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Blossom of snow may you bloom and grow | Ely

Anonymous
Invité
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Jeu 27 Déc - 21:39
Invité

Salutations. Je me présente comme étant l'héritier que la noble famille von Edelweiss, connu sous le prénom d'Eloi dans les occasions les plus formelles. Or, je préfère largement mon surnom Ely qui me sied d'avantage. À force de me présenter ainsi, je suis presque parvenu à faire oublier mon prénom d'origine pour qui je ne ressens qu'une distance froide. Il me rappelle trop ma position de noble à la Cour de Scémède. Malgré la noblesse de mon sang, j'ai souvent le sentiment de n'être qu'un jeune homme de 24 ans au même titre qu'un autre, cherchant simplement à suivre sa propre voie en ce monde. Ce qui me motive avant tout, c'est mon travail informel d'instructeur d'équitation et de maniement des armes pour les plus jeunes nobles de la Cour qui se découvrent la passion d'apprendre.

On reconnaît mes origines étrangères parmi mes traits, en particulier dans l'azur limpide de mon regard, une caractéristique héritée par le côté paternel de ma famille. Deux perles plutôt sombres, souvent dissimulées derrière une crinière trop longue et éparse que je tâche de soigner du mieux de mes compétences. Souvent retenus en queue de cheval, mes cheveux sont la seule forme de pilosité que j'apprécie réellement. J'ai tendance à me raser la barbe même s'il peut m'arriver de négliger cet aspect, simplement par étourderie. J'ai un visage bien dessiné, sculpté par des générations d'hédonisme, de luxe et de privilèges, ainsi qu'un intérêt marqué pour les beaux gens. De ce côté, je n'ai pas à me plaindre même si je me soucie assez peu de l'aspect de mon visage. M'intéresse davantage ce corps que j'ai tenté, au fil des années, de modeler selon une image précise pour un résultat plutôt réussi.

Des années d'entraînement ont façonné un corps noueux et maigre. Des muscles raides, souvent tendus par les courbatures, mais bien endurants. Au premier regard, je paraîtrai maigrichon malgré ma grande taille (1 mètre 84). Il est vrai que j'ai tendance à oublier certains repas, trop occupé à m'entraîner ou à vaquer à mes occupations. Heureusement, je bénéficie d'une riche alimentation réservée aux mieux nantis de ce monde. J'ai bâti des épaules solides, des bras adroits et rapides, des jambes, cuisses et fessiers endurants à mes escapades équestres. Je regrette de ne pas être découpé comme d'autres, mais ce n'est pas l'objectif de mon entraînement de toute manière. J'ai surtout cherché à devenir difficile à éjecter de ma selle ou mis à terre en combat. Je ne serai jamais le plus fort ni le plus rapide, sauf que mon endurance, ma précision et ma technique en combat font de moi un excellent combattant, particulièrement à l'épée et à la lance. Je n'ai jamais affectionné l'arc néanmoins même si je sais tirer, l'apprentissage de cette arme demandant beaucoup trop de patience à mon goût.

De par ma position privilégiée, j'ai l'habitude des tissus et étoffes luxueuses. Un petit côté capricieux chez moi. J'aime être confortable dans mes vêtements, mais de me distinguer aussi grâce à eux. La majorité du temps, cependant, on me retrouve dans ma tenue de combat, couvert de poussière.

Ce dont je suis un peu moins fier, ce sont les cicatrices que je porte. Une, au cou où une flèche m'a frôlée provoque particulièrement ma honte. Une autre découpe mon épaule, parfois encore douloureuse. Le reste de mon corps n'est pas en reste même si j'ai eu plus de chances que d'autres.

Ely von Edelweiss

Mettre un X entre les []
[] Le choix entre 3 Pokémon comme dans les jeux.
[] Un œuf de la Région pour être sûr que le Pokémon me plaira.
[] Rien ! J'suis un bonhomme, moi !
[X] Le choix pour voir... sinon je prendrais un œuf
Forward, always
J’ai toujours trouvé difficile de cerner un caractère lorsqu’on ne demande aucun défi à l’individu qui nous fait face. Au premier abord, il est aisé de se méprendre sur un personnage je suppose. Mais les véritables caractères se manifestent toujours dans l’adversité. J’ai appris, à force de pratique, à mieux comprendre autrui. Le processus a néanmoins engagé une part d’introspection chez ma propre personne car après tout… comment véritablement interpréter l’autre sans comprendre notre propre langage caractériel? Sur le chemin vers la connaissance de soi, j’ai toujours du chemin à faire, sauf que j’aspire à trouver un jour la sagesse et surtout la paix. Contrairement à bien des autres, j’ai à peu près conscience de certains défis ou failles dans mon caractère et aspire à m’améliorer, à changer pour le mieux.

Au premier contact, on me décrira comme un être épuisant et difficile à suivre. Je semble être doté d’une énergie inépuisable qui m’engage dans toutes sortes de projets et d’idées parfois farfelues pour le commun des mortels. L’inaction ne m’ennuie pas; elle me condamne. J’ai besoin de bouger pour me sentir vivant. Forcé à la tranquillité, je suis habité d’une fébrilité que je ne sais pas réellement contenir malgré tous mes efforts. J’ai développé certaines stratégies pour compenser mon hyperactivité mais va sans dire dans un milieu tel que le Palais de Scémède, je suis souvent incompris dans cette pulsion. D’autant plus qu’elle s’accompagne d’autres symptômes incommodants. J’ai parfois l’impression que les mots et les idées se bousculent sous mon crâne dans une cacophonie à laquelle j’ai pris une certaine habitude. Tout ce bruit me rend néanmoins très distrait, voire souvent maladroit. Me concentrer devient ardu dans toutes les tâches qui me motivent moins, et même dans celles qui viennent chercher mon intérêt je dois fournir un effort supplémentaire pour être attentif. Autant dire que tout exercice académique m’est presque impossible. Le parchemin n’a jamais su attirer mon œil et malgré tous les efforts déployés j’ai échoué lamentablement chaque tentative de développer mes habiletés dites «mentales».

