Catnapping (Mission)

Quel monstre pourrait ignorer un enfant qui pleure ? Certains seraient trop empathiques pour agir sans fondre en larme à leur tour, d'autres n'oseraient intervenir mais prieraient pour qu'on aide cette âme pure. En règle générale, aucune personne censée ne pourrait passer devant lui ou faire la sourde oreille, n'est-ce pas ? C'est en tout cas ce qu'aimait penser le parfois-trop-optimiste Renart.

C'était un dimanche, au crépuscule, signant l'ouverture des commerces aux Halles. Pour beaucoup de gens, c'était la journée des emplettes, le bourreau n'y faisant pas exception. Souvent un jour de congé, c'était bien l'inverse pour les boutiques du marché, qui redoublaient d'activité lorsque les civils avaient besoin de se distraire. En évoluant dans les couloirs, on pouvait voir défiler toutes ces couleurs chaudes qui attiraient les marins en escales et autre touristes parfois loin de leur destination initiale, mitrons, poissonniers en grande quantité... quelques restaurateurs se préparant à lever le rideau faisaient déjà rôtir vaches, cochons, couvées, dont l'odeur rappela au barbu des souvenirs doux-amers d'une boutique qui, elle, aurait été fermée en cette journée de repos.

De par sa profession, son parcours dans les couloirs bondés était tout tracé, chaque semaine. Il n'y avait qu'un boulanger, un primeur et un pêcheur aptes à le servir, ou plutôt forcés, car malgré la somme généreuse de pièces dorées que leur confiait leur client à chaque transaction, il ne parvint jamais à leur acheter un sourire ni un simplissime "bonne journée".
Habitué mais pas désensibilisé, il soupira lorsque la fille du fournier, une jeunette de pas seize ans, se contenta de bien vite envelopper un bout de pain noir posé sur le dos avant de le lui tendre et de vite lâcher prise pour ne risquer aucun contact, ce qui manqua de faire mordre le sol immonde et plein de traces de pas sentant bon la marée. Dans les temps plus simple où il n'était que boucher, elle lui aurait sûrement retourné son radieux sourire.
Que ce soit pour ce genre d'interactions sympathiques ou pour se faire marcher sur les panards par tout un équipage de matelots complètement ivres, la simple activité de faire le plein de provisions avait perdu tout ce qu'elle avait d'agréable autrefois. Il ne souhaitait vraiment pas s'y attarder. Il pouvait heureusement compter sur ses deux fifilles pour l'épauler : la première mordant les mollets des passants qui menaçaient de les piétiner, elle et son maître, et la seconde qui portait tant bien que mal le bricheton, pensant aider alors qu'elle reposait elle-même sur les épaules de l'humain. Ce fut cette dernière qui entendit la première les cris d'alerte.

Sentant les pattes de la lapine s'enfoncer sans sa peau et voyant ses oreilles se dresser, Renart s'interrogea d'abord. Elle semblait avoir vu ou entendu quelque chose hors de sa perception. Pas étonnant, car seul un Pokémon avec une forte ouïe aurait pu entendre quoi que ce soit d'autre que le brouhaha environnant. Il reprit bien vite sa route vers la sortie des Halles, pensant que Fidélité s'était juste rendue curieuse quelques instants, avant d'être pris au dépourvu lorsqu'elle sauta de son dos pour arrive à ses pieds. Craignant qu'elle ne se fasse écraser par les passants, il poussa d'abord un cri étouffé. Tandis qu'elle lui faisait mine de la suivre, il la poursuivit en faisant de grands mouvements de bras, espérant la faire ralentir. Il ne remarqua même pas les quelques Arosiens outrés qu'il bouscula pour en arrive là.
La Laporeille s'était arrêté non loin, à une dizaine de mètres de son promontoire où elle avait été interpelée. Celui-ci la rejoint d'ailleurs bien-vite, paniqué.

Arceus merci, tu n'as rien, tu aurais pu te blesser petite sotte ! Je t'ai déjà dit de ne pas descendre des épaules de Papa dans la rue !

