apprécierait autant que faire se peut d'éviter de faire parti des inutiles égarés.

Alors il intime son premier ordre à Pluton, une attaque Lance-Flammes pour débuter une offensive qui se veut brutale et rapide. Il n'est pas d'humeur à s'amuser, s'attend à ce que la chaleur de l'attaque de son monstre soit suffisante pour réchauffer l'atmosphère et dissuader la bête de continuer à s'interposer.
Pluton est aussi vif que prévu, entre ses crocs brillent déjà les prémices de la fournaise à venir et le Morphéo en face ne peut qu'hurler un avertissement avant que le lance-flammes ne l'atteigne. Malgré le choc et la tempête, son cri résonne comme un glas funeste alors qu'il chute dans la neige, vaincu d'une seule attaque.

Rex ne s'en émeut pas.

Au contraire, le bougre peste de plus belle. Il connaît la capacité de ces bêtes à influer sur le temps et théorise déjà qu'elles sont les responsables de ce climat. Un instant, il espère que la tempête cesse, que sa victoire soit suffisante pour arranger les choses. En vain, le froid mordant le rappelle cruellement à l'ordre et le force à se rapprocher de son Démolosse. Même ce dernier semble souffrir des éléments et Rex le flatte pour l'encourager à poursuivre la route.

Les choses sont plus compliquées que prévues, et l'héritier de Gardefier se rend compte que, s'ils ne trouvent rien, ils devront rebrousser chemin et rentrer pour se préparer plus adéquatement à une expédition plus longue.

L'idée le dégoûte d'avance.

"Combat":

Bravo !

Recherches

 

C'est à un Pokémon que vous avez affaire ! Peut-être est-ce à cause de la tempête, mais celui-ci semble bien agité ! Il fixe sur vous un oeil méfiant, voire agressif. Si vous ne filez pas maintenant, il sera impossible d'éviter un combat ! Pourtant.. que voyez vous, un peu plus loin ?

Recherches

J'avais été si excitée à l'idée d'assister au Festival des Lumières... pendant les semaines où Ryugestu m'avait hébergée, j'en avais entendu parler plus d'une fois, parfois de sa propre bouche, qui malgré la tronche du gaillard, l'évoquait avec une certaine émotion dans sa voix. Tous les locaux, en général, partageaient ma hâte, bien qu'ils y aient assisté autant de fois qu'ils n'avaient vécu d'hivers. C'était, paraissait-il, un des rares moments de l'année où les Kiiois ignoraient leur aversion pour les étrangers. J'étais visiblement tombée sur un hôte rare pour la région.

Pas de chance cependant. Les festivités avaient vite été interrompues. La neige était forte et bien que certains aient tenté de prolonger le festival en faisant mine de ne rien remarquer, tous avaient dû se rendre à l'évidence. Les lampions ne suffisaient plus à éclairer les rues, qui devenaient difficiles à naviguer. Pire encore : les disparitions se multipliaient. D'accord des étrangers qui, comme moi, avaient été égarés dans les montagnes. Rien de bien étonnant mais pas moins tragique. Quelles étaient les chances qu'ils aient survécu ? Plutôt maigre, il ne fallait pas se mentir. C'était avec un optimiste infantile qu'on espérait les retrouver.
Ensuite, des Kiiois disparurent à leur tour. On pleura le premier, on s'inquiéta au deuxième et on paniqua au troisième. Clairement, quelque chose ne tournait pas rond dans les montagnes, sûrement l'origine de taux les maux de la saison. Ce n'était plus le moment d'hésiter ou de rester les bras croisés en attendant un miracle : des recherches étaient lancées.

J'appris sans grande surprise que Ryugetsu ferait partie de la battue. Il était grand et costaud, courageux également, et il aimait sa région et ses habitants. Si un seul Kiiois avait dû se désigner, je suis sûre que ç'aurait été lui. Plus étonnant peut-être, je demandai à l'accompagner. Après les évènements qui m'avaient menée dans cette région reculée, je ne pouvais que compatir avec les victimes, pas question de laisser mourir de potentiels survivants. Seule, je n'aurais servie à rien. Heureusement, je ne l'étais pas. Avec le barbu bourru à mes côtés, je pouvais me contenter de servir d'une deuxième paire d'yeux - car on n'en a jamais trop.

