les vallons silencieux (event; solo)

il y a un problème, dans la montagne
tu le sais avant même qu'on ne l'annonce

On a eu beau te dire de ne pas sortir seule, tu l'as fait. Ce que tu as constaté est hautement déplaisant. L'air printanier, d'ordinaire chargé de cris de petits Pokémon, est bien silencieux. Les adultes sont plus agressifs qu'à l'accoutumée, leurs nids vides. Il se trame quelque-chose. Certains se hérissent dès qu'ils te voient, comme si tu leur avais fait quelque-chose. Te donner l'air aussi inoffensif que possible n'y fait rien.

la peur et la colère émane d'eux
les approcher, c'est s'y exposer

(alors tu n'approches pas)
(tu fais preuve de respect)

Maintenant que c'est officiel, personne ne te retiendra au temple. Ni le conseil, ni le Général, ni tes parents. Tu es aussi attachée à cette montagne que le reste de ton village, alors personne ne t'empêchera de rejoindre l'effort collectif et te mettre à la recherche de ce qu'il manque. Où que soient ces oeufs, tu comptes bien les retrouver.

ta mère comprend tout à fait
elle te souhaite du courage

Tu quittes le village à l'aube, alors que de nombreux vallons sont encore dans l'ombre. L'air est froid contre ta peau de porcelaine, mais il en faut plus pour te faire trembler. Ou te faire changer d'avis. Armée de ton arc et bien vite rejointe par Saya, tu marches avec détermination. Les sentiers battus ne t'intéressent pas, tu les quittes à la faveur de routes plus dangereuses.

celles que les Hommes empruntent peu
celles que tu choisirais pour chasser

Loin des regards et loin du passage, elles mènent à des coins idéaux pour un voleur. Parfaits pour y cacher des choses qui ne lui appartiennent pas. Tu ignores qui sont les coupables. Tu ignores aussi leurs motivations, mais si tu en crois l'agitation des Pokémon lapins qui sont venus vous inciter à les aider dans la recherche des oeufs; tu ne peux pas supposer qu'elles sont bonnes.

mais tu ne t'empresses pas:
ils t'entendraient arriver

ta recherche ne mène à rien
pour le moment, du moins

Passant d'un chemin de bête à un autre, surveillant toujours les environs d'un oeil attentif, tu es loin de te décourager. Tu ne t'attendais pas à ce que ça soit facile. Si les parents Pokémon sont dépités et n'ont pas encore remis la patte sur leur progéniture, il doit bien y avoir une raison. Alors tu te montres patiente. Consciencieuse. Comme dans chaque tâche ce que tu entreprends, en définitive.

Près de toi, Saya fait au mieux pour se déplacer en silence, mais ses pattes métalliques tintent sur le sol rocheux. Tu ne peux pas lui en vouloir. Avec son poids, c'est déjà un exploit qu'elle fasse aussi peu de bruit en te suivant. Sans doute a-t-elle l'oeil pour repérer les endroits stables où mettre les pattes. Son agilité n'est pas celle de Yugen, mais elle reste admirable.

voilà un moment que vous cherchez
tu arrives sur un chemin en pente douce

Le terrain descend vers un vallon abrité du vent. Il est d'un accès assez périlleux, mais il en faut plus pour te dissuader. Si ton monstre semble dubitatif, tu es bien plus à l'aise. Enfin un peu de difficulté. Attrapant un ruban dans l'une de tes poches, tu empoignes ta tignasse noire pour tenter de la dompter. Les mèches coulent de tes mains comme de longs filets d'encre, mais tu finis néanmoins par les stabiliser en un chignon désordonné.