L'ignorant, la petite bête commença à tirer sur ses vêtements, pointant une direction de son autre patte, l'incitant à mieux observer son environnement. Et qui l'eut cru : lorsque son regard suivit le mouvement de la main de la bondissante, il se sentit stupide de ne pas avoir compris plus tôt. Têtue et casse-cou, la gamine n'en était pas moins sensible. Elle se demandant bien pourquoi ce petit garçon, faisant à peine trois fois sa taille, se mettait dans tous ses états.

Devant un tel spectacle, le cœur de Renart coula dans un gouffre sans fond. Pas qu'il n'ait pas été habitué à la vue d'en enfant en larmes -après tout, c'était malgré lui son fond de commerce, mais cela ne rendait jamais la fois suivante plus facile. Il ne pouvait supporter de voir un gosse malheureux et était toujours heureux de voir son parent le prendre par la main et le rassurer. Pourtant, ce jour-ci... pas de père, ni de mère à l'horizon.
Le marmot était seul, pleurait de façon peu discrète et tentait même d'attraper la manche de passants pour se faire entendre. Il avait désespérément besoin d'être écouté alors... pourquoi personne ne s'arrêtait ? Il fut témoin de la scène assez longtemps sans que personne n'agisse pour se poser la question : depuis combien de temps ce pauvre môme était-il planté là ?

Pauvre petit gars... il faut que j'y aille !
Ne fais pas ça, sombre idiot, tu vas juste lui faire peur !
Bien sûr que non ! Pour l'instant il est surtout dévasté, il a juste besoin d'une oreille, tu vas voir !
Voyons donc !

Faisant fi du conseil de sa conscience, l'exécuteur avança d'un pas se voulant assuré vers le mioche, qui cherchait toujours à parler à un adulte. Il prit donc quelques instants ) remarquer la grande silhouette qui se dirigeait vers lui. D'abord ravi d'être enfin remarqué, il commença à sourire et s'apprêta même à justifier son désespoir, jusqu'à qu'il identifie mieux l'individu face à lui. Même s'il n'en connaissait pas la signification, il savait qu'il devait se méfier de ce chapeau insolite et de cet infâme costume bariolé - c'est ce que lui avait dit sa maman ! Passant en un éclair de la tristesse à la terreur, le bambin déguerpit à toute vitesse pour se réfugier derrière une benne à ordures d'un poissonnier. L'odeur était insoutenable mais la peur lui fit ignorer son sens de l'odorat.

Bravo, gros malin ! Et maintenant ? Tu vas retourner le flanquer la frousse ? Tu vas le poursuivre à travers tout Aros peut-être ? C'est un coup à se faire empaler par le premier garde qui passe, ça !
Épargne-moi tes sarcasmes, Justice, j'essaie de réfléchir ! grogna Tuvache, bien vexé d'avoir été si naïf.

Et tandis qu'il réfléchissait, Fidélité agissait. Osant s'éloigner des échasses de son maître, elle sautilla agilement vers l'enfant toujours prostré, ayant en ligne de mire l'homme effrayant. Heureusement, ce dernier avait détourné son attention de lui pour se disputer avec un Pokémon aussi terrifiant que lui.

Lala ?

La douce voix de la lapine fit baisser les yeux du garnement, qui n'avait même pas vu s'approcher cette nouvelle arrivante. A la vue de ses grands yeux pétillants et de sa magnifique laine rose, il sembla se calmer un peu. Lorsqu'elle posa ses pattes sur sa pain et le regarda d'un air inquisiteur, il reprit de plus belle les pleurs qui s'étaient arrêtés le temps de la fuite.

C'est... c'est Figaro ! hurla si fort le gosse que ceux qui ne l'avaient pas entendu étaient des menteurs, il était avec moi et là il est parti parce que y a un vilain monsieur et d'autres vilains monsieurs ils l'ont pris avec eux. parvint-il à articuler entre des sanglots.
Renart était stupéfait. Intrigué par le hurlement, il s'était retourné vers la cachette de l'enfant et avant qu'il ne puisse s'y jeter pour interdire à son Pokémon de partir sans le prévenir, il entendit la plainte du jeune garçon. Quelle horreur... se faire dérober son ami... le bourreau n'osait l'imaginer. Il ne se serait jamais douté que sa Fifi, d'habitude si dissipée, puisse se montrer si attentive et faire sortir les mots des gorges nouées. Qu'il en était fier !