Je vis une grande honte vis-à-vis ma presque incapacité à lire et écrire, à compter ou à m’occuper des finances de notre famille, un travail que voudrait bien me voir porter mon père. Bien des concepts échappent à ma compréhension car trop denses ou complexes, ce qui ne fait pas de moi un être stupide pour autant. Mes talents résident simplement ailleurs que dans les domaines de l’esprit, bien que j’apprécie toujours la besogne d’autres qui possèdent ce type de compétences. Ma différence, je dirais, m’a rendu plus sensible qu’un autre. J’ai une facilité à deviner les états d’âmes d’autrui, à me mettre dans leur position et comprendre leur point de vue. C’est ce qui me rend fin pédagogue. J’aime m’adapter aux autres, surtout dans mes cours. Mieux les comprendre, valoriser leurs forces et tenter d’ignorer leurs faiblesses. On dit souvent que je vois le meilleur dans tous, que cette tendance me rend influençable et naïf. Je ne vois pas les choses ainsi. J’ai simplement accepté que toute personne possède plusieurs facettes, que ses actions moins louables ont parfois des motivations plus profondes que celles que nous lui prêtons. J’aime mieux le terme «tolérant» pour me désigner. J’essaie de considérer tous les aspects d’une situation avant de me faire une idée, là où ma trop grande sensibilité me rendait prompt à condamner auparavant. Cette philosophie s’applique aussi à la vie. J’essaie de porter un jugement neutre à ce qui m’entoure, à penser plus loin que mon nez. Sauf que vu le bazar qui règne souvent dans mon esprit, autant dire qu’il s’agit encore d’un grand défi pour moi.

Socialement, j’ai aussi encore à apprendre. On me dit brusque, trop direct ou franc, sans méchanceté bien sûr… mais certainement maladroit. J’ai de la difficulté à retenir les paroles et les pensées qui me viennent à l’esprit. Celles-ci jaillissent souvent à l’improviste sans avoir le temps d’être véritablement mûries ou cogitées. Je peux aussi parler rapidement ou même abandonner mon propos en pleine phrase pour changer simplement de sujet, sans même m’en rendre compte. Ou encore me lancer dans une conversation sans spécifier le sujet, comme dans l’espoir que l’autre devinera mes états d’âme. On me dit parfois trop familier, trop prompt à partager mes idées ou mon vécu. Autant dire que mon honnêteté tranche avec l’obsession de l’apparence qui règne dans mon milieu de vie et qu’elle me cause beaucoup d’ennuis. Étant un être émotif, j’ai tendance à m’emporter rapidement, à tempêter ou à grogner avant de reprendre ma bonne humeur quelques instants plus tard. Un tel lunatisme me rend difficile à suivre. Je peux aussi pleurer à chaudes larmes lorsqu’ému. On me l’a reproché souvent. Sois un homme m’a-t-on dit. J’ai fait le sourd jusqu’à présent mais en moi cette pression fait germer une certaine honte qui malgré moi influence mes sentiments. Je tente de réserver le plus possible mes épisodes émotifs à la discrétion de mes appartements personnels.

Je ne suis pas bâti pour la réserve. Je suis fait pour aimer, pour vivre les choses pleinement. J’ai besoin du contact avec les autres, de sincérité, de rires. Les colères et les ressentiments me mettent mal à l’aise. Je préfère un coup de sang aux non-dits qui forment des rancœurs froides. J’ai le pardon facile, trop parfois. Sauf que je reste susceptible aux peines. Depuis certaines tragédies dans ma vie, j’ai découvert les limites de mon optimisme acharné, vois le monde d’un œil plus méfiant désormais. J’ai toujours eu cette part un peu retirée. J’ai souffert par le passé du contact avec l’autre, j’ai tendance à penser que… Je ne suis pas suffisant pour bien des attentes qu’on pourrait placer en moi. Ou qu’au contraire, mes proches ne peuvent pas suffire à porter ce cœur parfois lourd. J’essaie d’être la meilleure version de moi-même mais il y a encore cette part un peu blessée de moi qui me pousse à mettre quelques barrières, à l’encontre de moi-même. Autant dire que mes réticences à laisser approcher de trop près les autres me rendent très malheureux lorsqu’elles surviennent et me bloquent. Sauf qu’elles sont, pour le moment, plus fortes que moi.

Pour le reste, j’essaie d’être juste, d’agir avec honneur. Je considère les humains tels mes égaux, une idée plutôt controversée que je tiens pour moi. Je n’ai aucun mal à me mêler avec le peuple, à échanger ou débattre des idées, surtout autour d’un peu de bière. Je n’ai pas peur de la mort ou de prendre des décisions difficiles parfois, sauf que j’estime aussi la vie humaine. Je ne comprendrai jamais la cruauté, envers tout être vivant. Si je préfère la paix, je sais que la guerre est parfois inévitable. Je ne suis pas aussi utopiste qu’on pourrait le croire. J’ai grandi, mûri depuis. Je suis aussi particulièrement loyal envers mes engagements (sauf ceux qui impliquent d’arriver à l’heure, là je crains de créer des déceptions). Je profite pleinement du luxe dans lequel je vis mais n’hésiterai pas à offrir ma part au besoin. J’ai néanmoins besoin d’un certain confort pour véritablement me sentir bien et me montrerai grognon si je n’obtiens pas ce que je désire. J’ai cette impulsivité en moi, cette difficulté devant l’attente ou la frustration. Je travaille encore à apaiser ce feu en moi avec pour le moment des résultats mitigés.

Comme souligné plus tôt, je chercherai constamment à avancer, à m’exercer non seulement dans les domaines dans lesquels je m’illustre particulièrement, mais aussi comme personne.

Nothing breaks like a heart
|!| Avertissement |!| Comprend des scènes de violence plus ou moins graphiques, je préfère prévenir!