ça fera l'affaire
Saya ne te juge pas

Vous descendez à un rythme prudent, et si ta Galekid manque plusieurs fois de rouler jusqu'en bas, elle tient bon. Tu l'encourages à voix basse. Tu murmures de petits riens et lui assures que a va aller. Jusqu'à ce que le terrain s'aplatisse. Alors la recherche continue. Jusqu'à qu'au détour d'un des buissons constituant la rare végétation tes montagnes, l'objet de votre recherche apparaisse.

un oeuf
deux, même  

Leurs coquilles lisses reflètent légèrement le soleil qui est maintenant bien haut. Ils ont l'air d'être lourds, mais tu ne peux pas les laisser là. Un regard prudent aux alentours t'apprend que le sol a beau être couvert de traces, les voleurs sont vraisemblablement partis. A la recherche d'autres oeufs, penses-tu amèrement. Tu aimerais les attendre là et les arrêter une bonne fois pour toutes, mais ce n'est pas prudent. Pas alors que tu es seule et qu'ils pourraient être une dizaine. Ce genre d'imprudence ne sera utile à personne.

tu ouvres ton sac de chasse
une chance qu'il soit aussi grand

Aussi délicatement que possible, tu glisses un oeuf puis le second dans sa large ouverture avant de faire coulisser les ficelles pour le refermer. Il te faut quelques instants pour équilibrer sans accrocs le sac et le carquois, mais tu finis par t'en sortir. La charge est lourde. Mais pas autant que certaines de tes prises. Et surtout, pas autant que la responsabilité.

maintenant, il te faut rentrer au village
avec ce poids en plus, il te semble bien loin

vous êtes suivies
tu le remarques bien vite

(la presque-voix aussi)
(elle murmure des avertissements)

Vous avez remonté la pente douce et regagné un chemin plus large lorsque tu sens des yeux te suivre. Ils sont brûlants, furieux. Un frisson désagréable remonte dans ton dos. Il danse sur tes épaules, te donnant la chair de poule, avant de venir glacer ton coeur. Être chassée n'est pas une sensation agréable. Tu as plutôt l'habitude d'être dans le rôle inverse.

ta main se resserre sur la bretelle du sac
qu'importe, ils n'auront pas les oeufs

Comme s'ils avaient entendu tes pensées, un cri mécontent dans ton dos lance les hostilités. Une silhouette bleue masquée bondit vers toi, ses griffes dirigées vers le bretelle du sac. Si tu comprends ses intentions trop tard, Saya l'avait déjà à l'oeil. Elle dévie sa trajectoire d'une charge bien placée, l'envoyant rouler dans la poussière du chemin. Lorsque tu te retournes, la situation est pire que ce que tu craignais: le louveteau n'est pas le seul à vos trousses. Certes, cette limace n'a pas l'air rapide, mais elle a certainement d'autres points forts. (un type eau, peut-être, au vu de sa couleur) Tu hésites à piquer un sprint. Toutes seules contre ces deux monstres, l'affrontement te semble périlleux.

mais courir est plus risqué
si tu tombes, les oeufs aussi

Tandis que le louveteau se relève, tu émets un sifflement strident qui fait frémir les monstres autour de toi en s'élevant vers le ciel clair. Un appel au secours pour Yugen, le même que dans les mines. Où qu'il soit, il s'empressera de te rejoindre. S'il l'entend.

(ô, comme tu espères qu'il l'entendra)
(son aide serait plus que bienvenue)

De son côté, le Pokémon masqué ne semble pas ravi de la tournure des choses. Il montre les dents, sa fourrure poussiéreuse hérissée et ses yeux rouge sang fixés dans les tiens. Tu serres les dents à ton tour, loin de te démonter. Il est trop proche pour ton arc, mais ça ne t'empêche pas de tirer un poignard de ta manche. Affronter des monstres ne t'effraye plus depuis longtemps.

tu es une chasseresse, Byakuren
tu en as vues d'autres

Pendant ce temps, Saya aussi se préparait à l'affrontement. Du coin de l'oeil tu as vu son corps métallique se mettre à luire plusieurs fois tandis que sa posture se redressait. Elle renforçait sa peau pour mieux encaisser les coups. Si bien que lorsque le loup bondit sur elle, la Galekid sent à peine sa morsure. Tandis que tu recules pour lui laisser de l'espace, elle roule sur le sol caillouteux pour se débarrasser de l'adversaire. Mais il tient bon. Ses pattes sont assez longues pour lui permettre une bonne prise, et ses griffes semblent pouvoir s'accrocher dans les moindres aspérités de la carapace de Saya.