Le lièvre sourit, geste retourné par son interlocuteur, avant de poser son nez contre le sien en signe d'affection, geste que lui avait appris son propriétaire, cherchant sûrement à le conforter. Puis, elle fit demi-tour, galopant joyeusement vers l'homme au chapeau pour lui expliquer la situation qu'il venait d'entendre.

Toute joyeuse à l'idée d'être utile à son maître, Fidélité se sentait toute légère. Elle aurait presque eu la sensation de s'envoler ! Mais... peut-être pas à ce point... hé ! Elle s'éloignait réellement du sol, et pas par la force de ses pattes. Ses longues oreilles la faisaient souffrir : quelqu'un tirait dessus ! En moins de temps qu'il ne le fallut pour crier le nom de son espèce, la Laporeille disparut au milieu de la foule, emportée par une main anonyme.

Le hurlement poussé par le Renart fut encore plus aigu que celui de l'enfant. Il resta paralysé une seconde, qui lui parurent être une éternité à lutter contre ses propres muscles, avant de lancer la course-poursuite. Entendant les pas familier s'éloigner d'elle, Justice chargea à son tour, dépassant vite son ami bipède, filant toujours tout droit. Devant elle, il lui semblait que sa colocataire lagomorphe piaillait ? Pour quelle raison ? Était-ce ce pourquoi tout le monde courait aujourd'hui ? Ne serait-ce que par curiosité, elle continua de suivre la petite voix.

Attention !

Le voleur Falki envoie Pedro, son Capidextre !

Un  Capidextre Normal ♂

Falki et son Capidextre se retrouvent coincés face à un mur. Flûte ! Pedro tient solidement Fidélité dans une de ses grosses mains, attendant un ordre de son maître. Voilà les voleurs dont parlait Eliseo ! Renart va-t-il réussir de les convaincre de relâcher Fidélité, et libérer Figaro par la même occasion ? Ou le combat est-il inévitable ?

Les cris de détresse de la lapine commençaient à sérieusement ennuyer Justice, rendant sa course d'autant plus frénétique. Elle souhaitait bien la faire taire d'une manière ou d'une autre, même s'il fallait charger dans le tas. Heureusement, assez vite, le bruit dérangeant cessa de s'éloigner. Encore mieux : elle sentait qu'elle se rapprochait.

Lui qui se sentait agacé lorsque la foule le bousculait sans raison lors de ses sorties, Renart ne se gêna pas le moins du monde s'écarter de son chemin quiconque l'empêchait de chercher son Pokémon. A vrai dire, il n'était pas en état d'en être conscient, n'entendant même pas les jurons qui lui étaient dédiés, trop focalisés sur le son des pas du voleur ainsi que sur l'appel à l'aide de sa fifille adorée. Sur le moment, il bénissait ses longues gambettes, sans lesquelles il était persuadé qu'il n'aurait pas pu suivre la cadence, ni voir par dessus les Arosiens grouillants parmi lesquels s'était mêlé son nouveau pire ennemi. Il avait aussi le bonheur de pouvoir compter sur sa dragonne pour poursuivre ce dernier. En revanche, il ne s'était pas attendu à trébucher sur elle lorsqu'elle s'arrêta brusquement.
Après un court vol plané, l'exécuteur salua le sol puis se releva tant bien que mal. Il était prêt à enguirlander son amie, mais avant de pouvoir trouver ses mots, trouva face à lui un homme à l'air patibulaire, accompagné d'un macaque violet. Rien d'étrange, puisque même avec sa tête de pirate, l'inconnu était loin de ressortir dans la population de la Ville Blanche... en revanche, c'est vers l'une des mains géantes du Capidextre que l'attention du barbu se déporta. Entre les doigts rouges, se débattait fermement un adorable rongeur rose d'aussi fort que lui permettaient ses pattounes.

Fifi !

C'était donc ce malandrin qui avait osé commettre ce crime si odieux ! Une pauvre bestiole innocente ! Le gamin de tout à l'heure avait-il lui aussi été enlevé de la même façon ? C'était bien possible, ce genre de personne n'avait aucune honte ! Le genre de personnes à égorger des orphelins le jour de leur anniversaire et à ne ressentir aucun remords ! Avec toute la rage qui bouillait en lui, Tuvache était persuadé qu'il éclaterait à la figure du chapardeur.
Mais non. Les insultes que condamnaient le grand Arceus auxquelles avait songé le bourreau ne sortirent pas, heureusement pour lui car il l'aurait sûrement regretté. Il n'était pas non plus du genre à se battre, enfin, pas à mains nues. Peut-être qu'avec un peu d'intimidation ? ...
Effectivement, à la mine que tirait le voleur, le visage de Renart devait lui être familier. Cela suffirait-il à convaincre le vilain de se repentir ? Il l'espérait sincèrement.