Je suis le fruit du mariage de deux importantes familles aux histoires chargées s’accompagnant de prestance. Du côté maternel, la famille Cardoso, ayant à ma connaissance toujours vécu avec une influence non négligeable à Hastérion, particulièrement à Scémède. Ma mère a toujours aimé me raconter avec une suffisance sans limite le prestige de sa lignée. Malheureusement peu fertile, les héritiers se sont faits de plus en plus rares jusqu’à ce qu’il ne reste qu’elle et son frère, le dernier porteur de ce nom. À ses yeux, les Cardoso incarnent richesse, image et dignité, des valeurs qu’a tenté en vain de me transmettre ma génitrice. Dans les faits, le nom Cardoso s’est salit avec les années grâce à l’orgueil démuré des miens. Ma mère n’a jamais supporté qu’on lui souligne à quel point elle a peu de pouvoir à la Cour de Scémède. Que si on l’inclue encore, c’est probablement seulement grâce à son frère, possédant un caractère bien plus apprécié et ayant su se remettre en question à l’aide d’une modestie rafraîchissante. Dommage qu’il ne soit décédé avant de produire un héritier masculin capable de reproduire le nom des Cardoso. Je n’irai certainement pas les pleurer.

Ma mère, à son grand dam, fut forcée d’épouser un étranger, de la famille von Edelweiss. Mon père provient en effet d’une région pas si lointaine d’Hastérion où les siens possèdent leur propre petit royaume de gens reconnus pour leur fierté. Malgré son appartenance à une autre région, la Cour de Scémède et la famille von Edelweiss ont toujours entretenu des rapports cordiaux, ce qui a amené mon père souvent au palais. Je ne sais pas ce qui l’a poussé vers ma mère si ce n’est que sa beauté qui s’est rapidement fanée avec les années malgré tous ses efforts pour la conserver. Dans tous les cas, mon père ne devait pas hériter du royaume à la maison, savait très bien que de trouver une femme et un lieu où s’installer était tout ce qui lui restait à accomplir. Les arrangements furent faits.

Je naquis dans un monde sans véritable amour. Du moins, pas tel qu’on le décrit dans les histoires. Je prolongeais une lignée, une idée. J’étais le fruit d’un geste calculé et désiré. Faites un garçon, il vous remplira de fierté. On considérait ma venue au monde avec espoir et optimisme, établissant déjà des attentes envers un être qui ouvrait à peine les yeux sur son environnement. On parlait de moi comme de bien des enfants, nobles ou pauvres : il fera un bel ajout à un portrait établi, pourra servir à une tâche précise. Je n’allais pas labourer la terre ou nourrir les bêtes. J’allais couvrir ma famille de gloire, peu importe ce que cela signifiait. Cette idée, dans la tête de mes parents, devint une véritable gangrène dans les années qui suivirent. Malheureusement pour eux, j’allais constamment les décevoir dans leurs projets pour moi.

Ma mère, elle, aspirait surtout à être en contact avec moi le moins possible. J’ai bénéficié des soins maternels quelques jours je suppose avant d’être remis à une nounou. Il est des choses dont on se remet, dans la vie, mais la froideur de ma mère je n’ai jamais pu, je… Enfin. Comprenez-vous, j’étais ce qu’on appelle un bébé difficile. Passant la majorité de mon temps à hurler, le visage rougi, peut-être parce que je savais au fond que la femme qui volerait à mon secours n’était pas celle qui devait m’aimer et veiller à mes besoins. Sent-on les choses lorsqu’on est si petit? J’ai grandi pour être un bambin tout aussi casse-tête. Téméraire et turbulent, énergique à un tel point qu’il en devenait dangereux de me laisser sans surveillance ne serait-ce qu’une fraction de seconde. Une telle étourderie provoquait des situations désastreuses dans lesquelles je pouvais grimper à tout ce qui passait à ma portée, détruisant tout sur mon passage. On me réprimandait, mais je ne comprenais pas. Je n’obéissais qu’à une seule loi : celle de cette pulsion qui m’habite encore aujourd’hui.

Je suppose qu’il devait être particulièrement ardu de provoquer l’obéissance ou la tranquillité chez moi. Mes besoins étaient intenses. Rien ne me satisfaisait pleinement si ce n’était que la course et les rares instants où mon père m’accordait son attention. Le soir, près de la fenêtre, il me berçait en me contant les récits épiques de ses ancêtres, les von Edelweiss, qui déjà possédaient toute mon admiration. Mon père se montrait patient et attentionné avec moi. Il disait que cette turbulence reflétait la puissance de mon âme, qu’un jour je ferais de grandes choses. C’était le bon temps, le temps où il acceptait encore que j’étais un enfant. Celui où j’étais encore autorisé à jouer avec mes nounous, à vivre dans des mondes imaginaires, à pleurer à chaudes larmes devant une énième chute. Toutes les bonnes choses connaissent une fin.

J’étais trop jeune pour ce brusque changement, trop jeune même pour me souvenir désormais ce qui constituait mon monde avant. Un jour, dans tous les cas, mon père s’est mis à me regarder différemment. Un jour, ce caractère qui faisait sa fierté ne le satisfaisait plus. Il me levait à l’aube, traînait ma petite carcasse endormie à sa suite pour m’asseoir à son pupitre. Je ne me souviens pas exactement comment mon éducation a débutée, je sais simplement que vers cinq ans, je fus forcé d’apprendre toutes ces choses qui caractérisent un enfant noble. Ce père qui autrefois se montrait si patient se décourageait vite de mes échecs répétés devant les chiffres et les lettres qu’il me présentait. Je ne parvenais pas à me souvenir de ses leçons, ni de celles de précepteurs qui ont défilé les uns après les autres dans l’espoir d’apprendre quelque chose à cet enfant trop agité, trop inattentif, probablement stupide devant eux. Oh, mais je n’avais rien de stupide. Simplement les mots qu’ils décrivaient comme «faciles» à lire se mêlaient sous mes yeux, rendant toute lecture presque impossible. Mon père disait que dans ma tête il ne régnait que chaos, qu’il fallait que j’y mette de l’ordre. Je détestais ces séances. Seul devant un parchemin, devant la certitude que je n’y parviendrais jamais, à laisser toute estime de moi-même se dégrader sous les regards fatigués et désapprobateurs de mes enseignants.

