Rex n'aime pas la compagnie. Pas celle de ses semblables du moins.
Les chiens – les monstres en général – lui sont plus agréables. Ils se comprennent, s'acceptent sans concession. Leur présence lui offre un sentiment de sécurité qu'il n'a pas parmi les 'siens'. Alors depuis qu'on lui a collé une nouvelle épouse dans les pattes, Rex – qui n'aimait déjà pas se tenir au domaine – prend de plus en plus souvent le large. Toutes les excuses sont bonnes et au final, personne ne cherche vraiment à le retenir.
Une partie de lui, lui souffle qu'Andraste n'est pas plus ravie que lui de la situation, qu'elle accuse le coup comme elle peut. Ne se montre pas plus agréable pour autant. Vanya ne lui manque pas, mais ses manières plus douces contrastent énormément avec le caractère de sa nouvelle épouse. Peut être qu'il n'aura pas à tuer celle-ci. Qu'il n'alimentera pas malgré lui les rumeurs selon lesquels il assassine toutes ses prétendantes. L'idée le fait gronder. Le voilà plus peiné qu'il ne devrait l'être et c'est intolérable. Alors Rex grogne contre lui même, enterre toute cette réflexion bien soigneusement et jette un regard vers les deux chiens qui trottinent sagement devant lui. Il n'est pas responsable des 'on-dit', ce n'est pas de sa faute si les gens sont idiots. Certainement pas de sa faute non plus si Andraste le fuit comme la peste.
Pas que ça ne l'arrange pas. Mais ça reste vexant.
Au moins se sont-ils implicitement mis d'accord pour s'ignorer mutuellement et cordialement. Oh, il n'en est pas peiné, absolument pas. Faire une balade seul avec Pluton et Minerve est bien plus plaisant que rester en compagnie de cette méchante femme. Il n'a aucune envie de sympathiser avec elle, après tout, l'idée de ce mariage ne venait même pas de lui. S'il pouvait ne plus la voir de la journée, ça l'arrangerait même.
Fort satistait de ses pesteries, Rex hoche la tête pour lui même, siffle ses chiens pour attirer leur attention et leur lance un bâton pour les faire courir. Avec ses petites pattes, la Voltoutou n'a aucune chance de dépasser le Démolosse. Elle essaie tout de même, court même très vite pour un gabarit de son genre.
Le moment est pourtant interrompu par une frasque du destin. Les trois chiens entendent les sabots avant même de voir le cavalier, et l'héritier de Gardefier, avec son instinct, sent venir d'ici les ennuis. Il n'a pas tort. Le messager a à peine mis pied à terre qu'il l'informe essoufflé de la visite de ses parents.
« Mes parents ? » répète dubitatif le sire aux chiens. « Oui monseigneur, et ceux de Dame Andraste également, mais elle est introuvable. » Dans sa tête, ça fume à toute allure à mesure que son teint blêmit. Cette visite est-elle imprévue, ou a-t-il oublié l'information ? Non, Andraste n'aurait pas manqué de le lui rappeler : ils ne s'appréciaient pas, mais devant leurs géniteurs respectifs, une étrange alliance s'était formée. Cependant, Rex ne s'attarde pas sur la raison, les fautifs ou le pourquoi du comment. Son esprit panique mais son corps prend l'initiative. Récupérant les rennes du Galopa, il intime le messager de ramener ses chiens au Domaine et maintenir les nobles occupés s'ils venaient à arriver avant eux – nul doute que cela se déroulerait de la sorte –, le temps qu'il retrouve et ramène sa femme évadée.
Qu'avait-elle lancé à la volée ce matin même ? Où se rendait-elle ?
Rex a déjà lancé son destrier au galop avant d'avoir la réponse à sa question. C'est dans sa course qu'il se souvient. Direction la Falaise Côtière. Ne pouvait-elle pas s'échapper plus près ? Comme une personne raisonnable ? Rex peste. Les femmes et leurs grandes idées !
Il lui faut plus de temps qu'il n'aurait voulu pour retrouver la trace de son épouse. Parce qu'il ne pouvait pas se permettre de galoper aussi vite avec Pluton à ses côtés, il n'a personne pour retrouver sa piste – le temps perdu en course aurait été rattrapé en traque, songe-t-il amèrement –. Seul son fabuleux instinct l'aide et après un moment de recherches infructueuses, il retrouve la monture d'Andraste. Mais pas de trace d'Andraste elle même.
