i'll save myself in spite of you (medeia) - end

HISTOIRE; CW; Esclavage principalement, rien d'explicite mais la majorité de l'histoire a lieu dans un Colisée, donc mentions de violence et mort également

il était une fillette
et il était un monstre

Il était un archipel en guerre, en feu et en terreur. Poussée par ses parents sur une embarcation trop petite pour eux trois, la fillette trouva refuge dans le pays voisin. Enfin.. ‘Refuge’, à ses yeux, serait un mot bien exagéré. Quoiqu’en vie, l’enfant était seule en terre inconnue, sans aucune ressource à sa disposition.

Ce qui l’attendait ici n’était pas sa salvation. Plutôt un marché aux esclaves, des yeux mi-intéressés mi-révulsés par ses oreilles pointues et surtout, le Colisée. Une sorte de cirque, parfait pour les bêtes de foire de son espèce. Un lieu où on rit devant des horreurs sans nom et applaudit à la mort comme à un spectacle.

un lieu où son chemin croisa celui du monstre

Baignée de sang et décorée d'entrailles, la bête était réputée pour ne perdre aucun combat. Et surtout, ne jamais laisser suffisamment de ses adversaires pour qu’on aie à les enterrer. (laisser leurs lambeaux aux Cornèbres s’avérait largement suffisant) L’enfant avait déjà vu des Gardevoir, mais aucun d’aussi effrayant. Avec son unique oeil couleur sang, ses ‘cheveux’ d’un bleu fade et sa jupe déchiquetée, il méritait d’être appelé Anku, la Mort.

Si ça tenait qu’à elle, la fillette ne l’aurait jamais approché. Mais quand on est l’esclave assignée au nettoyage des cages des monstres, ce n’est pas vraiment un choix. La première fois, elle n’a même pas osé respirer. Son oeil écarlate brûlait plus encore que le soleil sur ses épaules, quand elle travaillait en extérieur. Plus même que les regards lancés par tant d’hommes qu’elle ne les comptait plus. (des regards qui lui retournaient l’estomac de dégoût) Mais contrairement à ce qu’elle craignait, Anku l’a laissée repartir indemne.

la Faucheuse, dans sa cage, semblait faible et épuisée
rien à voir avec ses performances dans l'arène

Alors au fil des passages, la fillette s’est rassurée. Sous l’oeil méfiant de la Faucheuse, elle s’est même aventurée à lui apporter de la nourriture, pendant les périodes où on l’affamait. (pour le rendre plus féroce au combat, lui a-t-on dit) Elle-même avait peu, mais lui avait moins. Puis au moins, ici, ni mains baladeuses ni regards déplacés.

La fillette n’aimait pas le Colisée. Ni nettoyer le sang, ni servir les boissons, ni danser pour tout un tas d’hommes répugnants. La fillette n’aimait pas le Colisée, mais les esclaves n’ont pas le choix. Elle y passa des années, apprenant à ignorer ses horreurs et profiter des rares rayons de lumière.

et parmi eux, à sa surprise
figurait la Faucheuse

Le voir au combat était toujours terrifiant, mais.. pas pour les mêmes raisons. A l’idée de le voir revenir blessé, sa jupe tâchée de carmin et ses jambes tremblantes d’épuisement, la fillette sentait son coeur se briser. Si elle n’avait pas la volonté de s’enfuir pour elle-même.. peut-être la trouverait-elle pour la Faucheuse.

L’idée ne lui traversait l’esprit que rarement. Les soirs où son estomac vide lui faisait particulièrement mal. Les jours où trop de mains baladeuses et de rires gras lui donnaient des envies de violence. Les jours où elle regrettait amèrement de ne pas être restée mourir sur son île avec ses parents.

puis un jour
l’idée s’imposa
comme son unique chance

Devenue jeune fille, la fillette n’avait toujours rien d’une femme, mais certains ne s’arrêtent pas à ça. Certains prennent ce qu’ils veulent, aussi malvenus soient leurs désirs. La jeune fille n’est même pas parvenue à crier. Pour autant, la Faucheuse l’a entendue.