Veuillez dire à votre Pokémon de lâcher cette innocente créature sur le champ, sinon...
Sinon quoi ? se moqua l'interlocuteur. Mince. Apparemment, il faisait plutôt partie de ceux qui méprisaient l'ancien boucher que de ceux qui le craignaient. Pour une fois qu'il croyait pouvoir se servir de son horrible statut pour le bien de quelqu'un.

Le rire gras du sale type stoppa net lorsqu'il entendit son compagnon grogner. Il tourna la tête aussi vite qu'il le put et fut témoin d'une terrible agression. Avec tout l'élan qu'elle avait  pu réunir (c'est-à-dire assez peu), la Solochi s'était jetée sur de simien de toutes ses forces, percutant de son crâne endurci la cage thoracique bien plus fragile de celui-ci.

Sinon "ça" ! supposa l'humain avec la voix de son monstre bleu.

Même s'il tomba à la renversa dans un grand fracas, se cognant même le bassin contre le mur qui les avait arrêtés plus tôt, cela ne suffit pas à lui faire lâcher prise. Les trois doigts de Capidextre étaient bien connus pour avoir une étreinte plus forte que les mains humaines, malheureusement pour la Laporeille. Étant même entraînée dans la chute, elle couina de plus belle. Il n'en fallut pas moins pour faire grincer des dents son maître.

Justice ! Doucement, ne blesse pas Fifi !
La paix ! Je fais déjà ce que je peux !

Elle ne resta pas immobile bien longtemps après cet assaut, comptant bien faire cesser la nuisance sonore causée par sa colocataire. Grattant le pavé de son antérieur droit pour préparer le terrain, elle prévint malgré elle le singe. Lorsqu'elle fonça à nouveau sur l'adversaire, celui-ci, d'un bond agile, esquiva, laissant la dinosaure faire connaissance avec la façade dans un beuglement. Serein, il se posa derrière elle, un sourire narquois et plein de dents aux lèvres. Dire que malgré tout ce bazar, aucune âme ne souhaitait intervenir. La population des grandes villes était vraiment imperméable à ce genre de situation. Quelle différence y avait-il entre tous ces combats plus ou moins clandestins entre malfrats ivrognes ?
Le dresseur du Pokémon mauve était plein d'assurance. Après avoir vu son allié éviter avec tant de facilité l'animal pataud couvert d'écailles, il ne doutait pas de la facilité de cette bataille. Il songeait finir celle-ci vite-fait, puis assommer le gêneur avant de déguerpir avec son larcin. Lui-même n'aurait jamais osé toucher la Mort, mais Capidextre n'aurait eu aucune objection à lui obéir.

Avant que Justice n'ait pu se remettre les idées en place, tel un danseur classique, le primate tournoya, tourbillonna sur lui-même si vite que l'on ne vit pas la centaine d'étoiles orner son corps. Pas avant qu'il ne les envoie voler, d'un gracieux coup de pied dans le vide, vers son ennemie. Non préparée à recevoir une telle attaque, elle ne put éviter aucun des petits projectiles. Même si sa crinière l'avait bien protégée des impacts, elle n'avait pas apprécié la surprise. Décidée à en découdre, elle partit au galop afin de retenter une Draco-Charge. Après avoir encaissé les météores, elle connaissait la position de sa cible. Aussi, malgré sa cécité, elle courut dans la bonne direction, enveloppée d'une aura mystique.
En revanche, le Pokémon Longue Queue ne pouvait pas encore se faire toucher par cette capacité puissante. Répétant sa petite danse, il envoya valser les étincelles dans la direction de l'attaquante. Entendant le bruit scintillant, et ayant retenu la leçon, la dragonne effectua un petit saut sur le côté sans s'arrêter, espérant éviter le coup sans modifier sa trajectoire. Ce qui sembla d'abord être une stratégie efficace se solda en un lourd échec : les étoiles eurent beau passer à côté d'elle, pas une seule ne lui atterrissant dessus, mais, comme attirées par sa présence, elles firent demi-tour afin de la frapper dans le dos. Surprise, il n'en fallu pas plus pour faire trébucher Solochi, qui n'était qu'à quelques foulées de frapper le ravisseur de Fidélité. Tant qu'elle attaquait au corps à corps, le singe pourrait la maintenir à distance grâce à Météores... malheureusement, la dragonne bornée aurait sûrement beaucoup de mal à comprendre cette réalité par elle-même.