« Ecrase-le ! » indiques-tu alors

Si s'agiter ne mène à rien, c'est le moment de mettre à profit le poids conséquent de ta partenaire. Mais apparemment, le fait que tu l'aides au combat n'est pas au goût de tout le monde. La limace, qui jusqu'à présent ne faisait que ramper péniblement sur le chemin montagneux, projette soudain une gerbe d'eau dans ta direction. Prise au dépourvu, tu n'as que le temps de croiser les bras sur ton visage. La puissance du jet te fait vaciller. Tu recules maladroitement d'un ou deux pas, luttant pour ne pas perdre l'équilibre et casser les oeufs dans ta chute. Tout mais pas ça. Lorsque tu parviens à redresser la tête, chignon désormais défait, le monstre s'est rapproché.

tu ne pensais pas que c'était possible
mail il est encore pire de près

Son corps lisse d'apparence gluante est recouvert d'une curieuse gelée violacée. Elle semble en suinter, coulant jusqu'à minuscules pattes pour laisser des flaques glissantes sur son passage. Sa bouche aux lèvres enflées est tordue en une grimace qui te semble plus risible qu'intimidante, mais la colère dans ses petits yeux noirs est immanquable. Cette bête en a après toi. Elle ne tarde d'ailleurs pas à le confirmer en te projetant au visage la bouillasse terreuse formée par son attaque d'eau.

de la gadoue, vraiment
la grande classe

Fort heureusement, tu es cette fois-ci assez sur le qui-vive pour éviter les masques de boue impromptus. Si elle vient salir ta tenue de chasse, tu as bougé assez vite pour ne pas être blessée. Les oeufs sont toujours en sécurité sur ton dos. Lorsque la limace approche encore, ta prise se resserre sur le manche du poignard. Même son corps visqueux ne saurait le faire déraper. Bondissant sur elle, tu fais courir le métal sur son flanc, y ouvrant effectivement une plaie.

son cri te fait frémir
mais pas de compassion pour les voleurs

« Va-t-en, si tu ne veux pas que- » mais un choc vient interrompre ta menace

Souffle coupé, tu penses tout juste assez vite pour amortir le choc de tes genoux au lieu de finir face contre terre. (ou plutôt contre gelée: tu es sur le chemin de la limace) Quelque-chose est venu frapper dans tes côtes. Quelque-chose de volumineux. Lorsque tu tournes la tête, c'est la couleur du sang qui t'accueille. Cernés de noir, les yeux écarlates du louveteau semblent presque briller. Il semblerait qu'il aie pu se libérer du poids de Saya. Cette dernière laisse d'ailleurs échapper des cris mécontents, mais tu ne regardes pas dans sa direction.

ne pas quitter l'adversaire des yeux
surtout pas s'il est aussi proche

Il montre les crocs. Tu lui montres les tiens, loin d'être en reste. Si la chute t'a fait lâcher le poignard, tu n'es pas sans défense pour autant. Quelle bravoure, Byakuren. (ça pourrait te perdre, un jour) Ca pourrait être fini en un instant, mais lorsqu'il lève une patte, tu l'attrapes à pleine main pour la tirer vers le sol. Non. Certainement pas. Cependant, quand le monstre utilise ses pattes arrières pour te frapper à l'épaule, tu ne réagis pas assez promptement. Rendue moins agile par le poids du sac, tu encaisses le coup avec une faible exclamation de douleur.

ses dents luisent près de ton bras
mais elles n'ont pas le temps de l'atteindre

C'est au tour du louveteau de pousser un cri de douleur, frappé de plein fouet par la charge de Saya. Tu souris malgré ta peine. Juste à temps. Il l'avait repoussée tout à l'heure, mais elle s'est bien vite remise sur pattes. Elle est faite d'acier, après tout. Alors que tu te redresses, la Galekid utilise à son tour le sol boueux, en projetant une gerbe sur son adversaire sans lui laisser le temps de se relever.

