Les flammes de la forge d'Aros

Une bien belle nuit se profile sur Aros, une nuit que Cendrée se plairait à admirer avec ses yeux, mais qui au final se complaît bien plus à la ressentir de tout son corps que juste avec ses yeux. Il en ressentait chaque brise, chaque bruit de pas sur le sol, chaque frisson-

-Atchoo !

Tiens, voilà quelqu'un qui frissonne bien plus que les autres. Le doux froid de la nuit ne devrait pourtant pas atteindre la petite boule de fourrure sur l'épaule gauche du forgeron. Sinistra, littéralement la gauche de l'adolescent, tentait tant bien que mal de se réchauffer en se frottant contre la joue de ce dernier. Comment s'étaient-ils rencontrés ? Au détour d'un rivière, l'une y buvait, l'autre y tombait, ne l'ayant vraisemblablement pas vue.

Son œil l'a tout de suite intriguée, il était tout sauf commun pour un humain. Après l'avoir suivit sur quelques kilomètres, il apparut évident que cette œil n'était pas fonctionnel. N'importe quel pokemon sauvage se serait laissé mourir ou aurait cessé toute activité trop dangereuse comme chasser avec un tel handicap. Sa surprise n'en était que plus belle lorsqu'elle voyait cet humain persister dans ses tâches malgré de nombreux échecs.

Fascinée, elle grimpait le dos du borgne, qui ne pouvait y faire grand chose, la créature se trouvant dans son angle mort. N'ayant le choix, il la laissait se nicher sur son épaule, ce n'est pas le poids de cette petite chose qui allait faire chavirer un grand gaillard comme lui. En tournant la tête, il ne voyait que celle de la petite chose, mignonne petite chose. Mignonne créature qui ne le lâchait pas, mieux encore, lorsqu'il faisait jour et que la vue du forgeron était au plus bas, elle lui servait de guide.

Finalement plus utile que dérangeante, mais surtout beaucoup trop mignonne, l'enfant de la forêt cendrée décidait de la garder alors qu'il se dirigeait vers Aros. Il n'avait pas encore la force de partir trop loin de sa forge bien-aimée, il favorisait alors le nord d'Hastérion, ne doutant pas qu'il faudra tôt ou tard partir plus loin.

- Que t'arrives-t'il douce chose ? La nuit est trop froide pour toi ?

Hochant de haut en bas sa tête, l'Évoli partais trouver refuge dans le col de son dresseur, bien plus chaud que son épaule. Après quelques rires, l'enfant de la cendre entrait dans la ville. Elle n'avait que peu changé, c'était plaisant à ressentir. Toujours aussi active. Il passait sa ruelle tranquillement, n'ayant pas envie de se faire remarquer plus que nécessaire et ouvrait la porte de sa forge.

- Nous voilà arrivé, c'est encore un peu froid, mais je vais vite allumer tout ça.

Après avoir allumé la forge, avoir déposé sa petite évoli au chaud et avoir refermé la porte, l'adolescent parcourait maintenant le petit chemin menant au cimetière. Les mains croisées dans son dos, la tête dodelinant à droite et à gauche, il avançait sans son petit guide de poil. Il semblait le connaître sur le bout des doigts ce chemin, rien n'avait bougé, aucun obstacle n'aurait donc pu arrêter la tranquille marche du forgeron, mais une main l'a fait.

- Ooh voyez-vous ça, si ce n'est pas le petit Cendrée ! Comment vas-tu mon garçon ?

Qui venait d'interrompre le parcours de notre manipulateur de fer ? Une petite et âgée dame, cela ne change pas ça non plus. Celle si avait la particularité d'avoir une aussi mauvaise mémoire que Cendrée avait une mauvaise vue. Lui parler revenait à parler au mur, mais à un mur intéressant et particulièrement gentil, il faut l'avouer.

- Bonjour madame, que faites-vous ici ?

- Je viens voir mon mari, comme toutes les nuits. Et toi mon petit ? La forge est de l'autre coté pourquoi tu viens ici ?

Il était évident qu'elle pensait encore le paternel de Cendrée en vie, même si mentir lui brûlait la gorge, faire de la peine à une femme si innocente n'était que pire. Serrant les poings dans son dos, il sourit en fermant son oeil valide.

- Je voulais voir si toutes les tombes avaient bien des fleurs et leurs en rapporter si ils n'en n'avaient pas.

- Oh que tu es gentil que tu es gentil, mais toutes les tombes ont des fleurs ne t'en fait pas. Et si tu venais plutôt manger quelque chose chez moi ? Vient j'insistes.

Coincé, il était désormais obligé d'y aller. C'était pas des plus agréables et long. Des dizaines de jours, c'était ce qu'avait ressentit Cendrée du moins. Lorsque c'était fini, il était rentré en urgence à la forge, le soleil se levant déjà. Sinistra attendait déjà son retour et penchait la tête vers la gauche, étonnait qu'il soit si fatigué.

- Tu n'as pas idée ma brave, j'en peux plus, je veux un bain, il doit rester un baril d'eau quelque par ...

Le feu de la forge étant déjà bien brûlant, faire bouillir l'eau n'était pas long, se mettre dedans non plus. La malchance du cendré était semble t'il infini lorsque le son de la porte qu'on frappait arrive à ses oreilles.

- ... cela doit être une blague.

Trop fatigué pour percuter qu'en sortant du bain, il a oublié de se couvrir correctement, il ouvre la porte que très légèrement pour pouvoir voir son visiteur, même si il se demandait qui le dérangerait si proche du lever de soleil.