Utilise plutôt Dracochoc, voyons !

La reptile sembla un peu confuse. Il est vrai qu'il était rare que son humain n'intervienne pendant les combats. Pourtant, c'était généralement pour la même raison, qu'elle semblait ne jamais apprendre. Il aurait peut-être dû lui apprendre à combattra davantage, et elle aurait été aussi obéissante que le macaque qui écoutait attentivement tous les ordres de son dresseur depuis le début des hostilités...
Mais, enfin, par bonheur, elle comprit les paroles de l'enchapeauté. Accompagnée d'un rugissement, l'énergie pure qui émergea de sa gueule au moment-même où elle l'ouvrit, béante, ne manqua cette fois-ci pas sa cible peu prévoyante. Le rayon termina sa course à la vitesse de la lumière entre les deux yeux du monstre simiesque.
Cette surprise n'empêcha pas ce dernier de contra-attaquer de plus belle. Un combat à distance lui suffirait. Car, non seulement, le laser était bien moins désagréable que la destructrice charge draconique, et de toute façon, il ne pouvait actuellement pas se servir de son arme la plus terrible : ses mains caudales. Il prépara une nouvelle capacité Météores, tandis que de son côté, la dragonne allait à nouveau cracher un Dracochoc.

Un glapissement d'étonnement s'échappa des lèvres du primate. Alors qu'il tourbillonnait, il ressentit soudain une gêne au niveau de ses pieds, ainsi qu'un froid intense, bien plus que les nuits d'Aros. Il stoppa net, de toute façon incapable de danser dans cet état, puis jeta un œil à ses pattes arrières. Là, à sa stupéfaction, des cristaux de glace engourdissaient ses mouvements. Il voulut se réchauffer en galopant, mais en était incapable à cause de la morsure de gel. Comprenant enfin ce qu'il venait de se passer, son regard plein de reproches se posa sur le lièvre qu'il tenait entre ses doigts. Cette dernière la regardait avec un air de défi peu assuré. Derrière eux, Renart les observait, presque les larmes aux yeux, fier de son Pokémon. Déterminée autant qu'effrayée, cette dernier ouvrit la bouche afin de geler, cette fois-ci, la tête de son adversaire paniqué.

Sans réfléchir, dans un vaste mouvement du "poignet", et ignorant ouvertement les indications de son propriétaire, il balança de toutes ses forces la lapine encombrante dans le visage de l'ennemi. La première hurla, la seconde n'eut pas le temps de réagir et encaissa ce drôle de projectile. Il ne pouvait accepter d'encaisser un nouveau Laser Glace. Même si Fidélité était peu puissante, il n'était jamais agréable de se faire congeler de la sorte !

C'est très péniblement que la lagomorphe se releva, se servant de son alliée comme d'appui. Celle-ci feula à la manière d'un félin mais se retint bien de mordre, sachant que son maître n'apprécierait pas qu'elle croque sa coqueluche. Bien, elle se contenterait de l'ignorer...
Si seulement elle avait su se tenir à carreau ! A peine sur ses deux pattes, elle se jeta sur son ravisseur, décidée à se venger. Son minuscule poing se chargea en électricité alors qu'elle poursuivait sa trajectoire. L'ennemi, peu impressionné, s'apprêtait à contrer l'attaque. Il sauta à son tour et fit tournoyer ses deux queues. A l'observer, on aurait presque pu croire qu'il aller s'envoler à la façon d'une hélice. S'il touchait, c'en était fini de Fidélité. Évidemment, ni son humain, ni sa grande sœur ne purent laisser ceci passer. La seconde se propulsa à l'aide de ses courts mais robustes postérieurs, pleine d'énergie magique, afin de frapper. Le premier, dans un grand "nonononononon" paniqué, fonça en plein dans l'action, quitte à prendre lui-même une terrible attaque de Pokémon.
Ce fut un miracle que ce coup n'arrive pas. Il avait déjà eu le malheur de manger le Poing Karaté d'un Machoc par le passé et ne souhaitait pas particulièrement renouveler cette désagréable expérience. Il sembla que la Justice arriva juste à temps. Elle bondit aussi haut qu'elle me pouvait, en dépit de sa faible détente et son poids dense. Heureusement, cela suffit à intercepter au vol le Capidextre. Préférant ne pas demander son reste, Renart s'échappa bien vite du champ de bataille, sa Fifi dans les bras, pensant déjà à son futur sermon.