Je dois bien avouer que malgré ma détermination, je ne faisais pas vraiment la fière une fois arrivée sur les plateaux. Il y faisait terriblement froid et le blizzard me rappelait de vilains souvenirs. Heureusement, cette fois, j'étais mieux équipée. Je n'avais plus de simples étoffes de Galar qui me permettaient de supporter l'automne : j'étais parée à affronter l'hiver ! Je ne mourrais pas de froid dans les montagnes mais cela ne m'empêchait pas pour autant de grelotter.
Seul Arsène m'avait suivi. Alice avait été bien rassurée de pouvoir rester au chaud dans la chaumière. Joey, lui, avait voulu m'accompagner. Nous nous sommes disputés longtemps avant qu'il n'accepte de rester avec son amie à plumes et les monstres de Ryugetsu. Je savais bien qu'il ne supporterait pas les intempéries. Seul le pelage épais du goupil le protégeait suffisamment. Au contraire, j'avais dû insister pour que ce dernier vienne avec nous. Il n'était pas du genre hardi, c'était plutôt le contraire... mais son flair et sa vue de Lixy nous seraient d'une aide précieuse et par miracle, j'avais pu le convaincre avec des promesses gustatives. Autant dire que je m'étais privée de plusieurs collations pour ses beaux yeux dorés.

Je ne sais pas trop comment c'est arrivé... après ce qui devaient être une demi-heure de marche, j'avais été séparée du Kiiois. Une grande bourrasque de vent m'avait fait trébucher et le temps de me relever, l'homme avait disparu dans le brouillard. Je l'avais appelé en vain. Cela m'aurait étonnée qu'il m'ait laissée derrière sans se retourner. Qui sait quelle illusions avaient pu le rendre invisible ? Peut-être rendue aigrie par mes expériences passées, j'accusai immédiatement les Momartik, ce qui ne me ferait pas pour autant retrouver mon chemin. Ma priorité était maintenant de ne pas devenir l'une des victimes perdues, donc, de trouver d'autres humains.
Comment faire alors que je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez ? Difficile à dire. J'étais donc bien heureuse d'avoir le Goupilou avec moi. Terrifié, il se tenait collé à moi pour ne pas me perdre à mon tour. Lui ne se fiait pas à ses yeux. Il avait la truffe collée au sol. Il était moins aisé de trouver des pistes dans la neige que dans un sol normal malheureusement. Il devait pourtant avoir senti quelque chose d'intéressant, puisqu'il leva la tête brusquement.
Je suivis son mouvement et à peine une seconde plus tard, une vive lumière s'alluma au loin. C'était indéniablement du feu. Ça ne pouvait être qu'une autre personne, soit armée d'une torche, soit accompagnée d'un Pokémon Feu ! Il semblait assez éloigné mais peut-être qu'en courant...

Je manquai de perdre haleine après avoir couru si vite. L'air froid frigorifiait mes poumons, j'avais comme l'impression qu'ils allaient se briser comme un bloc de glace au moindre choc. Le canidé peinant à me suivre, j'avais dû le saisir dans mes bras en pleine course, manquant de tomber et de rouler le long de la montagne.
Mais je ne trouvai pas la source de ces flammes. Pourtant, il me semblait avoir galopé en ligne droite vers la lumière et plutôt vite. Soit la personne était partie de l'autre côté, soit nous nous étions manqué de peu. A quelques instants prêts, je me serais décomposée.