Je ne connaissais aucune relâche, d’autant plus que mes rares moments de liberté se consacraient à quelques jeux auprès d’autres enfants de la Cour où je me sentais plus seul que jamais. J’étais maladroit, trop brusque, trop franc, incapable de correspondre à leurs attentes, à eux aussi. Ma gentillesse ne suffisait pas à m’aider ici. Tout ce que je pouvais désirer, c’était un peu de reconnaissance, un ami, un sourire. Plus désespéré je devenais, moins habile aussi. On observait aussi cette tendance chez moi avec ma mère à qui je collais aux basques dans l’espoir d’obtenir ce que je désirais tant. Sauf que ma mère… J’ignore si elle en est réellement capable. Je me souviens du malaise qu’elle pouvait afficher devant mes étreintes, de cette difficulté à s’exprimer autour de moi. Malheureusement pour elle, je me montrais particulièrement obstiné, pour le meilleur et pour le pire. Malgré mon grand sourire et mon énergie débordante, je souffrais de plus en plus de ma solitude. J’étouffais.

Ce sentiment m’a mené, je suppose, jusqu’aux écuries. J’y ai posé les pieds comme on entre chez un étranger. Incertain de la marche à suivre, je me suis montré particulièrement docile et silencieux à l’approche des Galopa parfaitement alignés dans leurs box. L’un d’entre eux a levé paresseusement la tête en ma direction tandis que je tendais une main nerveuse en sa direction. J’ai effleuré ses naseaux avec respect et mesure, deux sentiments qui m’habitaient rarement à l’époque turbulente de mon enfance. Ce sont eux, les Ponyta et Galopa, qui m’ont appris à me contrôler. Au fil de mes visites, je réalisai à quel point ce pouvait être des bêtes nerveuses. Un mouvement de trop et je pouvais me brûler les doigts. Je passais aux écuries régulièrement, appris à en prendre soin grâce à un palefrenier avenant qui, je crois, avait tout autant besoin d’un ami que moi. Mon intérêt pour ces braves bêtes ne passa pas inaperçu. Mon père ne pu que s’extasier devant cette passion nouvelle.

À la suite de ce constat, un nouveau changement vint ébranler mon quotidien. Mes leçons ne se limitaient plus au pupitre de mon père et à mes nombreux échecs. Je goûtai, enfin, à une forme de réussite que je n’avais jamais connue auparavant. Désormais, mon géniteur m’entraînait au maniement des armes ainsi qu’à l’équitation. Mon corps avait toujours possédé une adresse bien supérieure à celle de mon esprit. Je m’adaptais rapidement à ses apprentissages, ne rechignant pas devant ses ordres durs, les pompes et les courses à emplir mes poumons de cendres, ou les courbatures qui ont forgé mon quotidien. J’étais un garçon actif; me faire bouger révolutionna ma vie. Je pouvais enfin canaliser toute cette ardeur dans une tâche productive. J’aimais sentir l’épée de bois dans ma main, me perdre dans les séquences apprises. Oublier le brouhaha constant de mes pensées pour frapper, pour sentir, pour finalement, enfin, être! À dos de Ponyta, je me sentais invincible, et encore plus en brandissant une arme, en jetant une lance vers une cible ou en me penchant sur ma selle pour tester jusqu’où je pouvais me jouer de la gravité. Ce fut des années de très dur entraînement. J’y passais tout mon temps, partagé avec mes leçons intellectuelles dans lesquelles je ne progressais toujours pas.

Mon père ne se satisfaisait jamais de ma progression. Je pestais de ses mots durs, de ses techniques souvent dégradantes. Il haussait le ton et je répondais entre mes dents, tentant désespérément de retenir l’impulsivité de me faire sortir de mes gonds. Il avait la main mise sur moi, sur mes choix et mon éducation. Je n’osais pas le défier, pas réellement du moins. Il y avait cette sorte d’arrangement non-dit. Jusqu’à ce que je sois en mesure de le surpasser en combat, je devrais me plier à sa volonté. Malgré toute la haine que je pouvais ressentir pour lui lors de nos entraînements, je le regardais aussi avec admiration et respect. Un rythme aussi effréné me tenait particulièrement occupé. Me fatiguait aussi. Autant dire que mes humeurs se trouvaient affectées par cette surcharge constante de travail qui constituait ma normalité. Même dans mes instants de repos, je m’éclipsais pour monter ou m’entraîner, à l’abri des regards, à l’abri de tous. Je grandissais en développant un certain mépris de mon prochain, surtout mes pairs. Je cherchais toutes les excuses pour éviter de les rencontrer, surtout que nos rares échanges se changeaient très souvent en conflits. J’étais victime de pas mal railleries et d’insolence de la part des autres parce que j’étais sensible, car plus souvent qu’autrement leurs insultes provoquaient chez moi des pleurs pathétiques et des réponses exagérées. Ils aimaient me voir réagir.

Sauf que je ne pouvais constamment les éviter. Ma fatigue grandissante et bon nombre de mes frustrations non adressées me rendaient de plus en plus agressif. Ainsi, lors d’un bal organisé pour une occasion quelconque, je m’étais convaincu d’être bien, d’ignorer ceux qui m’importunaient et d’en finir au plus vite avec cette soirée. Sauf que bien sûr ça ne se passa ainsi. Je ne sais plus ce qu’on m’a dit, ce qui m’a mis hors de moi. Dans tous les cas, je réalisai qu’il était trop tard en entendant un craquement, provenant du nez de l’autre enfant m’ayant importuné. Avec horreur, je l’ai vu tomber, une marre de sang couvrant sa tunique brodée. J’ai su que j’étais responsable de cette violence, que même s’il l’avait probablement mérité, que rien ne justifiait une telle réponse.

