Les Bois ont des Yeux | Solo

Elle était revenue à Nimus. La forêt maudite ne lui apparaissait plus aussi menaçante que la première fois qu'elle y avait pénétré. L'obscurité de l'endroit lui semblait familière, la faisant se sentir presque en sécurité entre les feuillages et les racines sombres. Elle était chez elle... Presque. Plus qu'elle ne l'était lorsqu'elle vivait avec ses semblables dans tous les cas.
Elle avait appris à reconnaître les bois et les dangers qui s'y tapissaient, les différents monstres qui y rodaient. Elle avait longtemps cru qu'ils étaient maudits, déformés par une ancienne magie, la même qui aurait englouti le royaume. Désormais, elle savait que ce n'était pas le cas. Ses différentes rencontre avaient fini par lui apprendre qu'il ne s'agissait là que de simples créatures venues d'ailleurs. Grimm et Pandore n'étaient pas de puissantes abominations qu'elle avait plié à sa volonté... Mais ils étaient tout de même présents et c'était tout ce qui comptait.

Le trajet jusqu'à Nimus n'avait pas été de tout repos mais ils avaient tenu bon. La voix de Thymos n'avait pas quitté ses pas depuis les reliefs de Kii. Tantôt moqueur, tantôt furieux, Thymos l'avait poursuivie jusque dans ses rêves. Elle n'avait que peu dormi mais elle était habituée. Une fois arrivée sur les terres oubliées, elle s'était sentie soulagée, comme libérée d'un poids. Etrange réaction. Et pourtant...
Les monstres qui l'accompagnaient étaient restés groupés jusqu'à attendre une sorte de clairière dans laquelle elle déposa ses affaires. Là, ils s'étaient tous dispersés. C'était peut être dangereux mais ils avaient tous appris à se débrouiller. Ils partaient chasser et reviendraient peu de temps après pour partager le butin. Faire parti d'une troupe avait au moins ça de bien qu'elle avait appris à déléguer les tâches. Elle s'était donc attelée à creuser la terre pour pouvoir allumer un feu, suffisant pour faire cuire ce qu'on lui ramènerait.
La présence d'autant de monstres à ses côtés auraient pu créer une situation des plus précaires. De nombreuses bouches à nourrir, peu de moyens si tout reposait sur elle. Mais ce n'était pas le cas. Ils étaient tous autonomes, c'était parfait.

Ainsi, une fois le feu allumé, Hécate se laissa choir contre une souche et soupira. Le sommeil pesait sur ses paupières. Les autres ne tarderaient pas, elle le sentait... Alors elle se permit de se reposer un moment, fermant les yeux. Somnolant doucement, profitant de l'accalmie que Thymos lui offrait. Pour combien de temps ?

Attention !

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Un Grimalin Normal ♂ et un Etourmi Shiney ♂

Un feu de bois à Nimus ne passe jamais inaperçu. Rapidement, les deux monstres sauvages font leur apparition, en tentant de rester discret. Si l'Etourmi sait que les airs peuvent être sa sortie de secours, le Grimalin quant à lui utilise sa ruse pour épier Hécate et son groupe sans être vu... Après tout, peut-être que l'Etourmi et le Grimalin peuvent faire équipe pour dénicher un peu de nourriture ?

Ce fut en sursaut qu'Hécate se redressa. Combien de temps avait-elle gardé les yeux fermés ? Avait-elle au moins dormi ? Elle l'ignorait. Les monstres qui l'accompagnaient habituellement n'étaient pas encore revenu et le feu allumé plus tôt ne semblait pas dépérir. Pourtant, son attention ne se relâcha pas. Quelque chose n'allait pas.
Sentant l'angoisse peser dans son estomac, elle avait brandi son poignard pour menacer quiconque oserait troubler son repos. Un grondement sourd roula le long de sa gorge avant qu'elle ne l'étouffe entre ses lèvres. Perçant, son regard balayait les alentours à la recherche de l'intrus. Hécate en était certaine : elle n'était pas seule dans ses bois. Pas d'une manière naturelle – tous les bois sont vivants après tout - : quelque chose était là avec elle et l'observait. La situation lui semblait malsaine et une certaine lui enserra la gorge.
Etait-ce là de l'inquiétude ou le dégout déclenché par une situation trop familière ? Peu importait.