En effet, avant que je ne puisse m'apitoyer sur mon sort, deux silhouettes apparurent de nulle part : un homme et un chien cornu. Ils n'étaient pas passé loin de nous bousculer. Ils semblaient fuir quelque chose. Je ne comptais pas vraiment savoir quoi : si un adulte et un grand Pokémon cavalaient à cette allure, ce n'était pas la gamine de Galar et son renardeau qui allaient faire quoi que ce soit. C'est par pur optimisme que je parvins à la suivre, en dépit de ma fatigue. Et c'est pas pur miracle que je les rattrapai, une fois arrêtés. Exténuée, presque morte, je me saisis d'un pan de le veste de l'homme dont je devinais à peine les traits, l'esprit encore tourbillonnant de fatigue.

Est-ce que vous faites partie de la battue, monsieur ?

Et alors que j'attendais sa réponse, j'étudiai un peu sa personne. Il était bien plus grand que moi, presque intimidant. La fabrique de ses vêtements et sa peau pâle et lisse le faisaient ressembler à un prince. C'était probablement un noble. Que faisait-il donc à Kii, à sauver des paysans ? Il devait vraiment être un homme généreux. Ma bonne étoile devait me sourire- pensai-je.

Recherches

 

Ce n'est pas à un indice, mais à un Pokémon que vous avez affaire ! Peut-être est-ce à cause de la tempête, mais celui-ci semble bien agité ! Il fixe sur vous un oeil méfiant, voire agressif. Si vous ne filez pas maintenant, il sera impossible d'éviter un combat !

Je n'avais même pas eu le temps de reprendre mon souffle et l'homme n'avait pas non plus eu l'occasion d'ouvrir la bouche pour me répondre, quand une secousse manqua de me faire perdre l'équilibre. Quoi encore ? Pas un Momartik, au moins, à en juger par la silhouette qui se dévoilait peu à peu derrière le blizzard. C'était rassurant, en quelque sorte... mais la boule qui se rapprochait de nous dans un boucan ne devait pas être bien pacifique non plus. Elle roulait à toute vitesse et je crus un instant qu'elle ne s'arrêterait qu'après nous avoir percutés. Non, elle stoppa net juste devant nous, dévoilant quatre horribles bras et un visage pas très sympathique. Il tapa du pied, faisant gronder la terre, dans un grognement immonde. A moins que je ne me trompe, il s'agissait d'un Gravalanch, un Pokémon pas très commun à Galar. Enfin, ce n'étaient pas mes connaissances en pokélogie qui allaient me sortir de cette situation... Était-ce ce qui avait fait courir le noble et son chien si vite ? Si oui, alors je n'avais aucun mal à comprendre leur hâte.

Un silence s'installa alors. Je restai immobile, espérant bêtement que si je ne faisais aucun bruit ou mouvement brusque, la créature s'en irait, comme si de rien était. Pas de chance : il était déjà bien trop en rogne pour se calmer pour si peu. Il prit un peu de recul avant de se balancer en avant pour me frapper de son poing de pierre. Je me le serais sûrement pris en pleine Repoi si je n'avais pas été tirée en arrière par Arsène. Je le remerciai d'un sourire niais. Il avait beau être lâche, il n'en restait pas moins un bon ami.

Arsène, j'ai peut-être une idée si tu acceptes de combattre !

C'était une réalisation soudaine, un coup de tête, sûrement une mauvaise idée que je n'aurais pas validé en y repensant une seconde fois. Manque de chance, je n'avais pas vraiment le temps de réfléchir à un meilleur plan. Le Goupilou me regarda d'un air inquiet, pensant sûrement la même chose que moi. Lui aussi avait compris qu'il n'avait comme autre choix que de fuir et de, probablement, se perdre dans la montagne. C'est le corps tout tremblant, de peur et non de froid, qu'il se plaça devant moi.

Esquive ses attaques et utilise Aiguisage.