elle le préfère à terre
qu'il y reste

Lorsque tu parviens à te remettre debout, tes jambes tremblent sous l'effort. Entre ta longue marche pour trouver les oeufs, le retour difficile avec leur poids supplémentaire et ce combat, tu commences à fatiguer. Sans l'adrénaline, tu ne sais pas si tu tiendrais. Mais il y a plus inquiétant que ton épuisement, pour l'heure. Ayant visiblement colmaté sa blessure avec la gelée mauve, le monstre bleu de tout à l'heure revient à la charge. Mais cette fois-ci, ses yeux sont fixés sur Saya. Cette dernière ne remarque rien, trop occupée à taillader le louveteau de ses griffes acérées.

il peine à riposter
c'est bientôt fini

(du moins, tu l'espères)
(Saya aussi est fatiguée)

Le monstre bleu prépare un nouveau jet d'eau. Tes yeux s'agrandissent dès que tu t'en rends compte: là où elle est, ta Galekid ira rouler dangereusement sur le flanc de la montagne, si elle est touchée. Qui sait où elle s'arrêtera ? Ni une ni deux, tu ramasses ton arme et te jettes sur la limace dans un cri de guerre digne d'Hoshimi. Ta lame l'atteint à temps pour dévier l'eau.. vers le louveteau.

c'est lui qui hurle
c'est lui qui chute

Trop sonné par ton monstre pour se rattraper, surpris que la frappe alliée soit dirigée sur lui, il n'a pas eu le temps de réagir. Son cri se perd dans les vallons. Tu serres les dents mais restes concentrée, profitant de l'inattention de la limace pour attaquer à nouveau. Un sillon rouge s'ouvre sur sa peau bleue. Pas de pitié pour les voleurs. Surtout quand ils ne sont pas concentrés sur le combat.

(tu ne voulais aucun mort)
(mais la montagne, si)

Furieuse de cette attaque qu'elle juge probablement traîtresse, la limace t'arrose de la boue nouvellement formée à ses pattes. Cette fois-ci, tu n'as pas assez de recul pour esquiver. L'éclaboussure vient maculer ton visage, t'obligeant à fermer les yeux par réflexe. Alors que tu t'essuies le visage, elle te pousse dans l'espoir de te faire déraper sur ses dépôts gélatineux. Récupérer les oeufs sera aisé, une fois que tu seras au sol. Tes jambes tremblantes jouent en sa faveur.

mais Saya ne l'entend pas de cette oreille

Bondissant courageusement sur le monstre adverse, elle le lacère de ses griffes métalliques, le détournant de sa tâche. Tu profites du répit pour reculer à distance du combat. La boue et la bave manquent de te faire glisser, mais tu es habituée aux terrains instables. (même s'ils ne sont généralement pas aussi glissants) Lorsque tu parviens à débarrasser ton visage de la gadoue, une vision bien curieuse t'accueille.

le louveteau est de retour
porté par une sorte de ballon

Si la créature n'est pas d'ici, elle ne t'est pas inconnue pour autant. A moins que ta mémoire ne te joue des tours, une exploratrice du village est accompagnée d'un monstre similaire. Baudrive, non ? Elle pose délicatement le Pokémon canin à distance de l'affrontement, sur un espace dégagé du sol montagneux. La bête ne se relève pas, mais il te semble la voir respirer. (quel soulagement) Pour autant, ce n'est pas le moment de baisser ta garde.

d'où vient cette Baudrive ?
est-ce un nouvel ennemi ?

Comme si elle avait entendu ta question, la créature ne tarde pas à se tourner vers toi. Elle se déplace avant que tu aies le temps de réagir. Saya est tout aussi impuissante, sonnée par un jet d'eau de la limace qui ne l'a heureusement pas projetée vers le vide. Elle ne remarque même pas le mouvement du monstre. Tu recules, mais c'est inutile. La bête est maintenant au dessus de toi. Les ficelles terminées par des sortes de nageoires jaunes qui pendent de son corps effleurent tes épaules. Souffle court, crispée contre la douleur, tu crains une attaque.