Le regard du garçon me hante toujours. Je me satisfais de l’idée de ne plus l’avoir revu depuis ce jour fatidique. Sauf que le ressentiment dans ses yeux me suivra partout où j’irai, me rappellera où se dresse la ligne de ma morale. J’ai regretté sitôt le geste commis. Mon instinct m’a poussé à fuir la scène précipitamment mais ce que j’avais fait ne resterait pas sans conséquences. J’avais apporté la disgrâce sur ma famille et je sentais venir plus de reproches. Ce soir-là, j’ai arpenté ma chambre, tremblant, anxieux, en pleurs, à ne plus savoir jusqu’où cette impulsion en moi me mènerait. Je me suis dégoûté. Ainsi m’a trouvé mon père qui plutôt que de hausser le ton ou me rappeler ma faute, se contenta de m’ouvrir les bras. J’ai pleuré mon soul contre sa poitrine pour ce qui me sembla des heures. Je n’étais qu’un pauvre gamin perdu. Pour la première fois, mon père en prenait conscience.

La fatigue, longuement accumulée, eu raison cette nuit-là de mon chagrin et de mon trouble. Mon père veilla à mes côtés, confus et tout aussi dépassé que je pouvais l’être du haut de mes douze ans. Il avait cru pouvoir m’aider, faire de moi un membre de cette Cour. Il constatait alors que j’étais différent et rien n’y changerait probablement jamais malgré tous ses efforts. Que je vivais beaucoup de frustrations qui se cristallisaient dans un mépris grandissant. Que s’il me laissait tomber plus loin, qu’il ne me retrouverait probablement jamais. Il fut encore plusieurs jours avant qu’il ne m’expose sa solution à ma problématique, longuement cogitée. Clairement, je nécessitais d’une pause. Mon oncle, son frère, acceptait de me recevoir dans leur royaume natal, de m’éduquer dans un contexte différent de celui du Palais de Scémède. Je protestai aussitôt… comment envisager d’être déraciné de tout ce que je connaissais jusqu’à présent? Je ne comprenais pas tout à fait à quel point je pouvais être malheureux. Malgré mes caprices, mon père m’imposa cette décision. Cette décision qui allait me sauver la vie.

* * *


Edelweiss se dressa devant moi, château sombre encadré de montagnes et de collines enneigées. Je souffrais déjà du froid auquel je n’avais pas l’habitude, frissonnant sous ma cape pourtant bien épaisse. Le voyage jusqu’aux contrées de mon père avait été long et rude. Je considérais mon nouveau chez moi avec appréhension et rancœur. Je prenais la décision de m’envoyer ici telle une trahison. Mon père cherchait à se débarrasser de ce fils impotent, n’est-ce pas? Sitôt je passais le pont-levis néanmoins que je réalisais mon erreur. Derrière les remparts à l’allure sinistre, je découvrais un monde de chaleur et un accueil inespéré. Mon oncle Wilhem m’y attendait, dans son épaisse cape noire. Je posai pied à quelques pas de lui, inquiet, nerveux. Il ne s’en soucia pas un seul instant, m’attirant à lui dans une étreinte que j’espérais depuis si longtemps. Il me serrait tel un fils, venant cueillir mon visage de ses mains chaudes, puissantes. À cet instant je sus que tout irait bien.

On m’introduit au reste de sa famille. Sa femme Amalia, leur fils Xaver âgé alors de dix-neuf ans et leur fille Maryna, âgée de treize ans. Sitôt mes premiers repas en leur compagnie que je découvrais le véritable sens du mot «famille». Mon oncle, contrairement à mon père, me traitait tel un égal et m’encourageait à développer mon autonomie dans toutes les circonstances. Dans les quelques jours suivant mon arrivée, il prit un temps considérable pour apprendre à me connaître, me faire visiter le royaume et m’en apprendre davantage sur celui-ci. J’appris ainsi que ma famille régnait sur ces terres depuis plusieurs siècles et que sa position géographique avantageuse avait rendu toute invasion très ardue pour les contrées voisines. Heureusement, Edelweiss connaissait la paix depuis plusieurs années suite à des traités qui avaient mis fin à d’anciennes hostilités. Je buvais chacune de ses histoires de guerre. Un fin conteur que Wilhem, qui s’emballait toujours avec une émotivité semblable à la mienne tandis qu’il relatait de ses aventures passées. Naïf, je parvenais à croire tous ses mots, même si parfois il y glissait quelques exagérations. Dans tous les cas, j’étais simplement heureux qu’on s’intéresse à moi.

Wilhem m’accordait sa confiance et cette pensée suffisait à la gestion de mes indomptables émotions. Lorsque contrarié, je tentais de trouver une solution plutôt que d’exploser, trouvant en mon cousin Xaver un allié de taille. Ce grand colosse au sourire contagieux me prit rapidement en affection et moi de même : je rêvais d’être sa copie conforme dans quelques années. Je m’entraînais aux armes avec lui particulièrement, les premières années du moins. Je réalisais à quel point il me restait du chemin à parcourir, moi qui avais toujours cru que mes connaissances acquises jusqu’ici me permettaient de m’illustrer comme un réel combattant. On constata en effet que je possédais un énorme potentiel, mais aussi une certaine arrogance que Xaver se permit de déloger à force de m’humilier gentiment lors de nos luttes acharnées. La taille et la force bien entendu l’avantageaient mais il mesurait toujours sa force avec moi. Il fallut quelques années encore pour qu’il y mette tout du sien lorsqu'il m'affrontait.