Peut-être plus facile à dire qu'à faire ? Mais je faisais confiance au petit canidé. Il était malin, rapide et discret, c'étaient là ses principales qualités. Il était bien plus agile que le gros caillou qui serait son adversaire. Ce dernier le chargea justement, épaule gauche levée, prêt à faire de gros dégâts, mais une simple Vive-Attaque suffit à Arsène pour éviter de prendre l'attaque, laissant Gravalanch finir sa course sans cible. Son air ahuri m'aurait bien fait rire si je n'étais pas gelée de la tête aux pieds avec la seule idée de filer à la Kalosienne. C'était quand même bien satisfaisant de le faire tourner en bourrique.
C'est grâce à ce temps de confusion que le Goupilou put bondir sur le dos rocailleux du Pokémon sauvage. Sûrement trop léger par rapport à lui, la monture de fortune ne le remarqua même pas, avant qu'il ne commence à se faire les griffe sur lui. Il mugit alors, donnant de violents coups d'épaules pour tenter de désarçonner la sale bête. Il finit par y arriver après quelques secondes, lors desquelles la boule de poils avait bien eu le temps d'augmenter son attaque. Cela se ressentait jusqu'à son attitude : pelage gonflé, oreilles alertes et sourire malicieux en coin. Il était bien plus sûr de lui qu'au début du combat.

Entraîne-le là-bas et fais-le tomber !

On aurait sûrement pu prêter des intentions sadiques dans mes mots. Il est vrai que voyant l'assurance de mon Pokémon, j'avais moi-même trop pris la confiance. Ça, où c'était la fièvre qui s'installait.
Il obéit vite, l'esprit toujours aussi vif. Le monstre de pierre était toujours aussi remonté, si ce n'était plus. Il coursa la renardeau, chacun de ses pas soulevant une quantité hallucinante de neige, qui venait se mêler au brouillard, si bien que je ne voyais presque plus la scène. Je ne pouvais qu'espérer et deviner qu'Arsène faisait bien ce que je lui avais demandé. Au contraire, je m'inquiétai lorsque les deux silhouettes devinrent plus claires. Le rocher sur pattes s'était arrêté net, il dévisageait son adversaire, sûrement agacé par cette stupide course-poursuite. Il se mit alors en boule et roula sur place pendant ce qui sembla être de longues minutes de confusion pour mon Pokémon et moi. Je pouvais presque entendre, malgré le vent, le crissement du gravier contre la roche nue de la montagne après qu'il avait totalement désintégré la neige sous son corps. Lorsqu'il démarra, ce fut comme une flèche tirée d'une arbalète, rien à voir avec sa vitesse ordinaire. L'angoisse m'enveloppa entièrement... est-ce que je venais juste de condamner mon compagnon ? Je ne pouvais pas déterminer, de là où j'étais, l'expression sur son visage. Il resta droit et immobile en voyant la sphère dévaler droit sur lui. C'était trop tard pour changer d'avis... j'avais presque envie de fermer les yeux au moment de l'impact, seulement, ça n'y changerait rien. Je gardai mes prunelles grandes ouvertes pour assister à l'issue du combat.

Mon cœur aurait pu s'arrêter. Arsène esquiva bien au dernier moment. Je me serais bien énervée contre lui, mais il avait sûrement fait de son mieux au vu de la vitesse du projectile qui roulait vers lui. Il exécuta le dernier mouvement de sa "chorégraphie", du moins c'est ce que j'imaginai en voyant la trajectoire du Gravalanch changer drastiquement. Une attaque Sabotage bien placée, un coup de balayette en bas du corps, et le rocher s'envola presque, avant de dégringoler dans une crevasse. Ouf. Bon débarras.
Je m'avançai enfin, essayant de me débarrasser de la neige qui était tombée sur mes épaules durant le combat. Il s'agissait de s'assurer que le goupil allait bien. Visiblement, il était encore en vie, ce qui est pour tout dire, un peu le plus important. Il se déplaçait néanmoins péniblement. Une fois assez proche, je constatai qu'il n'utilisait que trois pattes : celle avec laquelle il avait donné le coup de grâce était bien amochée... sûrement cassée. Merde.