elle ne vient pas
au lieu de ça, tu t'allèges

C'est le sac qu'elle veut. S'il le faut, elle est prête à t'emporter avec. Peut-elle faire ça, vraiment ? A peine te poses-tu la question que les bretelles commencent à tirer, sous tes épaules. Tu te débats avec vigueur, tentant de la faire lâcher prise. Couper une bretelle serait une option, mais tu ne peux pas risquer de voir les oeufs s'écraser au sol.. A quelques pas, Saya est toujours occupée. Elle a planté ses griffes dans la limace qui tente de la déloger, jusqu'à présent sans succès.

tu crains de t'envoler
mais la Baudrive te lâche

Un cri mécontent lui échappe lorsqu'elle est projetée loin de toi, ses ficelles se détachant du sac. Un poids atterrit près de toi. Lorsque la poussière se dissipe, tu es enchantée de reconnaitre Yugen. Il t'a entendue ! Ce combat t'a semblé durer une éternité, tu commençais à perdre espoir. L'Embrylex t'adresse un hochement de tête entendu avant de bondir vers la limace, l'envoyant rouler dans la poussière pour permettre à Saya de se relever.

il l'a frappée fort
tu ne la vois pas se relever

Mais ta Galekid non plus n'est pas dans un état reluisant. Haletante, tremblant sur ses pattes, elle n'a pas fière allure. Tu doutes qu'elle puisse affronter un nouvel adversaire. (surtout s'il est en pleine forme) Ce n'est pas grave: avec un seul monstre encore debout, Yugen a toutes ses chances. En théorie. Son adversaire a tout de même l'avantage de la hauteur. Tu t'éloignes du combat à pas pesants: malgré la fatigue, une idée t'a traversé l'esprit. Tandis que Yugen esquive maladroitement une charge du ballon, tu ranges ton poignard.

tu prends plutôt ton arc
il est parfait pour un ennemi volant

Cependant, à peine tentes-tu d'attraper une flèche dans ton carquois qu'un vent violent se lève. Le Baudrive t'a vue faire. Entre les gerbes de poussière soulevées et tes longs cheveux volant dans tous les sens, impossible de viser. Surtout que quand bien même tu y arriverais, la flèche n'atteindrait certainement pas sa cible.

c'est bien joué
contrariant, mais bien joué

Tu serres les dents, constatant qu'il n'y a qu'à toi que le vent fasse un tel effet. Ancrée au sol par son poids, Saya semble à peine remarquer. Yugen vacille un peu, mais ne souffre pas trop. Pour preuve, il court vers une élévation du terrain, prenant appui dessus avant de bondir vers son adversaire. Ce dernier n'a pas le temps d'esquiver et les crocs de l'Embrylex viennent se planter dans son corps violet. Avec son poids, tu ne t'attendais pas à ce qu'il saute aussi haut. Le Baudrive non plus, sans doute. Alourdi par Yugen qui refuse de lâcher, il peine à se maintenir dans les airs, descendant lentement vers le sol.

les vents cessent
c'est ta chance

Mais dans sa descente, le Baudrive tourne sur lui même. Tu risques de toucher Yugen. L'idée te rend nerveuse. Sur son corps, une flèche ne ferait pas grand-chose, mais si par malheur tu atteignais son oeil.. Non. Pas le temps de tergiverser. Prenant ton courage à deux mains, tu bandes l'arc, vises et attends le bon moment. Yugen peine à maintenir sa prise, mais il tient bon.

un tour..
deux tours..

maintenant

Ton trait part comme un éclair, venant déchirer le flanc du Baudrive de sa pointe effilée. L'explosion vous projette tous à terre. Elle résonne dans la montagne, se réverbérant sur les parois escarpées. Quelques rochers dévalent les pentes sous le choc. Par chance, tu as eu la présence d'esprit de te tourner dans la chute, atterrissant sur l'épaule plutôt que sur le dos. Déjà blessée par l'attaque du louveteau, elle te lance désormais cruellement. Au moins, te répètes-tu par dessus la douleur, tu as épargné les oeufs. Mais c'est une bien maigre consolation quand l'air chargé de poussière te rend la respiration difficile et que tu ignores où sont tes monstres.

où l'explosion les a-t-elle envoyés
ont-ils chuté comme le louveteau ?