Il ne lui fallut pas longtemps avant de repérer ce qu'elle cherchait. Un plumage brun entre les feuillages sombres des arbres de Nimus. Difficile à repérer s'il n'était pas plus clair que le reste de l'environnement. La bête n'était pas très grande, probablement pas une menace mais Hécate n'avait pas à cœur de respecter la faune locale. Ni de lui laisser une chance de l'attaquer par surprise. Seule dans son camps de fortune, elle ne pouvait se le permettre.
Alors, vive, elle récupéra une pierre à ses côtés – elles ne manquaient pas entre les racines des arbres maudits – et d'un geste preste, la jeta sur le volatile. Précise, la roche heurta la bête alors que celle-ci avait déployé ses ailes – un poil trop tard pour échapper au projectile –, la forçant au sol. La chute ne provoqua étrangement qu'un bruit étouffé – probablement l'oiseau était-il tombé dans un buisson – mais Hécate s'était déjà glissé jusqu'à lui.
Certes, elle avait compté sur les talents de chasse de ses compagnons pour se nourrir, mais Orion et Grimm mangeaient pour un bataillon, une proie de plus ne leur ferait pas de mal. Du moins, c'était l'idée qui traversait l'esprit d'Hécate alors qu'elle écartait avec difficulté les branches d'un buisson épineux pour récupérer l'oiseau. Pas folle, la créature s'était recroquevillée hors de sa portée, à moitié étourdie, elle menaçait la vagabonde de son bec aiguisée. Rien qu'un bon coup de lance ne pourrait solutionner.

Pragmatique, Hécate s'était armée de son arme de prédilection pour asséner le coup de grâce. Levant le bras, elle fut coupée dans son élan par un mouvement dans son dos qui était autrement plus alarmant que la présence d'un Etourmi dans un buisson.
Se retournant, prête à transpercer l'intrus, elle ne s'attendait pas à ce qu'un monstre lui saute au visage et lui en lèche la moitié. La surprise lui arracha un cri aiguë et la força à reculer par réflexe. Chutant à son tour dans le buisson épineux – précipitant la fuite de son repas – elle jura. D'embarras, de colère, ses pesteries étaient accompagnés du ricanement sourd du monstre qui l'avait assailli.
D'un mouvement rageur, elle attrapa la chose toujours plaquée sur son visage pour l'en éloigner et pouvoir la reconnaître. Inutile. La créature qu'elle tenait et qui se débattait en agitant ses fins bras et jambes ne ressemblait à rien.

Disgracieux, langue pendante, le monstre ne manquait pas d'audace. S'il cherchait effectivement à s'échapper de la prise de la vagabonde, il ne semblait pourtant pas plus inquiet que cela. Ses ricanements n'avaient pas cessé et son sourire s'agrandit lorsqu'il croisa le regard furieux de l'humaine. Dévoilant des canines jaunies, il tira d'autant plus la langues et ses oreilles s'agitèrent, semblables à des ailes.

Sans doute Hécate aurait-elle du le poignarder à cet instant précis, mais sa furie fut remplacée par un autre sentiment auquel elle n'avait que rarement l'occasion de faire face : un profond dégout. Le réflexe fut plus fort que ses instincts meurtrier et d'un geste vif, elle projeta la chose le plus loin possible d'elle. Grimaçant, elle essuya son visage prestement d'un revers de manche avant de se rendre compte de son erreur.
Libérée, la chose était désormais libre de récidiver.

« La peste soit de ces bois ! » siffla-t-elle en refermant sa poigne sur sa lance. Bien, il lui avait fait perdre son repas, et elle doutait fortement que ce monstre soit comestible, mais rien ne l'empêchait de l'éviscérer pour autant. Par rétribution


Malheureusement, l'exercice n'était pas aussi simple. Bien que le monstre rose ne semblait avoir l'intention de lui nuire que pour la beauté du geste, il était rapide et insaisissable. Nombres troncs et buissons furent poignardés mais aucune tâche de sang ne fut versée au grand damne de la lancière. Rageant, elle en vint à oublier où elle se trouvait et ses assauts s'étaient peu à peu vus accompagnés de grondement et de feulements qui finirent par alerter son monstre à l'ouïe la plus fine.
Grimm apparut devant elle comme l'éclair. Que ce soit pour la défendre ou simplement participer au combat qu'il avait deviné, peu importait, Hécate était ravie. La chauve-souris ne lui prêtait pas souvent une oreille attentive mais elle avait au moins le mérite d'avoir la volonté de se battre et c'était tout ce dont avait besoin la vagabonde.