La capacité Coup Double atteint finalement sa cible, qui ne réagit même pas à la douleur. Comme folle de rage, une fois son ennemi au sol, elle redoubla de violence, claquant sa mâchoire et tapant de ses griffes dans tous les sens, touchant occasionnellement, mais méchamment. Victime d'un tel enchaînement d'attaques, le primate ne put se débattre alors qu'on le rouait de coup, impuissant, jusqu'à qu'éventuellement, la dragonne se fatigue. Il fallut une bonne minute avant qu'elle perde son souffle et se mette à tituber dans la direction opposée à la sienne. Lui n'était plus en très bonne santé et pourtant, il parvint à se relever. Essuyant la poussière qui avait envahi son pelage, il se prépara à se venger.
Son être commença à briller de la même lueur bleue qui envahissant la Solochi lorsqu'elle utilisait des attaques de son propre type. Il se concentra, sachant bien que son opposante ne pourrait le voir arriver dans cet état. Lorsqu'il fut près, après quelques secondes, son maître ordonna la charge. Il sauta bien haut, dans la direction de la reptile. Après une voltige aérienne, il prépara l'atterrissage : le Pokémon Rude en ligne de mire, ses mains-queues prêtes à donner de terribles claques. L'une d'elles s'amorça avant l'autre.

Etait-ce le hasard ? Ou de réelles compétences pour le combat ? Au moment-clé où elle allait se faire frapper, la dragonne parvint à saisir entre ses dents le poignet qui allait s'abattre sur elle. Le macaque cria, sans pour autant rester incapable de se défendre. Effectivement, a deuxième main arriva en plein dans les joues du monstre bleu et noir, lui faisait lâcher prise et l'emmenant rouler un peu plus loin. Le bourreau avait envie de protester : c'était injuste que l'ennemi puisse utiliser ses deux "bras" ! Il l'avait bien compris d'ailleurs, puisqu'il songea à recommencer, se gonflant d'énergie. L'humain de la cible rongea son frein en voyant l'adversaire bondit à nouveau. Il ne souhaitait pas voir la même chose arriver... si seulement il y avait eu un moyen ? Fidélité était bien trop faible pour assister son amie !
Mais son angoisse laissa place à de la stupéfaction et beaucoup de confusion quand, sous ses yeux ébahis, sa grosse bête commença à briller. Enveloppée dans ce nuage de lumière, elle était à peine visible, même si son maître crut la voir doubler de volume. De plus... voyait-il double ? Il était pourtant sobre pour une fois ! Lorsque les étincelles disparurent, ce furent pourtant deux têtes qui s'opposèrent à Capidextre. Lui aussi était bien surpris, mais il était trop tard pour empêcher son attaque. Comme la première fois, l'une de ses queues fut attrapée par des puissants crocs, cette fois-ci encore plus tranchants. L'autre s'abattit à son tour, cette fois interceptée aussi par l'autre paire de mâchoires. Ainsi pris au piège, il tenta de se débattre, mais ses réelles mains étaient bien trop courtes pour atteindre l'ennemie. Celle-ci, dans de grands mouvements des encolures, le secoua dans tous les sens. Il beugla, ce qui n'attira pour rien au monde la sympathie de son agresseur. Enfin, après avoir tourné sur elle-même pour prendre de l'élan, elle ouvrit la gueule, envoyant valdinguer sa proie de toutes ses forces... en plein dans le mur. Le crâne du simien émit un
son désagréable à l'impact contre la brique, impact dont il ne se releva pas.