A la panique de devoir confronter ses parents et leurs attentes vient s'ajouter celle d'imaginer son épouse en danger. Mais la bougresse est coriace, n'a pas manqué de lui offrir une belle cicatrice lors de leur rencontre... Elle ne se laisserait pas faire si facilement ? Coeur battant, Rex inspecte les alentours. Et en désespoir de cause, finit par aboyer le nom de sa compagne, assez fort pour que qui que ce soit dans les alentours l'entende.
aujourd'hui, tu es sortie prendre l'air loin du domaine de Gardefier
Les cieux sont clairs, le soleil radieux. Si tu sais que sa peau claire risque d'en prendre un coup, cette idée t'indispose moins que celle de passer du temps en compagnie de ton mari. Pas qu'il soit beaucoup en intérieur de toutes façons (les chiens ça aime courir dehors), mais quitter le domaine est tout de même un soulagement.
tes chaussures sont sur les rochers le bas de ta robe trempe dans l'eau
Cheveux détachés, débarrassée de la plupart des apprêts qui te sont normalement imposés par tes nobles origines, tu te sens revivre. Cet endroit est incroyable, te dis-tu avec un sourire. Tu devrais venir plus souvent. Qui sait, peut-être finiras-tu par découvrir des cachettes accessibles qu'à certaines marées, comme dans ces récits de voyages que tu as parcourus par ennui.
L'idée est amusante. Elle ajoute à ta bonne humeur. Tu t'étais promise de ne pas tremper tes vêtements, penses-tu distraitement.. mais cette robe n'est pa neuve de toutes façons. Ce n'est pas bien grave, si le tissu se décolore à cause du soleil et de l'eau salée. Tu te fiches bien de filer les dentelles ou perdre des rubans.
tu as tellement de robes celle-ci est remplaçable
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et celle-ci ne fait pas exception. Dans ce cas précis, si on te demandait, tu dirais que c'est une fin abrupte et cruelle. Ta bonne humeur est brisée, émiettée et dispersée dans le vent. Tu clignes lentement des yeux, le visage vide de toute émotion. Si tu tendais l'oreille (et si ces aboiements se taisaient), tu ne doutes pas qu'on entendrait les miettes de ladite bonne humeur se dissoudre lentement dans l'eau salée.
la voix de ton mari couvre le roulement des vagues
« Adela.. soupires-tu, Je suis obligée de répondre ? »
Ta voix n'est pas assez forte pour qu'il t'entende, malgré le fait que le vent l'emporte sans doute dans sa direction. Tu espères, du moins. Depuis la rive, ton monstre te lance un regard désolé. Ca.. doit être important. Rex n'est pas du genre à chercher ta compagnie. (à chercher la compagnie en général) Aussi tentée sois-tu de te dire que ça sonne comme son problème et pas le tien, tu t'imagines que devrais au moins signaler ta présence.
ça ne veut pas dire, cependant que tu vas lui faciliter la tâche
« Je suis là ! » lances-tu par dessus le roulement des vagues
Tu fais mêmes quelques gestes de la main pour attirer son regard. Pas trop vifs ni trop enthousiastes, il faudrait veiller à ne pas abuser, mais tu considères que c'est déjà pas mal. C'est beaucoup plus que tu n'as envie de faire. Toujours dans l'eau, ne faisant aucun effort pour revenir vers la falaise, tu te contentes d'aller t'asseoir sur un rocher battu par les vagues. Ta robe trempe davantage dans l'eau, mais c'est le cadet de tes soucis.
ton problème principal a un nom et plus de sourcils que de cervelle
« Ca a intérêt à être important. » grondes-tu, ramenant tes cheveux d'un côté avec mauvaise humeur
Il faut s'y reprendre à quelques reprises avant qu'on ne lui réponde et lorsque Rex aperçoit enfin Andraste en contrebas, il n'a pas le temps d'être soulagé de la savoir en vie. C'est qu'elle ne revient pas, la dame Dell'Anna, au contraire, elle va même s'asseoir sur un rocher, tremper ses jambes et sa robe dans l'eau. La contrariété et la panique le font s'étouffer dans un gargouillis de plaintes et de pesteries alors qu'il s'empresse de la rejoindre en bas. Les mots ne lui viennent pas – les mots ne lui viennent jamais facilement – et si gronder s'avère libérateur, le message ne passe pas. Andraste ne bouge pas et ne bougera pas sans une explication.