Je passais aussi un certain temps auprès d’Amalia ou de Wilhem pour mes leçons plus académiques. Je reprenais avec irritation cette part de mon éducation pour constater chez ma tante particulièrement une patience particulière. Elle me confia que mon oncle possédait les mêmes difficultés, que les lettres et les chiffres dansaient sans cohérence sur sa feuille comme ils le faisaient pour moi. Cette pensée me rassura. J’avais enfin la certitude d’avoir des difficultés particulières qui expliquaient mes échecs plutôt qu’un manque d’intelligence. Amalia adaptait sa pédagogie à mes besoins spécifiques. C’est grâce à elle que j’eus cette piqûre. Ce déclic. J’avais quatorze ans quand je sus que je voulais enseigner de la même manière qu’elle. Redonner cette part de bonheur qu’elle m’offrait à chacune de nos séances malgré le défi pour moi. Je voulais que d’autres qui pouvaient se sentir aussi incompétents que moi voient la lumière. Je progressai énormément grâce à ma tante en qui je trouvai toutes les qualités requises d’une mère. Son affection constante, la manière posée avec laquelle elle s’adressait à moi, cette façon qu’elle avait d’apaiser les têtes fortes de sa famille, y compris moi. Avec adresse et délicatesse, ma tante parvenait toujours à faire entendre raison aux plus obstinés, à considérer tout problème selon plusieurs angles.

Mon oncle l’aimait profondément. Je les observais avec fascination, leurs petits gestes, leurs sourires, la fièvre de leurs regards volés. Je découvrais l’amour, je m’en languissais moi aussi. La puberté amenait son lot de perturbations en moi. J’avais envie, moi aussi, de connaître l’amour que me décrivait mon oncle, celui pour qui il disait se battre. Je voulais fonder une famille comme la sienne. Je voulais appartenir. Chaque jeune femme qui passait dans ma vie devenait «l’amour de ma vie» et je lui dédiais toutes mes pensées et mon ardeur. J’y repense avec humour maintenant. Je devais paraître bien sot pour les servantes à qui je réservais toute mon affection qui s’avéra sans retour. Tant mieux d’ailleurs. J’avais fort à apprendre sur moi-même avant de me lancer dans une telle aventure. C’est ce que m’appris Maryna, devenue telle une sœur pour moi. À mon arrivée, je l’enviais pour bien des raisons. Tout semblait lui réussir. Maryna était plutôt réservée contrairement à son frère aîné, ce qui la rendait assez difficile d’approche pour un être aussi maladroit que je pouvais l’être. Je n’avais aucune idée que sous ses œillades impassibles se dissimulait un véritable ange tombé du ciel. Je ne connais pas plus généreux, altruiste et bon que ma cousine pour qui je n’ai qu’éloges à faire. Elle veillait sur moi de loin au départ, jusqu’à ce que le temps ne perce nos coquilles respectives. Nous avions toutes sortes de discussions. Elle m’était bien supérieure en culture et en intelligence, me forçait donc à réfléchir et me dépasser. Auprès d’elle je pus aussi développer un peu mes habiletés sociales. Retrouver ma confiance envers les jeunes de mon âge. Elle devint véritablement ma première amie. Nous étions inséparables malgré nos caractères divergents.

Je crois sincèrement que Maryna a fait de moi une meilleure personne. Elle remettait en doute mes idées les plus noires, les remplaçait habilement par de la bonté. La princesse d’Edelweiss me permit de mieux comprendre autrui, un talent inné chez elle me semble-t-il. Lorsque je vivais des conflits ou des frustrations, elle m’invitait à considérer la situation avec empathie et diplomatie. Elle me calmait mieux que quiconque, tandis que je lui permettais de prendre des risques. Je fus celui pour la convaincre d’apprendre à manier les armes. À l’époque, Maryna était une pacifiste obstinée, ce qui m’inquiétait un peu pour elle. Je voulais qu’elle apprenne à se défendre, qu’elle fasse plus qu’être un trophée comme pouvait l’être ma mère. Elle s’avérait être ma première élève. Je lui appris les bases et elle développa ses habiletés tranquillement. Ma cousine le faisait surtout pour me faire plaisir je crois, mais apprendre à se battre la rendit aussi plus forte mentalement.

Les années passèrent sans que je ne réclame de retour à la maison. J’avais appris la naissance d’un frère là-bas, ce qui ne me convainc pas de retourner visiter mes parents. J’avais presque oublié mes origines à vrai dire, me définissant tout entier par cette nouvelle famille qui m’avait recueillie et qui lentement faisait de moi un homme et un être honorable. J’assistais mon oncle dans ses patrouilles à l’âge de seize ans, faisant office d’écuyer. Je n’avais qu’un désir : devenir un chef de guerre aussi puissant que mon oncle. Malgré les années de paix que vivait Edelweiss, les relations avec un des royaumes voisins se détérioraient et celui-ci violait de plus en plus de lois issues des traités de paix. Wilhem ne se pressait guère à leur déclarer les hostilités, désirant prouver de sa bonne foi. Elle avait toutefois ses limites. Lors d’une de nos patrouilles à la frontière, nous avons découvert avec horreur les vestiges d’un village brûlé et pillé, ses habitants laissés pour morts dans les premières neiges d’un hiver précoce. Je n’avais jamais assisté à autant de violence et me tus tandis que mon oncle déversait sa colère vers le ciel. Jamais mon oncle n’haussait le ton, pourtant.

La vision des corps mutilés et carbonisés des villageois du royaume m’étourdissait à toute heure du jour et de la nuit. Je me réveillais en sueur, hanté de cauchemars d’une vivacité troublante. J’entendais le choc des épées, les hennissements des Galopa, les cris des hommes. Grandissait en moi la certitude que cette musique ferait partie de mon quotidien. Je m’y préparais, assimilant lentement mais sûrement l’horreur à laquelle j’avais assisté, sachant que je ne pourrais pas échapper au carnage. Dans un sens, je crois que je m’y suis préparé toute ma vie, à la véritable guerre, pas celle qu’on vous enseigne dans une cour protégée derrière d’épais remparts. Mon père m’en contait les récits avant même que je ne quitte pour Edelweiss après tout. Mon sang bouillait dans mes veines. J’aspirais à la vengeance de ces âmes innocentes, à faire régner l’honneur de ma patrie. Lorsque mon oncle m’offrit ma première véritable armure, je ne cillai pas. Lorsque mon cousin me confia une épée, je ne bronchai pas. Je le désirais, ardemment, même si je n’apprécierais jamais la violence. Cette fois je la savais justifiée. Cette fois je la désirais profondément.