La lapine, fière de sa grande sœur, piailla de joie, qui furent répondus par de doux grognements. C'était le moins dont était capable la Diamat, peu modeste des récents évènements. En revanche, l'Arosien n'était toujours pas certain d'avoir saisi la situation, grattant encore son cuir chevelu recouvrant un cerveau rempli de questions.

Le voleur comptait bien se servir de ce moment de faiblesse pour sauver sa peau. Son compagnon avait échoué et l'adversaire avait redoublé de puissance. Pas question qu'il reste ici ! De plus, l'exécuteur ne l'avait pas remarqué en train de filer à la Galarienne. Il n'avait pas pu dérober le lapin chromatique, mais il lui restait son précédent larcin. Il s'en satisferait.
Pas de chance. Alors qu'il arrivait enfin à se rassurer malgré sa défaite, une douleur lancinante aux mollets le poignarda. Sans aucune chance de rétablir son équilibre, il fut plaqué au sol, écumant de quelques égratignures bien timides en comparaison aux trous béants laissés par les puissantes canines des jumelles dans ses jambes.

Oh, j'y pensais ! Avez-vous entendu parler d'un certain Figaro ? Un enfant le cherchait. Désolé de vous retenir de la sorte mais vous pourrez sûrement m'aider, n'est-ce pas ?

Tuvache n'avait pas réellement prévu l'action de la dragonne, mais il s'en complut bien. Elle avait bien raison. Pour l'instant, il se chargerait de régler la crise du Pokémon disparu. Ses propres interrogations viendraient après !

Modération:

Bravo !

C'était un euphémisme que de dire que Falki faisait soudainement mois le fier. Qui l'aurait fait avec les jambes en compote ? Pas que ses regards de détresse lui aient été du moindre recours non plus. Il arrivait qu'un ou deux concitoyen lui jette un regard en coin, souvent confus ou intrigué, parfois choqué, le plus souvent gêné, mais rarement compatissant. Avait-il une réputation de criminel ? Les gens étaient-ils trop intimidés par la dragonne et son maître ? Se disaient-ils juste que c'était le souci des gardes d'Aros et pas le leur ? La réponse n'aurait pas aidé le voleur de toute façon, il n'aurait pas d'autre choix que de confesser...

D'accord, d'accord, mais dis à cette saloperie de me lâcher ! J'ai planqué le matou dans une poubelle avait de choper le lapin !

Comme provoquée par ce commentaire, la fameuse lapine bondit des bras de son maître jusqu'au crâne de la victime mise à terre. Avec le poids de sa chute, elle envoya le nez de l'homme s'éclater contre le pavé, dans un grand juron qui atteint ses grandes oreilles, au grand dam de Renart. Elle sembla satisfaite de sa vengeance, sûrement fière, sans réaliser qu'elle la devait principalement à Justice.

On part, chère Justice, tu peux le laisser tranquille.

La tête droite lâcha prise et se releva pour filer de suite vers son humain à l'aide de la moitié de ses pattes. Elle fut stoppée dans sa progression par sa voisine, toujours fermement agrippée à la chair de son ennemi. Tandis qu'elle essayait de la convaincre d'écouter l'ordre, l'autre grognait méchamment. Une bataille s'en suivit, coups de crocs dans le cou accompagnés de piaillements d'oiseaux monstrueux. Au moins, la seconde gueule avait laissé tranquille le pauvre mollet malmené, cette fois déportant son attention sur sa rivale.

Cesse tes gamineries, Justice, dépêche-toi !

Cette fois-ci, les jumelles obéirent à l'unisson, peut-être motivée par le ton plus élevé de la voix de leur dresseur, dont l'odeur commençait à s'éloigner un peu trop dans la foule à leur goût. Elles galopèrent maladroitement, tentant de synchroniser les deux parties de son corps. Il leur faudrait bien quelques jours pour être capables de marcher sans se disputer.