Et oh, qu'il est difficile de la formuler. Elle pourrait faire un effort !
Rex peste, réprime un couinement lorsqu'en s'approchant, son pied glisse et s'enfonce dans l'eau. Oh, avec l'herbe sur sa chemise et dans ses cheveux, il ne s'inquiète plus vraiment de son apparence même avec la funeste visite qui s'annonce, mais se mouiller les pattes ne l'enchante pas outre mesure. Alors il se fige à mi-chemin, cesse de pester un instant, prend un moment pour inspirer et prendre la parole convenablement. Ce n'est pas-... Aisé... Il s'y prend à plusieurs reprises, balbutiant et butant sur la formulation avant de finalement recracher ce qui devrait les inquiéter tous les deux. « Mes-... grmpf.. Vos-... Nos parents sont en chemin pour le Domaine. »
Il y a un instant de flottement pour les deux. Comme si, en plus d'Andraste pour qui la nouvelle est inédite, lui même commençait à réellement réaliser la profondeur du problème. Le lui annoncer le fait pâlir et déglutir alors qu'une ride d'appréhension se forme sur son front. Lèvres pincées, il n'a pas besoin d'en dire plus pour que tout se déroule soudainement très vite. Soucieux d'éviter à son épouse une mauvaise chute dans sa précipitation pour retrouver sa monture – c'est que ces rochers sont glissants –, Rex lui tend la main sans se soucier qu'elle ne l'accepte ou pas, et en un rien de temps, ils sont aux côtés de leur monture respective.
L'héritier de Gardefier est blême d'appréhension, muet et si son corps a très vite réagit pour retrouver Andraste à temps, désormais, il se sent lourd. Il a beau essayer de se convaincre qu'en se dépêchant, ils arriveront avant leurs géniteurs, la part la plus lucide de son esprit lui souffle que non, vraiment pas. Il se sent comme cet enfant qui fuyait les remontrances de son père, bien souvent ramené par la peau du cou pour faire face à ses responsabilités et aux conséquences de ses actes. Sauf qu'il n'est plus un enfant, que l'indulgence qu'il avait a l'époque n'est plus et que Léane n'est pas à sa poursuite pour le ramener au domaine.
Pas encore.
Rex n'ignore pas que le Seigneur de Gardefier n'hésiterait pas à lui envoyer la meute aux trousses. De dépit, il soupire, lance un regard perdu à son épouse pour y chercher bien malgré un semblant de camaraderie. S'il n'apprécie pas particulièrement sa dame, celle-ci est bien la seule capable de comprendre la situation puisqu'elle la vit avec lui. Alors, c'est péniblement qu'il se remet en selle, lance un regard de chien battu à la mer en contrebas. L'odeur de l'écume salée va lui manquer, le vent frais et ses promesses de liberté également : c'est en prison qu'ils se rendent désormais.
Le cœur lourd et la mâchoire crispée, Rex n'est pas capable de prononcer un mot pour repartir. Un vague grognement lui échappe avant de lancer le Galopa au galop une fois sûr qu'Andraste a récupéré ses affaires, ses monstres et ses chaussures. Le chemin du retour ne sera pas long grâce aux puissants et vifs équidés. Ils se lancent pourtant dans une course contre la montre désespérée et perdue d'avance.
sans surprises, ton mari peste grogne avec désarroi et finalement..
« Pardon ? » sursautes-tu, papillonnant des yeux
Tu savais qu'il fallait une bonne raison pour que Rex vienne te chercher, Andraste, mais tu ne pensais pas qu'il serait question d'un potentiel jugement dernier. (pas aussi tôt dans votre mariage) C'est un problème. Un problème assez grand pour que tu te laisses rapidement glisser du rocher. Bord de ta robe dans une main, celle de Rex dans l'autre, tu quittes les bras accueillants de la mer à grandes enjambées.
Depuis la rive, Adelardo semble avoir compris que ça ne va pas. Pour preuve, il s'empresse de ramasser tes chaussures entre ses larges mâchoires, commençant à remonter la falaise côtière. Quant à toi, tu regagnes vite le sable. Essores tes jupes. (l'eau les rend si loures) Rattaches sommairement tes cheveux avant d'emboîter le pas à ton monstre. Nul doute que tu serais allée bien moins vite sans l'aide de Rex, mais la reconnaissance est amère sur ta langue.