Un tourbillon de violence plus tard, sa robe miteuse était couverte de sang et les gardes du Colisée accouraient pour maitriser la Faucheuse. C’était.. la fin pour eux. Jamais ne les laisserait-on vivre après ça, réalisa-t-elle dans un instant d’une clarté lugubre. Alors, profitant d’être dans le bureau d’un officiel, elle avala une gemme brillante tombée à terre.

(son prétexte pour l’attirer ici)
(elle avait eu beau voir le piège)
(elle n’a jamais eu le droit de refuser)

Ce n’est qu'une fois tirée par les cheveux jusqu’à une cellule qu’elle se fit vomir pour la récupérer. (son estomac était vide de toutes façons) Dans sa main, la gemme semblait scintiller d’elle-même. Une lueur d’espoir, et son unique chance de survie.

Le lendemain, le Colisée organisait une chasse. A cette annonce, la jeune fille aurait ri si la terreur ne l’étranglait pas. Ce n’était pas une chasse qu’ils voulaient, mais un massacre. Quatre chasseurs en armure accompagné de leurs monstres en pleine santé contre une esclave pieds nus et la Faucheuse affamée.

ils n’avaient aucune chance
sans la gemme, en tout cas

Ce n’est qu’après quelques terreurs et effusions de sang que la Faucheuse et son amie comprirent comment utiliser la gemme. Alors, la bête s’illumina. Sa robe blanche et sang prit les couleurs de la nuit et, aidée de sa puissance nouvelle, elle balaya ennemis et barrières pour s’enfuir du Colisée. Loin, très loin, aussi loin que ses jambes le lui permirent; pour sauver sa jeune fille des horreurs qu’il contient.

Mais le pouvoir de la gemme était vorace. Pour l'utiliser, il fallait en payer le prix. A peine la Faucheuse reprit-elle sa forme d’origine que son corps s’effondra. Souffle court et mains tremblantes, elle utilisa ses dernières forces pour briser les chaînes de son amie avant de s’évanouir.

la suite de l’histoire est par monts et par vaux
par des routes, des mers et des canaux

La Faucheuse affaiblie et l’esclave affranchie errèrent une année durant avant d’arriver à bon port. Un port blanc, recouvert de givre. Le Port d’Aros, où l’esclavage était interdit et les visages étrangers relativement courants. L’hiver ici était abominable. Un froid mordant et des vents sans merci. Sans doute la jeune fille et sa bête auraient-elles fui vers Scémède si la chance ne leur avait pas souri.

La chance s’appelait Eidunn et elle tenait un cabaret. Eidunn lui offrit un toit, un travail et un nouveau nom. D’abord méfiante (ça sonnait trop facile), la jeune fille finit par se laisser convaincre. Si cette femme était douteuse.. sa Faucheuse la protégerait.

Eidunn ne s’avéra pas le moins douteuse du monde, cela dit. La jeune fille, désormais surnommée Medeia, remarqua vite qu’aucune danseuse du cabaret n’avait l’air d’ici. Aucune n’avait une histoire facile non plus, comprit-elle même à travers son hastérien fracturé. Elle n’était pas la seule à avoir été esclave.

aucune ne venait de son île
mais elle ne souhaitait ça à personne

Vivre à Aros ne fut pas simple pour autant, mais Medeia se doutait bien que sans Eidunn et les danseuses de la Plume de Cocotine, ça aurait été encore plus compliqué. Eidunn ne tolérait aucun geste déplacé de la part des clients, sous peine de promptement les mettre à la porte. Elle protégeait ses danseuses, leur apprenait la langue locale et logeait même celles qui n’en avaient pas les moyens jusqu’à ce qu’elles puissent se débrouiller seules.

C’est bien pour ça qu’aujourd’hui encore, Medeia travaille pour elle. Elle a trouvé sa propre petite maison dans les quartiers aux abords d’Aros et même le chagrin de la mort d’Anku, un matin d’hiver glacial, n’aura su la faire partir.

Medeia a trouvé un endroit presque sûr
elle restera bien quelques années encore