Orgueilleux, confiant en ses capacités, Grimm avait rugit intimider adversaire, pour lui prouver à quel point il était puissant et menaçant, mais son cri de guerre se mua en un glapissement lorsqu'une claque vint s'abattre sur son museau.
La bête avait sauté, prenant appui sur les troncs et les arbres alentours pour atteindre son adversaire et lui asséner un coup qui avait plus meurtri son ego que son intégrité physique. Grimm avait reculé d'un battement d'ailes, secouant la tête, incrédule devant ce qu'il venait de se passer. Il darda un regard empli d'outrage sur le monstre rose qui venait d'atterrir – plus gracieusement que son apparence le laissait deviner – non loin de là. Ce dernier lui rendit son regard, mais loin de répondre à la colère par la colère, il y avait dans ses yeux sombres une touche d'amusement qui ne manqua pas de piquer une nouvelle fois l'orgueil de la bête volante.

« Cesse de faire l'idiot et le sous-estime pas ! Il est plus rapide qu'il n'y paraît. » L'alerte avait été donnée un peu tard, pourtant, Hécate tenta de suivre les conseils qu'elle avait à plusieurs reprises reçus. On lui avait fait remarquer qu'elle ne guidait pas ses monstres à l'attaque mais qu'en tant que cheffe de son équipe, elle se devait de garder du recul sur le combat et de leur donner des ordres clairs et précis pour les mener à la victoire.
La théorie faisait sens, peut être un peu plus que se jeter dans la mêlée sans véritable plan. Alors Hécate s'y essaya : après tout, elle avait eu la preuve que cette fois-ci, elle n'était pas assez rapide pour contrer le monstre opposant. Ainsi ordonna-t-elle la prochaine attaque de Grimm. Un assaut éloigné, qui lui permettrait de garder ses distances et de pouvoir éviter à son tour.

L'ordre surprit la chauve-souris, pourtant, il ne s'y opposa pas et battant des ailes, il créa de puissants courants d'air capables de briser les branches sur son passage. Un talent remarquable et utile en toutes circonstances. Ou presque. Contre les monstres fait de roche, il était inutile... Et contre ceux capable d'esquiver, il l'était d'autant plus.
Le gremlin qui les opposait faisait parti de la deuxième catégorie. Vif – visiblement expérimenté – il avait esquivé l'attaque en se réfugiant entre quelques épaisses racines noueuses. Hécate pesta, imitée par un Grimm piaillant son mécontentement. 'Hé ! C'est pas juste, tu as évité quand j'ai attaqué' semblait-il lui reprocher. La voyageuse entendait déjà le rire du monstre s'élever pour les narguer, aussi agaçant que celui de Thymos, pourtant, elle eu tort.
Grimm ne fut pas moqué pour son attaque manquée. Au contraire, un sifflement admiratif résonna entre les arbres alors que le gobelin s'extirpait de son abri de fortune, le regard posé sur les débris que le Tranch-air de la chauve-souris avait provoqué. Il secoua même la main – un geste qui semblait bien trop humain pour ne pas mettre Hécate mal à l'aise – pour montrer à quel point il était impressionné.