Je me sentais incroyablement coupable. J'avais voulu faire la maligne en combattant le Gravalanch et j'avais mis la vie de mon compère en danger. Il avait même failli y perdre un membre. Maintenant, il ne pourrait plus marcher jusqu'à ce qu'on puisse le soigner. Tu parles d'une opération sauvetage... je me dis alors que j'aurais mieux fait de rester dans la cabane et de laisser faire les professionnels.
Je relevai la tête, honteuse. L'homme au Démolosse était toujours là. Il avait dû assister au combat, il devait me juger lourdement. Je ne lui en aurais pas voulu. Seulement, je n'allais pas m'effondrer et pleurer : j'avais un Pokémon à ramener en sureté. Dans un sac, Ryugetsu m'avait fait porter des bandages, au cas où nous trouverions des victimes. J'y avais trouvé une autre utilité. En en enroulant quelques uns autour de mon épaule et de ma taille, je créai une petite poche, comme celle d'un Kangourex. Le Goupilou s'y faufila sans se poser de questions. Il avait vécu assez d'émotions pour une journée. De là, il pourrait toujours voir où nous allions.

Navré pour ce contretemps monsieur. Je pensais juste pouvoir nous débarrasser vite du Pokémon sauvage alors que j'aurais dû fuir comme vous.

Je n'avais plus qu'à prier pour tomber sur une bonne personne qui ne m'enverrait pas aux Fraives.

Résumé:

Bravo !

Résigné, Rex s'enfonce un peu plus dans la fourrure posée sur ses épaules. Il n'a pas réellement la notion du temps, mais il lui semble que cela fait une éternité que lui et ses chiens tournent en rond dans la neige. L'espace d'un instant, un court instant, il panique intérieurement. S'ils tournent réellement en rond, sont-ils perdus ? Feront-ils partis de ces malheureux paysans perdus dans la neige ?
Bien sûr que non, son sens de l'orientation est infaillible, mais il n'a pas le temps de se rassurer qu'un grondement l'arrête immédiatement dans ses pensées. S'il lui avait été possible de pâlir plus malgré le froid, il l'aurait fait. Au lieu de cela, ce sont des yeux écarquillés qui se posent sur la silhouette qui se dresse en face de lui.

Il n'a pas le temps de reconnaître le monstre, ne cherche même pas à l'identifier. C'est grand et massif, bien plus que Pluton, ça semble hostile et il est presque convaincu d'avoir à faire à une créature de pierre...
Il n'est pas lâche, il est même plutôt téméraire, mais en de telles conditions, son instinct belliqueux laisse sa place à celui de la survie. Alors s'il se sent paralysé quelques secondes, il reprend le contrôle de son corps bien vite et fait quelques pas en arrière en intimant à Pluton de faire de même.
Il est difficile pour le Démolosse d'en faire de même, il veut se battre, prouver sa valeur à son maître, mais une certaine crainte semble également peser sur lui et finalement, les deux chiens de garde ne mettent pas longtemps avant d'estimer que la distance est assez raisonnable pour détaler.

La neige rend la course laborieuse et la fuite pénible, ceci dit, ils ne s'arrêtent pas, bien peu désireux de finir victimes d'une avalanche.
Rex n'est pas un couard, c'est ce qu'il se répète alors qu'il s'éloigne d'un combat qui se serait probablement conclut par sa mort. Il est difficile de se convaincre, lui qui n'a jamais refusé l'affrontement à personne, se voir courir et fuir un monstre est un coup vicieux porté à son orgueil. Un moment, il considère l'idée d'y retourner, de laver cet honneur qu'il croit bafoué ! Pourtant, lorsqu'il s'arrête pour rebrousser chemin, ce n'est pas un monstre qui l'arrête dans sa nouvelle résolution.

