L'avenir est une énigme que l'on se plaît à commenter.~

HISTOIRE; Il était une fois la naissance d'un petite bâtard à la cour de Scémède. Fils du roi et d'une quelconque servante, il fut tout d'abord élevé au palais sous la protection du souverain. Pas qu'il chérissait particulièrement l'enfant mais ce dernier pourrait faire le fruit d'une potentielle alliance avec une quelconque maison noble.

La vie au palais n'est pas la meilleure partie de son existence, il faut bien se l'avouer. Il y été élevé comme un noble de second rang, peu respecté par les domestiques et à l'écart du monde, séparé de sa mère depuis son plus jeune âge. Son refuge préféré était la grand bibliothèque du palais où il s'instruisait sur tout et n'importe quoi. Mais en particulier, l'occulte. D'ici ou d'autres nations, les légendes autour des pokémons étaient passionnantes. Suffisamment pour combler son ennui.

Il apprit très vite à tirer les cartes au tarot et à lire l'avenir dans des tasses de thé ou dans le parcours des étoiles tissées sur la voûte céleste. Réalité ou simple fruit de l'imagination d'un jeune garçon mort d'ennui ? Personne ne se posa vraiment la question et nombreux furent soudain les domestiques à s'intéresser au petit bâtard du roi et à vouloir se faire tirer les cartes, voulant en savoir plus sur leur supposé futur et priant pour que celui-ci soit peuplé de richesses.

Le garçon vit bien des choses à travers les cartes et le parcours des étoiles. Simple coïncidence. Il lut dans ces présages versatiles le deuil portée par la famille royale. Plusieurs pour être exact. Au début, il ne prit pas l'affaire au sérieux, il n'avait fait ces séances de lectures solitaires que pour se divertir mais quand le premier décès survint, il ne put que se conforter dans l'idée qu'il avait bel et bien vu juste.

Il n'était pas non-plus un abruti. Ce décès n'avait rien d'accidentel, tous le savaient et tous se taisaient. Cependant, la marque du deuil refusa de s'effacer de ses visions, encore un second décès. Puis le troisième, son père. Ce fut à ce moment que sa mère, simple roturière et jusqu'à là désintéressée en apparence de son destin vint le consulter.

La demande était simple mais il n'y avait jamais songé de lui-même. Lire son propre avenir. La femme qui lui faisait face, qu'il connaissait à peine, semblait pourtant rongée par l’appréhension. Les cartes furent tirés, il lu même dans la marc de thé. Rien de très bon. Des ennuis, beaucoup d'ennuis. Et quand il tira la carte de tarot de la mort, ce fut à ce moment que sa mère craqua et lui demanda d'une voix ferme de partir du palais.

C'était devenu trop dangereux pour lui. Le roi en devenir ne le laisserait pas vivre. Il fallait qu'il s'en aille, n'importe où, peut-être même hors d'Astérion. Elle avait quelques connaissances parmi les gardes du palais, ils le feraient sortir, cette nuit même. Il devait donc se préparer pour son départ et vite. Si ce projet secret fut dévoilé au prince héritier, il ne fit rien pour l'arrêter car le lendemain, le jeune demi-sang se retrouva à errer dans les contrées de Scémède sans vraiment savoir où aller. Juste en sachant qu'il ne devait pas rester là.

Alors le petit noblio plus vraiment noblio décida de dévoiler un secret qu'il avait porté depuis trop longtemps, un secret lourds et qu'il aurait été impossible à dévoiler à la cour mais qui maintenant qu'il était en cavale, jouait plutôt en sa faveur.

Le 'petit prince' était en réalité une petite princesse.

Être une femme était risqué à Scémède, elle ne pouvait rester de toute façon. Elle n'avait pas la prétention d'être assez forte pour vivre à Kii parmi des gens qui le regarderaient sans doute de travers pour son ethnie trop occidentale et sa faiblesse physique. Être une sans-bannière ? Brr, non-merci ! Le choix d'Aros fut donc des plus logiques.

Il lui fallut quelques temps pour faire son voyage, elle dût sélectionner ses compagnons de route avec toute la méfiance du monde. Ce fut finalement une troupe de troubadours qui obtinrent son attention. Elle y rencontra une 'sorcière', Lyla, venue d'on-ne-sait-où et douée d'un savoir digne d'une encyclopédie.

C'était une petit grand-mère très vive d'esprit, très rusée, qui prit la jeune fille sous son aile et lui conseilla rapidement d'appliquer sur ses cheveux rouges un cataplasme à l'odeur écœurante. Elle savait, dit-elle simplement. Et ce serait mieux que personne ne sache d'avantage. Alors autant « effacer les traces ».

Sa chevelure était à présent blanche comme neige. La petite sotte se croyait tirée d'affaire mais Lyla lui rappela qu'il faudrait appliquer ce cataplasme tout les mois au moins sur ses cheveux couleur sanguine pour en éliminer le pigment. Sans compter qu'il fallait maintenant prendre soin de ces cheveux blancs fragilisés et cassants avec diverses pommades et autres huiles aux odeurs florales et mystiques.

Arrivée à Aros, la jeune demi-sang fit part de son envie de rester ici et de ne plus quitter les lieux, trop froussarde pour continuer, comme le reste de la troupe, à arpenter le reste du monde en tant que sans-bannière. Lyla ne la laissa pas livrée à elle-même. Elle avait un ami, dit-elle. Lui accepterait de la loger et de la nourrir en échange de ses services.

Ses services ?

Tirer les cartes, lire dans les marc de thé ou dans les étoiles, arnaquer quoi. La vieille femme ricana quand sa cadette tenta en vain de défendre ses dons de de voyance. Dons qu'elle était sincèrement persuadée d'avoir, comment aurait-elle fait pour prédire le moment exact de l'assassinat de ses demi-frère de haute lignée ?

Enfin, la conversation tourna court, la gamine irait travailler pour un certain Mercutio des quartiers périphériques d'Aros. Dans une petite boutique qui ne payait pas de mine, « La queue du Feunard ». Mercutio était un bien drôle de type, tout comme elle, il semblait avoir été né « homme » mais tout comme elle, il s'habillait et se comportait en femme. Cependant, il ne rejetait pas sa masculinité. Il était juste ainsi, disait-il.

Ce n'est pas pour autant qu'il vint insulter la jeune fille en lui rappelant ce qui se trouvait entre ses jambes, non. Elle était ce qu'elle était, disait-il tranquillement, tout comme lui. Bien sûr, Mercutio apprit encore bien des choses à la jeune fille. Il lui apprit le pouvoir des pierres et le langage des lignes de la main.  

Et il lui donna ce conseil, un conseil selon lui très important. C'était de vendre du rêve aux clients. De leur faire miroiter des richesses et des merveilles. De leur rappeler que la carte de la Mort peut aussi signifier la renaissance. Transformer un sombre présage en une délicate augure d'espoirs.

La jeune fille n'aimait pas mentir. Mais c'était son métier maintenant. Et ironiquement, ici, dans les bas-quartiers d'Aros, elle se sentait plus en sécurité qu'à la cour de Scémède. Alors c'est ainsi qu'elle se fit tout doucement sa petite réputation.

Une fille si jeune qui travaille dans un établissement aussi mystique et qui tire les cartes comme personne ! Du moins, c'est ce que louait Mercutio.

La jeune fille, elle, est de moins en moins confiante en son « don ».