Un frisson d'inconfort remonta le long de l'échine de la jeune femme alors qu'elle se décida à invectiver son monstre de ne pas se laisser distraire, de reprendre l'assaut, de profiter de l'occasion pour-... Grimm était-il en train de rougir ?
Elle n'en était pas sûre, sous la peau violacée de son monstre et sa fourrure, elle ne pouvait assurer de ce qu'elle voyait, mais elle était convaincue que cette marque de respect avait atteint sa cible. Flatteur, le gobelin n'avait – semblait-il – eu aucun mal à trouver le point faible de son adversaire. Grimm ne voyait plus là un combat mais une occasion de démontrer sa puissance et sa technique. Alors, sans attendre d'ordres de la part d'Hécate, il fonça à l'assaut. Aile tendue, prêt à faucher son ennemi – admirateur – d'une Cru-aile exécutée de main de maître, Grimm ne compris ni ne vit le traquenard. Hécate en revanche aperçut sans mal le sourire vicieux du monstre et ne lui en voulut même pas-... Fallait-il être stupide pour tomber dans ce genre de piège ?
Et ainsi, lorsque Grimm percuta le tronc devant lequel le gremlin se tenait quelques secondes avant de s'esquiver à nouveau, la jeune femme n'émit qu'un vague soupir agacé. Tout ceci n'avait duré que trop longtemps et sa colère avait fait place à un sentiment de lassitude grandissante. La créature se jouait d'eux depuis le début. Souple et vive, elle était clairement à son aise entre les racines et les recoins que celles-ci offraient. Nul doute qu'avec Orion ou Charlotte, la donne serait différente mais elle n'avait d'autres choix que de les attendre pour pourfendre ce fauteur de troubles.

Et Grimm n'était pas sorti des ennuis. Etourdi, encore confus des récents événements, il s'était retrouvé au sol après son violent échec d'attaque, secouant la tête pour reprendre ses esprits. Il ne vit pas son adversaire se faufiler dans son dos, et n'entendit qu'un murmure s'adresser à lui. La Confidence fut brève, mais les mots soufflaient était si imprégnés de vice et de malice que Grimm sentit son sang se glacer.
D'où elle était, Hécate le vit blêmir en un instant alors que le gremlin s'était reculé d'un bond, les épaules vibrant avec frénésie alors que son rire était tel qu'il ne faisait plus aucun bruit. La chauve-souris s'en trouva paralysée d'horreur un instant, posant un regard teinté d'effroi et de stupéfaction sur la créature des bois, à la recherche d'une explication, quelque chose.

Mais rien ne vint et seuls les bruits de pattes d'un Arcanin revenant de la chasse mirent fin au combat. Avant qu'Orion ne pénètre la clairière le gobelin s'était éclipsé, seul son rire accompagna sa fuite.
Grimm n'était pas blessé outre mesure, le choc contre le tronc avait été lourd mais après quelques heures, il était revenu à son état normal – si l'on éludait les regards anxieux qu'il jetait régulièrement derrière son épaule –. Après Orion, Charlotte et Pandore n'avaient pas tardé à les rejoindre et le butin de chasse avait été mis en commun. Sans grande surprise, l'Arcanin avait ramené le plus de viande. Sans grande surprise, il fut également celui qui dévora le plus de viande. Personne n'y trouva à redire.

La surprise s'installa lorsque, de nulle part, alors qu'allongée contre les flans d'Orion pour se tenir chaud, Hécate réfléchissait à la suite de leur voyage, la créature de l'après-midi émergea des fourrées et s'installa entre Grimm et Pandore comme si cela avait toujours été sa place. Il avait apporté avec lui quelques baies qu'il fit rouler devant les deux monstres à ses côtés avant de croquer dans celle qu'il avait gardé devant lui.
Sa présence avait alerté tout le monde, mais si les menaces s'étaient faites vocales – les grognements d'Orion et les feulements de Charlotte ne pouvaient être mal-interprétés – le monstre ne fit que les dévisager, comme surpris d'un tel accueil.
Il ne déguerpit que lorsqu'Hécate se redressa, poignard en main.

Puis il revint.
Et se fit chasser à nouveau, détalant les pattes en canard et le rire au bout des lèvres.

Avant de revenir.

Le manège dura un moment, avant que tout le monde ne décide d'abandonner. Insaisissable, il apparaissait évident que le chasser de nuit serait une erreur – même avec la vision nocturne de la Chaffreuse –. Et les menaces semblaient plus l'amuser que l'effrayer.
Ils se résignèrent tous les uns après les autres, Pandore la première, à le laisser s'installer avec eux. Le sommeil pesait trop lourd sur eux. Mais Hécate dormit poignard en main.

Rien de nouveau, somme toute.

Résumé du combat:

Bravo !

Bravo !

Le Grimalin Niv. 12 s'est lié.

Non content d'avoir humilié Grimm et tapé sur les nerfs d'Hécate et son équipe au grand complet, voilà que ce chenapan veut rester ! La bonne blague ! Enfin, chasser une bête aussi insaisissable ne semble être du ressort de personne ici, plus qu'à faire avec..

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