Une petite voix lui parvient malgré le blizzard et la tempête, une petite voix dont il ne devine pas directement la source. Ce n'est qu'en sentant un pan de son manteau se faire tirer vers le bas qu'il basse alors les yeux pour toiser-... Un enfant ?
Par réflexe, ses sourcils se froncent, autant de perplexité et de contrariété. Que ferait un enfant ici ? L'a-t-on perdu exprès dans la montagne ? L'idée qu'il puisse s'agir d'un piège forgé par un quelconque spectre de glace lui effleure vaguement l'esprit, mais il la balaye rapidement : son instinct est infaillible, et il lui souffle que le danger ne vient pas de ce petit gueux.
En revanche, la nouvelle silhouette qui se dresse face à eux ne lui dit rien qui vaille, et Rex réfléchit aussi vite que son esprit le lui permet. D'un côté, il identifie un autre monstre capable de les ensevelir sous la roche et la neige, de l'autre, son orgueil crie à la vengeance. Pluton grogne déjà par anticipation, mais la suite des événements, il ne s'y attend pas forcément.

C'est l'enfant qui est visé, et s'il tend un bras pour le récupérer et lui éviter une funeste destin, c'est son goupil qui le tire de l'autre côté et lui sauve la vie et c'est Pluton qui l'attire lui même en arrière. Le recul le fait chuter de manière bien peu gracieuse dans la neige et alors qu'il peste du froid et de l'humidité, les hostilités s'engagent non loin.
Rex est sidéré, abasourdi par une telle inconscience et pourtant impressionné par un courage aussi stupide. Il n'est personne pour juger, mais rien ne l'en empêche. Alors qu'il se relève, la jeune équipe semble s'en tirer relativement bien. Il lorgne alors Pluton, lui intime de se tenir prêt à intervenir. L'héritier de Gardefier a beau être amateur de beaux combats, le peu de raison qu'il a lui souffle que rien de tout ceci ne devrait se produire. Un faux mouvement, le renard étranger se fait écraser. Une mauvaise manœuvre et la montagne leur tombe dessus. Ainsi, à défaut d'arrêter cet affrontement, au moins se tient-il prêt à intervenir.

La chorégraphie est amatrice, pour le moins que l'on puisse dire, mais les idées sont bonnes et la réalisation est vive. Pour autant, lorsque le petit monstre fait dévier le Gravalanch de sa course pour qu'il tombe dans un gouffre, Rex grimace par réflexe.
Il se rapproche alors de l'enfant, dans de bonnes dispositions pour le complimenter sur son courage et peut être même l'aider à bander la patte de son monstre, mais le gamin se retourne, lui adresse quelques excuses et-

« ...j'aurais dû fuir comme vous. »

Son expression se fige alors dans un mélange de stupeur et d'offense. Il ne devrait pas être furieux envers un enfant, mais son orgueil meurtri est encore à vif, la petite pincée de sel, aussi innocente soit-elle, lui fait serrer les mâchoires.

« Ce n'était pas.. ! » les mots lui manquent, c'en est rageant, au point qu'un grondement remonte le long de sa gorge. « Je n'ai pas fui ! J'ai évité une avalanche ! »

Finit-il pourtant par corriger l'enfant perdu en croisant les bras. « Une avalanche que tu aurais pu causer avec tes idioties, tu n'as rien à faire ici ! » assène-t-il, austère.

Contrarié, il l'est, mais la tempête ne faiblit pas et ne lui laisse pas le temps de s’épancher sur sa vexation. Alors si ses traits ne s'adoucissent pas, son ton s'apaise alors qu'il balaye l'endroit du regard.

« Je te ramène au Festival, quelle folie a bien pu s'emparer de tes parents pour qu'il t'emmènent ici. » Ce n'est pas une réelle question, et lorsqu'il tourne les talons, il n'attend pas réellement une réponse.

Il sait exactement où aller, malgré la course précédente. Du moins est-il convaincu que son instinct infaillible le guidera lui et ce nouveau protégé hors de danger. Ainsi, c'est empli de confiance qu'il reprend la route à grandes enjambées pour se réchauffer. Pluton n'est plus à ses côtés mais derrière, fermant la marche et surveillant leurs arrières.