« Merci. dis-tu pourtant, Qu'est-ce qui leur a pris de venir.. » sans prévenir, surtout !
Ils ont beau être vos parents, c'est un flagrant manque d'étiquette ! Tu lâches un ricanement qu'emporte le vent marin tout en remettant tes chaussures. Ta propre mère ! Manquant d'étiquette ! Tu n'aurais jamais cru voir le jour ! Comme quoi, tout arrive. (mais à y réfléchir, tu aurais préféré que ce ne soit pas aujourd'hui) Rattachant tes cheveux prestement tandis qu'Adelardo grimpe sur le Galopa, tu ne tardes pas à faire de même.
C'est.. moyennement confortable. Ta robe est encore humide. Tes cheveux aussi. (tu ne doutes pas qu'il se déferont dès que ta monture se lancera au galop) Le sel colle à ta peau et le sable dans tes chaussures irrite ta peau. Pourtant, tu n'émets aucune plaite Andraste. Pas le temps !
l'heure est grave tu pesteras plus tard
« Allons. » ordonnes-tu
Il n'en faut pas plus au Galopa pour partir à vive allure, laissant derrière lui la falaise côtière, ses roulements de vagues et ses vents caressants. Tu reviendras, te promets-tu. Ton temps a été interrompu, mais nul doute qu'une nouvelle matinée de détende dans les vagues rattrapera cette injustice. Peut-être te cacheras-tu dans l'une des grottes rocheuses, la prochaine fois.. Ca t'éviterait qu'on te retrouve.
(c'est une idée puérile) (mais elle te fait sourire)
La trajet jusqu'au domaine n'est pas aussi long que tu l'aurais aimé. D'un côté, c'est une bonne chose. (ça vous met moins en retard) De l'autre, en toute honnêteté, tu n'avais aucune envie d'arriver. Rien de ce qui se profile à l'horizon ne s'annonce plaisant. Ton père ? Moyennement vivable. Ta mère ? N'en parlons pas. Ton beau-père ? Dire que tu ne lui en veux pas un minimum serait mentir. Jouer la comédie avec Rex ? Quelle épuisante perspective..
A votre arrivée, tes craintes semblent se réaliser. Il y a deux carrosses dans l'entrée du Domaine et avec les blasons qu'ils portent, le doute n'est pas permis. Vos parents vous ont devancés. Ils se sont même invités à l'intérieur ! Vraiment, plus tu y penses, plus tu te demandes s'il ne serait pas approprié de les discipliner au fouet comme semble le faire une certaine noble dame. C'est un Domaine, pas un moulin ! Ils n'ont vraiment peur de rien ! Or, ils devraient avoir peur de toi.
mais chaque chose en son temps, Andraste pour les réprimander, il faut d'abort être présentable
« Ils ont été trop rapides, Rex. soupires-tu, faisant ralentir ton Galopa, Suivez moi. Il nous faudra entrer discrètement. »
Tout n'est pas perdu, décides-tu rapidement. Il est hors de question d'être humiliée pour ton apparence discutable alors que ce sont clairement vos parents qui ont commis un impair. Dirigeant vos bêtes vers les écuries, tu les confies aux palefreniers avec un bref signe de tête, sautant au sol sans perdre de temps. Adela ne tarde pas à t'emboîter le pas. Tu siffles discrètement pour appeler Icaro: peut-être pourra-t-il vous amener des objets utiles en vitesse.
Reste à deviser un plan. Faisant signe à Rex de te suivre, tu marches par réflexe vers l'arrière du Domaine. L'entrée des domestiques. Vos parents ne seront certainement pas de ce côté du bâtiment, n'est-ce pas ? Alors c'est une entrée valide. Le tout sera de naviguer jusqu'à l'étage sans vous faire repérer..
tu penses au plan des pièces à un chemin discret
mais ce n'est pas ton domaine, Andraste et tu y passes le moins de temps possible
« Rex, il va nous falloir accéder à nos chambres sans être vus. Connaissez-vous un chemin discret, en passant par l'entrée des domestiques ? » finis-tu par demander, tournant des yeux interrogateurs vers ton mari
Il te coûte généralement de lui demander de l'aide, mais des problèmes modernes appellent à des solutions modernes. (pas de temps pour l'orgueil quand on fait face à un tel désespoir) En attendant sa réponse, tu te débarrasses de tes chaussures. Essuies tes pieds toujours humides et sablonneux dans l'herbe, ravie d'en être débarrassée. Ta robe dégouline encore d'eau salée et tes cheveux se sont effectivement défaits lors de votre course effrénée vers le Domaine.