J’avais dix-sept ans lors de notre premier assaut chez nos voisins. Je revois encore les lignées de soldats dans leurs armures sombres, les ordres scandés, la discipline, le courage. Combien ce spectacle m’apparaissait beau avant que la suite ne se déroule devant mes yeux. Il y eu une course puis un grand choc qui me jeta presque de ma monture. Je tremblais, balançant mon épée avec un seul instinct : la survie. Il n’y avait aucun honneur dans cette lutte. Seuls deux egos brisés. Mais je savais que nous n’avions pas d’autres options. Que si nous nous battions, c’était pour protéger les nôtres. Je me faufilais jusqu’à mon cousin sur lequel je prenais appui, renversant adversaire après adversaire dans un chaos tel que je n’avais jamais connu. J’ai hurlé en sentant une arme s’abattre dans mon dos, perforant presque mon armure, poussant la plaque de métal contre mes côtes. Presque incapable de respirer, j’ai dû retraiter, m’évanouissant à quelques pas des combats. Je ne sais pas combien d’hommes j’ai tué cette journée-là, ni combien dans les combats ensuite.

Après ce premier combat, je sus que malgré l’horreur cette vie serait la mienne. J’y trouvais un sens. Dans les quatre années qui suivirent, ces batailles ponctuèrent mon quotidien. Je faisais partie des rencontres militaires, organisais nos défenses et nos offensives, participais bien sûr aux combats. Je m’améliorais à chaque fois, me faisant de plus en plus endurant et de plus en plus précis. À mon retour de campagne, Maryna accueillait mes larmes et mes remords, apaisait ma peine de tous les soldats perdus amis ou ennemis. Mais bientôt, rien ne me consolerait plus. J’approchais mon 21e anniversaire alors.

Cette bataille résonne encore dans mon esprit. Je revois la violence, le désespoir. Jamais l’ennemi n’était parvenu à franchir les hauts monts entourant le château d’Edelweiss où se sont tendues de nombreuses embuscades particulièrement efficaces. Jusqu’à ce jour. Récemment allié d’une autre patrie voisine, notre ennemi nous écrasait par le nombre. Leurs troupes se brisaient contre les remparts, incapables d’échapper à l’ardeur de nos archers. Malgré nos impénétrables défenses, nos assaillants menaçaient à tout moment de briser nos murs et déverser leur haine sur le château et ses habitants. Nous avons alors sonné l’assaut. Une cavalerie endurcie a décimé une première ligne avant de foncer tout droit vers l’armée de réserve, composée de lanciers. Ils nous attendaient. C’était un acte désespéré que de se lancer contre ces pics. Il nous fallait casser cette dernière défense. Le feu de ceux qui défendent ce qu’ils aiment de tout leur être nous animait. Tout se jouait là.

Seule la chance m’a permis d’éviter la mort. Mon cheval a succombé aux lances sous l’impulsion du choc et je suis tombée lourdement au sol, sonné et désarmé. La chute m’a brisé les côtes et j’ai peiné à me redresser, cherchant dans la terre piétinée l’épée que m’avait offert Xaver. Mes doigts désespérés l’ont déniché dans la gadoue, l’extirpant de l’oubli pour la brandir in extremis sur un soldat adverse qui me transperça l’épaule de sa lance. Le coup lui trancha la gorge et je fus éclaboussé de son sang, y perdant une part de ma vision. Tremblant, haletant, en proie d’une douleur extrême qui me tirait vers les ténèbres de l’inconscience, j’ai persisté. Impossible de savoir qui, autour de moi, était l’ennemi ou l’allié. Dans la mêlée, j’ai poussé, craché, mordu, n’obéissant plus qu’à cette pulsion, qu’à ce désir de vivre. Une flèche oubliée a frôlé mon cou, déchirant la peau et déversant dans mon armure l’eau poisseuse de la vie. J’ai hurlé pour qu’on me vienne en aide, je n’y voyais plus d’issue jusqu’à ce que les trompettes retentissent, annonçant le retrait des troupes ennemies et la victoire, celle que nous attentions depuis longtemps.

Je ne sais pas ce qui m’a maintenu sur mes pieds. Je savais, je crois. Je l’avais vu tomber. Dans la mêlée, je n’ai pas pensé que… Je n’ai pas même pu croire… Sauf qu’à la découverte de son corps, traversé de part en part par une lance, j’ai su que je ne pourrais plus y échapper. Xaver gisait là, pâle, les yeux ouverts sur un ciel aveugle. Il y a eu comme un sursaut, un hoquet dans ma gorge. Mes genoux ont cédé. J’ai pris sa main et j’ai pleuré, j’ai pleuré comme jamais auparavant. J’ai pleuré pour ce frère perdu, pour cet ami, ce guide, ce modèle. J’ai peu de souvenirs ce qui a suivi. La peine m’a éteint pendant plusieurs heures ensuite.

Je revois notre triste retour vers les remparts. Ma réunion avec mon oncle Wilhem qui connaissait déjà le sort de son aîné. Les cris désespérés d’Amalia. Les silences de Maryna. Dans ma poitrine, il y avait cette blessure, ce trou béant qui subsiste, qui pulse encore, qui m’écorche vif. Quelque chose en moi s’est brisé à la mort de Xaver. Je n’ai plus su à quoi rimait la vie sans cet être cher, sans nos entraînements, nos beuveries, nos rires. J’ai cru qu’il s’agissait de ma faute, peut-être que si j’avais été plus près, peut-être aurais-je pu le protéger? Wilhem, parmi nous tous, vivait le plus difficilement la tragédie. Pendant plusieurs semaines, je ne vis plus en lui qu’un spectre, frôlant les murs, le regard hagard. J’ai tenté d’être une aide, un soutien à ma famille. J’ai souri, je me suis tenu droit. Je me suis investi dans les préparatifs des rites funéraires, vaqué aux soins des blessés, poursuivi les patrouilles et organisé le nettoyage de la plaine devant le château. Lorsque tout fut terminé, que j’avais fini de m’occuper de tous et chacun, lorsqu’il n’y eu plus que le silence et quatre murs, alors je me noyai. Plus de deux mois après le décès de mon cousin, je ne pouvais plus trouver sommeil tant la peine me pesait.