De longues secondes d'angoisse s'écoulent avant que la poussière ne retombe. Yugen en émerge, titubant mais victorieux. Non loin, tu repères Saya qui secoue la tête avec mécontentement. Ce ballon n'avait décidément rien pour lui plaire. Entre l'aspect volant et se maudit talent.. Mais au moins vous en êtes-vous sortis. Tu te remets debout au prix de quelques grondements et beaucoup d'efforts, assurant à voix basse que tout ira bien lorsque les monstres lèvent des regards inquiets sur toi.

ce n'est rien
juste ton épaule

tu peux marcher
tu dois marcher

la marche est pénible
et pas que pour toi

Saya aussi peine à se mouvoir, épuisée par l'affrontement. Pour autant, elle refuse de faiblir. Vous ne serez pas en sécurité avant d'atteindre le village, alors traîner est hors de question. De ton côté, tu n'en mènes pas large. La bretelle du sac appuie pile là où tu as mal, et la façon dont elle bouge à chaque pas te fait serrer les dents. Continuer ta marche en silence est une épreuve de volonté.

le poids n'est pas un problème
à la mine, tu portais plus lourd

la douleur est une autre histoire

Devant vous, en meilleure forme malgré l'explosion qui l'a envoyé contre une paroi rocheuse, Yugen joue les éclaireurs. Jusque là, personne en vue. Un soulagement. Tu ignores ce que tu feras si vous tombez sur d'autres adversaires, mais c'est toujours mieux d'être prévenue. Sans doute. Lorsque l'Embrylex revient plus vite qu'à l'accoutumée en poussant quelques cris, ton sang se glace. Quand on parle du loup..

mais il semble bien enthousiaste
il ne te signalerait pas un danger ainsi

Lorsqu'il s'éclipse avec Saya, tu comprends: des gens du village arrivent. Pour ne pas te compromettre, les deux monstres peuvent pas rester à tes côtés. L'idée te tire un pincement au coeur, mais tu les salues d'un discret mouvement de la main. Vous vous reverrez au Temple. Tu les soigneras là-bas. En espérant qu'ils y arrivent sans encombres.

Tes monstres s'en vont à peine que deux silhouettes familières se profilent. Chiyo et Tooru viennent à ta rencontre. Chargés de sacs similaires au tien mais vides, ils ouvrent de grands yeux en t'apercevant. Chiyo est la première à réagir, courant dans ta direction pour prendre ton visage à deux mains. Elle le tourne à gauche. Puis à droite. (tu vois la panique sur son visage) Puis elle te lâche, étudiant tes vêtements poussiéreux. Tes mains écorchées.

'que s'est-il passé ?' demandent ses yeux
'qui dois-je frapper ?', demandent ses poings

Arrivé à ta hauteur le second, Tooru repère bien vite ce qui te fait le plus souffrir. Il t'a vue tenter de cacher des blessures trop souvent, à la mine. (tu ne voulais pas sembler faible) Ta posture crispée est évidente pour son oeil acéré. Sans un mot, il te débarrasse du sac, soulageant ton épaule. Tu le remercies en un sourire, mais Chiyo te presse de parler. Le mineur se joint bien vite à elle, l'oeil sévère, partagée entre l'envie de te gronder et de te prendre dans ses bras.

ils te fixent
tu te sens rougir

(trop d'attention)
(ça devient gênant)

« Ce.. c'est rien. Des monstres. J'ai réglé le problème. » bredouilles tu

A ton grand soulagement, leurs regards se font moins intenses. Une tension que tu n'avais pas remarquée se dissipe. Tooru ébouriffe tes cheveux déjà dans un état discutable et Chiyo grommelle que ta mère ne devrait vraiment pas te laisser partir seule. (si elle savait comme tu ne l'étais pas) Que tu aurais au moins dû lui demander de t'accompagner: c'est toujours mieux d'être deux, pour se mettre dans le pétrin.

l'idée te tire un petit rire
c'est vrai que vous faites ça bien