vous faites peine à voir, Andraste il va falloir arranger tout ça
Le trajet est effectivement court. C'est un soulagement d'un côté, de l'autre-... De l'autre, quand ils arrivent, les carrosses de leurs géniteurs sont déjà présents et Rex ne peut que songer amèrement qu'à ce stade, qu'ils soient en retard de quelques minutes, heures ou jours ne changerait rien aux réprimandes qui ne tarderaient pas à pleuvoir. Le bougre déglutit lorsque Andraste constate sombrement la situation et hoche silencieusement la tête lorsqu'elle lui annonce qu'il leur faudra trouver un chemin plus discret pour rentrer. Jamais ne lui aura-t-il moins tenu la réplique ou la tête qu'en ce moment. Alors il s'engouffre à sa suite, se laisse souplement glisser à terre et imite son épouse lorsque celle-ci confie sa monture au palefrenier.
Interdit, Rex se contente de suivre docilement sa Dame lorsqu'elle lui fait signe et ils se dirigent vers l'arrière du Domaine. Oh, il n'y a rien qu'il n'aimerait plus que reprendre ses esprits et être capable d'apporter sa pierre à l'édifice du plan, mais ses pensées sont figées sur une seule idée : c'est fini. Ils seront tôt ou tard rattrapés, grondés, réprimandés comme des enfants, relégués au rang de déception et de honte familiale.
Pas qu'il n'y soit pas habitué. Mais tout de même. Une part de lui est convaincu que cette fois-ci, ce n'est pas de sa faute !
Si ça l'avait été, il aurait probablement été le seul dans cette situation fâcheuse. Andraste aurait déjà été habillée, prête à recevoir leurs parents correctement. Mais ils sont deux à souffrir du problème, et bien que pester sur son épouse soit l'une de ses habitudes favorites ces derniers temps – répéter à quel point elle était une méchante femme avait ironiquement le don de l'apaiser – elle maîtrisait bien mieux que lui les étiquettes de leur rang pour qu'elle soit en tort.
Fort de se rassurer maladroitement, il faut tout de même un instant à Rex pour comprendre la question qu'on lui pose. Adressant un regard perdu et penaud à son épouse, le sire aux chiens garde le silence un moment relativement long et inconfortable. A mesure que les engrenages de son esprit se remettent laborieusement à tourner, il fronce les sourcils et pince les lèvres un peu plus à chaque seconde qui passe. Ainsi, malgré ses pensées fatalistes, il finit par s'ébrouer hors de son apathie et finit par secouer la tête : des chemins discrets, il en a un pour passer inaperçu à la vue d'humains. En revanche, pour se dissimuler de l'odorat et de l'ouïe des chiens de Gardefier ?
Les mots pour expliquer la situation sont aussi laborieux que le reste, mais l'effort conscient est visible sur son visage tordu par la réflexion. S'il refuse à Andraste son plan de passer par les quartiers des domestiques, il est conscient qu'il doit au moins lui donner une explication. Ou assez de morceaux d'explication pour qu'elle remette les pièces ensembles.
« Les chiens-... » il s'humecte les lèvres, cherche une solution du regard sans la trouver avant de désigner ses oreilles et son nez. « Ils savent que nous sommes là. » Peut être pas tout de suite, mais il est convaincu que si, qu'il s'agit encore là d'une course contre la montre. Le bruit des Galopas a probablement alerté Pluton et surtout et plus alarmant, les chiens de son père. Alors il déglutit, laisse ses épaules s'affaisser avant d'inspirer longuement. Il ne peut pas vraiment juste abandonner comme ça.
« Il faut-... Rentrer plus vite qu'ils ne viendront nous chercher. Passer directement à l'étage supérieur. » propose-t-il, le ton bas avant de lever les yeux vers l'une des fenêtres. A une autre dame, il n'aurait pas proposé un plan du genre – une autre dame ne se serait ceci pas retrouvée les pieds et le bord de la robe dans l'eau de mer non plus – mais Andraste-... Andraste lui a percé le ventre avec une lance à leur première rencontre.
Alors il se doute bien qu'escalader une façade ne la dérangera pas outre mesure.
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