Le bourreau avait commencé à soulever quelques couvercles métalliques en quête du fameu Figaro. Il ne devait pas se trouver bien loin du lieu de l'enlèvement, si le forban avait dit vrai. Pour le moment, se seules trouvailles avaient été un Magicarpe décédé et un Rattata borgne qui lui avait feulé dessus. Quelque chose lui disait qu'il ne s'agissait pas de l'ami du jeune garçon, enfin, in l'espérait. Fidélité l'aidait dans ses recherches. Comme elle le pouvait en tout cas. Sautant de benne en benne, elle toquait doucement sur la surface en acier, espérant naïvement une réponse. Elle fut terriblement surprise lorsqu'on lui répondit.
De sa voix la plus aiguë, elle appela son protecteur à l'aide, bien incapable de soulever un tel poids de ses petites pattes. Il accourut, pour le désespoir de la Diamat qui suivait péniblement.
Il avait peu d'espoir d'y trouver quoi que ce soit, et pourtant, l'entrain de la Laporeille lui avait donné de l'espoir. Quand il ouvrit la boîte à ordure, il manqua de lâcher l'ouverture tant il fut surpris d'y voir du mouvement (pas qu'il ait agi en héros quand la souris l'avait attaqué). Il n'y avait qu'un sac à patate, de qualité discutable et de taille assez réduite. Était-ce vraiment l'objet de la quête ? Le brun dénoua la corde qui retenait fermé le vieux chiffon, dont sortit une bête pleine de griffe, complètement terrfiée. Elle se jeta sur la tête de son découvreur, avant de s'y accrocher aussi bien qu'elle le pouvait.
Le perchoir, lui, était paniqué. Il ne sait pas à quoi il aurait dû s'attendre en sauvant une pauvre créature volée puis jetée aux ordures, juste pas à se faire terraformer le faciès. Plus il tirait sur le corps du chat, plus il gardait prise. Fifi voulut aider, mes ses cris d'encouragement n'avancèrent pas vraiment son maître. Si seulement elle avait pu parler plus fort...

Justice, elle, le pouvait. Et elle ne manqua pas de le prouver. Agacée par cette agitation, elle rugit de toutes ses forces, vite secondée par son autre tête, qui partageait pour une fois son avis. Toutes les Halles tremblèrent. Des murs, au plafond, en passant par les gens, et évidemment le pauvre exécuteur et le Pokémon qui l'escaladait si fervemment. Ce dernier supporta bien moins ce hurlement. Une fois l'onde de son passée, il s'évanouit, sûrement déjà fatigué par les évènements de la journée.
Les oreilles de Renart sonnaient encore mais il positiva :

Au moins, il sera plus simple de le rendre à son maître...
De rien ! confirma fièrement l'ancienne Solochi.

Le Miaouss inerte dans les bras, il retourna où il pensait avoir laissé le gosse. Sans surprise mais à son bonheur, il était resté dans le même coin, cherchant toujours de l'aide, sans larmes cette fois. Elles avaient dû finir par toutes couler. Il était temps qu'il retrouve son meilleur ami.

Eh, mon garçon, est-ce que c'est ton Figaro ?

Partagé entre surprise, peur et joie, les yeux mouillés de l'enfant s'illuminèrent à la vue du félin, répondant par eux-mêmes. Sa petite main s'approcha doucement du Pokémon, avant de reculer brusquement, se rappelant qui lui tendait Figaro.

Je ne te demande rien en échange, ramène juste ton copain à la maison et prends bien soin de lui. soupira le barbu, espérant vraiment ne pas avoir maudit le chaton par son toucher.
Finalement, dans un mouvement faste, le gamin attrapa son compagnon, espérant aller assez vite pour ne pas qu'un vilain piège ne se referme sur lui. Il n'avait pas remercié son sauveur, pas même un sourire, mais le fait qu'il ait accepté que Tuvache lui ait rendu service fut assez pour contenter celui-ci. Au moins, il ne se serait pas senti cent pourcents inutile et détesté pour cette matinée.

Mission accomplie !

Eliseo a enfin retrouvé son Figaro adoré, et il ne le lâchera plus de sitôt ! Si Renart n'avait pas été là, il ne l'aurait probablement jamais revu... Autant dire que l'enfant doit une fière chandelle au bourreau. Pour le remercier, il lui donne un caillou qu'il a trouvé sur la plage et qu'il trouvait joli...

Joyau; Une pierre précieuse qui brille de milles éclats ! A le pouvoir d'attirer les pokémons eau, mais surtout, elle peut se revendre cher à la boutique du passeur... Ça vaut peut être le coup de négocier non ?