C’était comme un long hiver. Wilhem, un jour, me fit appeler à lui. Il me dit qu’il m’aimait comme un fils. Qu’il sacrifierait tout pour moi. C’est pour cette raison qu’il m’ordonnait de partir. Je n’ai pas compris, mais je n’ai pas protesté. Je n’en avais pas la force. Neuf années après mon arrivée à Edelweiss, je devais lui dire adieu. Après l’avoir défendue de tout mon être, d’y avoir laissé la chair de ma chair, un frère. J’avais besoin d’un nouveau départ, mon oncle le savait. Malgré toutes mes réticences à reprendre le chemin vers Hastérion, je savais qu’il s’agissait de la seule issue possible. Celle-là ou une autre, inavouée, qui me tentait de plus en plus.

J’ai ressenti un étrange soulagement en entrant à nouveau dans le Palais de Scémède. J’y ai vu une opportunité. Je n’étais plus le même que lorsque je l’avais quitté. J’ai décidé d’y mettre un peu du mien, de changer cet endroit, d’y propager les valeurs que j’avais apprises dans ma famille, ma véritable famille. Pour ce faire, je proposai mes services pour enseigner aux plus jeunes le maniement des armes et l’équitation, espérant un jour faire plus et gagner de l’influence dans cette Cour. J'ai retrouvé un père beaucoup plus compatissant à mon égard désormais. Lors d'un de nos entraînements, j'ai pu constater que je lui étais maintenant supérieur au combat. Depuis, il respecte mes décisions sans poser trop de questions. Ma mère, elle, n'a pas changé. Elle a néanmoins trouvé chez mon frère Alfaaz le fils qu'elle a toujours désiré, un petit prince à son image. Je n'ai pas apprécié tout de suite cet enfant gâté, orgueilleux et arrogant avant de découvrir chez lui un coeur tout aussi sensible que le mien et une grande curiosité. J'aspire à le retirer de l'influence néfaste de ma mère et d'en faire une personne saine et équilibrée. Le deuil me hante encore et mon oncle, sa femme et sa fille me manquent terriblement malgré notre correspondance régulière. J’ai encore le sentiment d’avoir beaucoup à accomplir, à apprendre. Mon retour chez moi m’a au moins offert un cadeau inestimable : un tout nouvel espoir de me réaliser.


Et toi dans tout ça ?
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Le Passeur
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Equipe : Blossom of snow may you bloom and grow | Ely Miniature_0225_XY
Ven 28 Déc - 11:39
Le Passeur

Choix du starter


La dernière (première) étape

/!\ géant vert Ely a croisé la route de ce.tte Cabriolaine dans les montagnes d'Edelweiss. A force de se rencontrer plus ou moins par hasard, une amitié s'est formée entre l'humain et le Pokémon. Leur lien est si fort qu'iel a suivi Ely sans hésiter lorsqu'il est reparti pour Hastérion ! Lae Cabriolaine l'assiste désormais dans ses leçons d'équitation.


/!\ PSY magical girl Offert.e à d'Ely par son père lors de son retour, ce.tte Tarsal s'avère être un soutien précieux pour lui. Sa sensibilité aux émotions semble aider l'humain à se maîtriser, mais aussi à se sentir moins seul dans cette Cour où tout n'est que paraître. D'autant qu'il n'est pas sans rappeler à Ely sa propre émotivité, ce qui les rapproche.


/!\ acier casper Ce.tte Monorpale a longtemps été l'adversaire d'Ely au palais d'Edelweiss. Lorsque personne d'autre n'était disponible pour l'affronter, le monstre se manifestait pour lui permettre de s'entrainer à l'escrime. Personne n'a jamais su s'iel était sauvage ou vivait au palais, mais lorsqu'Ely l'a quitté, lae Monorpale est parti.e avec lui.


Faites votre choix en indiquant le sexe de votre Pokémon et si vous souhaitez tenter le dé shiney
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Anonymous
Invité
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Ven 28 Déc - 14:03
Invité
Il va vraiment falloir que je me déniche un Tarsal plus tard... Mais mon coeur se porte sur Cabriolaine, un mâle je vous en prie et je tente le shiney car il est plutôt adorable sous cette forme **
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Equipe : Blossom of snow may you bloom and grow | Ely Miniature_0225_XY
Ven 28 Déc - 14:37
Le Passeur

Félicitations, tu es validé


L'aventure peut commencer !

Blossom of snow may you bloom and grow | Ely Sprite_672_XY
Tu reçois un Cabriolaine Normal Mâle de niveau 10.
screen du lancer:

Message de Melos: " Cette histoire est tout simplement magnifique, mais ça tu le sais déjà je suppose ! Alors cessons les louanges, et je vais juste te dire a nouveau bienvenue, après tout, c'est une sorte de nouveau départ non ? Amuse toi deux fois plus, et bon courage avec Ely o/ "

Message de Céleste: "  cry ‹‹ la fragile que je suis au moment du drama
(et un peu à d'autres moments aussi, donnez des amis à cet homme, flûte :c )
Mis à part ça, fiche bien agréable à lire ! Je comprends ce que tu veux dire quand tu parles d'avoir du mal à écrire un caractère concis, mais c'est assez fluide pour ne pas gêner tbh. Hâte de voir l'évolution d'Ely irp, en espérant qu'il lui arrive pas trop de crasses (et que quelqu'un le hug un de ces quatre) !
Encore une fois, amuse-toi bien sur le forum keur leur lov
(+ tu dois être la première personne à choisir un starter de type plante, et pour ça jtm love )"

Tu peux désormais aller :

• Recenser ton avatar ici
• Poster ton Créa-Répertoire ici
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• Participer aux mini-events ici
• Profiter des migrations ici et ici
• Commencer à Rp parmi nous !
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