[Event-Festival] L'instinct des Chiens

Il patauge à nouveau. Il patauge à nouveau, et il déteste ça. La neige rend sa progression difficile, la tempête la rend insupportable. Une fois rentré au Festival, on lui a appris ce qu'il s'est passé.
Il peste et gronde, le menton enfoui dans sa fourrure. Quitte à affronter un monstre dominant, pourquoi ne pas l'avoir vaincu en bonne et dues formes ? A la place, les voilà tous condamnés à souffrir un blizzard et un froid à geler un Volcaropod.
Rex est furieux, pourtant il ne se débine pas. Des gens sont perdus, d'autres se sont enfuis, et qui de mieux que lui même pour les traquer ? Personne ! Il en est convaincu. Alors il patauge. Et il râle. Il se dit que les remerciements ont intérêt à être à la hauteur des efforts déployés, il ne s'agit même pas de sa région !
Quoiqu'il ne peut plus vraiment arguer qu'il ne s'agit en aucun cas de sa responsabilité. Indirectement, les jeunes scémédais ayant ainsi agit ont entaché le nom de leur région. Il n'est pas responsable, mais il déteste l'idée que le nom de Scémède soit relié à des pleutres fauteurs de troubles.

Alors il est là, avec son flair infaillible, et son instinct infaillible, et son courage infaillible, en fier représentant de sa noble patrie. Quel honneur !

Recherches

Et son instinct infaillible ne le trompe pas. Il a beau chercher sans une sérieuse piste, il finit par entendre une voix dans le blizzard. Elle est faible, lui semble lointaine et disparaît par à-coups. Mais Pluton est sur la trace. Il l'a entendu, son ouïe est plus fine que la sienne, il arrive à suivre les cris de détresse.
Rapidement, ils tombent sur un homme à la carrure massive et à la moustache impressionnante. Il fait pourtant pitié, prisonnier de la glace de cette manière. Des glaçons se sont formés dans ses poils et ses cheveux, et cette vision laisse Rex perplexe un moment. Jusqu'à ce que l'homme parvienne à tendre la main malgré la glace. Alors l'héritier de Gardefier s'ébranle enfin, s'accroupit à ses côtés et examine les dégats avant d'appeler Pluton.

« Ne bougez pas ! » ordonne-t-il assez fort pour se faire entendre malgré les vents. « Ses brûlures sont éternelles. »

Et s'il dit ça sans menace dans la voix, le pauvre homme pâlit d'autant plus malgré son teint déjà bien refroidi. Pourtant, tout se passe sans accroc, Pluton n'est pas habitué à ce genre d'exercice, mais Rex est plus clair que prévu dans ses directives et lorsque la glace qui emprisonne Rodrigo se fait plus fine, il lui ordonne de s'arrêter. Autant ne pas prendre de risque. Sortant sa lame de son fourreau, Rex abat violemment le pommeau de son arme sur le givre et libère le pauvre homme pour de bon.
Ce dernier enfin libre, il peine à se remettre dessus et se répand en remerciements alors que Rex lui tend une main pour l'aider à se redresser. Pas peu fier, il s'enorgueillit de cette réussite, en oublierait presque le climat affreux alors que Rodrigo se laisse peser contre lui. Il ne lui en veut même pas, peu de gens sont en réalité capable d'affronter de telles conditions, et lui fait parti de l'élite, alors c'est normal.

« Bien ! » clame-t-il après s'être assuré que l'homme soit réellement capable de marcher « Nous allons rebrousser chemin, je vous ramène en lieu sûr ! »

« M-merci, monseigneur.. »

Le chemin serait plus long de cette manière, mais au moins, la vie de l'un des siens avait été sauvée.

Recherches

C'est une surprise lorsque le chemin du retour lui semble soudainement moins difficile. Le vent souffle moins fort, la neige tombe moins drue. Puis la tempête s'arrête, comme si elle n'avait jamais eu lieu. Confus, Rex s'ébroue pour faire tomber la neige accumulée sur ses épaules – manque de faire tomber Rodrigo par la même occasion – et lève les yeux au ciel comme si c'était la première fois qu'il le voyait. Puis à nouveau, une voix.
Elle lui semble forte, le son le surprend, il est perturbant d'entendre les bruits sans le mugissement constant du blizzard, mais Rex ne tarde pas à réagir et Rodrigo, s'il traîne la jambe, ne se plaint pas d'être entraîné derrière lui.

Cette fois-ci, c'est une locale qu'il retrouve piégée dans la glace. Petite mais robuste, malgré son appel à l'aide, elle continue de tenter de se libérer seul. Admirable, songe Rex. Les sauvages de cette contrée ont leur femme réputée pour être de vraie démone, son attitude ne le surprend pas outre mesure.
Ceci dit, il ne peut s'empêcher de laisser éclater un sourire narquois. Quel comble, ce peuple de barbares est si fier de connaître ces montagnes et les monstres qui y habitent, qu'en voir une en si mauvaise posture l'amuse plus que ça ne devrait. Et elle le remarque alors qu'il délaisse Rodrigo pour s'approcher d'elle avec Pluton.

« Qu'est ce qui vous fait sourire comme ça ? » le ton est bien moins sympathique – compréhensible, mais cela le vexe tout de même. C'est pourtant avec une déconcertante franchise qu'il répond et explique sa raison avant de lui intimer – comme pour Rodrigo – de ne pas bouger.
Est-elle trop estomaquée, ou simplement désireuse de ne pas subir un accident de Démolosse, la maîtresse d'armes ne bouge pas, mais une fois libre, si elle remercie Rex par politesse, ses yeux lancent des éclairs.
L'héritier de Gardefier attribue ce comportement à ses origines, les sauvages ne savent pas réellement sourire, mais il apprécie tout de même les efforts de politesse de l'autochtone. Alors, dans sa grande bonté lui dit-il qu'il va la ramener en récupérant Rodrigo. L'arrêt de la tempête l'a rendu heureux, rendre service ne lui semble plus si pénible, mais à sa grande surprise, elle décline.

Les dents serrées, Nakashi s'éloigne du noble qui lui a manqué de respect. Il lui a sauvé la vie, aussi ne finira-t-il pas six pieds sous la neige, mais il y échappe de peu.

Quant à Rex, arquant un sourcil, il observe la silhouette de la kii-oise s'éloigner avant de tourner un regard perplexe vers Rodrigo « Il ne faut pas leur en vouloir, ils ne sont pas éduqués.. » lui souffle-t-il sur le ton de la confidence avant de reprendre sa route.
Rodrigo ne répond rien, mais son sourire pincé en dit long sur ses pensées.